Introduction au Svalbard ou Spitzberg
    
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Les oiseaux du Svalbard

(nicheurs réguliers que l'on peut observer un peu partout, et d'autres plus rares ou irréguliers)

Le Svalbard possède une des plus grande concentration d'oiseaux de l'Atlantique Nord. Cette abondante avifaune a toujours intéressé les visiteurs du Svalbard et ce dès la découverte de ses îles à la fin du 16ème siècle.
À l'approche de l'été des centaines de milliers d'oiseaux migrateurs, dont la plupart sont des oiseaux marins, viennent nicher sur l'archipel.

Le mergule nain, avec plus de 2 millions de couples, est probablement l'espèce la plus répandue dans l'archipel du Svalbard durant la période de nidification.

Parmi les 6 800 espèces d'oiseaux volant, marchant ou nageant de par le monde, les ornithologues en ont recensé 164 au Svalbard, dont une trentaine d'espèces abondantes ou qui s'y reproduisent régulièrement. D'autres nichent en petits nombres dans des espaces géographiquement limités comme le guillemot de Troïl et le plongeon imbrin sur l'Île aux Ours ; une douzaine d'espèces sont considérées comme irrégulières et nicheuses probables, une douzaine d'autres ont niché au moins une fois au Svalbard et les autres sont des visiteuses occasionnelles, errantes ou égarées.

L'intérieur des terres est plutôt pauvre en espèces en raison de la faible productivité de l'écosystème de la toundra ; à cause de l'absence de petits rongeurs, les oiseaux de proie sont absents et la plupart des oiseaux de l'archipel arctique norvégien puisent donc leur nourriture dans une mer rendue très productive, riches en poissons et crustacés, en raison de la rencontre entre les mers froides et la branche relativement chaude du courant de l'Atlantique Nord. On peut les diviser en deux groupes : ceux qui, tels les goélands ou les fulmars, pêchent à la surface de l'eau et ceux qui, comme les guillemots, plongent plus profondément, certains jusqu'à 150 mètres, pour poursuivre leurs proies. Cette biomasse aviaire joue un rôle important dans le transport des matières organiques et des nutriments de la mer vers la terre, un des résultats les plus évidents étant la riche couverture végétale que l'on découvre au pied des falaises.

On rencontre beaucoup d'oiseaux au Svalbard, et ce qui frappe le plus ce n'est pas la variété des espèces mais plutôt la quantité d'oiseaux des quelques espèces courantes, telles certaines colonies de guillemots de plus de 150 000 couples. La plupart des oiseaux sont migrateurs et le seul à résider dans l'archipel toute l'année est le lagopède du Svalbard. Néanmoins des espèces typiquement arctiques comme la harelde de Miquelon, la mouette ivoire, la mouette de Sabine et la mouette de Ross hivernent également au Svalbard ou dans les environs. Les familles des oiseaux nicheurs les plus couramment rencontrés sont celles des Procellariidés (fulmars), des Stercorariidés (labbes), des Laridés (mouettes, goélands, sternes), des Alcidés (guillemots, macareux, mergules), des Anatidés (canards, oies), des Gavidés (plongeons), des Charadriidés (pluviers, gravelots), des Scolopacidés (tournepierres, bécasseaux, phalaropes), sans oublier un Gallinacé, le lagopède et un petit passereau, le bruant des neiges.

Pendant des siècles les oiseaux ont été beaucoup chassés au Svalbard, d'abord par les équipages des vaisseaux, puis par les pêcheurs et les trappeurs locaux. Le duvet, les ?ufs, les colonies d'oiseaux de mer et les oies furent les cibles principales d'une chasse qui est à l'origine du déclin de certaines populations comme celles de la bernache cravant qui ont encore du mal à se reconstituer. De nos jours la chasse aux oiseaux au Svalbard est strictement réglementée et se limite à seulement 6 espèces abondantes. Les dangers aujourd'hui viennent plutôt des filets de pêche des grands chalutiers, du taux inquiétant des polluants et du réchauffement climatique qui entraîne une redistribution des sources de nourriture.

