Voici le salaire mensuel idéal pour être heureux selon les experts

C’est une interrogation que l’on se pose tous un jour, entre deux fins de mois serrées ou à l’occasion d’une augmentation espérée : jusqu’à quel point l’argent influence-t-il notre bonheur ? Si les avis divergent souvent autour de la machine à café, une étude menée par deux chercheurs américains de renom, Daniel Kahneman et Matthew Killingsworth, propose une réponse plus nuancée… et chiffrée.

En s’appuyant sur les données de plus de 33 000 travailleurs américains âgés de 18 à 65 ans, leur analyse met en évidence une corrélation claire entre niveau de revenu et bien-être, mais jusqu’à un certain seuil. L’idée n’est donc pas que « plus on gagne, plus on est heureux » à l’infini — mais qu’il existe un plafond au-delà duquel les gains supplémentaires n’apportent plus grand-chose au moral.

Le chiffre à retenir : 5 800 € par mois

D’après les résultats, le seuil de bonheur maximal se situe autour de 75 000 à 100 000 dollars annuels, ce qui équivaut à environ 5 800 euros nets mensuels. Au-delà, l’augmentation du revenu n’améliore plus significativement le bien-être ressenti.

En clair, gagner plus permet de mieux vivre, d’alléger les contraintes matérielles, de planifier l’avenir et de s’offrir des plaisirs simples ou exceptionnels. Mais une fois ces besoins couverts, le gain marginal en bonheur devient minime. Un chiffre à méditer pour ceux qui sacrifient tout pour gravir l’échelle salariale, sans forcément mesurer ce qu’ils y perdent en sérénité ou en équilibre de vie.

En France, un écart difficile à ignorer

Pour replacer ce seuil dans notre contexte hexagonal, rappelons que le salaire moyen net mensuel en France s’établit à 2 587 € en 2024, selon l’INSEE. Cela représente moins de la moitié du seuil identifié dans l’étude américaine.

CatégorieMontant mensuel
Seuil de bonheur idéal (étude)5 800 €
Salaire moyen en France (2024)2 587 €
Écart constaté3 213 €

Bien sûr, il convient de nuancer cette comparaison : le coût de la vie, la fiscalité, le système de santé ou les aides sociales sont très différents entre la France et les États-Unis. Un euro n’a pas la même “valeur sociale” selon les pays. Néanmoins, cet écart interroge sur la pression financière vécue par de nombreux ménages français et sur ses conséquences en matière de bien-être.

Le bonheur ne se limite pas au portefeuille

Les chercheurs eux-mêmes le reconnaissent : l’argent est un facteur de confort, pas un garant absolu de l’épanouissement. Au-delà du revenu, d’autres leviers jouent un rôle crucial dans notre perception du bonheur :

  • La santé physique et mentale : c’est souvent lorsqu’elle flanche qu’on réalise son importance.
  • Les relations humaines : un entourage bienveillant, des liens familiaux solides ou des amitiés sincères valent plus qu’un bonus annuel.
  • Le sens au travail : un emploi aligné avec ses valeurs, stimulant et reconnu, pèse davantage que le simple montant du chèque de paie.
  • Le temps libre et les loisirs : pouvoir consacrer du temps à ce qu’on aime reste un luxe inestimable.
  • L’environnement de vie : un cadre apaisant, sécurisant et inspirant influence notre bien-être au quotidien.

Et si on redéfinissait la notion de réussite ?

Cette étude invite à repenser notre rapport à l’argent, à la réussite et au bonheur. Plutôt que de courir après des objectifs exclusivement financiers, pourquoi ne pas chercher à équilibrer nos différentes sphères de vie ?

Quelques pistes à envisager :

  • Donner plus de valeur au temps libre qu’au temps facturé ;
  • Privilégier les expériences enrichissantes (voyages, formations, projets personnels) plutôt que les possessions ;
  • Investir dans la qualité des relations humaines ;
  • S’accorder le droit de ralentir, réfléchir et apprécier ce que l’on a déjà.

En résumé : l’équilibre, plus que le chiffre

Oui, 5 800 € par mois serait le salaire idéal pour vivre heureux, selon une certaine lecture du bien-être économique. Mais cette somme reste hors d’atteinte pour une majorité, et ce n’est pas pour autant que le bonheur leur est inaccessible.

Car si l’argent libère du stress et ouvre des portes, le véritable équilibre vient de notre capacité à donner du sens à ce que l’on vit, à savourer les petits moments, et à construire une vie qui nous ressemble — pas forcément celle dictée par une fiche de paie.