Le Bitcoin n’est plus monnaie légale au Salvador, une grande déception

Le Salvador a pris une décision audacieuse en 2021 en devenant le premier pays à adopter le Bitcoin comme monnaie légale. Cependant, après quelques années d’expérimentation, cette initiative a pris fin. Suite à un accord avec le Fonds Monétaire International (FMI), la cryptomonnaie n’est plus considérée comme une monnaie officielle. Retour sur ce revirement surprenant et ses implications pour l’économie salvadorienne.

La fin de l’ère Bitcoin au Salvador

Lors de son adoption, la loi sur le Bitcoin, ou « Ley Bitcoin« , avait suscité beaucoup d’enthousiasme, aussi bien au niveau local qu’international. Cette loi permettait aux citoyens du Salvador d’utiliser le Bitcoin au même titre que le dollar américain, jusqu’alors la seule monnaie légale du pays. Cependant, la situation économique de la nation, marquée par une dette publique excessive, a conduit le gouvernement à revoir sa position.

En échange d’un soutien financier de 1,4 milliard de dollars de la part du FMI, les autorités salvadoriennes ont accepté de réduire l’importance du Bitcoin dans leur système économique. Cette aide est essentielle, car la dette du Salvador dépassera 85 % de son PIB en 2024, et l’accord avec le FMI vise à stabiliser la situation financière du pays.

Le Bitcoin n’est plus obligatoire, mais optionnel

L’une des premières mesures prises par le gouvernement a été de transformer l’obligation d’accepter le Bitcoin en option facultative. Autrement dit, les entreprises ne sont plus forcées d’accepter la cryptomonnaie comme moyen de paiement, ce qui représente un revirement par rapport à la législation de 2021.

En outre, les transactions fiscales seront désormais exclusivement effectuées en dollars, alors qu’auparavant il était possible de régler ses impôts en Bitcoin. Le gouvernement salvadorien a également annoncé qu’il réduirait progressivement son portefeuille numérique officiel et limiterait les transactions en cryptomonnaies.

Une adoption peu convaincante auprès de la population

Ce retournement de situation n’est guère surprenant. Selon une étude récente, une large majorité de la population salvadorienne – 92 % – n’utilisait pas le Bitcoin pour ses transactions quotidiennes. Alors que le gouvernement et certains investisseurs étrangers espéraient une adoption massive, les citoyens du Salvador n’ont pas été convaincus par l’idée de faire du Bitcoin une monnaie légale.

Bien que certains touristes et investisseurs aient été attirés par cette initiative, la majorité des Salvadoriens ont continué à privilégier l’utilisation du dollar américain, leur monnaie traditionnelle.

Une initiative présidentielle qui a échoué à convaincre

Le président Nayib Bukele avait fait du Bitcoin un élément central de sa politique économique. Convaincu que la cryptomonnaie permettrait de redresser les finances du pays, il avait mis en place la Ley Bitcoin dans l’espoir d’attirer des investisseurs et de stimuler l’économie. Toutefois, trois ans après son adoption, il semble que l’initiative n’ait pas pris auprès de la population et n’ait pas produit les résultats escomptés.

En octobre, le FMI avait déjà recommandé une réduction de l’ampleur de la Ley Bitcoin, en suggérant un renforcement de la réglementation et en limitant l’exposition du secteur public à la cryptomonnaie. Cette mesure a été vue comme un coup dur pour l’initiative salvadorienne, et il semble que le rêve d’une économie reposant sur le Bitcoin s’éloigne de plus en plus.

Ainsi, la fin de l’utilisation du Bitcoin comme monnaie légale au Salvador marque une étape de recul dans l’histoire économique du pays, un pays qui, après un pari audacieux, revient à une approche plus traditionnelle en matière de finances publiques.