La question de la pauvreté au Maghreb reste un enjeu central pour les gouvernements et les populations de la région. Si l’Algérie, le Maroc et la Tunisie partagent une histoire commune et des réalités économiques proches, leurs défis respectifs diffèrent sur plusieurs points. Pour mieux comprendre la situation, des indicateurs comme l’Indice mondial de la misère (HAMI) et le Rapport mondial sur le bonheur 2023 permettent d’évaluer à la fois la pression économique et la qualité de vie perçue par les habitants.
Comprendre la pauvreté à travers le prisme du HAMI
L’Indice mondial de la misère (HAMI) est un outil de mesure qui évalue le niveau de difficulté économique d’un pays en se basant sur trois critères :
- Le taux de chômage
- Le taux d’inflation
- Le coût du crédit bancaire
La somme de ces indicateurs est ensuite ajustée en fonction du taux de croissance du PIB par habitant. Plus le score est élevé, plus la situation économique est jugée préoccupante.
Classement des pays du Maghreb dans le HAMI
L’Algérie occupe la 41ᵉ place mondiale avec un score de 50,2, marquant une amélioration significative par rapport à l’année précédente (25ᵉ place avec un score de 33,4). Cette progression est notamment due à une meilleure gestion du chômage et de l’inflation, bien que des défis structurels persistent.
Le Maroc, avec un score de 36,56, se situe à la 68ᵉ place. Sa position plus favorable dans le HAMI suggère une relative stabilité économique, même si le bien-être de la population ne reflète pas nécessairement ces progrès.
La Tunisie, quant à elle, figure à la 43ᵉ place avec un score de 46,90. Le pays souffre encore des conséquences de son instabilité économique et politique, ce qui pèse lourdement sur le marché du travail et le pouvoir d’achat.
Le bien-être perçu : un autre indicateur clé
Si le HAMI mesure les pressions économiques, le World Happiness Report 2023 apporte un éclairage complémentaire en s’intéressant à la qualité de vie ressentie par les citoyens. Cet indice prend en compte des critères tels que :
- L’espérance de vie
- Le soutien social
- Le niveau de satisfaction globale
- Le sentiment de sécurité économique
Dans ce classement, l’Algérie se distingue à la 81ᵉ place, surpassant nettement le Maroc (100ᵉ place) et la Tunisie (110ᵉ place).
Analyse par pays : entre espoirs et défis
L’Algérie : des progrès visibles, mais encore fragiles
L’Algérie semble réussir à maintenir un certain équilibre entre croissance économique et bien-être social. Son positionnement en tant que deuxième pays le plus heureux d’Afrique (derrière l’île Maurice) illustre une dynamique positive. Cependant, l’inflation et les inégalités de revenus restent des sujets de préoccupation.
Le Maroc : une croissance économique qui ne se traduit pas en bien-être
Le Maroc affiche une position avantageuse dans le HAMI, ce qui montre une meilleure stabilité économique que ses voisins. Pourtant, son classement dans le World Happiness Report est bien moins flatteur. Cette contradiction reflète un décalage entre croissance et perception du bien-être, probablement lié à une répartition inégale des richesses et aux défis liés au marché de l’emploi.
La Tunisie : un pays en quête de stabilité
Depuis la révolution de 2011, la Tunisie lutte pour retrouver une stabilité économique et sociale. Malgré des efforts en matière de réformes économiques, le chômage et l’incertitude politique continuent d’impacter négativement la qualité de vie des Tunisiens. Le pessimisme exprimé par la population dans le classement du bonheur en est une illustration claire.
Quels enseignements tirer pour l’avenir ?
Les indices économiques et sociaux révèlent que la pauvreté au Maghreb ne peut être analysée sous un seul angle. Si la croissance et la gestion économique sont essentielles, elles doivent être accompagnées d’une amélioration tangible des conditions de vie.
Encourager une croissance inclusive : L’amélioration du PIB ne suffit pas si elle ne bénéficie pas à l’ensemble de la population.
Investir dans l’emploi et l’éducation : Réduire le chômage, surtout chez les jeunes, est un levier majeur pour améliorer la satisfaction sociale.
Réduire les inégalités régionales : Dans chacun de ces pays, des disparités existent entre grandes villes et zones rurales, ce qui creuse encore plus le sentiment d’injustice économique.
Conclusion : un défi à relever ensemble
L’avenir de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie repose sur leur capacité à transformer leurs progrès économiques en bien-être réel pour leurs citoyens. En adoptant des politiques publiques équilibrées, ces pays pourraient non seulement réduire la pauvreté, mais aussi garantir un avenir plus stable et prospère à leurs populations. Le défi est immense, mais les perspectives restent ouvertes pour un Maghreb plus solidaire et résilient.