En rangeant de vieux dossiers chez moi, j’ai retrouvé le CV de mon cousin, ingénieur en automatisme, accompagné d’une lettre de motivation envoyée… à Zurich ! À l’époque, il hésitait : traverser la frontière pour un salaire attractif pouvait-il compenser le dépaysement ? Aujourd’hui, la Suisse fait face à une véritable pénurie de main-d’œuvre, avec près de 85 000 postes non pourvus fin 2023, d’après le Secrétariat d’État à l’économie (SECO). Entre salaires jusqu’à 6 500 € (environ 6 500 CHF) par mois et conditions de travail souvent très soignées, l’Helvétie séduit… mais elle impose aussi ses propres exigences.
Les secteurs en forte demande couvrent un large éventail de métiers
Du bistrot genevois aux start-ups zurichoises, la demande est généralisée :
- Santé : hôpitaux et cliniques peinent à recruter médecins, infirmiers et kinésithérapeutes ; la Fédération des Hôpitaux Suisses évoque plusieurs milliers de postes vacants.
- Informatique et numérique : près de 15 000 experts IT manquent à l’appel, selon SwissICT.
- Ingénierie : mécanique de précision, microtechniques : les ateliers ne désemplissent pas.
- Enseignement : professeurs de langues et de sciences sont recherchés, notamment dans les cantons germanophones.
- Hôtellerie-restauration : hautes saisons et service 24 h/24 génèrent un besoin constant de personnel qualifié.
Travailler en Suisse tout en restant en France : un avantage pour les frontaliers
Pour celles et ceux qui redoutent un changement de vie trop radical, le statut de travailleur frontalier offre une solution : une résidence en France et un emploi suisse. Grâce à l’accord bilatéral de 1991, le permis G permet de passer la frontière chaque jour tout en bénéficiant de la couverture LAMal (assurance maladie suisse). Mon amie Sophie, aide-soignante à Annemasse, franchit quotidiennement la frontière pour la Clinique de Thonon : salaire brut supérieur de 30 % à celui de son établissement français, tout en restant près de sa famille. Les formalités sont simplifiées, mais la maîtrise de la langue locale (allemand, italien ou suisse allemand) et des qualités comme la ponctualité et la rigueur sont impératives.
Un marché exigeant mais rémunérateur
Les diplômes étrangers doivent parfois être homologués : l’équivalence de diplôme passe par le Swiss ENIC, indispensable surtout dans la santé ou l’enseignement. Autre point de vigilance : le coût de la vie en Suisse fait partie des plus élevés d’Europe, avec un loyer moyen 70 % supérieur à la moyenne européenne selon l’Office fédéral de la statistique (OFS). Toutefois, avantages sociaux solides (retraite, allocations familiales) et progression de carrière rapide compensent souvent ces frais. Un contact dans la finance m’a confié qu’après deux ans à Genève, il avait pu épargner davantage qu’il ne l’aurait fait en Île-de-France.
Conclusion
Franchir la frontière pour profiter d’un marché du travail en tension peut se révéler un investissement professionnel rentable : salaires attractifs, protection sociale solide et perspectives de carrière. Avant de sauter le pas, pesez le pour et le contre : reconnaissance des diplômes, maîtrise linguistique, coût du logement… et n’hésitez pas à solliciter un cabinet de conseil en mobilité internationale pour mettre toutes les chances de votre côté. Qui sait, votre prochain entretien pourrait bien se dérouler à Bâle ou à Lausanne !