C’est souvent la grande question qui trotte dans la tête à l’heure de choisir une orientation ou de décrocher son premier CDI : vais-je gagner « assez » ? Car une fois les diplômes en poche, la réalité salariale rattrape bien vite les espoirs. Et dans cette jungle du revenu, mieux vaut avoir les bons repères pour ne pas tomber de haut… ou se réjouir discrètement.
Diplôme en main, mais quelle fiche de paie ?
Il faut bien l’admettre : tous les diplômes ne se valent pas quand il s’agit de rémunération. Et cette vérité peut piquer un peu, surtout quand on a enchaîné les années d’études. Selon les dernières données de l’Insee, un jeune diplômé de master ou équivalent (bac +5 et plus) touche en moyenne 2 000 euros net par mois en équivalent temps plein. C’est correct, parfois même confortable, surtout en début de carrière.
Mais à mesure que l’on descend dans les niveaux de diplôme, le revenu, lui, suit la même pente. Pour un titulaire de bac +2 ou +3, le salaire médian chute à 1 550 euros net. Et si l’on n’a qu’un diplôme du secondaire, on atteint à peine 1 410 euros, toujours en temps plein. Autant dire que le ticket d’entrée dans la vie active varie sérieusement selon le cursus.
Un exemple ? Camille, 26 ans, a terminé son BTS il y a trois ans. Elle travaille comme assistante de gestion dans une PME et gagne 1 450 euros. Son frère aîné, lui, sorti d’une école d’ingénieurs, dépasse les 2 200 euros. Deux choix, deux réalités salariales bien différentes.
Moins de diplôme, plus de précarité
Là où l’écart devient vraiment criant, c’est quand on prend en compte la précarité de l’emploi. Les jeunes peu diplômés occupent souvent des postes à temps partiel, parfois par choix, souvent par nécessité. L’Insee précise qu’en ajustant ces revenus à un équivalent temps plein, on reste sur une médiane de 1 300 euros. C’est 700 euros de moins que les jeunes diplômés d’un master. Un écart qui, sur quelques années, peut faire une sacrée différence en épargne, projets de vie ou même simple confort au quotidien.
Et ce n’est pas qu’une question d’effort ou de mérite. Il s’agit aussi d’accès aux métiers qualifiés, aux réseaux, à la mobilité. Bref, de tout ce qui fait l’ascenseur social… ou son blocage.
L’égalité salariale, un mirage à durée limitée ?
Bonne nouvelle tout de même : en tout début de carrière, les écarts entre les femmes et les hommes restent relativement faibles. Une jeune femme fraîchement diplômée gagne en moyenne 1 570 euros net, contre 1 600 euros pour son homologue masculin. On parle ici d’un écart de seulement 2 %. Encourageant, non ?
Mais voilà, cette égalité de façade ne résiste pas longtemps à l’épreuve du temps. Après une dizaine d’années de vie professionnelle, la tendance s’inverse de façon spectaculaire. Les hommes affichent un revenu médian de 2 100 euros, quand les femmes plafonnent à 1 700 euros. Un écart de 24 %, autrement dit un quart de salaire en moins à poste et ancienneté comparables.
Pourquoi cette dérive ? Les femmes sont encore aujourd’hui plus exposées au temps partiel subi, aux interruptions de carrière liées à la maternité, et bien souvent, aux postes moins valorisés économiquement.
Transparence en vue, mais patience requise
Heureusement, les lignes pourraient enfin bouger. Une directive européenne sur la transparence salariale est attendue pour 2026. L’objectif ? Obliger les entreprises à révéler clairement leurs grilles de salaires et à justifier les écarts. Une avancée qui, on l’espère, donnera aux femmes les moyens de négocier à armes égales… et aux plus jeunes, un peu plus de clarté sur ce à quoi ils peuvent prétendre.
En attendant, le meilleur conseil reste sans doute de s’informer, de comparer, et de ne pas hésiter à parler salaire – entre amis, entre collègues, et surtout, face à son futur employeur. Car derrière les chiffres, il y a toujours une marge de négociation… et parfois, quelques centaines d’euros à gagner.