Isolés pendant 40 ans : le quotidien bouleversant de cette famille hors du monde

En 1936, fuyant les persécutions religieuses en Union soviétique, Karp Lykov décide de s’aventurer avec sa femme Akulina et leurs deux enfants, Savin et Natalia, dans l’immense taïga sibérienne. Là, nul village, nul chemin : uniquement des forêts à perte de vue. Pendant plus de quarante ans, ils ont mené une existence autonome, coupés de tout, construisant leur abri, chassant, cultivant des pommes de terre et récoltant des baies, sans jamais savoir ce qui se passait dans le monde extérieur.

Survie et résilience extrême

Leur quotidien était un véritable défi : outils rudimentaires, vêtements taillés dans l’écorce et la canapa, régime parfois carencé. Pourtant, leur formidable résilience leur a permis de résister aux hivers terribles et de voir naître deux autres enfants, Dmitry et Agafia, qui grandirent sans jamais apercevoir une voiture, un journal ou un téléphone. Seule une vieille Bible guidait leur morale, véritable lien avec une culture dont ils ignoraient tout.

Le contact avec la civilisation et ses conséquences tragiques

En 1978, un groupe de géologues soviétiques les découvre par hasard. Confrontés à un monde nouveau – habitations, engins motorisés, technologie omniprésente – les Lykov refusent l’exil et choisissent de rester dans leur solitude. Hélas, cette réintroduction brutale à des germes inconnus a un prix : quatre membres de la famille succombent rapidement à des maladies pour lesquelles leur système immunitaire n’était plus préparé. Karp disparaît en 1988, laissant Agafia seule gardienne de cette épopée.

Agafia Lykov : l’ultime témoin d’une ère révolue

Aujourd’hui, Agafia poursuit sa vie dans la taïga, acceptant parfois une aide extérieure mais demeurant fidèle aux traditions transmises par ses parents. Chaque printemps, elle replante ses pommes de terre, traque le gibier et tresse des paniers, défiant les modes de vie contemporains. Son existence silencieuse nous questionne : de quoi avons-nous réellement besoin pour vivre dignement ? À l’heure où l’ultra-connexion règne, l’histoire des Lykov nous rappelle la fragilité de notre immunité face à l’inconnu et l’essentiel de nos liens avec la nature.