Introduction au Svalbard ou Spitzberg
    
    Le Spitzberg en détail et guide pratique
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Côte Ouest du Spitzberg : le Forlandsund, de l'Isfjord au Kongsfjord
et le Prins Karls Forland

Le long de la côte Ouest du Spitzberg, entre l'Isford et le Kongsfjord, protégé à mi-chemin par l'île du « Prins Karls Forland », s'étend un beau paysage riche et varié, composé de vastes plaines, de baies, de fjords et de glaciers. Et pourtant cette région est peu visitée ; en effet au nord du passage se trouvent des haut-fonds près de Sarstangen qui ne peuvent être franchis que par des bateaux ayant moins de 4 m de tirant d'eau, ce qui oblige les gros bateaux de croisière à passer au large de l'Avant-Terre du Prince Charles (Prins Karls Vorland)... Le Forlandsund n'est toutefois protégé qu'à mi-chemin des vents d'ouest, si bien qu'au nord et au sud on peut rencontrer une forte houle.

Svalbard : Daudmannsodden, Farmhamna

Généralités : une côte très exposée

Vaste plaine côtière donnant sur de nombreux haut-fonds ; le paysage qui peut paraître banal à première vue, se révèle extrêmement attrayant de plus près ; la côte, très exposée, n'est pas idéale pour les débarquements, mais quand le temps le permet, il est possible d'accoster à Farmhamna ou dans la Tordenskioldbukta.

Toponymie

Daudmannsodden : la « pointe de l'homme mort », ainsi nommée par des trappeurs norvégiens en souvenir d'un camarade mort ici.
Daudmannsøyra : du norvégien : « la plaine de l'homme mort », cette vaste étendue plate et longue d'environ 23 km, parsemée de torrents et de petits lacs, a servi, le 17 avril 1928, de terrain d'atterrissage d'urgence aux 2 pionniers américains Wilkins et Eielson, lesquels, à l'issue d'un vol direct venant de Point Barrow en Alaska et qui devait se terminer au Spitzberg dans le Grønfjord, durent se poser là en pleine tempête de neige. Avec de la chance et grâce à leur savoir-faire, les 2 pilotes réussirent à redécoller et rejoindre leur destination finale en survolant l'Isfjord. Les noms Wilkinsbukta et Eielsonodden témoignent de leur passage. Plus loin à l'est se trouve Donodden, où coula le bateau de ravitaillement russe DON en 1949, et encore un peu plus à l'est Ingertreodden, d'après le bateau de ravitaillement norvégien INGERTRE, qui connut le même sort la même année.
Farmhamna : d'après le « Farm », bateau de la marine norvégienne, utilisé en 1909-1910 pour des expéditions au Spitzberg.
Sarstangen : en norvégien la « pointe de Sars » d'après le zoologue norvégien Michael Sars (1805-1869), professeur à l'université d'Oslo.

Daudmannsodden, Farmhamna : Paysage

C'est une vaste plaine côtière avec des collines rocheuses près de la côte et de nombreux petits lacs. La rivière issue de l'eau de fonte du glacier Vetternbreen est plutôt large et pratiquement infranchissable en été. Vers l'intérieur on trouve de vastes étendues humides, difficilement praticables. Le long des côtes on peut voit beaucoup de bois flotté ainsi que de grands et vieux os de baleines.

Daudmannsodden, Farmhamna : Faune et flore

De grands troupeaux de rennes parcourent la toundra et de nombreux renards polaires ont leurs terriers dans ce paysage de collines rocheuses. On trouvera aussi en grand nombre les oiseaux de la toundra et des bords de mer comme les oies et les canards.

Daudmannsodden, Farmhamna : Histoire

Sur la colline à la pointe sud de la plaine côtière (Daudmannsodden), se trouve une tombe double datant du 17ème siècle. Plus tard la région fut souvent visitée par les trappeurs en raison des populations de renards, des vestiges en ruine sont visibles dans une baie à 1-2 km au sud de Steinpynten et en de nombreux endroits se trouvent encore des restes de piège à renard.
A Farmhamna la station de trappeur est une propriété privée appartenant à Hans Lund Lund et Marianne Prytz.

St. Jonsfjord

Généralités

Petit fjord de 21 km de long au paysage attrayant fait de glaciers et de montagnes, dont les couleurs somptueuses mais discrètes sont mises en valeur par beau temps. Sur la côte sud, pas très loin de Copper Camp, la société norvégienne Store Norske Gull explore actuellement des gisements aurifères et une exploitation à moyen terme n'est pas exclue. Jusqu'à maintenant les concentrations sont insuffisantes pour une activité économique et l'autorisation pour l'ouverture d'une mine serait très certainement controversée, même si le site se trouve en dehors d'une zone protégée. L'île de Hermannsenøya à l'entrée du St. Jonsfjord est protégée car c'est une réserve ornithologique. (accès interdit du 15 mai au 15 août). Le St. Jonsfjord est rarement visité car seuls les petits bateaux peuvent s'y engager ; d'une beauté sauvage ses rives sont riches en fleurs, notamment en pavot arctique et en dryade octopétale.

Toponymie

Eidembukta : d'après le commandant Ole Thoreneus Eidem (1865-1911), officier naval norvégien et politicien.
Müllerneset : d'après Samuel Harris Müller (1849-1930),
Bullbreen (6 km) : d'après Karl Sigwald Johannes Bull (1860-1936), ministre de la défense de 1910 à 1912.
Copper Camp : hutte bâtie par la NEC sur la rive sud du fjord.
Charlesbreen (6 km) : d'après le consul Charles Robertson (1875), marchand et propriétaire de voiliers à Hammerfest.
Dahlbreen : d'après Thor Dahl (1862-1920), businessman et propriétaire de navires baleiniers à Sandefjord.
Osbornebreen (21 km) : nommé par Conway d'après l'ancien nom du glacier « Osborne Inlet », en souvenir d'un baleinier anglais du 17ème siècle.
St. Jonsfjord (21 km) : d'après l'apôtre Saint Jean l'Evangéliste.

St. Jonsfjord : Paysage

Le St. Jonsfjord est entouré de montagnes qui atteignent 700-800 m d'altitude près des côtes ; même si les versants ne tombent pas verticalement dans le fjord, les zones praticables à pied restent limitées à de petits espaces. Celui qui a la chance de faire une randonnée dans l'arrière-pays du fjord, découvrira là un univers fantastique de montagnes et de glaciers.

St. Jonsfjord : Histoire

Sur la côte nord près de Gjertsenodden se trouve une vieille hutte de trappeur. Sur la rive sud à Copper Camp la société anglaise NEC a exploré des gisements de cuivre, mais sans parvenir à les exploiter.

