Introduction au Svalbard ou Spitzberg
    
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La faune du svalbard

Les mammifères marins

Comme dans les deux régions polaires de la Terre, quelles soient australes ou boréales, l'océan abrite de nombreuses espèces de mammifères marins : pinnipèdes (phoques, otaries, morses) et cétacés à fanons (vraies baleines) ou à dents (dauphins, cachalot, orques).
Dans les parages du Svalbard, les mammifères marins les plus communs sont les morses, les phoques marbrés et barbus, et les bélugas. Les vraies baleines (franches et rorquals) ont quasiment disparu, chassées à l'excès ; depuis 1945, seulement une douzaine de baleines franches ont été observées. Néanmoins, on trouve des petits rorquals autour du Spitzberg et plus rarement dans les fjords.
En tout 19 espèces de mammifères marins peuplent les eaux du Svalbard : l'ours polaire, le morse, 5 espèces de phoques et 12 espèces de cétacés.

Le morse (odobenus rosmarus)


Les morses, parents des phoques et des otaries, ne vivent que dans l'hémisphère nord. Au début du 17ème siècle, les morses étaient des milliers dans l'archipel et de grandes colonies peuplait aussi l'Île aux Ours. Pourtant l'espèce a bien faille disparaître. En 1952, lorsque leur protection totale fut décidée, il en restait moins de cent, car pendant plus de trois cents ans ils seront systématiquement et facilement pourchassés pour leur graisse et surtout l'ivoire de leurs défenses. Les ossements jonchant de nombreuses plages des côtes Ouest et Nord témoignent encore aujourd'hui des massacres passés. Les estimations faites au milieu des années 80 fournissent un chiffre de l'ordre du millier.

De nombreux animaux furent équipés d'émetteurs satellites qui ont mis en évidence les échanges avec la population de la Terre François Joseph et ce, malgré la distance qui sépare les deux archipels. En associant les deux régions on arrive aujourd'hui à une population totale de 2000 individus.
D'une longueur de 3 mètres à 3,5 mètres et d'un poids de 1200 à 1500 kg pour les plus grands mâles, c'est de loin le plus gros des pinnipèdes. Les femelles atteignent 2,5 mètres et pèsent 900 kg. Le morse du Pacifique, une sous-espèce qui vit dans le Détroit de Béring, est encore plus imposant.
Il est relativement agressif et n'hésite pas à charger s'il se sent menacé. Même l'ours polaire a du respect devant son imposante stature et tentera occasionnellement de s'attaquer aux jeunes en les séparant du troupeau. Par contre, dans l'eau, l'orque peut devenir un réel danger.
Leur couleur brune peut varier selon le moment de l'observation : quand ils sont à terre et qu'il fait chaud, leur peau va virer de plus en plus au rose car l'irrigation sanguine augmente en captant la chaleur ; inversement, ils sont pratiquement gris en sortant de l'eau, l'irrigation sanguine étant au minimum pour réduire la déperdition de chaleur.
Très grégaires, ces mammifères marins vivent en troupeaux serrés pour échanger leur chaleur. Leur gorge s'enfle à volonté, formant une caisse de résonance pour leur cri. Ils s'accouplent en hiver, entre décembre et février, dans l'eau en limite de banquise et les femelles mettent bas sur la banquise en mai. Le taux de reproduction des morses est assez faible puisque la gestation des femelles dure 15 mois, dont 4 à 5 d'implantation différée ; après la naissance, chacune s'occupe jalousement de son petit, un bébé de 50-60 kg, pendant environ deux ans, jusqu'à ce que ses défenses apparaissent. Dans les troupeaux, qui peuvent compter une vingtaine jusqu'à plusieurs centaines de bêtes, l'agressivité détermine les individus dominants et les statuts sociaux sont à conquérir en combattant, notamment pour la constitution d'un harem. Leur espérance de vie serait de 30 à 40 ans.

Comme les otaries, les morses auraient évolué depuis le Miocène à partir d'un ancêtre semblable à un chien, vivant sur les rives du Pacifique Nord. Les défenses, deux canines supérieures pouvant atteindre un mètre, moins chez les femelles, servent au morse aussi bien à détacher les coquillages, qu'à se battre et défendre son statut ou à se hisser et avancer sur la glace (Odobenus veut d'ailleurs dire« qui marche avec les dents »).
Leur moustache, composée de poils drus, épais et durs comme une brosse, leur sert pour repérer au toucher la nourriture, essentiellement des coquillages, sur des fonds boueux jusqu'à 80 m, dont ils absorbent le contenu avec un grand pouvoir de succion.
Certains individus se nourrissent aussi de phoques mais sont alors exposés au risque d'absorption de polluants comme les métaux lourds ou les PCB.

Les colonies se trouvent surtout dans le Nord et à l'Est du Svalbard : l'île Moffen (réserve qu'on ne peut approcher à moins de 300 mètres), Nordaustlandet (Terre du Nord-Est), Kvitøya (l'île Blanche) mais aussi Tusenøyane (Les Milles Îles). Depuis la fin des années 80, des observations sont faites tout autour du Spitzberg et l'on constate que de nouvelles colonies se créent.
On ne sait pas exactement où ils passent l'hiver, mais on suppose qu'ils migrent vers le sud-est, dans les eaux russes. Sinon ils ont visibles le reste de l'année dans les espaces d'eau libre laissés par la banquise. En été ils fréquentent fidèlement les mêmes aires de repos, des plages en pente douce, libres de glace et de neige, à proximité d'eaux peu profondes et productives pour leur nourriture.

Le phoque marbré (Phoca hispida)

Le phoque marbré (ou annelé) est le plus répandu au Svalbard. Son nom vient des dessins en formes d'anneaux qu'il porte sur le dos. De taille modeste, de 1,20 mètre à 1, 50 mètre pour un poids de 50 à 100 kg maximum, il vit couramment plus de vingt ans, voire jusqu'à quarante.
Il est sédentaire et hiverne dans les fjords. Sa particularité est de pouvoir entretenir durant tout l'hiver des trous d'aération au travers de la glace jusqu'à une épaisseur de deux mètres. Au printemps, il s'installe au soleil, tout près de l'un de ces trous de façon à pouvoir plonger à la moindre alerte. L'été, il nage près des glaces dérivantes, où il trouve plus facilement sa nourriture, morues et crevettes, qu'il va chercher jusqu'à une profondeur de 100 mètres pendant 45 minutes.
Les jeunes naissent au printemps, mesurant 60 cm de long pour un poids de 4,5 kg, dans une grotte creusée par la mère dans la neige sur la glace de fjord, à l'abri du froid et des ours polaires. Ils resteront 6 semaines avec leur mère, passant la moitié du temps dans l'eau. Une fois le jeune autonome, la mère est prête à s'accoupler de nouveau. Mais la gestation de l'?uf fécondé est différée et n'aura lieu que 4 mois plus tard, permettant ainsi grâce à cette stratégie qui est commune à d'autres espèces polaires, une naissance à une période favorable.
Après la mue qui intervient en juin-juillet, il recherche plutôt les eaux libres à la limite des glaces dérivantes ou de la banquise.
Il est relativement curieux et approche facilement les bateaux ou les campements. En revanche, sur la glace et à terre, il devient plus méfiant. Il est la proie préférée de l'ours polaire mais le requin du Groenland peut être aussi dangereux pour lui. Le bébé du phoque marbré peut être lui victime du renard polaire ou du goéland bourgmestre. Au Svalbard il est peu chassé, en dehors de la saison de reproduction et hors des réserves naturelles.

Le phoque barbu (Erignathus barbatus) est, lui, d'une taille nettement plus grande, environ 2,50 mètres pour 350 kg, ce qui le met en seconde place après le morse, et se reconnaît notamment à ses grosses moustaches. Pour cette espèce, les femelles sont légèrement plus grandes et peuvent atteindre 400 kg.
C'est un solitaire dont la population, répartie surtout à l'Est et au Nord du Spitzberg, est moins importante que celle du phoque marbré.
Étant peu chassé au Svalbard, sous certaines conditions et en dehors de la saison de reproduction, il est très peu craintif que ce soit sur la glace ou dans l'eau. L'été, il est facile à observer et à approcher de très près lorsqu'il se prélasse sur un bloc de glace en front de glacier, seul la plupart du temps ; occasionnellement on peut en voir deux, rarement davantage et pratiquement jamais à terre. Il passe l'hiver au Sud de la Mer de Barents.

Les phoques barbus ont un régime alimentaire varié composé de coquillages, de crabes, de crevettes, de seiches et de poissons. Leurs moustaches sont un organe de détection très sensible qui les aide dans leur recherche de nourriture qui peut les emmener jusqu'à 200 mètres de profondeur. Parmi ses ennemis naturels on compte l'ours blanc mais aussi l'orque et le requin de Groenland.

La mise bas a lieu en mai sur une plaque de glace et quelques heures après, le bébé phoque qui mesure 1,30 mètre et pèse 30 kg, est déjà capable de nager. Les jeunes vont d'abord absorber quotidiennement environ 8 litres de lait maternel qui contient 50% de matières grasses, si bien qu'il va prendre plus de 3 kilos par jour. Environ trois semaines plus tard, les jeunes pourront plonger et se nourrir de façon autonome. Leur longévité peut atteindre 20 à 25 ans.

