L’argent est un sujet complexe et souvent tabou en France, en particulier lorsqu’il s’agit de définir ce qu’est « être riche ». Si le concept de seuil de pauvreté est largement reconnu et débattu, celui de « richesse » reste plus flou et difficile à cerner. Cependant, une étude menée par l’Observatoire des inégalités a tenté de répondre à cette question en posant un chiffre précis sur ce que l’on pourrait considérer comme étant un niveau de vie élevé dans l’Hexagone.
Le seuil de richesse : une notion à préciser en France
En 2022, la France comptait environ 2,8 millions de millionnaires, un chiffre impressionnant qui place le pays en troisième position mondiale, juste derrière les États-Unis et la Chine. Mais être « riche » ne signifie pas forcément gagner des millions chaque mois. Selon le rapport de l’Observatoire des inégalités publié en juin 2023, pour être considéré comme riche en France, une personne seule doit avoir des revenus mensuels de 3 762 €, soit deux fois le niveau de vie médian du pays (1 881 €). Ce montant ne se limite pas au salaire, mais inclut également les revenus du patrimoine immobilier et des placements financiers.
Louis Martin, directeur de l’Observatoire des inégalités, explique que ce chiffre est calculé après impôts et prestations sociales, afin de donner une idée du revenu disponible pour les loisirs, les sorties et les dépenses personnelles. C’est ce qu’on pourrait appeler le revenu réel, celui qui permet de vivre confortablement sans trop se soucier de la gestion quotidienne des finances.
Le seuil de richesse pour les familles : des montants plus élevés
Les familles, naturellement, doivent disposer de revenus plus élevés pour être considérées comme riches, car elles font face à des dépenses supplémentaires liées aux enfants. Pour un couple sans enfant, le seuil de richesse est fixé à 5 700 € par mois. Si le couple a deux jeunes enfants, il grimpe à 7 900 €, et atteint 9 400 € lorsque les enfants sont adolescents. Ces chiffres prennent en compte les frais de garde, les activités extra-scolaires, les études et toutes les autres charges spécifiques liées à l’éducation des enfants.
Bien sûr, ces montants peuvent sembler éloignés de la réalité de nombreuses familles. Mais ils reflètent un calcul basé sur le niveau de vie global et permettent de mieux comprendre ce que signifie vraiment « être riche » dans un pays avec une population aussi diverse.
La perception de la richesse en France : une notion complexe
La richesse est perçue de manière très différente d’un pays à l’autre. Aux États-Unis, par exemple, la richesse est souvent associée à un signe de réussite et d’ambition, tandis qu’en France, elle est parfois perçue avec méfiance. Selon une enquête réalisée par Odoxa, trois Français sur quatre estiment que les « riches » ne sont pas vraiment appréciés dans le pays. En moyenne, les Français considèrent qu’une personne devient « riche » lorsqu’elle gagne 5 000 € par mois ou possède un patrimoine de 50 000 €. Cette perception est bien en deçà du seuil de richesse établi par l’Observatoire des inégalités, créant ainsi un écart entre la réalité économique et la manière dont les gens perçoivent cette notion.
Louis Martin, directeur de l’Observatoire, précise que cette perception de la richesse peut entraîner un sentiment de stigmatisation chez les personnes qui vivent confortablement. En France, être « riche » est parfois associé à des privilèges ou à des avantages non mérités, ce qui peut susciter plus de jugements négatifs que d’admiration.
En résumé : la richesse, un concept en constante évolution
La notion de richesse en France est à la fois complexe et évolutive. Tandis que le seuil de pauvreté est un concept bien établi, le seuil de richesse, plus récent, commence à se faire une place dans le débat public grâce à des études comme celles de l’Observatoire des inégalités. Pour certains, atteindre ce seuil signifie pouvoir vivre sans se soucier des dépenses quotidiennes. Pour d’autres, cela reste un sujet délicat, souvent entouré de préjugés et de jugements sociaux. La richesse en France est donc à la fois une question de chiffres et de perceptions culturelles, où l’équilibre entre confort matériel et reconnaissance sociale semble parfois difficile à atteindre.