Svalbard : Kaffiøyra

Généralités

C'est une bande côtière rarement visitée par les touristes. L'université polonaise Nicolas Copernic entretient, au sud de l'Aavatsmarkbreen, la station polaire Torun depuis 1975 et où des scientifiques de différents pays viennent chaque été y poursuivre leurs recherches, principalement sur les glaciers des environs, afin de récolter des données à long terme concernant leur évolution. Jusqu'à maintenant les résultats confirment la tendance générale, c'est-à-dire le recul des glaciers du Spitzberg. L'île Hermansenøya, située devant la côte et longue de 3 km, est une réserve ornithologique (accès interdit du 15 mai au 15 août).

Toponymie

Aavatsmarkbreen : d'après Ivar Aavatsmark (1864-1947), officier et politicien norvégien
Hermansenøya : d'après le capitaine Hermansen (1876-1964), officier de la marine norvégienne.
Kaffiøyra : « la plaine du café », nom donné par des chercheurs norvégiens, membres de l'expédition de Gunnar Isachsen, qui ont fait du café ici en 1909...

Kaffiøyra : Paysage

Plaine côtière de 13 km de long, avec un arrière-pays montagneux, fortement englacé.

Svalbard : Engelsbukta

Généralités

Cette baie, large d'environ 1,5 km, se trouve au nord des hauts-fonds du Forlansundet et est accessible à des bateaux de taille moyenne qui arrivent par le nord. Elle fait partie de la zone d'influence de Ny Ålesund et pendant l'été des scientifiques y séjournent occasionnellement pour leurs recherches ou leurs loisirs.

Toponymie

Comfortlessbreen : le « glacier sans confort », d'après l'ancien nom « Cove Comfortless » donné vraisemblablement par des baleiniers à la baie. Il fut traversé par Isachsen et ses compagnons en juillet 1909.
Engelsbukta : la « Baie des Anglais ».

Engelsbukta : Paysage

De chaque côté les montagnes descendent en pente douce jusqu'au fjord, permettant ainsi de petites randonnées sur les pentes et dans la toundra. A l'intérieur de la baie le glacier Comfortlessbreen a laissé un paysage de moraine bizarre et complexe. En 2008/2009 il a connu une avancée brutale, un « surge », qui se manifeste par des moraines accumulées, un front de glace abrupt avec des crevasses donnant sur une lagune morainique plate. Par beau temps on a une belle vue sur le Forlandsundet jusqu'au Prins Karls Forland qui révèle ses beaux glaciers.

Engelsbukta : Histoire

Comme le nom l'indique, des baleiniers anglais avaient installé ici une station au 17ème siècle. Des restes d'un four à graisse et d'une tombe sont encore visibles sur la rive nord de la baie.

Pour en savoir plus sur la station polonaise Nicolas Copernic (NCU Polar Station)



Svalbard : le Prins Karls Forland

Généralités

Souvent appelé simplement « Forlandet » (« l'Avant-Terre »), le Prins Karls Forland est une île étroite qui s'étire tout en longueur devant la côte ouest du Spitzberg, entre l'Isfjord et le Kongsfjord. Elle a 86 km de long, entre 5 et 11 km de large, et une superficie de 640 km². Cette île présente une grande diversité du point de vue des paysages, de la biologie et de l'histoire. Géologiquement elle fait partie du plissement de la côte ouest au Tertiaire. Les eaux environnantes sont en partie peu profondes, surtout à la pointe nord (Fuglehuken), et à l'est de Murraypynten, où le détroit n'est franchissable que par des petits bateaux. Pour cette raison, presque tous les navires qui vont de l'Isfjord au Kongsfjord, doivent passer au large de l'île, à la grande déception des passagers.
La côte ouest n'est pas protégée, si bien qu'il y a là presque toujours une forte houle, et dans le passage intérieur les débarquements nécessitent un temps favorable.
La partie centrale de la côte ouest du Spitzberg (Prins Karls Forland et Kongsfjord), subit l'influence relativement forte du Gulfstream, si bien qu'elle est toute l'année plus ou moins libre de glace. En revanche le Forlandsund, à moitié protégé, est gelé la plupart du temps.
L'Avant-Terre du Prince Charles est un Parc National où se trouvent deux réserves ornithologiques qui sont des zones de reproduction importantes : les îles Plankeholmane à la pointe sud, et les îles Forlandsøyane situées un peu plus au nord. Pour les touristes désireux de se confronter avec les forces de la nature, il est proposé des excursions en bateau depuis Longyearbyen jusqu'à la partie nord de cette île sauvage, où ils pourront faire de belles randonnées en autonomie totale, un guide s'occupant de la logistique et de la sécurité ; en effet, l'ours polaire peut surgir à tout moment et n'importe où, le détroit de 20 km séparant l'île de la côte n'étant absolument pas obstacle pour lui.

Toponymie

Aberdeenflya : la « plaine d'Aberdeen », nom donné par l'explorateur écossais William Spierce Bruce (1867-1921).
Brucebukta : d'après W.S.Bruce.
Ferskvassbukta : la « baie de l'eau fraîche ».
Fuglehuken : la « montagne aux oiseaux », nom donné par Barentsz en 1596.
Grimaldibukta : d'après W.S. Bruce, membre de l'expédition du Prince de Monaco en 1899, lequel financera ses expéditions de 1906 et 1907.
Haukebukta : la « baie du faucon »
Monacofjellet : d'après W.S.Bruce.
Murraypynten : d'après John Murray (1841-1914), océanographe et limnologiste écossais, au Spitzberg à bord d'un phoquier en 1868 et membre de l'expédition Challenger entre décembre 1872 et mai76.
Poolepynten : d'après Jonas Poole, baleinier anglais du 17ème siècle.
Prins Karls Forland : d'après Charles Ier (1600-1649), Prince de Galles et plus tard Roi d'Angleterre.
Richardlaguna : d'après Jules Richard (1863-1945), directeur de l'Institut Océanographique de Monaco en 1910 et qui a participé aux croisières du Prince Albert Ier en 1898, 1899, 1906 et 1907.
Salpynten : la « pointe de la selle ».
Selvågen : la « baie du phoque ».