Le phoque commun (Phoca vitulina)

Le phoque commun est relativement rare au Svalbard. Avec 1,50 m de long et un poids de 100 kg, il est un peu plus grand que le phoque marbré et sa couleur varie du noir au brun en passant par le gris foncé avec des taches sombres ou des anneaux. À la naissance les jeunes font déjà presque 1 m de long et ont pratiquement le même pelage que les adultes.
Au Svalbard on ne le rencontre presque exclusivement que sur la côte Ouest et toujours avec d'autres car il est très sociable.
Parmi toutes les espèces de phoques c'est le phoque commun qui a l'aire de distribution la plus large, principalement dans les eaux tempérées et subarctiques ; le Svalbard forme la limite nord de son aire de répartition. Une seule colonie est répertoriée sur la côte Ouest de Prins Kars Forland, avec environ 500 individus que l'on peut voir toute l'année. De là ils vont dans les fjords de la côte Ouest comme l'Isfjord ou le Kongsfjord.

Contrairement aux autres phoques ils sont visibles le long des côtes, souvent proches de la rive, au repos sur des rochers, mais pratiquement jamais sur la glace.
En dehors de la période de reproduction comme celle de la mue (fin août, début septembre), mâles et femelles vivent séparément. Leur alimentation est variée, se composant de poissons, de mollusques et de crustacés qu'ils peuvent aller chercher jusqu'à 100 mètres de profondeur.
Leurs prédateurs sont surtout l'orque et le requin du Groenland, parfois le morse mais rarement l'ours polaire qui, lui, chasse sur la banquise où le phoque commun est absent, et ne fréquente pas le même territoire.
Les naissances ont lieu en eau peu profonde début juin ou mi juin ; les petits savent nager immédiatement et se nourrissent du lait maternel pendant 3 à 4 semaines, au cours desquelles ils vont passer de 10 à 30 kg, pour ensuite chercher leur nourriture eux-mêmes. À l'instar d'autres espèces de phoques et de l'ours polaire, le développement de l'embryon est différé de quelques semaines et la gestation proprement dite ne commencera qu'en septembre ou octobre. Une fois les jeunes émancipés, les mâles reviennent vers les femelles pour s'attirer leurs faveurs par des évolutions et des vocalises subaquatiques.
Leur espérance de vie au Svalbard est, pour des raisons inconnues, plus courte et n'atteint qu'une vingtaine d'années au maximum. La population de phoques communs est estimée à 1000 individus pour le Svalbard.
Elle a subi la pression de la chasse et de la pollution à tel point que l'espèce figure sur la liste rouge norvégienne et jouit d'une protection totale.

Le phoque du Groenland (Phoca Groenlandica)

Long d'environ 1,60 m pour 120 kg, le phoque du Groenland arbore une couleur argentée, une face sombre et une large tache noire sur le dos en forme de selle ou de harpe. La femelle est nettement plus petite et son pelage est moucheté de taches foncées et claires.
Il se rencontre seulement dans l'Atlantique Nord où il fréquente les alentours de Terre-Neuve et du Golfe Saint-Laurent au Canada, la région entre le Groenland et Jan Mayen jusqu'à la Mer Blanche en passant par le Svalbard ; là, c'est sur les côtes Nord et Est qu'on a le plus de chance de le trouver en été.
La population des phoques du Groenland qui peuple les eaux du Svalbard est extrêmement variable d'une année sur l'autre car dépendante des conditions de glace. Ils sont très grégaires, que ce soit dans leurs déplacements et au repos sur la banquise Comme pour les autres phoques, la période de reproduction est suivi de la mue, après quoi ils se dispersent en groupes plus petits. En consommateurs opportunistes ils se nourrissent aussi bien de petits poissons comme les capelans, les harengs ou autres morues polaires, que de calmars, de krills et d'amphipodes. Pour ceux qui passent l'été en Arctique, mis à part l'orque, l'ours polaire reste le principal prédateur.
En mars-avril les femelles mettent bas sur la banquise ; le bébé-phoque pèse environ 10 kg pour une taille de 85 cm et il est couvert d'une toison blanche et soyeuse qui lui a valu le nom de « blanchon ». Parmi les nombreux bébés se trouvant sur la banquise, la mère reconnaît le sien à l'odeur et rejette tous les autres. Suit une intense période d'allaitement d'une douzaine de jours. Une fois sevré et abandonné par sa mère sur la glace, le petit doit se débrouiller tout seul et vivra sur ses réserve de graisse pendant quelques semaines avant de se mettre à l'eau.

Alors que cette espèce est soumise à une chasse commerciale réglementée par une commission internationale dont sont membres le Canada, le Danemark et la Norvège, au Svalbard, c'est une espèce protégée et sa longévité pourrait atteindre 35 ans.

Le phoque à capuchon (Cystophora cristata)

Les mâles adultes ont une taille d'environ 2,50 mètres pour un poids moyen de 300 kg ; les femelles, beaucoup plus petites, ont 2,20 mètres de long et pèsent en moyenne 200 kg.

Le phoque à capuchon a une couleur argentée et le corps marqué de taches noires irrégulières ; la tête est plus sombre, souvent complètement noire. Il tire son nom de la grande membrane flexible ou « capuchon » qui, chez l'adulte mâle, s'étend des narines au front ; cet appendice rend l'animal bien visible et il s'en sert pendant la période de reproduction en le gonflant comme un ballon, pour parader devant les femelles.

Les naissances ont lieu fin février-début mars sur la banquise ; les petits, qui pèsent environ 25 kg, ont une fourrure bleue sur le dos et gris-argenté sur le ventre. La période d'allaitement, la plus courte de tous les mammifères, ne dure que 4 jours, pendant lesquels le jeune va plus que doubler son poids en buvant plus de 10 litres par jour d'un lait qui contient jusqu'à 70% de matières grasses.
La maturité sexuelle est atteinte à 3 ans pour les femelles et 5 ans pour les mâles ; leur longévité serait de 25-30 ans.

D'avril à juin, après la période de reproduction, les phoques à capuchons, espèce migratoire, parcourent de longues distances selon un cycle annuel qui les maintient près de la banquise dérivante. Après la mue, ils se dispersent à nouveau largement pour se nourrir et retournent vers les aires de reproduction à la fin de l'hiver.
Ils ont trois aires principales de reproduction : la côte Est du Canada (Golfe du Saint Laurent), le détroit de Davis et la banquise entre le Groenland et Jan Mayen. Au Svalbard on peut les voir au printemps, en été et en automne dans les fjords ou dans des eaux plus ouvertes, en tout cas là il y a de la banquise.

La population mondiale des phoques à capuchon est estimée à 500 000 individus. Le nombre de ceux qui visitent les eaux du Svalbard varie énormément selon les conditions annuelles de glace.
Solitaires en dehors des périodes de reproduction et de mue, ce sont des plongeurs profonds qui se nourrissent de poissons variés : flétans, harengs, capelans, morues et aussi de crevettes et de calmars.
Le prédateur naturel est l'ours polaire et peut-être aussi l'orque.
Le phoque à capuchon a été chassé commercialement pendant des siècles ; pendant les années de chasse la plus intensive jusqu'à 150 000 animaux furent prélevés dans l'Atlantique Nord. Le déclin de la population eut pour résultat l'introduction de quotas au début des années 1970, fixés par des accords bilatéraux entre la Russie et la Norvège pour l'Atlantique Est. Au Nord Ouest, la chasse commerciale est managée par une Commission Internationale, où siègent le Canada, la Norvège et le Danemark. Au Svalbard le phoque à capuchon est une espèce protégée.

Le bélouga (ou beluga) (Delphinapterus leucas)

Étrangement blanc comme neige, le corps d'un bélouga, ou dauphin blanc, évoluant entre deux eaux, est un spectacle inoubliable. La peau semble de cire, tendue de muscles fermes et puissants ; les yeux, incontestablement malicieux, perlent de part et d'autre d'un front bombé comme un melon , que souligne une bouche nettement dessinée. Son nom vient du russe bielouha, formé à partir de bielyi, qui signifie blanc - comme dans Biélorussie, la Russie blanche. Cétacé à dents (odontocète), c'est sans doute l'un des plus observés autour de l'archipel. Une population spécifique à la région existe mais l'on ignore le nombre d'individus ; on ne sait pas grand chose non plus sur son comportement migratoire, mais il semble que les bélougas passent l'hiver dans des eaux recouvertes de banquise à plus de 90%. L'été, de petits troupeaux de 10 à 30 individus sont souvent observés le long des côtes dans l'Adventfjord. Ils nagent à proximité de la côte et sont faciles à repérer. Ils ont été surtout chassés dans les fjords de l'Ouest (Krossfjord, Kongsfjord, Grønfjord, Van Keulenfjord) et dans le Lomfjord, d'abord par les Pomores russes au 17ème siècle, puis plus tard par les Norvégiens à la fin du 18ème, lorsque les grandes baleines se firent rares, jusque dans les années 1960. Aujourd'hui le bélouga est complètement protégé au Svalbard, où sa population semble croître lentement, alors qu'il est toujours chassé au Canada, au Groenland et en Mer Blanche.

