Le montant maximal d’argent liquide autorisé chez soi

De la boîte à biscuits au traditionnel matelas, les cachettes pour conserver son argent liquide à la maison ne manquent pas, et cette pratique reste courante en France. Beaucoup préfèrent garder une partie de leurs économies sous forme de billets pour des raisons de sécurité personnelle ou par méfiance envers le système bancaire. À la suite de crises économiques, comme celle de 2008, ou dans le contexte actuel de tensions géopolitiques, certains consommateurs choisissent de gérer leur épargne différemment. Jean-François Faure, président d’AuCoffre, explique que cette tendance reflète une certaine « économie de guerre » qui incite les individus à diversifier leurs placements pour ne pas « mettre tous leurs œufs dans le même panier ».

Pourquoi certains préfèrent garder du liquide

Beaucoup de Français, surtout ceux d’une génération plus âgée ou aux revenus modestes, restent sceptiques face aux banques, et l’idée d’avoir des billets chez soi peut les rassurer. Le souvenir de la crise de 2008 est encore vivace, et des mesures comme le fonds de garantie des dépôts, qui assure une protection jusqu’à 100 000 euros par établissement bancaire en cas de faillite, ne suffisent pas toujours à dissiper toutes les inquiétudes. D’un autre côté, garder de l’argent chez soi présente un risque : celui du cambriolage.

Comme le souligne Philippe Crevel, expert économique, « cette part de numéraire devrait théoriquement baisser avec l’essor des paiements dématérialisés. Mais le fait que certains le conservent chez eux prouve qu’il y a un besoin de sécurité tangible ». Cette réticence à se fier entièrement aux institutions financières révèle une « réalité de comportement », confirme Erick Lacourrège, de la Banque de France, qui explique que la crainte d’une mesure de prélèvement sur l’épargne est un facteur sous-jacent de cette habitude.

Quel montant peut-on légalement garder chez soi ?

Même si garder de l’argent liquide à domicile est autorisé, cette pratique est encadrée. Selon la réglementation en vigueur, il est possible de conserver jusqu’à 10 000 euros en espèces chez soi. Si vous dépassez ce plafond, vous risquez des suspicions de fraude, de blanchiment ou d’autres activités illicites, et vous devrez justifier la provenance de l’argent en cas de contrôle. Dans les cas où les autorités estiment qu’il y a intention de contourner la loi, les sanctions peuvent atteindre jusqu’à 50 % du montant en jeu.

Ce que dit la loi sur les transactions en espèces

En matière de transactions entre particuliers, la loi est assez souple : il n’y a pas de limite de montant pour les paiements en espèces (article L 112-6 du Code monétaire et financier). Cependant, au-delà de 1 500 euros, il est recommandé de formaliser la transaction par écrit pour en conserver une preuve légale. Ce document doit préciser la date, les noms des parties, le montant, et le mode de paiement.

Les règles sont différentes lorsqu’un particulier effectue un paiement en espèces auprès d’un professionnel ou entre professionnels, où la limite est fixée à 1 000 euros. Dans certaines situations spécifiques, cette limite peut être augmentée pour les personnes ayant un domicile fiscal à l’étranger, avec des plafonds allant jusqu’à 15 000 euros.

Conserver de l’argent liquide chez soi répond souvent à un besoin de sécurité émotionnelle et de maîtrise de son épargne, mais il reste prudent de respecter les limites légales pour éviter les risques d’amendes et de poursuites.