Prins Karls Forland : Paysage

Comme souvent, il est plus ou moins modelé par la géologie. L'île présente des formes de paysages bien délimitées : une montagne en forme de selle au sud (Salfjellet, 430 m) est séparée du nord montagneux par une vaste plaine de 15 km de long et 17 m de haut (Forlandsletta), si bien qu'on a l'impression, vu de loin, qu'il s'agit de deux îles différentes. A part cela se trouve presque partout une zone côtière plate entre la chaîne montagneuse et la mer, mais sans baies abritées.
C'est surtout dans la moitié sud que l'on trouve une succession de rivières, de lagunes et de collines longues et peu élevées, souvent selon une direction nord-sud imposée par l'histoire géologique, qui a fait naître par endroits des baies profondes, étroites et parallèles à la côte, ainsi que des formes géométriques visibles sur les cartes topographiques. On y trouve aussi quelques-uns des plus beaux exemples de sols structuraux du Svalbard.

Au centre et au nord de l'île se trouve un paysage de montagnes de type alpin, qui atteignent plusieurs fois, dans les Grampianfjella, une altitude de 1000 m, le point culminant étant le Monacofjellet avec 1084 m. Cette chaîne montagneuse est fortement englacée du côté Est et les glaciers dévalant les pentes abruptes offrent par beau temps un paysage somptueux.
La partie plate proche de la côte est en partie pierreuse et extrêmement pauvre, mais avec par endroits de très beaux sols polygonaux et des séries de plages surélevées.
Au nord de l'île, sur les flancs abrupts, on découvre toute une série de glaciers, qui ont fait l'objet d'études détaillées de la part des chercheurs de la station de Ny Ålesund toute proche et sont connus par l'ensemble des spécialistes.

Prins Karls Forland : Faune et flore

Sur de vastes espaces la flore reste très pauvre et c'est seulement à proximité des falaises à oiseaux que la toundra est d'un vert éclatant. Sur les versants montagneux abruptes, comme à la pointe nord avec Fuglehuken, se trouvent de grandes colonies d'oiseaux marins (guillemots de Brünnich, mouettes tridactyles entres autres), qui attirent le renard polaire. C'est aussi à proximité que se trouve la colonie de phoques communs la plus nordique au monde, laquelle est sans doute un vestige d'une période climatique plus chaude remontant à quelques milliers d'années. Sur la côte est de l'île se trouvent aussi des aires de repos pour de petites colonies de morses, les seules connues situées le plus sud pour la partie ouest du Spitzberg (Murraypynten, Poolepynten).

Prins Karls Forland : Histoire

Le Prins Karls Forland est sans doute l'une des premières régions que Willem Barentsz a aperçues en 1596 et quelques noms de lieux, parmi les plus anciens de l'archipel, datent de cette époque comme « Vogel Hoek », aujourd'hui Fuglehuken. Baleiniers, Pomores et trappeurs avaient ici leurs territoires et tous ont laissé ici et là des traces de leur passage, comme ce petit cimetière de baleiniers au sud-est de Fuglehuken, ces huttes en ruines, comme celle de Fuglehuken, datant de 1929, et ces pièges à ours, où l'animal, en tirant sur un appât, déclenche la décharge mortelle du fusil. Le Prins Karls Vorland n'est cependant jamais devenu un territoire de chasse digne de ce nom, et en comparaison avec d'autres, fut peu exploité.
En 1906, 1907 et 1909, l'explorateur polaire écossais William Spierce Bruce explore l'île et la cartographie, étant motivé notamment par l'espoir de trouver du charbon et des minéraux, notamment du fer, pour une exploitation rentable. Bruce a remercié son sponsor, le Prince de Monaco, en nommant le point culminant de l'île Monacofjellet. Les huttes construites par Bruce sont encore debout à Mc Vitiepynten et Dawespynten.
Durant la période de la Guerre Froide l'île a fait parler d'elle quand, le 30 août 1967, lors de man?uvres en Mer du Nord, un avion militaire français s'est écrasé sur un versant montagneux de la partie sud de l'île (Methuenfjellet) avec 11 hommes d'équipage qui n'ont pas survécu ; une action de recherche et de sauvetage importante fut menée par un navire norvégien, un sous-marin anglais et une expédition allemande disposant d'un bateau et d'un hélicoptère, et qui, assistée en outre par un avion « Albatros », découvrit le lieu de l'accident. Des restes dispersés sont encore visibles sur la côte ouest au nord de la plaine Forlandsletta.


Svalbard : le Kongsfjord (La Baie du Roi)

Svalbard : Le Kongsfjord (La baie du Roi)
Le Kongsfjord

Généralités

Le Kongsfjord, autrefois Kingsbay, en français la « Baie du Roi » (autrefois « Baie des baleines »), se trouve par 79°N sur la côte ouest du Spitzberg. Il s'enfonce jusqu'à 24 km à l'intérieur des terres et sa largeur varie de 4 à 10 km. Pendant des siècles le Kongsfjord a été l'une des régions du Svalbard les plus visitées, les plus exploitées et les plus étudiées. Les raisons à cela sont les bonnes conditions de glace qui règnent le long de ces côtes subissant l'influence du Gulfstream, et la présence de gisements de charbon qui ont mené à la naissance de Ny ? lesund, comme cité minière d'abord, puis indirectement comme implantation de communautés scientifiques en activité aujourd'hui. En plus des chercheurs, le Kongsfjord et l'agglomération de Ny-Ålesund attirent un nombre croissant de bateaux de croisières.
On y trouve plusieurs zones protégées : la réserve ornithologique comprend le lac Solvatnet à proximité de Ny-Ålesund et les îles du Kongsfjord (Prins Heinrichøya, Dietrichøya, Mietheøya ainsi que le groupe d'îles Lovénøyane dans l'intérieur du fjord). Les réglementations habituelles en interdisent l'approche à moins de 300 m du 15 mai au 15 août. Ossians Sarsfjellet près du Kongsbreen à l'est des Lovénøyane, est une réserve naturelle (avifaune, flore). la Baie du Roi est l'un des dix grands sites du Svalbard et ses paysages sont magnifiques. Le fond du fjord est composé de plusieurs fronts glaciaires impressionnants ; ces glaciers sont très actifs et engendrent une grande quantité d'icebergs. Historiquement et surtout à partir du début du 20ème siècle, le Kongsfjord abrite une série de sites intéressants, depuis les trappeurs, en passant par l'exploitation minière (charbon, marbre), les pionniers de la recherche et de l'aviation polaires, jusqu'à la 2ème Guerre Mondiale et la recherche polaire moderne.

