Mercedes-Benz accélère sa transition vers l’électrique en intégrant des batteries lithium-fer-phosphate (LFP) dans ses modèles d’entrée de gamme. Un choix stratégique qui répond à plusieurs impératifs : réduction des coûts, amélioration de la durabilité et démocratisation de la mobilité électrique.
Alors que la marque étoilée vise une électrification complète de sa gamme d’ici 2030, elle s’adapte aux défis du marché en optant pour cette technologie de batteries déjà bien implantée en Chine. Mais pourquoi un tel virage, et quels en sont les enjeux pour l’industrie automobile européenne ?
Pourquoi Mercedes-Benz mise sur les batteries LFP
Si les batteries nickel-cobalt-manganèse (NMC) sont réputées pour leur haute densité énergétique, elles restent coûteuses à produire. À l’inverse, les batteries LFP offrent une alternative plus abordable, notamment grâce à l’absence de cobalt et de nickel, deux matériaux aux prix volatils et dont l’extraction pose des défis environnementaux.
Bien que les batteries LFP affichent une autonomie inférieure, elles présentent deux atouts majeurs :
✔ Une plus grande longévité, ce qui réduit les coûts d’entretien sur le long terme.
✔ Une meilleure résistance thermique, limitant ainsi les risques de surchauffe et d’incendie.
Ces caractéristiques en font une solution idéale pour les véhicules compacts destinés à un usage urbain et périurbain. Mercedes-Benz prévoit d’intégrer ces batteries à ses prochains modèles remplaçants des EQA et EQB, avec une capacité de 58 kWh et une autonomie optimisée pour la ville.
Un compromis entre autonomie et coût
Loin d’abandonner totalement les batteries NMC, Mercedes-Benz choisit de segmenter son offre. Les modèles premium continueront d’être équipés de batteries 85 kWh, permettant des autonomies pouvant atteindre 750 km. Ce double positionnement vise à satisfaire à la fois les conducteurs recherchant une solution économique et fiable, et ceux privilégiant une autonomie maximale pour les longs trajets.
Cette flexibilité dans l’offre permet au constructeur allemand de rendre ses véhicules électriques plus accessibles sans sacrifier la performance sur le haut de gamme.
Une dépendance aux fournisseurs chinois
Si Mercedes-Benz adopte cette technologie, elle doit encore compter sur les leaders chinois du secteur, comme BYD et CATL, qui dominent le marché des batteries LFP. Un paradoxe pour le constructeur allemand, qui est pourtant actionnaire d’Automotive Cell Company (ACC), une coentreprise européenne qui peine encore à produire ces batteries à grande échelle.
Cette dépendance aux acteurs asiatiques reflète une tendance plus large dans l’industrie automobile. D’autres constructeurs européens suivent la même trajectoire : Renault prévoit une Twingo LFP en 2026, et Stellantis intègre déjà cette technologie sur certains de ses modèles.
Vers une démocratisation de l’électrique en Europe ?
Avec l’adoption croissante des batteries LFP, les constructeurs européens prennent un virage stratégique qui pourrait accélérer la transition vers l’électro mobilité. Mercedes-Benz ne fait pas exception et ajuste son offre pour répondre aux exigences d’un marché en pleine mutation.
Le pari est clair : rendre les véhicules électriques plus accessibles, tout en garantissant fiabilité et sécurité. Si la dépendance aux équipementiers chinois reste un défi, la montée en puissance des gigafactories européennes pourrait, à terme, permettre un rapprochement de la production et une plus grande autonomie stratégique.
L’avenir de l’électrique passera-t-il définitivement par le lithium-fer-phosphate ? L’évolution des technologies et des infrastructures de production nous le dira bientôt.