Introduction au Svalbard ou Spitzberg
    
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Nouvelles du Svalbard et autres brèves polaires, avril 2012

L'ours polaire en tant qu'espèce est plus ancien qu'on ne le pensait

Jusqu'à présent on était parti du fait que l'ours polaire ursus maritimus était une espèce récente et qu'il ne s'était séparé de ces ancêtres qu'au début du Pléistocène, il y a 100 000 à 200 000 ans. Il existait par conséquent une parenté très étroite avec les ours bruns et une adaptation rapide au biotope du haut-arctique.
Selon une étude génétique publiée récemment dans la revue Science cette espèce semblerait être nettement plus ancienne. Les auteurs remontent à environ 600 000 ans, dans un intervalle allant de 338 000 à 934 000 ans, à la fin du Pléistocène. Du coup les études précédentes sur le matériel génétique, qui, par croisement, arrivaient aux gènes de l'ours polaire, ont été entachées d'erreurs que cette nouvelle étude devrait pouvoir éviter.
En fait l'ours polaire aurait mis beaucoup plus de temps pour passer de l'existence en milieu subarctique de l'ours brun à une vie adaptée au milieu haut-arctique. La question qui reste ouverte est de savoir si cela autorise à faire des déductions quant au laps de temps nécessaire pour s'adapter à ces changements, eu égard aux actuelles modifications de l'environnement et du climat.

Source : spitzergen.de/Science

Famille d'ours polaires

Noël au balcon, Pâques au tison

Après un début de saison plutôt décevant du point de vue de la météo, Pâques a enfin apporté au Spitzberg ce que tout le monde espérait de mars au début mai : de bonnes conditions sur le terrain pour des randonnées sous un soleil rayonnant.
En conséquence tous ceux qui auparavant ne se sont pas laissé intimider par la pluie et les températures positives, ont pu en profiter pour faire de belles randonnées. Ces journées pascales, pendant lesquelles aussi bien les habitants que les touristes sont nombreux sur le terrain, se sont déroulées calmement pour les services de secours également. Un ours polaire signalé près de l'agglomération se révéla finalement être un renne...et une avalanche déclenchée par un skieur n'a fait aucun dégât.
Lentement et timidement la glace semble se rapprocher de la côte, ceci concernant aussi bien la banquise dérivante à l'Est et au Nord que la banquise compacte dans les fjords, même si on est bien loin de ce qui devrait être la norme pour la saison. Le voilier « Noorderlicht », habituellement pris dans les glaces et qui était rentré avant Pâques temporairement à Longyearbyen, est entre-temps de retour dans le Tempelfjord, dans un espace ouvert à la hache et à la tronçonneuse, pouvant ainsi y accueillir de nouveaux visiteurs.
La seule ombre au tableau, ce sont des informations selon lesquelles un certain nombre de conducteurs de motoneiges se sont comportés de façon inconsidérée face à une jeune famille d'ours polaires, ce qui les a perturbés. Il s'agissait en fait d'habitants de Longyearbyen et les protestations à ce sujet venaient aussi bien d'autres résidants que de groupes de touristes encadrés par un guide.

Randonnée à ski au Spitzberg

Source : spitzbergen.de

Intérêt croissant pour la géologie du Spitzberg

La géologie du Spitzberg va faire l'objet d'un intérêt croissant dans les prochaines années et les motivations ne se trouvent pas dans la recherche fondamentale ou l'amour de la nature, mais plutôt dans les convoitises venant de l'industrie du gaz et du pétrole. Même si sur l'archipel on n'arrivera pas, selon toute probabilité, à un processus d'exploitation, et cela pas seulement pour des raisons juridiques mais aussi pour de solides raisons géologiques, il sera commode d'étudier sur le terrain ce qui pourrait être caché dans les fonds sous-marins de la Mer de Barents. C'est là dans le socle continental qu'est supposé se trouver un potentiel considérable en hydrocarbures (pétrole et gaz).

Les dépôts sédimentaires du Trias et du Jurassique présentent un intérêt géologique particulier, ils sont riches en composés organiques et largement répandus au centre et au sud-est de l'archipel. Plus au sud on extrait déjà des équivalents de ces roches et plusieurs compagnies pétrolières ainsi que les instituts subventionnés par elles, ont déjà manifesté leur intention d'organiser des excursions géologiques dans ces régions du Spitzberg.