Toponymie

Brøggerhalvøya : d'après Waldemar Brøgger (1851-1940), géologue norvégien.
Colletthøgda : d'après Robert Collet, zoologue norvégien, professeur à l'université d'Oslo.
Conwaybreen : d'après William Conway (1856-1937), alpiniste et explorateur anglais, au Spitzberg en 1896 et 1897).
Dronningfjella : « la montagne de la reine ».
Garwoodtoppen : d'après Edmund Johnston Garwood (1864-), géologue anglais, voyagea avec Conway au Spitzberg.
Kongsfjord : le « fjord du roi ».
Kongsvegen : la « route du roi »
Kronebreen : le « glacier des couronnes »
Kongsbreen : le « glacier du roi »
Kvadehuken : autrefois Quade Hoek, le « mauvais coin », apparemment un chenal peu apprécié du temps des baleiniers.
Lovénøyane : d'après Sven Lovén (1809-1895), zoologue suédois, au Spitzberg en 1837.
Ny-Ålesund : d'après la ville norvégienne Ålesund, d'où est originaire la firme qui fonda Ny-Ålesund.
Ossian Sarsfjellet : d'après George Ossian Sars (1837-1927), zoologue norvégien, visita le Spitzberg en 1878, avec la Norwegian North Atlantic Expedition.
Tre Kroner : les « trois couronnes », pour les 3 pays scandinaves (Dana 1175 m, Nora 1226 m, Svea 1226 m).

Lors de l'expédition Zeppelin en 1910, les noms suivants furent attribués à des lieux du Kongsfjord :

Dietrichholmen : d'après Max Konrad Johannes Dietrich (1870-1916), capitaine du « Mainz ».
Mainzodden : d'après le « Mainz », bateau de l'expédition.
Mietheholmen : d'après Adolf Miethe (1862-1927), chimiste, membre de l'expédition.
Prins Heinrichøya : d'après Le Prince Heinrich de Prusse (1862-1929), membre de l'expédition de 1910.
Zeppelinfjellet : d'après Ferdinand Comte Zeppelin (1838-1917), chef de l'expédition.

Le Kongsfjord (La baie du Roi) : Paysage

La géologie marque ces montagnes imposantes et en dehors de cela, ce sont les glaciers qui attirent toute l'attention. 4 grands glaciers descendent dans le fjord intérieur : au sud, le Kongsvegen et le Kronebreen qui présentent un front glaciaire commun ; le Kongsbreen, entre Colletthøgda et Ossian Sarsfjellet ; an nord le Conwaybreen. Durant les dernières décennies tous ces glaciers ont beaucoup perdu en masse et en extension, une tendance qui s'est accentuée encore récemment. Au sud, la péninsule de Brøgger s'avance tel un pouce avec ses sommets entre 700 et 900 m ; au bout, le cap Kvadehuken baptisé « cap difficile » par les baleiniers hollandais en 1692, car sauvage et rocailleux, abrite une plaine connue dans le monde entier pour ses sols structuraux en forme de polygones.

Le Kongsfjord (La baie du Roi) : Flore et faune

Peu d'espaces de toundra, mais des paysages de moraines, qui furent recouverts de glaciers pendant des siècles. Les îles Lovénøyane, réserves ornithologiques depuis 1973, bénéficient d'une épaisse toundra, où nichent en grand nombre bernaches nonnettes, oies à bec court, et eiders à duvet, étudiés par les biologistes de Ny-Ålesund qui ont observé une nette diminution des oies. La Kap Guissez abrite aussi une importante population d'eiders. À Ossian Fjellet se trouvent des colonies de guillemots de Brünnich et de mouettes tridactyles. En raison de sa flore rare c'est en outre une réserve naturelle. L'intérieur de la Baie du Roi est l'une des régions les plus luxuriantes du Svalbard en raison d'un climat local favorable et donc l'une des plus riches en espèces de plantes vasculaires (dryade octopétale, chocléaria officinale, cassiope tétragone entre autres).

Le Kongsfjord (La baie du Roi) : Histoire

En 1910 le Mainz, bateau de l'expédition de Hugo Hergesell et de Ferdinand Graf von Zeppelin, s'arrêta un moment dans la région pour y étudier la possibilité d'une éventuelle expédition en dirigeable.
Près de Kvadehuken à l'entrée du Kongsfjord se trouvait, de 1920 à 1924, une station norvégienne de géophysique (météorologie, magnétisme terrestre, aurores boréales), dont il ne reste aujourd'hui plus que quelques fondations.
Tout au long du 20ème siècle de nombreux scientifiques sont venus étudier la géologie de la région ainsi que ses glaciers.
À la fin des années 50 quelques norvégiens prirent l'initiative de construire une piste d'atterrissage près de Kvadehuken, qui devait servir aux escales nécessaires à une ligne aérienne survolant le Pôle Nord ; en 1959 le gouvernement norvégien se retira du projet en raison de l'opposition des Russes qui voyaient là une utilisation militaire possible, donc non conforme aux Traité du Svalbard. Quelques vestiges, telle une hutte, restent visibles aujourd'hui.
Tout au long du 20ème siècle de nombreux scientifiques sont venus étudier la géologie de la région ainsi que ses glaciers. Sur Storholmen, la plus grande des îles Lovénøyane, la société NEC(Northern Exploration Company) fondée par Ernest Mansfield, a construit une hutte pour étudier les gisements de marbre entre 1919 et 1920. Cette hutte servira en 1913 à Kurt Wegener comme point de départ pour aller porter secours à l'expédition Schröder-Stranz, en perdition dans la région de la Terre du Nord-Est (Nordaustland). Sur Juttaholmen se trouve une autre hutte construite par la NEC ; sur les anciennes fondations se trouve une hutte bâtie par en 1954-55, par Victor Walle et EinarSletten, de la Kings Bay Company.
La hutte « Gåsebu » date des années 1950, construite près d'une tombe et d'une vieille hutte de trappeur en ruine.
Une hutte surnommée « Gorilla » fut construite à la fin des années 1950 par des gens de Ny-Ålesund à des fins de loisirs. De là, en effet on peut contempler les plus beaux paysages : vêlages des glaciers, processions d'icebergs, renards polaires curieux sillonnant la toundra colorée, bélougas longeant les côtes...
« Tyskerhytta », bâtie en 1965 par des chercheurs de l'Allemagne de l'Est, porte toujours la marque « DDR ».

Svalbard : Blomstrandhalvøya

Le nom de cette presqu'île, « Blomstrand », à la forme arrondie et large d'environ 5 km, vient d'un chimiste et minéralogiste suédois du 19ème siècle, C.W. Blomstrand (1826-1897). En fait il ne s'agit plus d'une presqu'île, mais d'une île à part entière, car le glacier « Blomstrandbreen », situé au nord, après une avancée rapide (un « surge ») en 1960, s'est retiré dans les années 90. Située en face de Ny-Ålesund, cette île attire fréquemment des visiteurs ; elle est en effet intéressante du point de vue de la faune, de la flore et de l'histoire. De plus les promenades et autres randonnées sont possibles dans le magnifique décor du Kongsfjord. Sur la côte nord se trouve la réserve ornithologique de Blomstrandhamna., qui comprend les petites îles Breøyane. (Accès interdit du 15 mai au 15 août).

