Chèque énergie 2025 : pourquoi son pouvoir d’achat s’effondre

Alors que les factures d’énergie s’envolent, l’aide censée protéger les ménages les plus fragiles reste figée depuis six ans. Le chèque énergie, instauré pour lutter contre la précarité énergétique, ne suit plus le rythme effréné de l’inflation. Résultat : son impact réel sur le budget des Français fond comme neige au soleil.

Une aide qui n’évolue plus malgré l’urgence

Lors de son lancement, le chèque énergie avait de quoi rassurer : il venait remplacer les anciens tarifs sociaux avec l’ambition d’être plus simple et plus juste. Mais depuis 2019, c’est le calme plat. Aucun ajustement structurel, si ce n’est quelques « coups de pouce » ponctuels, vite oubliés.

En 2021 et 2022, l’État a bien sorti le carnet de chèques exceptionnels, entre 100 et 200 euros. Mais ces aides temporaires n’ont pas été reconduites. Depuis, le montant du chèque reste bloqué entre 48 € et 277 €, quels que soient les hausses brutales survenues entre-temps.

On a vu, par exemple, des voisins recevoir leur aide annuelle… puis la perdre en un mois, absorbée par une simple facture de régularisation.

Les prix de l’énergie s’emballent

Pendant ce temps-là, la facture énergétique, elle, n’a pas attendu. Pour l’électricité, la note est passée de 1290 € à plus de 1700 € par an pour un foyer moyen. Une hausse de 33,2 % en six ans. Quant au gaz, l’augmentation atteint carrément 56,8 %, avec un tarif qui est passé de 0,0637 € à 0,1102 € le kWh.

Même l’inflation globale — déjà ressentie dans les caddies — ne rivalise pas : elle s’élève à 15,6 % depuis 2019. Autrement dit, l’énergie coûte bien plus cher que l’inflation ne le justifie.

Et pendant ce temps, le chèque énergie ? Toujours plafonné à 277 €. De quoi gratter à peine la surface des dépenses.

Une couverture de plus en plus symbolique

En 2019, le chèque énergie maximal permettait encore de couvrir environ un quart de la facture de gaz d’un foyer type. Aujourd’hui ? Moins d’un cinquième. La part de la facture couverte diminue inexorablement :

  • Électricité : de 21,5 % en 2019 à 16,1 % en 2025.
  • Gaz : de 28,7 % à 18,3 % sur la même période.

La conséquence est simple : le reste à charge explose, et l’aide n’est plus en capacité d’amortir le choc. On revient presque à la case départ.

Un système de plus en plus critiqué

Ce dispositif, pourtant pensé pour limiter la précarité, montre ses limites. Le Médiateur de l’énergie note un bond de +85 % des coupures ou interventions pour impayés entre 2019 et 2024. Autrement dit, même aidés, les ménages n’arrivent plus à suivre.

Certes, il existe des délais supplémentaires avant coupure, des réductions de frais… Mais ces mesures ressemblent plus à un surcis administratif qu’à un véritable soutien. Même EDF, pourtant peu connu pour sa souplesse, a décidé de ne plus couper complètement l’électricité, préférant limiter la puissance — une mesure qualifiée de « plus humaine » par plusieurs associations comme la Fondation Abbé Pierre.

Une réforme mal engagée et un budget qui recule

Comme si cela ne suffisait pas, l’enveloppe budgétaire 2025 est en baisse de 180 millions d’euros, soit une réduction de 20 %. Et ce, alors que les besoins n’ont jamais été aussi pressants. Officiellement, cette coupe s’explique par une nouvelle méthode d’attribution basée sur le foyer fiscal du titulaire du contrat, et non plus les habitants du logement.

Problème : ce changement risque d’exclure automatiquement des milliers de bénéficiaires — jeunes hébergés, colocataires, familles éclatées… La campagne 2024 en a été l’illustration parfaite : près d’un million de personnes éligibles n’ont rien reçu. Et les guichets de réclamation n’ont corrigé la situation qu’à la marge.

Des retards et des associations à bout de patience

Pire encore, la campagne 2025 est retardée : les premiers envois ne sont prévus qu’en novembre, soit en plein cœur de l’hiver. Résultat, des ménages devront avancer les frais alors qu’ils peinent déjà à boucler leur fin de mois.

Plusieurs organisations, dont la Fondation pour le Logement des Défavorisés, demandent une refonte totale du dispositif, allant jusqu’à réclamer un triplement du chèque énergie. Car aujourd’hui, il ne protège plus — il amortit à peine.

À l’heure où le gouvernement vante ses efforts en faveur du pouvoir d’achat, cette stagnation fait tache. Le chèque énergie, né pour être un bouclier social, est désormais un parapluie percé, bien trop petit pour faire face à la tempête.