Il va peut-être falloir dire adieu à ce petit rituel du samedi matin : fouiller son sac pour une pièce d’un euro et décrocher son caddie métallique. Car dans les allées de certains supermarchés, une révolution discrète est en marche. Fini le chariot à l’ancienne, place à un compagnon de courses… intelligent, tactile et connecté.
Une innovation qui change le visage de nos courses
Le nouveau chariot ne se contente plus de transporter vos paquets de pâtes ou vos barquettes de fraises. Il scanne, affiche, calcule et analyse. Doté d’un écran tactile, de caméras embarquées et d’une technologie de reconnaissance visuelle, il reconnaît automatiquement les produits que vous y déposez, met à jour le total de vos achats en temps réel, et vous permet même de payer directement, sans passer par la caisse.
Ces prototypes, actuellement testés dans plusieurs Intermarché, ambitionnent de transformer notre expérience d’achat : moins d’attente, moins d’erreurs, et une autonomie renforcée. Le tout, avec une interface intuitive qui affiche votre cagnotte fidélité, les promotions personnalisées, et même des publicités ciblées selon vos habitudes. De quoi faire pâlir d’envie votre bon vieux chariot en fer blanc.
Le revers (social) de la médaille
Derrière cette avancée technologique se cachent des enjeux bien plus complexes. Car en supprimant le passage en caisse, c’est le rôle des caissiers qui s’efface progressivement. Le personnel est redéployé, souvent vers des postes logistiques ou d’assistance, mais le contact humain se raréfie.
Plus sournoisement, ces nouveaux chariots ne se contentent pas de vous assister : ils vous observent. Grâce à leurs caméras, ils repèrent les comportements suspects, réduisent les vols, et… collectent vos données. Chaque produit pris, reposé, chaque hésitation, peut devenir une information stratégique pour l’enseigne.
Et tout n’est pas encore au point : les fruits, légumes ou articles vendus au poids nécessitent encore une intervention manuelle, via une scannette. Un petit pas en arrière dans cette course à l’automatisation.
Pourquoi les enseignes accélèrent la cadence
Le contexte est propice à l’innovation. Face à la hausse des salaires, à l’inflation et à la pression concurrentielle (coucou le e-commerce), les distributeurs cherchent à optimiser chaque étape du parcours client. Ces chariots nouvelle génération promettent une réduction des coûts, une meilleure gestion des stocks, et surtout un accès inédit à des données comportementales très précieuses pour ajuster les campagnes marketing.
C’est ce qu’on appelle le retail média : chaque écran embarqué devient une vitrine publicitaire personnalisée, capable d’influencer vos décisions d’achat en direct. Pratique pour l’enseigne, un peu plus envahissant pour le client.
Vers une disparition programmée du caddie classique ?
Il y a fort à parier que nos vieux chariots à jetons vivent leurs dernières années. Dans les grandes villes, les premiers chariots connectés font déjà leur apparition. Les enseignes y voient un moyen de séduire les consommateurs en quête de rapidité, de fluidité, et de technologie. Mais cette évolution ne fait pas que des heureux. Certains clients, attachés à un mode de consommation plus humain, plus simple, pourraient ne pas s’y retrouver.
Alors, devons-nous troquer notre caddie cabossé contre un assistant digital sur roulettes ? La réponse viendra peut-être du terrain : de nos habitudes, de notre tolérance au tout-connecté, et de notre capacité à accepter que, même en supermarché, chaque geste compte… et se compte.