Blomstrandhalvøya : Paysage

Il est composé de collines rocheuses, visiblement rabotées à l'époque glaciaire ; entre les parties rocheuses on trouve de petites étendues de toundra avec çà et là des cercles de pierre et parsemées de blocs erratiques.

Blomstrandhalvøya : Flore et faune

Dans les parties non rocheuses et libres de glace pousse une riche végétation : saxifrage à feuilles opposées, saxifrage jaune, cassiope tétragone et dryade octopétale.
Renne et renard polaire sont fréquents et près des lacs de toundra niche le farouche plongeon catmarin. Aux alentours des huttes de Ny-London se trouve la zone de nidification du rare labbe à longue queue, que l'on peut approcher à quelques mètres. Sur la péninsule de Brøggerhalvøya, au sud du Kongsfjorden, le renne, éteint dans la région depuis des dizaines d'années, a été réintroduit en 1978 ; à partir de 15 individus la population augmenta rapidement pour atteindre 375 animaux en 1993. Les hivers rudes influent grandement sur la mortalité et la population fluctue actuellement entre 100 et 200 individus.

Histoire : London, Ny-London

Le débarquement se fait habituellement sur la rive sud, dans la petite baie de Peirsonhamna. Juste derrière la plage se trouvent 2 huttes, toute une série de fondations ainsi que divers autres vestiges historiques, parmi lesquels une voie ferrée avec des chaudières à vapeur destinées à une exploration géologique. C'est ici que la NEC (Northern Exploration Company), société anglaise fondée par Ernest Mansfield, a investi, entre 1910 et 1920, d'énormes sommes d'argent dans l'exploitation du marbre, lequel devait se révéler plus tard malheureusement sans aucune valeur car rendu trop fragile par le permafrost. Cette tentative d'exploitation minière fut l'une des plus importantes au Spitzberg, entreprises notamment par la NEC, et 60 personnes travaillaient ici en été dans cette petite implantation baptisée « London ». Plus tard, plusieurs huttes seront déplacées à Ny-Ålesund. Les deux qui restent sont entretenues et utilisées par des habitants de Ny-Ålesund pour leurs recherches ou leurs loisirs. Ce site culturel est protégé et les visiteurs ne doivent rien emmener et ne rien déplacer.

Svalbard : Ny-Ålesund

Située par 78°55' N, sur la rive sud du Kongsfjord, à 1231 km du Pôle Nord et au sein d'un environnement des plus attrayants, cette agglomération passe pour être la communauté la plus septentrionale du monde... C'est l'une des destinations importantes pour les bateaux de croisière, mais cela risque de changer en raison de l'interdiction du fuel lourd dans le Kongsfjord à partir de 2015.
Ny-Ålesund doit son origine à l'implantation d'une exploitation minière qui a cessé toute activité depuis 1962 ; c'est aussi un des sites importants dans l'histoire de la conquête du Pôle Nord ; des noms comme Amundsen, Ellsworth et Nobile sont étroitement liées à cette agglomération. Entre-temps elle s'est développée en devenant une concentration unique au monde de stations de recherche polaire internationales. Un village scientifique avec une large palette de spécialités, abritant toute une série de nations représentées sur place et travaillant sous la coordination de l'Institut Polaire Norvégien.
Durant l'été vivent ici environ 180 chercheurs et collaborateurs, issus d'une vingtaine de pays différents ; en hiver seule une quarantaine de personnes sont présentes. Il n'y a pas de population permanente avec des familles et donc pas d'infrastructures adéquates. L'hôpital le plus proche est à Longyearbyen, d'où un bimoteur assure la liaison aérienne deux fois par semaine. En cas de besoin un hélicoptère peut être aussi mobilisé.
En 2009 un centre d'information s'est ouvert, informant les visiteurs sur le Spitzberg et retraçant l'histoire de la ville. Dans le même bâtiment un petit musée avec des expositions sur les expéditions au Pôle Nord et la phase d'exploitation minière. Dans et autour de Ny-Ålesund se trouve une grande concentration de monuments protégés, de sites et de vestiges historiques qui font de la ville et de son environnement un lieu important quant à l'héritage culturel.
C'est aussi la plus grande implantation norvégienne qui n'ait pas été incendiée pendant la Seconde Guerre Mondiale.
On y trouve en outre le bureau de poste le plus nordique du monde, ainsi qu'un petit café et le seul et unique magasin, le Kongsfjordbutikken qui propose aussi des souvenirs. Le propriétaire des lieux est la Kings Bay A/S, héritée de l'ancienne société minière la Kings Bay Kulkompani A/S. Cette dernière fut fondée dans la ville norvégienne Ålesund, d'où le nom de l'actuelle agglomération.
Non loin de la poste se trouve le buste de Roald Amundsen, au centre du village ; là on peut voir aussi la « villa Amundsen », où séjournait l'explorateur lors de ses passages, la station norvégienne Sverdrup » et la « maison bleue » qui abrite une partie de la communauté franco-allemande.
Près du chenil où quelques chiens de traîneau sont entretenus à des fins de loisirs, se trouve un carrefour, d'où plusieurs chemins mènent aux anciennes mines, au Zeppelinfjellet et à l'aéroport.
À l'extérieur du village se trouve le mât d'arrimage des aéronefs, d'où sont parties les célèbres expéditions avec le Norge et l'Italia en 1926 et 1928. On arrive à ce vestige historique depuis le buste d'Amundsen en passant devant la station chinoise dont l'entrée est gardée par deux lions en marbre. Les croisiéristes sont habituellement accompagnés d'un guide armé dès lors que l'on sort des limites du village. En suivant le chemin qui mène au fjord on arrive au terrain de camping, le camping sauvage étant interdit. Près du centre on peut aussi passer la nuit au « Nordpolhotel ». Des bateaux d'une capacité de 1000 passagers visitent régulièrement Ny-Ålesund.