Leur longueur peut aller jusqu'à 4,50 mètres, pour un poids de 1700 kg. La femelle est un peu plus petite, 4 mètres pour 1200 kg. Le béluga est parfois surnommé le « canari des mers », à cause des sons qu'il émet sous l'eau, mais celui du Svalbard reste néanmoins remarquablement silencieux, pour des raisons inconnues.
Les bélougas sont des nageurs lents, mais ils peuvent plonger à plus de 1000 mètres en utilisant un système d'écholocation pour s'orienter et chercher de la nourriture, principalement dans les eaux au-dessus du plateau continental. Ils consomment une grande variété de proies depuis les invertébrés benthiques, les calmars, jusqu'aux poissons pélagiques, notamment des salmonidés en grande quantité, la morue polaire, le capelan sans oublier les crevettes.
L'accouplement a lieu au printemps, en avril-mai, et la naissance entre mai et août de l'année suivante. Les jeunes, d'une taille d'environ 1,40 mètre pour 50-60 kg, ont une couleur gris foncé au début, puis de plus en plus claire, pour devenir complètement blanche vers 7 ans pour les femelles et 12 ans pour les mâles. Ils resteront près de leur mère pendant plus de deux ans. Les bélougas ont une durée de vie d'environ 40 ans et leurs prédateurs sont l'ours polaire et l'orque.

Le petit rorqual (ou baleine de Minke) (Balaenoptera acutorostrata)

Le petit rorqual est la plus petite des baleines à fanons (mysticètes), mais il n'en reste pas moins imposant avec ses 10 mètres de long pour un poids de 6 à 10 tonnes, les femelles étant plus grandes que les mâles. Pour ce qui est de la forme et de la couleur, il ressemble aux autres baleines : un corps plutôt mince et fuselé, d'un gris sombre au noir avec un ventre clair. À part sa taille comparativement plus modeste, la nageoire dorsale est un bon critère d'identification : elle est plutôt grande par rapport au reste du corps, en forme de faucille et se situe à l'avant du dernier tiers du corps. Des taches blanches sont visibles sur les nageoires pectorales, étroites et à bout pointu. La tête est pointue et aplatie, des sillons ventraux partent de la gorge jusqu'à l'arrière des nageoires pectorales. Le souffle est court, peu visible et sans forme particulière, la nageoire caudale reste invisible au moment de la plongée. Quand il n'est pas près de la surface à la recherche de nourriture, il n'est visible que peu de temps.

Les petits rorquals sont répandus dans toutes les mers, surtout à des latitudes nordiques.
La population de l'Atlantique du Nord-Est est estimée à plus de 100 000 individus, mais les avis divergent entre les pays qui les chassent officiellement (Islande, Norvège) et quelques scientifiques.
Au Svalbard les petits rorquals ne sont pas très nombreux mais ils viennent régulièrement dans les fjords et les eaux ouvertes près des côtes ainsi qu'en bordure de banquise, principalement à l'Ouest et au Nord du Spitzberg. La plupart du temps il s'agit individus isolés, ou d'une paire, occasionnellement d'un petit groupe.
En hiver ils quittent l'Atlantique Nord pour rejoindre les zones méridionales de leur aire de répartition, quelque part entre le Portugal et les Caraïbes, mais les mouvements migratoires ne sont pas bien connus.

Dans l'Atlantique Nord ils se nourrissent de beaucoup d'espèces de poissons de petite et moyenne taille qui vient en banc (capelans, harengs, lançons) ainsi que de crustacés planctoniques (la variante boréale du krill antarctique) qu'ils retiennent de l'eau filtrée par leurs fanons. L'accouplement a lieu entre octobre et mars, selon les régions, et le petit d'environ 2,50 mètres, naîtra, après une gestation de 10 mois, dans la zone d'hivernage sous des latitudes plus chaudes où il restera avec sa mère pendant 4 ou 5 mois.

Difficile à observer et à photographier en raison de ses brèves apparitions en surface et de plus toujours à des endroits différents impossibles à anticiper, le petit rorqual peut faire l'objet d'observations spectaculaires en s'approchant des bateaux, poussé par la curiosité, et se livrer à des saut acrobatiques, mais c'est là un spectacle rare.
Dans l'Atlantique Nord les petits rorquals sont chassés depuis des siècles. Leur petite taille leur épargnera une chasse intensive, ce qui en fait l'espèce la plus nombreuse actuellement mais aujourd'hui c'est la seule espèce faisant l'objet d'une chasse commerciale et « scientifique », la Norvège s'autorisant toujours un quota de quelques centaines d'animaux par an.

Le rorqual commun (grand rorqual)(Balaenoptera physalis)

Le rorqual commun occupe la seconde place parmi les baleines à fanons, derrière la baleine bleue. Les femelles atteignent 24 m de longueur et un poids de 75 tonnes, les mâles seulement 22 m. Le corps est long et fuselé avec une face supérieure gris foncé et une face inférieure de couleur claire. La nageoire dorsale en forme de faucille se situe très l'arrière aux trois quarts de la longueur totale du corps. La tête présente une coloration asymétrique : gris foncé du côté gauche alors que la partie inférieure du côté droit est blanche. Les fanons aussi sont foncés à gauche et clairs à droite ; le souffle est puissant et monte jusqu'à 6 mètres de hauteur.
La distinction avec les autres baleines n'est pas toujours facile. Le rorqual commun a des nageoires pectorales complètement gris foncé sans tache blanche comme le petit rorqual. La taille imposante reste bien évidemment une indication sûre de même que le dos long et la nageoire dorsale relativement petite.

Le rorqual commun se rencontre dans toutes les mers du globe. Il passe l'hiver dans des eaux plus tempérées, où ont lieu aussi accouplement et naissance. La gestation dure environ 11 mois et le baleineau reste 6 à 7 mois auprès de sa mère. En été il migre vers les hautes latitudes aux mers riches en nourriture. Les rorquals de l'Atlantique Nord passent l'hiver en haute mer à la latitude de l'Espagne et du Golf du Mexique, en partie également en Méditerranée. Dans l'Atlantique Nord, c'est au large de l'Est du Groenland qu'on les trouve le plus fréquemment.

Pendant la migration les rorquals se déplacent en petits groupes, parfois seuls ou en troupeaux plus importants, quand la nourriture est abondante. Mâles et femelles migrent séparément, ce sont des nageurs rapides qui peuvent atteindre 8 à 15 n?uds (de 14 à 27 km/h). Ils plongent rarement plus de 15 minutes à une profondeur maximum de 200 mètres et se nourrissent de plancton.

Cette grande baleine a connu autrefois une chasse intensive. Pour les premiers baleiniers les rorquals communs nageaient trop vite, mais à partir de la fin du 19ème siècle des bateaux à vapeurs plus rapides, munis de harpons à charge explosive, en firent des cibles privilégiées. Aujourd'hui la population globale est estimée à 75 000 individus et dans l'Atlantique Nord vivraient entre 25 000 et 30 000 rorquals communs. À part la noyade occasionnelle dans des filets de pêche et une chasse limitée au Groenland de l'Ouest, le rorqual commun n'a, actuellement, rien à craindre de l'homme, du moins directement et les stocks se reconstituent lentement.
Indirectement, la surpêche des bases alimentaires, les polluants et le bruit représentent des dangers potentiels. La toute dernière menace qui pèse sur cette espèce et d'autres est constituée par les sonars de la marine américaine, les LFAS (Low Frequency Active Sonar), avec un niveau sonore de plus de 215 décibels, ce qui veut dire qu'à une distance de 480 km, on peut encore mesurer un niveau de 140 décibels, ce qui correspond au bruit d'un coup de feu.
L'orque est le seul prédateur naturel du rorqual commun, dont la durée de vie est pratiquement d'un siècle. Il est protégé au Svalbard.

La baleine du Groenland (baleine boréale, baleine franche) (Balaena mysticetus)

C'est une grande baleine à fanons, longue de 15 à 20 mètres pour un poids de 75 à 100 tonnes, les femelles étant plus grandes que les mâles.
Sa gueule, puissante, peut occuper un bon tiers de la longueur du corps. Ce qui frappe, c'est que cette baleine n'a pas de nageoire dorsale. Les fanons, suspendus à la mâchoire supérieure, et avec lesquels elle filtre le plancton, atteignent une longueur de 3 à 4 mètres et sont les plus longs de toutes les espèces. La baleine du Groenland nage lentement et son souffle puissant à la forme d'un V.

Son existence étant étroitement liée à l'extension des glaces, c'est la plupart du temps à proximité de la banquise dérivante qu'on peut rencontrer cette baleine arctique, espèce particulièrement nombreuse dans l'Atlantique Nord jusqu'au début du 17ème siècle, y compris dans les eaux côtières du Svalbard.
À la suite d'une chasse intensive aux 17ème et 18ème siècles, l'espèce fut pratiquement exterminée et ce n'est que pendant ces dernières années que quelques rares individus furent observés au Spitzberg. Durant l'été 2006 en effet une baleine isolée s'est montrée dans l'Adventfjord devant Longyearbyen, première apparition d'un tel animal depuis des siècles sur la côte Ouest du Spitzberg et qui bien sûr a fait sensation.
Malgré tout la baleine du Groenland est considérée toujours comme une espèce pratiquement éteinte et personne ne peut dire actuellement si la population pourra un jour se reconstituer. Dans l'Arctique russe et nord-américain il y aurait encore quelques centaines voire quelques milliers d'animaux.