Roches du Jurassique dans le Sassendalen. Ces sédiments intéressent les industries du gaz et du pétrole.

Source : spitzbergen.de / Nettavisen for Geomiljøet

L'impact du tourisme sur la flore de l'Antarctique

Les régions antarctiques ne se composent pas seulement de glace, de neige et de roches, elles possèdent aussi leur flore propre, ce qui fascine les scientifiques et aussi les touristes. Pourtant cette flore est menacée par ces mêmes personnes, comme l'a constaté une équipe internationale de chercheurs dans un rapport publié début mars 2012 dans « Proceedings of the National Academy of Sciences ».

Les lichens prospèrent dans la partie ouest protégée de la Péninsule Antarctique ; on estime qu'il existe environ 120 espèces.

Généralement l'Antarctique passe pour être une région propre et intacte. L'influence de l'homme se limite aux quelques sites où l'on a édifié des stations de recherche et des habitations pour les scientifiques et les collaborateurs, ainsi que les quais d'accostage, installés par contrat, où les voyages-expéditions peuvent débarquer.
Cette nature sauvage attire toujours plus de visiteurs, des chercheurs comme des touristes, qui, s'ils y regardent de plus près, vont découvrir une flore terrestre unique en son genre. Selon les estimations poussent, sur le continent antarctique, 3 espèces de plantes supérieures, environ 30 espèces de mousses et plus de 130 espèces de lichens. Si l'on ajoute à cela les îles subantarctiques on arrive vite à un total de plus de 1000 espèces végétales différentes, lesquelles sont toutes très bien adaptées aux conditions environnementales extrêmes et de ce fait hautement spécialisées.

Un peu de la verdure du continent antarctique a été aussi introduite par les chercheurs et les touristes.

Mais cette spécialisation rend les plantes particulièrement fragiles face aux modifications générées par la hausse des températures et le changement climatique. Ce sont en particulier les nouvelles espèces arrivantes, s'adaptant mieux aux nouvelles conditions et en extension vers le sud, qui constituent une menace importante. Une équipe internationale de chercheurs a étudié récemment l'influence des visiteurs en Antarctique sur la propagation de nouvelles espèces de plantes. Ils ont examiné, durant la saison estivale 2007/2008, qui faisait partie de l'Année Polaire Internationale, l'habillement de tous les visiteurs, à la recherche de graines à l'aide d'aspirateurs et en faisant remplir des questionnaires. Ce faisant les visiteurs furent classés en 7 catégories différentes : équipage de bateaux, touristes, équipes d'expéditions, chercheurs de terrain, scientifiques de la station, collaborateurs de terrain et collaborateurs de la station. En tout on a comptabilisé plus de 40 000 visiteurs, parmi lesquels 5700 furent interrogés à l'aide d'un questionnaire anonyme, sur leurs lieux de séjour pendant les 12 derniers mois. On a ensuite passé à l'aspirateur les vêtements d'extérieur de 853 personnes et identifié les 2686 graines de plantes ainsi recueillies. Cette étude a montré qu'une grande partie de ces graines étaient originaires des écosystèmes alpins et arctiques.
Photo : le passage à l'aspirateur des vêtements et du sac à dos empêche l'introduction de graines étrangères.
L'équipe animée par Steven Chown a calculé que, pendant la période étudiée, plus de 70 000 graines de plantes furent apportées par les visiteurs sur le continent antarctique. Les zones particulièrement menacées ont été localisées dans la Péninsule Antarctique et la Mer de Ross. Les résultats concernant les personnes ont fait dresser l'oreille des chercheurs, car, bien que le nombre de gens associés au tourisme soit 4 fois plus élevé que le nombre de ceux associés à la science, seulement un cinquième des touristes étaient porteurs de graines et plus des deux cinquièmes pour les scientifiques et assimilés. Et la quantité moyenne de graines par personne était plus grande chez les scientifiques et leurs collaborateurs que chez les touristes et les gens associés.
Pour ce qui est des vêtements ce sont avant tout les chaussures et les bottes qui se détachent comme porteurs principaux, ainsi que les sacs à dos, suivis par les anoraks, les pantalons, les protections contre le froid et les cannes de randonnée.

