La fonte inquiétante de la banquise sous l'effet du réchauffement climatique pose de nouveaux défis en terme de sécurité, de sauvetage et d'environnement. L'instauration de nouvelles règles de navigation dans les eaux polaires est au coeur de la conférence Arctic Frontiers, qui se tient du 19 au 24 janvier à Tromsø, dans l'Arctique norvégien, au moment même où, à Londres, le futur Code polaire de l'Organisation maritime internationale destiné à prévenir la pollution dans l'Arctique fait l'objet d'ultimes négociations. « Ce code est indispensable car, aujourd'hui, il n'existe aucune règle spécifique pour la navigation dans l'océan Arctique, a déclaré Sturla Henriksen, président de l'organisation des armateurs norvégiens. Il est inquiétant que la banquise fonde plus vite que les négociations n'avancent. » Un besoin de régulation que personne ne conteste. « A cause de la fonte des glaces se développe la perception que l'Arctique est beaucoup plus facile à naviguer. Mais il y aura toujours des risques », prévient Martin Fortier, directeur de l'organisation canadienne Arcticnet. Obscurité, distances immenses, tempêtes arctiques, communications difficiles, banquise, absence quasi totale d'infrastructures sont les défis imposés aux sauveteurs.
« C'est pour ces raisons que nous avons besoin du Code polaire en zone arctique qui impose, entre autres, la navigation des navires par paires, des double-coques, l'entraînement spécifique des équipages », note Anne Holm Gundersen. Les négociations de ce code sous l'égide de l'ONU devaient se terminer cette semaine à Londres. S'il est adopté, les navires mouillant dans les eaux arctiques devront répondre à certains standards, comme le design de la coque, le respect des procédures d'urgence, la formation des équipages, les équipements de communication. Ce Code polaire va aussi permettrre d'harmoniser les règles de navigation dans l'Arctique, car la Russie et le Canada ont actuellement leur propre réglementation. Les Russes, par exemple permettent, depuis 2013, à des navires qui ne sont pas de classe polaire de naviguer le long de la route maritime entre l'Europe et l'Asie. À Arctic Frontiers, Nina Jensen, présidente de l'association écologiste WWF Norvège, regrette que le futur Code polaire ne prenne en compte ni les émissions de particules fines rejetées par les navires - qui peuvent accélérer la fonte des glaces -, ni les eaux de ballast et les espèces invasives qu'elles transportent, ni le risque de pollution lié à l'utilisation de fuel lourd par les navires. « Le Code polaire est un bon premier pas, mais il faudra aller encore plus loin », prévient Nina Jensen. Il devrait entrer en vigueur en 2016.
Le Monde 23/01 /2014
Traduction / adaptation : Bastien