Ny-Ålesund : Histoire

Dès 1610 le baleinier anglais Jonas Poole découvrait du charbon sur la rive sud du Kongsfjord ; en 1909 la « Green Harbour Coal Company », qui faisait aussi de la prospection minière dans le Grønfjord, annexa la zone et revendit ses droits en 1916 à la société norvégienne « Kings Bay Kul Kompani AS»(KBKC) qui fonda Ny-Ålesund pour en exploiter les gisements se trouvant sous le Zeppelinfjellet. Les possibilités d'extraction de charbon étaient déjà connue auparavant, car en 1914 la station météo allemande fut déplacée de Ebeltoft à Kvadehuken, laquelle devint par la suite la station géophysique norvégienne et qui fonctionna à Kvadehuken de 1920 à 1924.
En 1917 on construisit une voie ferrée étroite (90 cm), longue d'environ 1 km, pour acheminer le charbon jusqu'en bord de mer ; abandonnée en 1958, il en reste quelques vestiges près du port, notamment une locomotive restaurée et exposée en plein air ; en 1918 environ 300 personnes travaillaient là, dont 150 en hiver. Mais l'entreprise n'est pas rentable (en moyenne 100 t /an) et l'exploitation du charbon est provisoirement stoppée en 1929, la société minière en faillite est rachetée par l'État Norvégien.
Entre-temps, Ny-Ålesund va devenir célèbre en étant le théâtre d'une série de tentatives pour atteindre le Pôle Nord par la voie des airs (en 1910 le Comte Zeppelin étudia cette potentialité d'expéditions polaires en dirigeable) : tentative qui échouera pour Amundsen et Ellsworth en 1925 ; succès pour Amundsen et Nobile en 1926 avec le Norge ; Byrd réussit la même année ; Nobile récidive en 1928 avec l'Italia, qui s'écrasera au retour, tuant la moitié de l'équipage mais Nobile sera miraculeusement sauvé.
L'agglomération va connaître par la suite un destin plutôt dramatique. Entre 1935 et 1939 la société KBCB essaya de se renflouer par l'exploitation d'un port de pêche et l'ouverture d'un hôtel pour touristes (le Nordpolhotellet), mais sans obtenir le succès escompté. En 1939, l'état Norvégien décida de reprendre l'exploitation du charbon, retardée par le début de la Seconde Guerre Mondiale jusqu'à l'été 1941, mais le 29 août 1941 la population est évacuée, les installations les plus importantes détruites et les dépôts de charbon incendiés.
Les couches de charbon, contrairement aux autres mines du Svalbard, ne sont pas horizontales mais s'enfoncent profondément dans le sous-sol, jusqu'à 340 m sous le niveau de la mer, et contiennent des poches de gaz, d'où les risques d'explosion. L'exploitation minière sera reprise dès 1945, la Norvège voulant, après la guerre, assurer rapidement l'approvisionnement et relancer l'économie de son implantation. La normalisation semble en bonne voie : en 1959-60 pourront hiverner 158 hommes, 53 femmes et 38 enfants. Il y a une école, un hôpital et un journal local. Mais des revers de fortune vont se succéder ; les prix du charbon vont s'effondrer à la fin des années 60 et une série d'accidents dans la mine vont toucher durement la communauté : 19 victimes en mars 1953 et 21 autres en novembre 1962 (l'explosion fut ressentie jusqu'à Longyearbyen) ; en 1963 l'exploitation minière est définitivement arrêtée. Entre 1946 et 1962 ce sont au total 76 personnes qui ont perdu la vie, la population du village a diminué fortement ; conséquence de tout cela : le premier ministre Einar Gerhardsen et son gouvernement se retirent.
Mais la bonne accessibilité d'une agglomération proche du Pôle et ses infrastructures existantes vont faire de Ny-Ålesund un lieu d'implantation pour l'installation d'antennes de réception des satellites en orbite circumpolaire qui entreront en fonction en 1964. Puis suivront en 1964-65 l'établissement de stations de recherches françaises et anglaises, et en 1966 d'un observatoire norvégien des aurores boréales. À partir de 1968 l'Institut Polaire Norvégien va louer les locaux pour y effectuer et diriger des recherches scientifiques toute l'année, faisant là un haut lieu de la recherche polaire internationale. En 1998 l'ancienne société minière KBCB devient la Kings Bay A/S.

Ny-Ålesund : Bases et stations de recherche "Sverdrup Station"

la station norvégienne « Sverdrup Station », depuis 1968, agrandie en 1999. (Séismologie, magnétisme terrestre, aurores boréales, glaciologie, écologie, monitoring environnemental, chimie de l'atmosphère, laboratoire en recherche marine) Création en 1994 d'un comité coordinateur de toutes les activités de recherche, le NySMAC (Ny-Ålesund Science Managers Committee).
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La Station Géodésique norvégienne (antennes paraboliques près de l'aéroport servant à la mesure de la terre, des processus tectoniques, etc., depuis 1993).

La SvalRak : base de lancement de fusées sondes (étude de la haute atmosphère, des aurores boréales) depuis 1997.

La Station Charles Rabot : exploitée à partir de 1999 par l'Institut Polaire Français Paul-Émile Victor (IPEV).

La Station Jean Corbel, construite en 1963 à 6 km de Ny-Ålesund.
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La base AWIPEV est franco-allemande et mène depuis 2003 des recherches scientifiques communes sur l'atmosphère et la stratosphère.
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La base japonaise NIPR (National Institute for Polar Research), effectue des recherches sur l'atmosphère et les glaciers.
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La station anglaise NERC (Natural Environment Research Council), installée en 1991 ; extension en 1992 avec la Harland House (Étude des écosystèmes suite au réchauffement climatique).
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En 1995 des biologistes hollandais occupent les bâtiments marrons des « London Houses » pour étudier de près les bernaches nonnettes, mais à leur grand regret une famille de renards polaires élut domicile sous l'une des maisons, transformant, pendant la saison estivale, leur objet d'étude en objet de consommation...
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La station italienne Dirigibile Italia s'installa en 1997 sous l'égide du CNR (Consiglio Nazionale delle Ricerche).
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En 2002 c'est au tour de la Corée du Sud avec la station DASAN (biologie marine, glaciologie, physique de l'atmosphère).
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En 2003, la Chine ouvre sa station Yellow River patronnée par la CAAA (Chinese Arctic and Antarctic Administration).
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En juillet 2008, l'Inde inaugure sa station Himadri, qui étudie notamment le changement climatique. (NCAOR, National Center For Antarctic and Ocean Research).
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Depuis 2009 l'Italie exploite les données d'un mât haut de 30 m, appelé « Amundsen-Nobile Climate Change Tower ».
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Lien vers le site de Ny-Ålesund

Ny-Ålesund : Paysage

Le Kongsfjord passe pour être l'un des plus beaux fjords du Spitzberg. Près de Ny-Ålesund se trouve, entre la rive du fjord et les montagnes, une plaine côtière plate d'environ 2 km de large et qui s'élargit à l'ouest vers Kvadehuksletta. Derrière l'agglomération se dresse une chaîne de montagne s'élevant jusqu'à 785 m, avec plusieurs glaciers en net recul, le Brøggerbreane et le Lovénbreane. Le Zeppelinfjellet, bien visible au sud de la ville, est assez facile d'accès et offre un superbe panorama sur la Baie du Roi.
Non loin de Ny-Ålesund se trouvent aussi des sols structuraux remarquables avec des cercles de pierre. Si l'on dispose de plusieurs jours, une randonnée intéressante consiste à faire le tour de la Péninsule de Brøgger. On peut aussi faire une superbe navigation en kayak de mer dans la Baie du Roi, avec quelques ascensions faciles (Ossian Sarsfjellet, Blomstrandhalvøya, Nordvågfjellet).

