Double mauvaise nouvelle pour le chèque énergie en 2025

C’était une aide bienvenue pour alléger les factures d’énergie, mais en 2025, le chèque énergie risque de ne plus tenir ses promesses. Moins généreux, plus compliqué à obtenir, il s’éloigne peu à peu de son objectif initial : soutenir les ménages les plus fragiles dans un contexte d’inflation persistante.

Des règles d’attribution bouleversées

Jusqu’ici, le chèque énergie était versé de manière relativement simple, en fonction du revenu fiscal de référence et du nombre de personnes dans le foyer. Le tout, sans que l’on ait besoin de lever le petit doigt. Mais l’année prochaine, le mode de calcul va changer du tout au tout. Désormais, l’éligibilité reposera sur le foyer fiscal du titulaire du contrat d’électricité.

Autrement dit, si vous vivez en colocation, si vous êtes hébergé ou encore si votre conjoint est le seul à apparaître sur le contrat, vous risquez de passer à la trappe. Plusieurs associations comme la FNCCR et le CNAFAL ont déjà tiré la sonnette d’alarme : cette réforme pourrait exclure un grand nombre de bénéficiaires potentiels, parfois parmi les plus vulnérables.

Et ce n’est pas tout. L’envoi du chèque, traditionnellement prévu au printemps, est reporté à novembre, soit un délai qui pourrait compliquer la gestion budgétaire de nombreux foyers, surtout à l’approche de l’hiver.

Une démarche qui s’alourdit

Autre mauvaise nouvelle : pour une partie des Français, le chèque énergie ne sera plus attribué automatiquement. Il faudra désormais faire une demande manuelle, soit via un formulaire en ligne, soit sur papier – un processus ouvert de septembre 2025 à février 2026.

Mais attention, l’administration ne fera pas de cadeau : il faudra présenter plus de justificatifs qu’avant. Une simple facture ne suffira plus. Il faudra fournir une attestation de contrat, un document parfois difficile à obtenir pour ceux qui passent par des intermédiaires ou qui vivent dans des logements atypiques (colocations, résidences sociales, etc.).

Et que dire des personnes peu à l’aise avec l’informatique ? Comme le rappelle la FNCCR, l’illectronisme – cette difficulté à utiliser les outils numériques – touche encore une part importante de la population. Ce sont souvent les plus précaires, ceux pour qui le chèque énergie est le plus crucial, qui se retrouvent ainsi en marge du système.

Une baisse de budget qui fait grincer des dents

Comme si cela ne suffisait pas, le budget alloué au chèque énergie sera réduit de 20 % en 2025, soit 180 millions d’euros en moins par rapport à 2024. Une coupe franche, alors même que plus d’un Français sur quatre a eu du mal à payer ses factures d’énergie en 2024, selon les données de l’Observatoire national de la précarité énergétique.

Pire encore, l’an passé, seuls 20 % des nouveaux bénéficiaires potentiels ont complété les démarches pour toucher leur chèque. Autant dire que cette réforme pourrait faire fondre comme neige au soleil le nombre de foyers aidés.

Pour que le système reste fonctionnel, il faudra une collaboration sans faille entre les impôts, les fournisseurs d’énergie et les gestionnaires de réseau. Et ça, ce n’est pas gagné.

Des propositions sur la table, mais seront-elles entendues ?

Heureusement, des voix s’élèvent pour proposer des solutions. Parmi les suggestions les plus reprises :

  • Maintenir le portail de demande en ligne ouvert toute l’année, pour éviter l’effet entonnoir en fin de période.
  • Revaloriser le montant du chèque de 40 %, afin de mieux répondre à la flambée des prix de l’énergie.
  • Allonger les délais de dépôt, pour que chaque foyer ait une chance de réunir les bons documents à temps.

Conclusion : Le chèque énergie a été pensé comme un outil simple et solidaire. Mais en 2025, il risque de devenir un parcours du combattant, au moment même où les besoins explosent. Reste à espérer que les décideurs entendront les appels des associations… avant que le système ne perde sa raison d’être.