En raison de sa rareté on ne sait que peu de choses sur sa biologie. Son répertoire vocal est remarquable et son usage fréquent montre quelle importance revêt ce système acoustique qui lui permet de communiquer sur de très grandes distances. Comme d'autres baleines à fanons, elle se déplace lentement, proche de la surface des océans en filtrant, pour s'en nourrir, d'énormes quantités de plancton. Tous les 2 ans et après une gestation de 13-14 mois, la femelle met au monde un baleineau qui mesure 3,50 m à la naissance. La croissance est lente et la taille adulte n'est atteinte qu'entre 40 et 50 ans, de ce fait l'espérance de vie pourrait atteindre 200 ans.

C'est de son épaisse couche de lard que l'on extrayait cette huile précieuse, qui fut une denrée si recherchée, de même que ses fanons. Pour cette raison cette espèce fut victime d'une chasse internationale intensive pendant deux siècles. Les dernières baleines franches furent capturées au Svalbard en 1911, l'espèce fut placée sous protection seulement en 1939, évidemment beaucoup trop tardivement.
Il est difficile de s'imaginer aujourd'hui qu'il y a à peine 400 ans les fjords du Svalbard grouillaient littéralement de baleines franches et les chroniques des capitaines baleiniers de l'époque font état d'immenses troupeaux. Mais c'était une proie facile car elle nage lentement et flotte à la surface une fois tuée, d'où son surnom de baleine « franche ».

La baleine bleue (rorqual bleu) (Balaenoptera musculus)

C'est le plus gros animal vivant à notre époque et aussi le plus gros ayant jamais vécu sur terre.
Long et mince, le corps de la baleine bleue peut prendre diverses teintes de gris-bleuté sur le dos et un peu plus clair en dessous.
Sa tête est plate et a la forme d'un U. Une crête médiane se dessine entre les évents et l'extrémité de la mâchoire supérieure. La bouche est densément remplie de fanons, environ 300, chacun d'entre eux mesurant environ 1 m de log). Entre 60 et 90 sillons (appelées plis ventraux) longent la gorge parallèlement au corps. Ces plis facilitent l'évacuation d'eau de la bouche après la prise de nourriture. La nageoire dorsale est petite, localisée aux trois quarts du corps de l'animal et visible seulement brièvement lors de la séquence de plongée. Quand elle fait surface pour respirer, la baleine émet un jet d'eau vertical spectaculaire, de 9 mètres en général mais pouvant aller jusqu'à 12 mètres, et pouvant être vu de loin par temps calme. Les baleines bleues ont des évents jumeaux, protégés par un repli de fibres graisseuses.
Les nageoires pectorales mesurent trois à quatre mètres. Les faces supérieures sont grises avec une mince bordure blanche. Les faces inférieures sont blanches.
Les baleines bleues peuvent atteindre une vitesse de 50 km/h lors de courtes accélérations, notamment lors d'ébats avec d'autres baleines, mais leur vitesse de croisière est de 20 km/h. Quand elles se nourrissent elles ralentissent à 6 km/h.
Le poids de la baleine bleue varie entre 150 et 170 tonnes pour des animaux atteignant entre 24 et 28 mètres de longueur.

Les baleines bleues se nourrissent presque exclusivement de krill, bien qu'elles consomment également des copépodes, mais dans des proportions moindres. Elles se nourrissent à une profondeur supérieure à 100 mètres la journée et seulement en surface la nuit. La durée de plongée est généralement de 10 minutes durant la phase d'alimentation, bien que les plongées de 30 minutes soient communes.
Les baleines bleues sont en relation constante avec une grande diversité d'organismes vivants de très petite taille. Ainsi, elles sont fréquemment couvertes de diatomées, des organismes qui sont visibles sur sa peau en formant des tâches couleur rouille, notamment sur la partie inférieure du corps de la baleine.
Comparé à d'autres espèces de baleines à fanons, le corps de la baleine bleue est assez lisse et abrite seulement quelques balanes autour des yeux, de la bouche et des organes génitaux. Tous ces organismes ne causent aucun dommage à leur hôte, et ne peuvent pas être considérés comme des parasites mais plutôt comme des organismes commensaux.

La période de reproduction commence à la fin de l'automne et se poursuit jusqu'à la fin de l'hiver. Les femelles donnent généralement naissance à un baleineau une fois tous les deux à trois ans au début de l'hiver, après une gestation allant de 10 à 12 mois. Les baleineaux pèsent environ deux tonnes et demi pour une longueur de 6 à 7 m. Ils boivent entre 380 et 570 litres de lait par jour et grossissent très rapidement : ils peuvent prendre 90 kg par jour.
Les scientifiques estiment que les baleines bleues ont une longévité d'au moins 80 ans, leurs seuls ennemis naturels étant les orques.

Les baleines bleues vivent généralement seules ou avec un autre individu et peuplent tous les grands océans. Elles passent l'été dans les hautes latitudes, plus fraîches, où elles se nourrissent des eaux abondantes en krill ; elles passent l'hiver dans des eaux plus chaudes à des latitudes moins importantes, où elles se reproduisent et mettent bas. Au cours de la migration, elles ne s'alimentent quasiment pas et mobilisent près de la moitié de leurs réserves corporelles, qui représentent elles-mêmes 70 % de leur masse corporelle avant le départ. Dans les eaux tempérées où le krill est peu abondant elles consomment jusqu'à dix fois moins de nourriture par jour. La migration vise principalement à faire naître le baleineau, qui n'a pas à la naissance une protection thermique aussi efficace que celle de l'adulte, dans des eaux suffisamment chaudes.
Les sons émis par la baleine bleue oscillent entre 155 et 188 décibels à des fréquences très basses, imperceptibles pour l'oreille humaine. Les appels de la baleine bleue durent entre 10 et 30 secondes, rappelant les célèbres chants des baleines à bosse.

La population de baleines bleues a connu un déclin spectaculaire à cause de la pêche commerciale et fut proche de l'extinction.
Les baleines bleues ne sont pas faciles à tuer ou à capturer. Leur vitesse et leur puissance en faisaient une cible peu privilégiée pour les premiers baleiniers qui préféraient s'attaquer aux cachalots et aux baleines franches. En 1864 le norvégien Svend Foyn équipa un bateau à vapeur avec des harpons spécialement conçus pour chasser de grosses baleines. Bien qu'initialement peu commode et peu efficace, Foyn améliora le canon-harpon et bientôt plusieurs stations de chasse de baleines furent établies sur la côte du Finnmark, au nord de la Norvège. À la suite de conflits avec les pêcheurs locaux, le gouvernement norvégien prit la décision d'interdire la chasse à la baleine sur son territoire et ces stations furent fermées.
Les baleines bleues furent bientôt chassées en Islande (1883), aux îles Féroé (1894), à Terre-Neuve (1898) et au Spitzberg (1903).

Depuis l'interdiction de la chasse, les études n'ont pas pu montrer de manière sûre si la population totale de baleine bleue était stable ou en augmentation. Dans l'Antarctique, les meilleures estimations montrent une augmentation significative de 7,3 % par an depuis la fin de la chasse illégale par l'URSS, mais le nombre de baleines reste en dessous de 1 % des niveaux originels. On estime également que les populations islandaises et californiennes augmentent, mais cette augmentation n'est pas statistiquement significative. La population mondiale totale était estimée entre 5 000 et 12 000 individus en 2002, bien qu'il y ait un fort degré d'incertitude dans les estimations disponibles pour de nombreuses zones. La baleine bleue reste classée parmi les espèces animales dites « en danger » dans la liste rouge de l'UICN des espèces menacées, et il en est ainsi depuis la création de la liste.
Dans l'Atlantique Nord, deux groupes de baleine bleue sont connus. Le premier est localisé au large du Groenland, de Terre-Neuve, de la Nouvelle-Écosse et du golfe du Saint-Laurent. Ce groupe est estimé à environ 500 individus. Le second, plus à l'est, est aperçu des Açores au printemps à l'Islande en juillet et août ; on pense que les baleines suivent la dorsale médio-Atlantique entre ces deux îles volcaniques. Au-delà de l'Islande, des baleines bleues ont été aperçues au nord jusqu'au Spitzberg et Jan Mayen mais de tels cas sont rares. Les scientifiques ne savent pas où ces animaux passent l'hiver. La population totale de l'Atlantique Nord est estimée à environ 600 à 1 500 individus. Protégée partout depuis 1966 elle reste menacée et très rare au Svalbard.

La baleine à bosse (mégaptère ou jubarte) (Megaptera novaeangliae)

La baleine à bosse est une espèce de baleine à fanons (ou mysticète). C'est un mammifère cétacé de grande taille : les adultes atteignent habituellement 13 à 14 mètres de long et pèsent en moyenne 25 tonnes, les femelles étant un peu plus grande que les mâles. La baleine à bosse effectue des sauts spectaculaires hors de l'eau, possède de longues nageoires pectorales et son chant est très élaboré. Elle vit dans les océans et les mers du monde entier. Elle est un sujet privilégié pour le tourisme d'observation des baleines (whale-watching).