Ny-Ålesund : Faune et flore

Sur toute la plaine côtière s'étend la toundra ; la population de rennes a localement diminué, mais en 1978 ont été lâchés, sur la péninsule de Brøggerhalvøya, 15 animaux qui se sont bien reproduits depuis. À l'intérieur, sur les falaises de la péninsule, se trouvent toute une série de colonies d'oiseaux marins comme les mouettes tridactyles, les fulmars boréaux et les guillemots. Dans Ny-Ålesund déambulent souvent des bernaches nonnettes ; la zone à l'est de la ville est une réserve riche en oiseaux et aux alentours des plans d'eau on peut observer des plongeons catmarin, des eiders à duvet, des hareldes de Miquelon, des phalaropes à bec large, des bécasseaux et autres sternes arctiques. Près du chenil, les ornithologues amateurs pourront, avec un peu de chance, observer la mouette ivoire.

Svalbard : le Krossfjord (la Baie de la Croix)

Généralités

Avec ses 30 km de long et 5 km de large, le Krossfjord se partage l'embouchure avec le Kongsfjord.
Bien protégé, intéressant à tout point de vue (paysage, histoire, biologie), c'est une destination fréquente pour les débarquements.
Tout le Krossfjord fait partie du Parc National du Nord-Ouest du Spitzberg, et près du Kapp Guissez se trouve une réserve ornithologique.(Interdiction d'accès du 15 mai au 15 août).
Enjalbalstranda, la plage avec les vestiges historiques, située sur le côté sud de Ebeltofthamna, est fermée aux visiteurs depuis 2010.

Toponymie

Kong Haakons Halvøy : d'après Håkon VII (1872-1957), roi de Norvège en 1905.
Kollerfjord : d'après Alfred Koller (1878), ingénieur norvégien qui participa à de nombreuses expéditions au Spitzberg entre 1906 et 1932.
Krossfjord : la « Baie de la Croix ». Le baleinier anglais Jonas Poole érigea une croix à l'entrée du fjord en 1610.
Möllerfjord : d'après Didrik Möller (1830-1896), astronome suédois, professeur à l'université de Lund.
Lilliehöökfjord : d'après Gustaf Bertil Lilliehöök (1836-1899), était au Spitzberg avec le géologue Torell en 1861.
Grimalditoppen : d'après la famille du Prince de Monaco.
Fjortende Julibukta : « la Baie du 14 Juillet », d'après la Fête Nationale Française.
Tinayrebukta : d'après Jean-Paul Louis Tinayre, le peintre de l'expédition du Prince Albert Ier de Monaco.
Cadiopynten : d'après le matelot Joseph Cadio, membre des expéditions de 1898-99 et 1906-07 au Spitzberg.
Fallièresfjella : d'après Clément Armand Fallières (1841-1931), homme politique français, président de la République de 1906 à 1913.
Regnardneset : d'après Paul Regnard (1850-1927), physicien français.
Signehamna : d'après Signe Amalie Isachsen (1876-1911), la femme de l'explorateur norvégien Gunnar Isachsen, qui dirigea les expéditions du Prince de Monaco en 1906-1907.
Ebeltofthamna : d'après Adolph Ferdinand Ebeltoft (1820-1881), avocat à Tromsø et agent juridique pour l'expédition de Nordenskiöld.

Le Krossfjord (la Baie de la Croix) : Paysage

En majeure partie montagneux et escarpé. La partie plate se situe à l'ouest du fjord, là où se trouvent aussi les seuls lacs de la région. La plupart des montagnes s'élèvent à 500-800 m, les points culminants étant le Kronprins Olavs Fjell (1006 m) dans le Kollerfjord, et le Fallièresfjella (1039 m), au nord de la Tinayrebukta.
On remarque la longue(12 km) et étroite presqu'île de Kong Haakons Halvøya séparant les deux fjords, avec son sommet, le Septeret, haut de 710 m.
De l'intérieur du pays coule toute une série de glaciers vers la côte du Krossfjord, la plupart ayant un front de vêlage assez actif. Le plus remarquable est le Lilliehöökbreen, présentant un front de glace en arc de cercle de 7 km de long. Durant ces 100 dernières années le glacier a fortement régressé, comme le montrent les photos de l'expédition du Prince Albert Ier de Monaco en 1906, et celles, en comparaison, de son arrière-arrière petit-fils le Prince Albert II en 2006. Il aurait perdu 40 % de son volume de glace durant cette période. Les autres glaciers du Krossfjord ont reculé également fortement, laissant derrière eux de larges paysages morainiques.
Au nord du fjord, le glacier Liliehöökbreen rejoint 30 km plus loin le Raudfjordbreen. Dans la zone morainique du glacier Supanbreen, au nord du Möllerfjord se cache une rareté géologique : un pingo.

Le Krossfjord (la Baie de la Croix) : Faune et flore

Le terrain montagneux limite les zones à végétation, mais ces dernières sont d'autant plus riches en espèces (plantes vasculaires, mousses et lichens), à cause aussi d'un climat relativement clément, d'une fertilisation due aux falaises à oiseaux et d'un nombre restreint de rennes. Sur la rive nord de la Baie du 14 juillet on trouve, entre autres, des espèces typiques comme la saxifrage penchée, la saxifrage des neiges, la saxifrage à feuilles d'épervière et la silène acaule.
Dans les zones à toundra proches des colonies d'oiseaux dominent la cassiope tétragone et la dryade octopétale. Ebeltofthamna et Signehamna sont des sites particulièrement riches en mousses et lichens.
L'avifaune est particulièrement intéressante, avec toute une série de colonies d'oiseaux dans les falaises abruptes. Sur Kong Haakons Halvøya nichent en quantité les guillemots de Brünnich, qui se partagent le site à Cadiopynten avec les macareux moine. La Baie du 14 Juillet abrite aussi des guillemots de Brünnich, et des macareux moines, mais aussi des goélands bourgmestres et quelques couples de petits pingouins... En haut de la falaise et dans la toundra nichent des oies. D'autres falaises (Casimir-Perrierkammen, Generalfjella, Kongshamaren, Nilspynten, Willeberget..) abritent aussi des oiseaux marins ; goéland bourgmestre et renard polaire sont ici des prédateurs... Dans la même région on trouve aussi le grand labbe, le lagopède alpin, la sterne arctique, l'eider à tête grise, le bruant des neiges, le bécasseau violet, le plongeon catmarin et la harelde de Miquelon. Devant les glaciers on pourra observer phoques annelés et phoques barbus.

