Norvège : la fermeture d’une ferme de bitcoin fait exploser les factures d’électricité des habitants

Le bitcoin, avec ses promesses de richesse numérique, a trouvé refuge dans les terres nordiques de la Norvège, attiré par des coûts d’électricité avantageux. Pourtant, cette aventure technologique n’a pas eu l’impact espéré pour les habitants d’un archipel de la région d’Hadsel. Bien au contraire, la fermeture d’un centre de minage de cryptomonnaie leur coûte désormais plus cher en électricité.

Quand le minage de bitcoin perturbe la tranquillité locale

Tout a commencé en 2022, lorsque la société Kryptovault a déménagé ses opérations de minage vers le nord de la Norvège. Après une sécheresse dans le sud du pays, cette entreprise, gourmande en électricité, a installé ses machines dans la région d’Hadsel, où l’énergie est non seulement abondante grâce aux infrastructures hydroélectriques, mais aussi bon marché. Cependant, malgré cet avantage, les infrastructures ne permettent pas de transférer efficacement l’électricité du nord vers le sud, créant des déséquilibres sur le marché de l’énergie.

Pour les habitants de Hadsel, ce centre de minage s’est rapidement révélé être une nuisance. Le bruit constant des machines fonctionnant jour et nuit a fini par provoquer l’agacement des riverains. Imaginez vivre dans une région paisible et soudain être entouré par des ventilateurs gigantesques et des ordinateurs bruyants 24 heures sur 24. Les plaintes ont fusé, et les autorités locales, sensibles à ces réclamations, ont refusé de renouveler le permis temporaire de Kryptovault. Le centre a donc dû cesser ses activités en septembre 2023.

Une hausse de 20 % des factures d’électricité

La fermeture du centre aurait pu signifier un retour au calme pour les habitants. Cependant, cela a aussi entraîné une conséquence inattendue : une hausse de leurs factures d’électricité. Kryptovault représentait à lui seul 20 % des revenus du fournisseur d’électricité local, Noranett. La consommation de l’entreprise équivalait à celle de 3 200 foyers par an. Lorsque cette source de revenus s’est éteinte du jour au lendemain, les finances de Noranett en ont pris un coup.

Robin Jakobsen, responsable du réseau chez Noranett, a expliqué que cette situation a forcé l’entreprise à ajuster ses tarifs pour compenser la perte de ce client majeur. Résultat : les habitants de la région devront faire face à une augmentation de 20 % sur leurs factures d’électricité.

Une prise de conscience nationale

Hadsel n’est pas un cas isolé. La Norvège, qui avait jusque-là attiré les géants de la tech grâce à une taxation énergétique réduite, commence à remettre en question cette politique. De plus en plus de localités se montrent réticentes à accueillir les fermes de minage de cryptomonnaie, jugées trop bruyantes et polluantes.

Le gouvernement norvégien, désormais sous la houlette des travaillistes, envisage de nouvelles régulations visant à limiter ces activités énergivores. Selon des sources locales, comme le média « VG », des réformes sont en cours pour durcir les règles concernant les data centers et, par extension, les entreprises de minage. Le pays, qui dépend à 88 % de ses infrastructures hydroélectriques pour produire de l’électricité, se dirige vers une réévaluation de l’impact environnemental et économique de ces installations.

Une transition difficile pour les communautés locales

Cette situation soulève une question plus large sur les équilibres à trouver entre développement technologique et bien-être des communautés locales. Si l’industrie du bitcoin a été perçue comme une opportunité de croissance, elle a aussi montré ses limites, tant pour l’environnement que pour les habitants. Ce cas montre que la route vers un avenir numérique plus durable pourrait être semée d’embûches, nécessitant des régulations adaptées et un dialogue constant entre innovation et respect des populations locales.

En attendant, les habitants d’Hadsel devront s’adapter à cette hausse soudaine de leurs factures, tout en se préparant à voir de nouvelles politiques énergétiques se dessiner au niveau national.