Les baleines à bosse sont facilement reconnaissables à de nombreux critères. Leur corps est massif. Le dessus de l'animal est entièrement noir, le dessous est plutôt blanchâtre. La tête et la mâchoire inférieure sont couvertes de petites protubérances appelées tubercules, qui sont en fait des follicules pileux et sont caractéristiques de l'espèce.
La grande nageoire caudale, noire et blanche, sort largement hors de l'eau quand la baleine plonge. Les dessins de cette nageoire sont propres à chaque baleine et peuvent servir à son identification individuelle.
Chaque nageoire pectorale (également noire et blanche, et d'un dessin propre à chaque individu) peut atteindre jusqu'au tiers de la longueur du corps. C'est beaucoup plus que chez n'importe quel autre cétacé. Quand la baleine à bosse fait surface et expulse par son évent l'air provenant des poumons, le souffle provoque un nuage pouvant atteindre 3 mètres, en forme de chou-fleur.
L'aileron dorsal, trapu, apparaît hors de l'eau peu après l'émission de ce souffle. Il continue à être visible quand l'animal fait le dos rond pour amorcer une plongée, mais disparaît avant que la nageoire caudale émerge.
Comme les autres balénoptéridés, la baleine à bosse possède des sillons ventraux et des fanons. Les sillons sont en fait des replis qui courent parallèlement entre eux de la mâchoire inférieure jusqu'au nombril (à peu près jusqu'à la moitié du ventre de l'animal). Ils permettent un très large déploiement de la gueule (un peu à la façon dont s'ouvre un accordéon). D'un nombre généralement compris entre 16 à 20, ils sont moins nombreux et aussi moins prononcés que chez les rorquals. Les fanons sont des productions cornées de la lèvre qui filtrent et retiennent les proies alimentaires. La baleine à bosse possède 270 à 400 fanons de couleur sombre disposés de chaque côté de la bouche.

La gestation dure onze mois environ. Il arrive parfois que certaines femelles soient plaines deux années de suite.
Le baleineau mesure dès la naissance 4 à 5 mètres et pèse environ 2000 kilogrammes. Il est exclusivement allaité par sa mère pendant les six premiers mois, puis il continue à être allaité tout en commençant à se nourrir par lui-même pendant les six mois suivants. Les baleineaux accompagnent leurs mères lors de la première migration estivale et les quittent au début de leur seconde année. Ils pourront vivre jusqu'à 50 ans environ.

L'organisation sociale des baleines à bosse est assez lâche. Habituellement, les individus vivent seuls ou fréquentent des groupes transitoires qui se font pour quelques heures et se défont. Les groupes peuvent se maintenir plus longtemps en été pour coopérer dans la recherche et la capture de nourriture. Des relations durables de plusieurs mois ou même plusieurs années, entre couples ou entre petits groupes, ont été décrites, mais elles sont rares. La répartition mondiale des baleines à bosse recouvre celles de nombreuses autres espèces de baleines et de dauphins : on peut donc observer des baleines à bosse à proximité d'autres espèces (par exemple des baleines de Minke) mais il y a très peu d'interactions sociales.
Les sauts spectaculaires font partie de la parade sexuelle.
On présume que les chants jouent également un rôle important dans cette compétition, mais les scientifiques ne savent pas s'ils servent aux mâles pour s'identifier et se comparer entre eux, s'ils sont un appel à l'accouplement entre le mâle et la femelle, ou les deux.

L'espèce se nourrit exclusivement pendant l'été et vit sur ses réserves de graisse pendant l'hiver. C'est un prédateur actif qui chasse le krill et les bancs de petits poissons tels les harengs, les capelans ou les lançons, usant de l'attaque directe ou étourdissant ses proies en frappant l'eau avec ses nageoires.
La technique de pêche la plus originale des baleines à bosses est celle du filet à bulles. Plusieurs baleines forment un groupe, nagent rapidement autour et au-dessous d'un banc de poissons et larguent de l'air par leurs évents. Les bulles forment une barrière visuelle qui confine le banc dans un espace de plus en plus restreint. Soudain, les baleines se précipitent vers le haut à travers le rideau de bulles, gueule grande ouverte, avalant des milliers de poissons d'une seule goulée. Le diamètre du filet à bulles peut atteindre 30 m et nécessiter la coopération d'au moins douze animaux. C'est sans doute le fait le plus spectaculaire de coopération entre mammifères marins.
Les orques s'attaquent aux baleines à bosse, celles-ci s'en sortent le plus souvent par quelques cicatrices mais il est probable que des baleineaux sont parfois tués.
Les baleines à bosse sont autant réputées pour leurs acrobaties que pour leurs longs chants complexes. Elles émettent pendant des heures, parfois des jours, des motifs de notes graves qui varient d'amplitude et de fréquence, en répétant des séquences cohérentes et emboîtées. Les baleines ne chantent que pendant la saison d'accouplement : on suppose donc qu'il s'agit de chants de séduction.

On rencontre la baleine à bosse dans tous les océans ; c'est une espèce migratrice, passant les étés dans les eaux froides des hautes latitudes, s'accouplant et se reproduisant dans les eaux tropicales ou subtropicales. Avec des distances couramment parcourues de plus de 25 000 km par an, l'espèce détient des records parmi les mammifères.
La baleine à bosse à subi une chasse commerciale pendant des siècles et la population globale a été réduite d'environ 90%. Mais les effectifs semblent se reconstituer plus facilement que ceux des autres grandes baleines. La population est passée d'un minimum de 20 000 individus au moratoire de 1986 à environ 35 000 aujourd'hui. Par comparaison les populations de baleine bleue sont restées autour de 3 000 individus pendant la même période. On estime à 11 600 les baleines à bosse dans l'Atlantique Nord. La chasse par les peuples autochtones est limitée et la mortalité la plus importante est due aux filets de pêche et aux collisions avec les bateaux. Elle est classée comme espèce menacée et protégée au Svalbard.

Le cachalot (Physeter macrocephalus)

C'est le plus grand des cétacés à dents (odontocète).Le cachalot se distingue par une énorme tête quasiment parallélépipédique, la présence de dents pointues et des narines soudées en un unique évent. L'adulte mâle mesure en moyenne 16 mètres et pèse environ 45 tonnes, la femelle, nettement plus petite, atteint 12 mètres pour un poids de 15 tonnes.

Le corps est gris foncé ou noir avec quelques taches sur le ventre. Il peut comporter des marques rectilignes et de nombreuses cicatrices, dues aux combats entre les mâles ou avec des calmars géants.
Les nageoires pectorales sont petites. La nageoire dorsale, constituée d'une rangée de crêtes, est utile pour plonger. La nageoire caudale, triangulaire et fendue, est très puissante et mesure jusqu'à 4 m.
La tête est en forme de proue, avec un front — le melon — au profil presque rectangulaire chez le mâle. Énorme, elle représente le tiers de la longueur et peut peser 16 tonnes. Cette taille s'explique par la présence du spermaceti, très prisé dans la fabrication de savon. Les lèvres sont blanches. La mâchoire inférieure comporte entre 40-60 dents qui mesurent près de 20 cm et pèsent 1 kg. C'est le seul cétacé dont l'évent, unique, est oblique (vers l'avant gauche).
Avec une masse pouvant atteindre neuf kilogrammes, le cerveau du cachalot détient le record du monde animal. Son intelligence et ses capacités cérébrales sont très mal connues, car il est très difficile de l'étudier vivant. Les recherches actuelles laissent penser qu'il passe beaucoup de temps dans un demi-sommeil ponctué de rêves, se laissant dériver de longues heures. Il semble qu'il dort à la verticale, la tête en bas.

Comme les bips de sonars, les claquements de larynx servent à localiser les obstacles qui renvoient un écho plus ou moins rapide selon leur distance, mais aussi les proies que les cachalots vont chercher en plongeant. C'est peut-être également une manière de communiquer : des groupes de cachalots, qui se dispersent en plongée sur plusieurs kilomètres à travers les ténèbres, émergent souvent dans un parfait ensemble à la surface.

Le cachalot se nourrit principalement de céphalopodes (calmars, pieuvres), mais aussi de poissons et, parfois, de pinnipèdes (phoques). Grand prédateur, il peut s'attaquer à des requins de trois mètres. Sa proie favorite serait le calmar géant, avec lequel il livre des combats titanesques.
Bien qu'on ait retrouvé dans l'estomac de certains cachalots des restes de calmars de plusieurs dizaines de mètres, il s'alimente généralement de grandes quantités de pieuvres d'un mètre.

C'est un champion de l'apnée. Après une dizaine de minutes durant lesquelles il respire en surface, le cachalot bascule, faisant émerger sa nageoire caudale, puis plonge durant 30 à 110 minutes. Il chasse généralement entre 300 m et 1000 m mais peut atteindre la profondeur abyssale de 2000, voire 3000 mètres, où il capture les pieuvres et les calmars géants.

Les femelles sont grégaires et vivent en groupes de 10 à 50 individus, avec leurs petits et les jeunes mâles, sous l'autorité d'un mâle adulte. À la saison des amours, les mâles se combattent violemment.
Tous les trois à cinq ans, après une gestation d'une quinzaine de mois, la femelle met bas un unique jeune de 4 m et de plus d'une tonne. Les jeunes tètent jusqu'à l'âge de plus d'un an. Le jeune mâle ne quitte sa mère que vers six ans et n'atteint la maturité sexuelle que vers 10 ans. Le mâle devient adulte vers 30 ans et peut alors constituer un groupe et s'accoupler. Sa longévité est d'environ 70 ans. Le prédateur naturel est l'orque, bien que les grands requins peuvent être aussi une menace pour les jeunes.