Steven Chown, de l'Université Stellenbosch en Afrique du Sud et qui dirige cette étude, pense que l'une des raisons pour lesquelles ce sont les scientifiques et surtout les chercheurs sur le terrain qui constituent une part aussi importante, vient du fait que ces groupes ont auparavant fréquemment séjourné dans les régions alpines et/ou polaires du fait de leur travail. Alors que les touristes acquièrent plutôt leurs vêtements peu de temps avant le voyage, voire même sur le bateau.
Bien que cette étude se limite au continent antarctique elle peut à présent servir de base à l'amélioration des projets de management et des méthodes de nettoyage pour le tourisme dans les îles subantarctiques, qui subissent exactement la même pression face aux nouvelles espèces végétales invasives. En Géorgie du Sud par exemple des mesures adéquates ont été prises pour enlever les nouvelles espèces agressives, sans pour autant déplacer davantage l'équilibre écologique. Du point de vue politique les discussions ont déjà commencé en ce qui concerne la sauvegarde des espèces et la façon de gérer le tourisme à l'avenir au sein d'un paysage grandiose.

Passage à l'aspirateur

Source : PolarNews

Le bateau dans les glaces

Depuis quelques années, le voilier « Noorderlicht » se laisse prendre par les glaces au printemps dans le Tempelfjord et constitue un but d'excursion pendant la saison touristique des traîneaux à chiens et des motoneiges. Mais cette année le « bateau dans les glaces » est actuellement un « bateau sans les glaces »... Jusqu'à aujourd'hui, en raison du temps doux et des températures élevées de l'eau, il s'est formé si peu de glace compacte dans les fjords que le voilier a quitté provisoirement le Tempelfjord avant Pâques pour mettre le cap sur Longyearbyen.
Un coup d'?il sur la carte des glaces des services norvégiens montre une absence inhabituelle de banquise compacte pour la saison. Normalement, la plupart des petits fjords de la côte Ouest et les vastes espaces marins à l'Est sont recouverts d'une couche de glace solide en avril, mais que veut dire aujourd'hui « normalement » ?

Source : spitzbergen.de / Svalbardposten

Le Noorderlicht pris dans les glaces du Tempelfjord en avril 2010
Carte des glaces autour du Svalbard le 10 avril 2012

Une nouvelle station de mesures sur la banquise éveille la curiosité des ours polaires

Une visite inattendue à la nouvelle station d'observation de la banquise située dans le Storfjord au Spitzberg, a causé récemment quelques soucis au physicien Marcel Nicolaus. Le chercheur de l'Institut Polaire Allemand Alfred Wegener venait de rentrer de l'Ingelfieldbukta, où il avait installé, avec 3 collègues de l'Institut Polaire Norvégien, une station de mesures sur la banquise. Cette station doit, jusqu'à la dislocation de la banquise en juin, mesurer automatiquement la quantité de lumière qui pénètre dans l'océan à travers la glace ainsi que les quantités réfléchies et absorbées par la banquise. Un appareil photo enregistrera en outre les modifications de la neige et de la glace au niveau de la station.
L'installation de la station s'est déroulée sans problèmes et les appareils ont fonctionné impeccablement jusqu'à aujourd'hui. Et puis, quand la caméra se déclencha à nouveau, elle surprit un ours polaire en train d'examiner les appareils scientifiques...« Maintenant nous nous occupons de la station plus que prévu ; comme cette année la limite de la banquise est particulièrement proche, il y a apparemment beaucoup plus d'ours polaires que d'habitude dans cette zone », déclare Marcel Nicolaus.
Un ours a visité la station déjà à plusieurs reprises mais jusqu'à présent il n'a rien commis d'irréparable ; l'animal avait bien déterré un capteur mais il a pu être réutilisé par les chercheurs. « Notre prochaine visite à la station aura lieu en mai et d'ici là nous espérons obtenir une série complète de données. Celles récoltées depuis le premier jour ainsi que de nombreuses photos ont d'ores et déjà été sauvegardées » selon Marcel Nicolaus.
Les mesures concernant la lumière sur la banquise dans le Storfjord sont basées sur les recherches qui ont été menées par les physiciens lors de l'expédition du « Polarstern » dans l'Arctique Central pendant l'année dernière.