Le plongeon catmarin (Gavia stellata)

Il est le plus petit des 4 espèces de plongeons ; son bec pointu est caractéristique, ainsi que ses couleurs, brun-rouge sur le devant du cou et sa tête grise. Son cri lancinant est typique, ainsi que sa silhouette élégante, notamment en vol. Présent au Svalbard de mai à septembre, hivernage au sud de la Norvège jusqu'en Méditerranée. Niche dans la toundra au bord d'un lac ou sur un îlot au milieu du lac. Se nourrit de petits poissons (c'est un bon plongeur comme son nom l'indique) également de plantes et d'invertébrés. Couve en moyenne 2 ?ufs en alternance pendant 4 semaines. Les jeunes seront autonomes au bout de 6 semaines. On le trouve le plus souvent sur la côte ouest et au sud-est. Son cousin, le plongeon imbrin (gavia immer) est un nicheur irrégulier uniquement sur l'Île aux Ours
La taille de la population de plongeons au Svalbard est mal connue, de l'ordre de 500 à 1000 couples. À observer de loin car le nid abandonné devient vite la proie du renard polaire, du labbe ou du goéland bourgmestre.

Le pétrel fulmar ou fulmar boréal (Fulmarus glacialis)

En suédois et en allemand il s'appelle « l'oiseau des tempêtes ». C'est le seul oiseau de la famille des Procellariidés qui nichent au Svalbard. Dans l'Isfjord, où beaucoup de falaises abritent des colonies, on peut en voir passer au ras de la côte pendant des journées entières. C'est un magnifique planeur et de près ses narines tubulaires sont caractéristiques, elles lui permettent de rejeter l'excédent de sel absorbé. Les colonies sont généralement dans les strates horizontales des falaises sédimentaires. En dehors de l'été, ils se trouvent en pleine mer, menant donc une vie pélagique.
Au Svalbard c'est l'un des oiseaux marins les plus fréquemment observés, les fulmars suivant patiemment les bateaux et son vol calme au ras de la surface est un spectacle à part entière. Il se reproduit dans les falaises, le recensement précis de la population n'est pas connu mais on pense que plus de 500 000 couples y sont nicheurs. Le suivi d'une population nicheuse au Spitzberg et sur l'Île aux Ours depuis 1988 laisse à penser qu'elle est stable mais avec des variations inter-annuelles importantes. Il niche en petites colonies dans les falaises maritimes ou proches de la côte ; se nourrit de seiches, petits poissons et de plancton, se rassemble en nombre là où la nourriture abonde. Un seul ?uf est pondu fin mai et sera couvé par les 2 parents durant 50 jours. S'approcher du nid, c'est s'exposer à un jet d'huile nauséabonde...
Durant ces deux cents dernières années les populations arctiques et subarctiques dans l'Atlantique du Nord-Est se sont dispersées avec une forte augmentation, ce qui serait une conséquence de l'apport accidentel de nourriture dû aux baleiniers et aux chalutiers.

Les labbes (skuas) :

Plusieurs espèces de labbes sont présentes. La plus fréquente, le labbe parasite, attaque les mouettes ou les guillemots pour les faire régurgiter leurs prises afin de s'en nourrir, d'où son nom de parasite. Cette attaque donne lieu à de belles démonstrations de voltige. À l'occasion il pille aussi les nids d'autres oiseaux. Il niche isolément sur la toundra, et revient au même endroit d'une année sur l'autre début juin. Les parents couvent 1 ou 2 ?ufs pendant 26 jours et restent avec les jeunes pendant 5 semaines environ. Le labbe est assez agressif envers tout ce qui approche du nid ou du petit. Au cours de ces attaques, il joue l'intimidation en volant en rase-mottes ou en piqué, essaie parfois d'attirer l'intrus dans une direction opposée au nid et émet une espèce de miaulement puissant. La forme des ailes est particulièrement coudée, spécifique à la voltige.

Le labbe parasite est le labbe le plus abondant du Svalbard, surtout sur les côtes ouest et nord ; sa population globale est estimée entre 1000 et 2000 couples nicheurs, son évolution n'étant pas connue.

Le labbe pomarin (Stercorarius pomarinus) se reconnait à sa longue queue en forme de spatule. En Arctique il se reproduit dans la toundra près des côtes et hiverne en Afrique de l'ouest. En l'absence de rongeurs, il vole leur nourriture aux autres, les ?ufs et les jeunes. Il n'est qu'un visiteur rare au Svalbard mais on a des chances de l'apercevoir en mer en bordure de banquise.

Le labbe à longue queue (Stercorarius longicaudus) est le plus petit des labbes, reconnaissable à ses très longues rectrices centrales. En raison de l'absence de petits rongeurs, c'est un nicheur rare au Svalbard, où il se nourrit d'insectes, de cadavres et de zooplancton. Le couple se reproduit dans la toundra sèche, où il élève en moyenne 2 jeunes après 3 semaines de couvaison. Ils passeront l'hiver dans l'Atlantique Sud.