Le cachalot vit dans tous les océans et presque toutes les mers, dont la Méditerranée. Il fréquente surtout les régions abritant le calmar géant. Bien qu'il préfère les eaux équatoriales ou tropicales, le mâle adulte remonte jusqu'aux mers polaires, où il affectionne les eaux profondes et productives à la limite sud des glaces. Dans les années 80, les trois quarts des cachalots se trouvaient dans l'hémisphère sud.

La chasse au cachalot a été interdite en 1982 et a continué sous sa forme traditionnelle aux Açores jusqu'en 1984.
Le cachalot a été exagérément chassé pour le spermaceti (blanc de baleine), un liquide huileux particulièrement apprécié qui est concentré dans la tête. En outre, ses intestins contiennent jusqu'à 500 kg d'ambre gris, concrétion très recherchée en parfumerie, où elle est utilisée comme fixateur.
Traqué dès le XVIIIe siècle, le cachalot a été décimé au début du XIXe siècle. Le célèbre roman Moby Dick relate l'histoire d'une de ces chasses.
L'espèce allant disparaître, sa chasse a été interdite en 1982 par la Commission Baleinière Internationale ; le cachalot est protégé au Svalbard.

L'hyperoodon boréal (baleine à bec commune) (Hyperoodon ampullatus)

Le corps est allongé, robuste et comprimé latéralement. La taille des mâles adultes va de 8,5 à 9 m pour un poids de 7 à 8 tonnes. Les femelles, plus petites, atteignent 7,5 m de long et pèsent entre 5 et 6 tonnes.
La tête est caractéristique : chez les femelles et les jeunes le melon est peu saillant alors que chez les mâles il se développe avec l'âge pour former une énorme masse pré-frontale. Cette formation est appelée "baril" et contient comme chez les cachalots du spermaceti. Le bec, lui, est allongé comme chez les dauphins. Cette masse frontale prend appui sur 2 crêtes osseuses développées vers l'avant de chaque côté du crâne et ayant un rôle important dans l'écholocation de l'animal. Sous la gorge on trouve 2 sillons en forme de V. L'évent est plutôt de grande taille.
L'aileron dorsal, situé au quart du corps vers la nageoire caudale, est falciforme ou plus rarement triangulaire. Les nageoires pectorales sont relativement petites. La nageoire caudale est légèrement concave mais ne présente aucune encoche médiane, particularité typique des hyperoodons.
Chez les adultes la couleur générale est le gris plus ou moins teinté de brun ou de jaune. Les femelles portent souvent un collier plus clair alors que chez les mâles c'est la région du melon et du bec qui est plus blanche. Chez les jeunes l'épiderme a souvent une teinte qui varie du noir au brun-chocolat.
La mandibule inférieure des hyperoodons porte une paire de dents à son extrémité, parfois doublée d'une seconde paire plus petite en retrait. Ces dents n'apparaissent que chez les mâles mais elles sont présentes à l'état de vestiges chez les femelles.
Il produit un large répertoire de sons de toutes catégories : clics, gazouillis et sifflements, sur des fréquences de 3 à 16 kHz.
Avant de sonder il lève sa nageoire caudale hors de l'eau. Il peut plonger jusqu'à 1000 m, sûrement au delà de 1500 m et peut rester sous l'eau plus d'une heure voire deux, même si le plus souvent il ne plonge qu'une dizaine de minutes.
Son souffle est situé à l'avant, il est puissant avec une hauteur de 1,5 m.
Ses démonstrations sont fréquentes : frapper la surface avec la queue, sauter hors de l'eau à répétition et surtout s'approcher des bateaux.

C'est un animal grégaire qui vit en petit groupe de quelques individus mais certains groupes ont été observés réunissant plus de 20 individus.
Les rôles paraissent être distribués selon l'âge et le sexe. Selon les lieux et les saisons, les mâles vivront ou non séparés des femelles, qui, elles-mêmes, accompagneront leur progéniture ou se déplaceront par petits groupes. Les hyperoodons tissent des relations durables entre individus de même sexe.

Cette espèce fréquente les eaux tempérées et polaires de l'Atlantique Nord. On la rencontre en été jusqu'au Spitzberg et en hiver elle peut descendre jusqu'aux Canaries. Il existe des sous-groupes, l'un dans la partie orientale qui se déplace au nord au printemps et au sud en été et l'autre dans l'Atlantique Nord occidental, qui reste présente une bonne partie de l'année près de la Nouvelle-Écosse.

Les chiffres de sa population vont de 54 000 à 130 000 individus actuellement. Dans la partie orientale nord de l'Océan Indien on dénombrerait 40 000 individus. Cela représenterait entre 30 et 60 % de la taille initiale avant la chasse commerciale. Dans les eaux islandaises et féroïennes ont été dénombrés environ trois milles individus, et en Nouvelle-Écosse 133 individus ont été répertoriés.

L'hyperoodon se nourrit essentiellement de calamars, mais aussi de concombres de mer, de divers autres céphalopodes, de poissons et de vertébrés benthiques. Il est possible qu'il se nourrisse en draguant le fond.

Les mâles atteignent leur maturité sexuelle entre 7 et 9 ans soit une taille de 7,3 à 7,6 m. Et les femelles atteignent leur maturité sexuelle entre 8 et 14 ans soit une taille de 6,7 à 7 m. Les accouplements ont lieu d'avril à juin. La gestation dure 12 mois. Le nouveau-né mesure entre 3 et 3,5 m à la naissance et sa mère l'allaitera durant un an. Sa longévité est d'environ 40 ans. L'orque peut être un prédateur éventuel pour les jeunes.

Jadis l'espèce a été fortement chassée des deux côtés de l'Atlantique. D'abord par les anglais et les canadiens, ce sont ensuite les norvégiens qui poursuivent cette chasse. 65 800 individus étaient exterminés alors chaque année par la Norvège de 1882 à 1972. D'abord chassé pour son huile, ce fut ensuite pour l'alimentation des animaux. La chasse cessa en 1973 et l'espèce est protégée depuis 1977. Aujourd'hui quelques animaux sont tués annuellement par les îles Féroé lors de chasses traditionnelles.
Il est encore difficile d'estimer les conséquences qu'a eu la chasse sur l'espèce. Même si elle n'est pas directement menacée par un danger précis, l'espèce souffre de la pollution maritime et des nuisances sonores.

C'est un animal curieux qui approche volontiers les embarcations et peut rester plus d'une heure à suivre et à examiner un bateau.

L'orque (épaulard ou baleine tueuse) (Orcinus orca)

C'est le plus gros des dauphins, avec un corps massif et volumineux, aux couleurs uniques et à la zone de répartition la plus grande. La tête est volumineuse avec un melon développé. La nageoire dorsale mesure moins de 90 cm chez les femelles, alors que chez les mâles elle peut atteindre 1,8 m. Sa taille maximale est atteinte vers l'âge de 7 ou 8 ans.
Les nageoires pectorales sont grandes, larges et arrondies, en forme de raquette. Chez les mâles elles représentent environ 20% du corps et chez les femelles environ 12%.
La nageoire caudale possède une encoche médiane.
Les mâles mesurent environ 8,5 m avec un maximum de 9 mètres pour un poids moyen de 5,5 tonnes. Les femelles mesurent jusqu'à 7,7 mètres et pèsent en moyenne 3,8 tonnes.
C'est un cétacé à dents, dont les deux mâchoires possèdent entre 10 et 12 dents coniques qui mesurent entre 4 et 8 cm.
L'orque est de couleur noire avec de larges taches blanches. L'une allant de la mandibule jusqu'au dessous de la queue et l'autre étant une tache génitale. On trouve aussi une tache blanche au dessus de l'?il et certains individus ont une selle à l'arrière de leur nageoire dorsale. Chez les jeunes ces marques blanches sont plus ou moins teintées de gris ou de rose.

L'orque peut plonger jusqu'à 500 m et rester immergé environ 30 min. Cependant la plupart des individus ne plonge pas plus profondément que 100 m durant 5 à 15 min. Le souffle est indistinct mais bien visible.
L'espèce adopte de nombreux comportements en surface comme l'espionnage ou le coup de queue. Les sauts sont plus rares et la retombée se fait sur les flancs. Dans les baies du Pacifique, les orques apprécient de venir se gratter contre les galets du fond.

La taille des groupes dépend des populations allant de 1 à 50 individus, avec une moyenne de 7. Des rassemblements de centaines d'individus sont aussi possibles.
Les clans se composent d'individus des deux sexes, de tous âges. La plus vieille femelle est le noyau de la structure du groupe. Lorsque celle-ci meurt, le clan éclate en sous-unités où une femelle, plus affirmée, en prend la tête de chacune.

L'orque a l'aire de répartition la plus vaste du règne animal. On le trouve dans quasiment toutes les eaux maritimes du monde. Il s'adapte à tous les milieux, des eaux polaires aux tropicales, côtières ou pélagiques, peu ou pas profondes des mers fermées ou des océans ouverts. Au Spitzberg ils ont été observés sur les côtes ouest et est.