Source : Institut Alfred Wegener (www.awi.de/ allemand ou anglais).

Ours polaire examinant la station de mesures
Vue de la station d'observation sur la banquise du Storfjord

La pollution par les PCB en baisse chez les ours polaires

En matière d'environnement il y a aussi, pour changer un peu, de bonnes nouvelles : les biologistes de l'Université de Trondheim (Norvège) ont analysé des prélèvements faits sur des ours polaires femelles et ont découvert que les concentrations de PCB (Polychlorobiphényles) avaient fortement diminué entre 1998 et 2008, de 59% chez les jeunes et quand même de 55% chez les femelles adultes. Certes les concentrations mesurées restent actuellement élevées, à tel point qu'elles peuvent avoir une influence négative sur les systèmes immunitaires et reproducteurs des animaux, mais la tendance est sans aucun doute réjouissante. Les PCB furent introduits dans le monde entier dans une multitude de procédés techniques comme par exemple les liquides de refroidissement et les constituants électroniques. Mais depuis 2004 leur fabrication est interdite par la convention de Stockholm.

Famille d'ours polaires sur la banquise estivale dérivante au nord du Spitzberg.

Source : Spitzbergen.de/Université de Trondheim

Nouvelle réserve maritime autour de la Géorgie du Sud

L'administration de la Géorgie du Sud et des Îles Sandwich du Sud (GSGSSI) a annoncé officiellement le 23 février 2012 la création d'une immense réserve maritime durable (MPA, Marine Protected Area). Cette zone protégée comprend une superficie totale de plus d'un million de km2.

La faune de la Géorgie du Sud est la grande gagnante de la réserve.

Un fossile de manchot géant reconstitué

Bien que les fossiles de manchots soient largement répandus, on ne sait que peu de choses sur leur morphologie et leur évolution. Aujourd'hui, à partir des fossiles retrouvés en Nouvelle Zélande, les chercheurs ont pu décrire de façon détaillée deux espèces de manchots qui auraient vécu là il y a environ 25 millions d'années ; ce cette façon on dispose de nouvelles informations sur leur évolution et les adaptations de ces oiseaux très spécialisés.

C'est ainsi que les chercheurs se représentent l'espèce Kairuku qu'ils ont examinée.
(Geology Museum, University of Otago, NZ)

Exposition Arctique/Antarctique à la MUBA de Bâle

C'est une première : au terme d'une collaboration sans précédent les PolarNews, la Cerny Inuit Collection, Kontiki-Saga, Belcolor et Qiviuk Creation présenteront sur une superficie de 600 m2 une exposition « Arctique/Antarctique » à la MUBA (Foire de Printemps) de Bâle du 13 au 22 avril 2012.

Sur 600 m2, l'Arctique et l'Antarctique à portée de main...

Site à consulter : www.muba.ch

Le goéland bourgmestre menacé par les polluants

Les produits polluants persistants, issus par exemple de processus industriels et de l'agriculture traditionnelle et qui arrivent dans l'environnement, sont dangereux surtout pour les animaux se trouvant en haut de la chaîne alimentaire comme l'ours polaire, la mouette ivoire et le goéland bourgmestre. Ceci est en principe connu depuis assez longtemps et toute une série d'analyses a déjà été réalisée sur les effets physiologiques des produits polluants qui sont particulièrement persistants dans l'Arctique. Les chercheurs de l'Institut Norvégien de la Recherche sur la Nature (NINA) ont essayé, dans un premier temps, d'en quantifier l'impact sur la population de goélands bourgmestres. Ils ont annoncé entre autres que les goélands fortement pollués ont un taux de survie annuel de seulement 40 à 50%.
Cette étude fut réalisée sur l'Île aux Ours, où on découvre tous les ans des goélands morts présentant des concentrations élevées de produits nocifs. En raison de sa situation géographique et des conditions météorologiques locales cette île fait partie des régions les plus polluées de tout l'Arctique.

Prélèvement sur un labbe de l'Île aux Ours

Source : spitzbergen.de/NINA