Ils sont en première ligne, soignent à tour de bras, écoutent, rassurent, diagnostiquent… mais combien gagne-t-on vraiment quand on enfile la blouse blanche pour devenir médecin généraliste en France ? Spoiler : ce n’est pas la misère, mais ce n’est pas non plus le jackpot automatique.
Un métier en tension, une rémunération sous pression
Derrière l’image du médecin de famille, à l’écoute et omniprésent, se cache une réalité moins glamour : celle d’un métier en manque cruel de bras. En 2024, près de 6 millions de Français n’avaient pas de médecin traitant. Une situation qui frôle l’absurde et pousse l’État à revoir sa copie pour rendre la profession plus attractive.
Première mesure : la consultation est passée de 26,50 € à 30 € en décembre 2024. Objectif ? Redonner envie aux jeunes diplômés d’installer leur cabinet… même si les longues études de médecine restent un sacré parcours du combattant.
Le revenu moyen d’un généraliste libéral
Allons droit au but : un médecin généraliste en libéral gagne en moyenne 93 500 € net par an, soit environ 7 800 € net par mois. Une somme confortable ? Certes. Mais il faut garder en tête que ce montant est calculé après déduction des charges : loyers des locaux, matériel médical, cotisations sociales, assurances… Bref, le médecin n’empochera pas chaque euro gagné.
Et comme souvent avec les moyennes, elles cachent de grosses disparités. Certains peinent à franchir les 39 500 € annuels, tandis que d’autres dépassent les 168 000 €. Cette différence s’explique par plusieurs facteurs : la localisation du cabinet, le volume de patients reçus, l’ancienneté ou encore l’appartenance (ou non) à certains dispositifs d’aide.
Les primes et forfaits : le petit plus non négligeable
La rémunération d’un généraliste ne se limite pas aux consultations. Plusieurs primes complémentaires viennent arrondir les fins de mois :
- Le forfait patientèle médecin traitant (FPMT) : versé chaque année pour chaque patient dont le médecin est référent. Plus la patientèle est large, plus le montant grimpe.
- La ROSP (Rémunération sur Objectifs de Santé Publique) : une sorte de bonus à la performance. En 2021, elle représentait en moyenne 4 890 € par an. Elle récompense la prévention, le bon suivi des pathologies chroniques, les prescriptions raisonnées…
- Le forfait structure : réservé aux cabinets bien outillés (téléservices, messagerie sécurisée, logiciels de prescription…). Jusqu’à 6 200 € de plus par an pour les plus connectés.
Autant dire que la modernisation du cabinet, loin d’être un gadget, peut vite devenir rentable.
Secteur 1 ou secteur 2 : une rémunération qui ne va pas toujours de pair avec les dépassements d’honoraires
On pense souvent qu’un médecin en secteur 2, libre de fixer ses tarifs, gagnera davantage. Et pourtant… En réalité, les médecins généralistes en secteur 1 gagnent en moyenne plus (94 000 € net/an) que ceux en secteur 2 (82 900 € net/an).
Pourquoi ce paradoxe ? Parce que les praticiens en secteur 2 sont souvent confrontés à une patientèle plus restreinte et à une concurrence accrue. Certes, chaque consultation est mieux rémunérée, mais elles sont moins nombreuses. Et dans ce métier, la régularité prime sur les coups d’éclat.
Une profession essentielle… mais pas toujours valorisée
Malgré ces chiffres qui peuvent faire rêver (ou grincer des dents), il ne faut pas oublier que la profession est en crise. Les jeunes médecins hésitent de plus en plus à s’installer, les déserts médicaux s’étendent, et la charge de travail est parfois titanesque. Le confort financier a donc un prix : celui d’une disponibilité constante, d’une pression élevée, et de longues années de formation.
Mais si le système parvient à rendre le quotidien plus fluide – en valorisant les généralistes, en simplifiant les démarches, et en répartissant mieux les effectifs – la blouse blanche pourrait bien redevenir un choix de cœur. Et de raison.