Le régime alimentaire de l'orque est varié. Il se nourrit de divers poissons de moyenne et grande taille comme des saumons, des thons mais aussi des requins. L'espèce attrape aussi plus exceptionnellement des oiseaux, des calmars ou des tortues. Mais l'orque se nourrit aussi de gros mammifères marins comme des phoques, des otaries, des veaux marins, des dauphins, des tortues, voire des baleines. L'orque n'a pas de prédateur naturel.
Dans les eaux polaires les orques ont une technique de chasse particulière ; quand un manchot ou un phoque est repéré sur la banquise, l'orque percute le morceau de glace pour faire tomber sa proie à l'eau et s 'en saisir. Selon la taille des proies la chasse est individuelle ou en groupe. Lorsqu' un groupe attaque une proie de grande taille, chacun a un rôle bien défini. Certains agrippent les nageoires pour empêcher la progression de l'animal alors que d'autres mordent l'animal pour l'empêcher de plonger. D'autres populations d'orques utilisent une onde sonore très puissante pour paralyser leur proie. D'autres regroupent les poissons en banc et les tuent avec de violents coups de queue. Puis les orques récupèrent à terre les poissons morts. Ils peuvent aussi coopérer pour venir à bout de baleines grises en les forçant à émerger et plonger et, une fois celles-ci épuisées, ils passent alors à l'attaque.

La maturité sexuelle est atteinte vers 15 ans chez les mâles et entre 11 et 16 ans chez les femelles. La gestation dure entre 15 et 18 mois. Un jeune peut naître tous les 2 ou 3 ans. Dans sa vie une femelle a 5 ou 6 petits.
À la naissance le petit mesure environ 2,30 mètres pour un poids approximatif de 200 kg. Le sevrage dure normalement 2 ans.
La longévité est de 50 à 60 ans pour les mâles et jusqu'à 80-90 ans chez les femelles.

La population globale n'est pas connue précisément mais environ 100 000 individus sont déjà répertoriés dont la plupart autour de la convergence antarctique. En Mer de Norvège et dans la Mer de Barents il y aurait environ 3000 orques.

Actuellement, l'orque n'est plus chassé comme il le fut dans le passé, quelques individus sont tués cependant à divers endroits du globe par des populations autochtones, certains pêcheurs les considérant comme des rivaux pour la pêche au saumon. Il est protégé au Svalbard.
L'orque souffre de la pollution des océans et pour certaines populations de la destruction de leur habitat.
L'espèce est localement couramment observée. La popularité de l'épaulard le met en tête d'affiche des tours opérateurs. Le tourisme dans certains cas peut devenir un autre type de menace pour l'orque.

C'est 1961 que fut détenu la première femelle en captivité près de Los Angeles. L'animal mourut vite, étant très malade. Au fil des années l'orque intéressa de plus en plus les « marineland » et ces trente dernières années entre 350 et 400 individus ont été capturés. Aujourd'hui seulement 80 sont encore vivants. L'orque, contrairement aux idées reçues, supporte mal la captivité. Des accidents graves ont d'ailleurs eu lieu comme en 1991 où une jeune dresseuse tomba dans un bassin et fut tuée par les jeux des orques. L'histoire est tout aussi dramatique pour les orques eux-mêmes, citons Keiko, la vedette des films « Sauvez Willy » morte après avoir durant des années servi de jouet au cinéma mondial.

Le globicéphale (baleine pilote ou cauldron) (Globicephala melas)

Le globicéphale (« tête globuleuse ») ou baleine-pilote, est un cétacé à dents qui appartient à la famille des Delphinidés, c'est un grand dauphin dont le melon frontal est fortement développé. Il est communément appelé "baleine pilote" car on le voit fréquemment dans le sillage ou devant l'étrave des navires (en anglais pilot whale).

Les mâles mesurent entre 5 et 6 m et pèsent entre 1,5 et 3,5 t ; les femelles mesurent entre 4 et 4,7 m pour un poids de 1 à 2,5 t.
Le corps du globicéphale est long et robuste, la tête est volumineuse avec un melon bombé qui dépasse l'aplomb du bec chez les vieux mâles.
L'aileron dorsal est typique de l'espèce. Il est deux fois plus large que haut, et est situé très en avant, au premier tiers du corps. Sa forme varie avec l'âge, étant plus étroite chez les jeunes et devient très large dans sa partie antérieure chez les vieux individus.
Les nageoires pectorales sont assez grandes, représentant 20% ou 25% de la taille du corps. Sa forme est typique, en forme de faux.
La nageoire caudale est comprimée latéralement et on note la présence d'une encoche médiane.
Les adultes sont noirs, parfois teintés de brun. Il y a parfois une selle de couleur plus claire à l'arrière de la dorsale. Une autre s'étire en arrière de l'?il. En-dessous il y a une tache plus claire qui commence à partir des pectorales, rétrécit au niveau du thorax, s'élargit vers l'abdomen puis se prolonge jusqu'à la fente anale. Les jeunes, eux, ont une coloration gris claire dans les premières semaines de leur vie.
Chaque mâchoire comporte entre 8 et 13 paires de dents coniques qui mesurent environ 5 cm chacune.

Le globicéphale plonge rarement plus d'une dizaine de minutes mais peut rester en immersion jusqu'à 30, voire 45 minutes. Il plonge souvent dans la tranche des 50-200 m mais peut atteindre les 600 m. Lorsqu'il sonde le globicéphale noir ne lève pas sa nageoire caudale.
Le souffle est court, diffus, et peu visible.
Le globicéphale ne saute pas hors de l'eau mais semble apprécier les activités de surface comme les claquement de queue, la nage sur le dos avec battement de pectorales. L'espèce est peu craintive et se laisse facilement approcher par les embarcations. Quelques individus curieux viennent même parfois d'eux-mêmes. L'espèce nage parfois en compagnie d'autres espèces de dauphins et forme des groupes mixtes.
Le globicéphale évolue dans des groupes formés de 10 à 200 individus, voire davantage, qui ont une vie sociale très développée et une organisation comparable à celle des orques. Les groupes sont constitués par la descendance d'une même famille, ainsi un individu reste toute sa vie dans le même groupe. Les liens entre individus sont très forts, matérialisés par un système de signaux acoustiques et des échanges vocaux complexes. Les échouages individuels, suivis parfois d'un échouage collectif sont courants, sans que l'on connaisse les vraies raisons de ce comportement.

Les scientifiques distinguent deux populations de globicéphales, fréquentant les eaux froides des deux hémisphères, l'une dans l'Atlantique Nord (Groenland, Islande, Mer de Barents et sud du Svalbard) et l'autre dans l'hémisphère australe. Ces deux populations connaissent des migrations saisonnières, liées à la recherche de céphalopodes, leurs proies favorites. Dans l'Atlantique Nord, la population serait d'environ un million d'individus.

L'espèce se nourrit presque uniquement de céphalopodes, plus rarement de poissons (morue, flétan, hareng).
La maturité sexuelle est atteinte entre l'âge de 12 et 18 ans chez les mâles et entre 5 et 10 ans chez les femelles. La gestation dure approximativement 12 mois. Une femelle peut donner naissance à un petit tous les 3 à 5 ans. Cet écart s'élargissant avec l'âge, une femelle au cours de sa vie donne naissance à une dizaine de rejetons. L'accouplement a lieu au printemps ou au début de l'été et les naissances à la fin de l'été ou au début de l'automne. À la naissance le petit mesure entre 1,7 et 1,8 m environ pour un poids compris entre 70 et 80 kg. Le sevrage peut durer jusqu'à 3 ans.
Les mâles vivent environ 45 ans et les femelles jusqu'à 60 ans.

Les globicéphales noirs ont été chassés pendant des siècles ; cela a commencé au XVIème siècle et est devenu vraiment important dans l'Atlantique Nord à partir des années 1930 (USA, Norvège, Islande, Ecosse, Groenland, Féroé), la technique consistant à piéger les groupes dans des eaux peu profondes avant de les massacrer. Cette chasse intensive est la cause d'une baisse des populations dans certaines régions. Aujourd'hui les îles Féroé continuent encore la chasse. Le globicéphale est une espèce protégée au Svalbard.

Les causes de mortalité naturelle sont mal connues, bien que l'on ait observé des comportements agressifs envers d'autres espèces de cétacés, y compris les orques. On sait seulement que l'espèce se prend parfois dans les filets dérivants et souffre de la pollution maritime.

Le dauphin à bec blanc (Lagenorhynchus albirostris)

Le dauphin à bec blanc fait aussi partie de la famille des delphinidés, il est robuste, massif, mesure entre 2,5 et 3 m et peut peser jusqu'à 350 kilos, les mâles étant légèrement plus grands que les femelles.
Il a un museau blanc et un dos noir avec une rayure gris blanc sur les flancs, une tâche blanche derrière la dorsale et le ventre blanc. Il possède une nageoire dorsale falciforme et un bec court et blanc, long de 5 à 8 cm.

C'est un animal grégaire, qui voyage dans des groupes de 30 à 50 individus mais pouvant se rassembler en troupeaux beaucoup plus importants. Nageur rapide, le dauphin à bec blanc est un amateur de cabriole aérienne, d'autre part il est curieux et s'approche souvent des bateaux. On ne sait que relativement peu de choses sur son comportement et sa biologie.