Le Krossfjord (la Baie de la Croix) : Histoire

Le Prince Albert Ier de Monaco dirigea des expéditions estivales dans la région en 1906-1907, s'occupant des recherches océanographiques, tandis que le Norvégien Gunnar Isachsen faisait des relevés topographiques.
En 1910, lors de l'expédition allemande « Zeppelin » et de celle qui a suivi en 1912, une partie des environs du Krossfjord fut choisie et occupée en vue d'y développer l'installation de dirigeables et de stations de recherche. En même temps, la compagnie allemande « Hamburg-Amerika-Linie » (la HAPAG, qui fusionnera plus tard avec sa rivale la « Norddeutscher Lloyd »), s'intéressa aussi au Möllerfjord et occupa le site où se trouve actuellement la hutte « Lloyds Hotell ».

Fjortende Julibukta

La « Baie du 14 juillet », située sur la côte est à l'entrée du Krossfjord et formant le front du Glacier du 14 juillet, offre un paysage magnifique de montagnes qui culminent à 1200 m, en direction de la Terre de Haakon VII, et aussi un front de glace de 3 km, descendant jusqu'à la mer où vêlent des icebergs et sur la rive nord des falaises grouillant d'oiseaux nicheurs : fulmars boréaux, mouettes tridactyles, goélands bourgmestres, guillemots de Brünnich, guillemots à miroir et macareux moines. En bas dans la toundra nichent des oies à bec court, d'où la présence de terriers de renards polaires.

Möllerfjord, Möllerhamna

Au bout du Möllerfjord se trouve la baie de Möllerhamna, connue pour son paysage superbe avec ses glaciers (Kollerbreen, Mayerbreen) et ses nunataks. Ce site majestueux attirait déjà les bateaux de croisières il y a un siècle et à la pointe Regnardneset, qui sépare Möllerhamna et Kollerfjord, se trouve le « Lloyds Hotell », une hutte peinte en orange vif, témoin du tourisme de croisière de la Compagnie Hapag-Lloyd, en fait un logement provisoire construit probablement entre 1912 et 1914, par les marins de la compagnie qui continue à l'entretenir.
Depuis cette époque et tout au long du 20ème siècle les glaciers ont fortement reculé, mais le Möllerfjord fut régulièrement visité par les touristes, sauf durant la Seconde Guerre Mondiale, et le site de Möllerhamna est une destination traditionnelle très prisée par les croisièristes allemands.

Signehamna

Sur la côte ouest du fjord Liliehöökenfjorden, c'est un site qui illustre un sombre chapitre de la Seconde Guerre mondiale. En 1941-1942 la marine allemande installe, sur une hauteur, la station météorologique « Knospe »(d'après Hans-Robert Knoespel, qui lança en 1941 l'idée d'établir à terre des stations pour les prévisions météorologiques). À la mi-octobre 1941, six allemands débarquent à Signehamna, construisent la station et vont collecter durant tout l'hiver des données météo que l'administration allemande considérait comme importantes en ce qui concerne la guerre en Europe.
La station sera opérationnelle tout l'hiver et remplacée en automne 1942 par la station « Nussbaum » (d'après Franz Nusser, chef de la station), approximativement au même endroit. En 1943, les norvégiens repèrent et font sauter la station Knospe. Sur le site se trouvent encore aujourd'hui des tas de ferraille, des restes de bâtiments, d'équipement technique, des ustensiles de cuisines et autres objets dispersés comme des fûts de carburant marqués « Kriegsmarine », des câbles, des caisses en bois, seaux en zinc et autres jerrycans.
L'histoire, le lieu et les vestiges culturels de ces deux stations montrent clairement que la guerre au Svalbard était en fait une bataille pour la météo et des informations qui étaient cruciales pour le reste de l'Europe.

Tinayrebukta

À l'entrée sud de cette baie se trouve « Camp Zoë », une petite hutte construite par le trappeur Henry Rudi en 1911, pour la société minière NEC et qui porte, selon Oxaas, un autre trappeur, le nom de la fille de son fondateur Ernest Mansfield. Rudi utilisait cette hutte comme station secondaire. En bon état, cette hutte est toujours utilisée par la communauté scientifique de Ny-Ålesund.

Ebeltofthamna

De l'autre côté du fjord le site de Ebeltofthamna constitue un résumé de l'héritage culturel et illustre les différents chapitres de l'histoire du Svalbard. C'est aussi un bon exemple d'un lieu qui a été choisi régulièrement en raison à sa situation : un port sûr, un mouillage sans problème, protégé du vent et des intempéries, avec une zone de chasse et de trappe à proximité, de l'eau fraîche et du bois flotté.
Le site comporte des vestiges intéressants de ces différentes activités humaines jalonnant le cours des siècles.
On y trouve des restes d'une station baleinière anglaise très ancienne, des fondoirs pour la graisse et pas très loin un petit cimetière ; les fondations d'une station de chasse pomore où se trouvaient des croix orthodoxes ; les vestiges d'une station allemande de géophysique datant de 1910 ; des ruines de huttes de trappeurs norvégiens qui, à plusieurs reprises, ont hiverné ici avant la Seconde Guerre Mondiale, et dont la présence sur le site comme « gardiens », était rémunérée par la NEC, ce qui fut le cas pour Henry Rudi, le plus célèbre d'entre eux.
En 1912-1914 se trouvait au nord de la baie « das Deutsche Observatorium », installé pour le comte Zeppelin et où devaient avoir lieu des observations météorologiques, afin de savoir si le Spitzberg était approprié pour des expéditions en dirigeable ; mais ces recherches furent interrompues par la Première Guerre Mondiale et le bâtiment de l'observatoire fut probablement démonté et transféré à Ny-Ålesund.