Le ferry de croisière Oslo-Kiel est connu pour être une escale agréable pour les Norvégiens, ou pour être un moyen intéressant pour les Allemands de rejoindre la Norvège. Mais ce navire a bien plus à offrir qu'il n'y paraît à première vue.
Pendant que les passagers à bord du ferry de croisière Color Fantasy profitent du piano-bar, se régalent au restaurant buffet ou explorent les boutiques duty free, une importante mission scientifique se déroule tranquillement sous le pont.
Ce navire, qui navigue régulièrement entre Oslo et Kiel, n'est pas n'importe quel ferry de croisière, comme on en trouve en Europe du Nord. Avec une capacité d'environ 2 750 passagers, il est le deuxième plus grand ferry de croisière au monde.
Mais il joue également un rôle crucial dans la surveillance de la santé du fjord d'Oslo, la principale étendue d'eau reliant la capitale norvégienne au reste du monde.
Prolifération d'algues nuisibles dans le fjord d'Oslo
Au début de l'été, une prolifération d'algues a transformé les eaux habituellement claires du fjord d'Oslo en eaux troubles et brunes. Ce n'est pas la première fois que des problèmes d'algues se posent dans les eaux proches d'Oslo.
Des chercheurs de l’Institut norvégien de recherche sur l’eau (NIVA) s’inquiètent de la propagation massive de ces algues nuisibles.
Mais maintenant, grâce aux efforts de surveillance effectués à bord du Color Fantasy, il y a de bonnes nouvelles : la prolifération a diminué et les eaux du fjord s'éclaircissent.
Suivi scientifique à bord d'un ferry de croisière
Color Fantasy est équipé d'une gamme de capteurs et de jauges dans sa salle des machines qui mesurent l'oxygène, la salinité, la couleur, la température et la turbidité chaque minute.
Ces données sont transmises en temps réel aux chercheurs du NIVA. Louise Valestrand, ingénieure principale du NIVA, a décrit cette installation comme sa « télévision lente », lui permettant de surveiller de près l'état du fjord.
Ce flux continu de données a alerté les scientifiques sur la prolifération d'algues nocives survenue au début de l'été. Cette prolifération, qui avait initialement suscité des inquiétudes, est désormais terminée. Les informations recueillies par les capteurs du navire ont montré une diminution significative des niveaux de phytoplancton et d'algues.
Lorsque les algues nuisibles meurent, elles coulent au fond de la mer et se décomposent, un processus qui consomme de l’oxygène et menace la vie marine.
Valestrand a expliqué que dans les fjords déjà pauvres en oxygène, cela peut conduire à des niveaux d'oxygène encore plus bas, ce qui entraîne des eaux sans vie. Les données en temps réel de Color Fantasy sont précieuses pour suivre et réagir à ces changements.
Une contribution positive malgré les inquiétudes
Malgré les bonnes nouvelles concernant la prolifération d’algues, les ferries et les navires de croisière en général ne sont pas sans impact environnemental.
C’est particulièrement vrai en Norvège, un pays qui a accueilli plus de six millions de croisiéristes en 2023.
Une étude de 2019 a mis en évidence que la Norvège était l'un des pays les plus touchés par la pollution causée par les navires de croisière. En 2023, Color Fantasy a émis à lui seul plus de 97 000 tonnes de CO2.
L'ingénieur en chef Tommy Andersen a souligné l'engagement du navire à minimiser son empreinte environnementale. Il a expliqué que le navire dispose d'installations de traitement avancées et qu'il ne rejette les déchets que lorsqu'ils sont loin au large, au-delà de douze milles nautiques de la terre.
Engager les passagers dans la science
Pour NIVA, l’avantage d’avoir Color Fantasy comme plateforme de surveillance est clair : il fournit une richesse de données qu’un seul navire de recherche ne pourrait jamais égaler.
Les voyages fréquents du ferry de croisière à destination et en provenance du fjord d'Oslo permettent une surveillance constante et une collecte immédiate de données.
Les passagers du Color Fantasy peuvent également participer à cette mission scientifique. Le navire est équipé de ces capteurs depuis 20 ans et les informations recueillies sont affichées pour les passagers en plusieurs langues, dont l'allemand, l'anglais et le français.
Cette initiative rencontre un succès particulier auprès des touristes allemands, qui s’intéressent vivement aux données environnementales.