Il fréquente les eaux froides de l'Atlantique Nord, on le trouve surtout le long des côtes au-dessus du plateau continental, notamment sur la côte sud du Groenland, en Islande et plus au sud jusqu'au Danemark. Durant l'été il migre vers le Nord, et peut-être rencontré jusqu'à la limite des glaces des deux côtés de l'Atlantique. Au Svalbard les dauphins sont observés le plus souvent de l'Île aux Ours jusqu'au Cap Sud mais ils approchent les bateaux partout le long des côtes du Spitzberg pendant la saison estivale.
On ne connaît pas exactement le nombre de dauphins à bec blanc, mais ils sont très nombreux en Mer de Barents, probablement quelques dizaines de milliers.

Comme tous les cétacés à dents, cette espèce utilise l'écholocation pour trouver sa nourriture.
Muni de 88 à 112 dents coniques, le dauphin à bec blanc se nourrit d'une grande variété de poissons (hareng, capelan, morue, merlan, églefin) mais aussi de calmars, poulpes et crustacés benthiques.

Après 10 mois de gestation la femelle donne naissance, à la fin de l'été ou au début de l'automne, à un petit mesurant 1,20 m et pesant environ 40 kilos. L'âge de leur maturité sexuelle n'est pas connu mais le cycle de reproduction démarre quand les femelles atteignent 2,40 m et les mâles 2,50 m.

L'orque et les grands requins sont probablement ses prédateurs.
Il fut chassé par le passé à Terre-Neuve, au Labrador, au Groenland, en Islande et en Norvège. Il est encore chassé par quelques communautés vivant le long des côtes. Des captures accidentelles sont causées par les chaluts et filets dérivants.
Au Svalbard c'est une espèce protégée qui n'a jamais été chassée sauf occasionnellement dans le passé.

Le narval (licorne de mer) (Monodon monoceros)

Les narvals sont des cétacés du sous-ordre des odontocètes (cétacés à dents, terme opposé à mysticètes, cétacés à fanons). Les mâles possèdent une « corne » torsadée, issue de l'incisive supérieure gauche, qui peut mesurer jusqu'à trois mètres de long. Considérée comme une arme, ou un outil, la « défense » du narval est aujourd'hui analysée comme un organe sensoriel, dont les riches terminaisons nerveuses permettent au narval de percevoir les différences de pression, de salinité, ou de température.

Les narvals sont des mammifères avec une petite tête arrondie dotée d'une petite bouche ronde. Ils ont de petites nageoires retroussées vers le haut Les mâles peuvent peser jusqu'à 1 600 kg et atteindre 5 mètres de longueur, tandis que leur corne peut atteindre 3 mètres de long. Les femelles sont plus petites et peuvent atteindre les 1 000 kg pour 4 mètres de long.
La couleur du narval change selon son âge : à la naissance il est bleu gris ou brun, à l'âge juvénile il sera bleu noir ; adulte il sera gris clair avec des tache noires irrégulières. Ensuite, plus le narval vieillira, plus sa peau se couvrira de taches blanches au point de devenir presque blanc.

Le narval a été décrit par Linné dans son Systema Naturae. Le nom comporte le radical wal provenant d'une langue nordique et signifiant baleine, ainsi que le radical nár en vieux norrois signifiant « cadavre », en référence à la couleur grise du corps du narval, similaire à celle des marins noyés. Le nom latin Monodon monoceros est dérivé du grec et signifie « une dent, une corne ».

La légende de la licorne date de la Grèce antique. La corne des rhinocéros était vendue comme étant une corne de licorne, jusqu'à ce que l'on découvre celle des narvals : longue et torsadée. La dent du narval a beaucoup contribué à forger l'image que l'on se donnait de la licorne au Moyen-Âge. Les navigateurs revendaient cette corne pour plusieurs fois son poids en or. Au XVIe siècle, Élisabeth 1ère d'Angleterre aurait payé plus de 10 000 livres pour une seule corne, soit le prix d'un château en entier. Les gens attribuaient des vertus à ces cornes, telle la faculté de neutraliser les poisons, et se faisaient donc faire des gobelets dans cet ivoire. Il a fallu attendre 1704 pour que le lien soit établi avec le narval.
On a longtemps présenté la corne du narval comme une arme de chasse pour harponner les poissons, ou d'un outil pour briser la glace afin de permettre au narval de respirer à l'air libre, mais les femelles qui n'ont pas cet appendice ont la même alimentation et doivent aussi respirer de l'oxygène à l'air libre à intervalles réguliers.
D'autres hypothèses sous-tendent que cette dent servirait plutôt à courtiser les femelles ou encore qu'elle servirait aux combats entre mâles en rut. Mais aucune étude ne venait étayer ces hypothèses, malgré le fait que l'on ait souvent trouvé des mâles qui se frottaient mutuellement la corne (phénomène appelé tusking en anglais) ou qui avaient des cicatrices sur la peau. On pense maintenant que ces mâles qui se frottaient les cornes cherchaient plutôt à en éliminer les parasites.

Cette corne est en réalité une dent du maxillaire gauche du mâle (et 10 % des femelles) qui commence à pousser au travers de la lèvre supérieure dès l'âge de un an mais dont le rythme de croissance augmente avec l'atteinte de la maturité sexuelle du narval (vers 8 ou 9 ans). Elle acquiert une longueur considérable (2,5 à 3 m pour un poids de 10 kg). Elle est toujours torsadée de droite à gauche, sa partie enchâssée dans la mâchoire est creusée dans une vaste cavité pulpaire contenant une énorme papille qui en assure un accroissement continu correspondant à l'usure de l'extrémité libre. La dent symétrique du mâle et les deux dents correspondantes de la femelle demeurent rudimentaires et ne dépassent pas de l'alvéole. Exceptionnellement (1 cas sur 500) on rencontre des mâles possédant deux défenses.

On sait à présent (selon une étude menée par des chercheurs en médecine dentaire d'Harvard) que cette dent serait en fait un organe sensoriel extrêmement sensible. En effet, elle renferme près de dix millions de terminaisons nerveuses qui permettent au narval de détecter les différentes pressions, les changements de températures et les niveaux de salinité de l'eau ainsi que des particules particulières aux espèces animales constituant son alimentation.

Le narval peut plonger jusqu'à 1000 m pour une durée n'excédant pas 25 minutes. Il se nourrit relativement peu en été quand les eaux sont libres de glace mais il engraisse en automne, en hiver et au printemps quand il est associé plus étroitement à la présence de la banquise. À l'instar du bélouga le narval utilise l'écholocation pour trouver ses proies comme la morue polaire, le flétan. Il se nourrit aussi de céphalopodes et même de crevettes.

Le narval vivrait jusqu'à 50 ans. Les mâles atteignent la maturité sexuelle vers 8-9 ans et les femelles entre 4 et 7 ans. La période de gestation va de 13 à 16 mois. À la naissance, les petits pèsent 80 kg et mesurent 1,5 mètres. Pendant le rut les mâles semblent de livrer à des joutes avec leur défense, mais on sait peu de choses sur leur comportement social. Les accouplements se font au printemps habituellement en mai et les naissances arrivent l'année suivante en juillet ; les jeunes sont nourris par leur mère pendant 1 ou 2 ans, ainsi une femelle ne mettra bas que tous les 3 ou 4 ans. Comme pour plusieurs autres cétacés, on constate que le taux de reproduction est affecté à la baisse par l'activité humaine et ses polluants.

La distribution des narvals recouvre l'ensemble de l'Atlantique Nord . On les retrouve principalement dans les eaux arctiques de l'est du Canada et le long des côtes du Groenland. Il est aussi présent au Nord du Svalbard et dans l'Archipel François-Joseph. Au-delà ils sont rares, mais ont déjà été observés dans les eaux d'Alaska et de Sibérie.
Ces groupes sont en constante migration selon les saisons cherchant à devancer la prise des glaces et à suivre les bancs de poisson qui constituent leur alimentation. Quand ils migrent les groupes peuvent voyager ensemble, donnant lieu à des rassemblements impressionnants. Au Svalbard de récentes observations ont eu lieu dans les fjords de la Terre du Nord-Est et dans le détroit de Hinlopen.
Il n'existe pas d'étude exhaustive visant à évaluer les populations globales de narvals ainsi que leur évolution. Les estimations penchent plus vers une population globale de 50 000 individus pour l'Atlantique Nord. On ne dispose pas de chiffres concernant la population qui fréquente le Svalbard et les eaux avoisinantes.
C'est une espèce grégaire qui se déplace en petits groupes mais on peut rencontrer parfois des centaines, voire des milliers d'individus. En été les femelles et les jeunes voyagent ensemble tandis que les mâles adultes forment un groupe à part .Les narvals sont des animaux liés à la banquise. Quand la mer gèle ils quittent les régions côtières et partent au large. En hiver ils séjournent dans les polynies de la banquise consolidée.

Les principaux prédateurs du narval sont l'ours polaire et l'orque.
Les populations autochtones du Grand Nord ont toujours chassé le narval. Les Inuits en consomment la viande et la graisse et les chiens de traîneau sa peau bouillie, appelée maktaq. Mais il est chassé aussi pour l'ivoire de sa corne car il représente une importante source de revenus. Les baleiniers et les phoquiers opérant dans l'Atlantique Nord ont capturé, occasionnellement et jamais en grand nombre, des narvals, y compris dans les eaux du Svalbard où il est aujourd'hui une espèce protégée.