Comme ses cousins, le grand labbe (Stercorarius skua) se nourrit des proies régurgitées en poursuivant mouettes et goélands, il ne dédaigne pas non plus les ?ufs ou les jeunes. Il se distingue par son plumage brun et ses deux taches alaires blanches. Environ 300 à 500 couples nichent au Svalbard, où on le trouve partout, sauf dans le Nord-Est. La femelle pond 2 ?ufs dans une petite dépression de la toundra et les couvera 4 semaines ; les parents défendront leur progéniture avec agressivité.

La sterne arctique (Sterna paradisaea)

Deux caractéristiques : le record de distance de migration : elle hiverne dans l'hémisphère Sud, jusqu'en Antarctique, soit un trajet d'environ 14 000 km, et une agressivité exemplaire. Tout cela est étonnant de la part d'un si petit oiseau (100-125 g) ressemblant à une grande hirondelle blanche à tête noire, d'où son nom d'« hirondelle de mer » en allemand. Les colonies, situées en général sur des bancs de galets le long des lagunes, parfois non loin des habitations humaines, sont âprement défendues contre tous les intrus, en premier le renard polaire. Il vaut mieux contourner les colonies sous peine de subir des vols en piqué avec des coups de bec pointu, accompagnés de cris impressionnants. D'autres espèces d'oiseaux comme les eiders profitent parfois de la protection des sternes pour installer leur nid à proximité. On peut souvent les observer en vol sur place et en piqué, cherchant de petits crustacés, de petits poissons et des insectes à la surface de l'eau. Dans le nid en forme de cuvette se trouvent deux ?ufs, couvés par les deux parents durant 3 semaines. Les poussins quittent le nid 3 jours après l'éclosion mais seront nourris pendant encore 3 ou 4 semaines, avant d'être autonomes.
La population totale du Svalbard, difficile à estimer car les sternes changent fréquemment de lieu de nidification, se monte probablement à 10 000 couples nicheurs.
On dispose de peu d'informations sur l'évolution de cette population, mais on pense qu'elle est restée stable ces dernières années.

Le goéland bourgmestre (Larus hyperboreus)

Un des plus grands goélands, il est facile à reconnaître : c'est de loin l'oiseau marin le plus grand au Svalbard et son vol est beaucoup plus lent que celui des mouettes. Charognard et vorace, il est le prédateur de beaucoup d'autres espèces d'oiseaux, prenant ainsi la place des rapaces qui sont absents. Il niche dans les hautes falaises, sur le sommet de rochers isolés le long de la côte. Les parents couvent les 2 ou 3 ?ufs pendant 3 semaines et restent assez longtemps fidèles au site. Si un intrus s'approche du nid, il s'interpose en protestant mais sans attaquer. Il s'agglutine souvent autour des bateaux à l'arrêt. Il y a environ 4 000 à 10 000 couples nicheurs au Svalbard, où on le trouve pratiquement partout dans les colonies d'oiseaux marins, qui constituent pour lui une source de nourriture. Mais en étant au bout de la chaîne alimentaire le goéland bourgmestre emmagasine des taux dangereux de polluants comme les métaux lourds et les PCB. On sait peu de choses sur la tendance actuelle de sa population mais elle est en déclin depuis 1986 sur l'Île aux Ours.
Son cousin, le goéland marin (Larus marinus), aux ailes sombres, est une espèce plus rare et relativement nouvelle au Svalbard.

Le goéland argenté (Larus argentatus)

Au Svalbard il niche en petits nombres sur l'Île aux Ours et le long de la côte ouest du Spitzberg.

La mouette tridactyle (Rissa tridactyla)

Plus grande que la mouette rieuse que l'on rencontre chez nous, c'est un des oiseaux les plus fréquents et la mouette la plus commune au Svalbard. Les colonies, qui peuvent être très importantes, notamment sur Hopen et l'Île aux Ours, sont implantées dans des falaises à l'abri des renards, souvent en compagnie des guillemots de Brünnich. De plus elles sont très bruyantes et leur cacophonie peut s'entendre à des kilomètres. C'est la kittiwake des anglophones, dont la phonétique reproduit le cri. Souvent en groupe, elle se distingue par le bout de ses ailes et ses pattes noires et son bec jaune. Elle se nourrit surtout de poissons et de petits crustacés, et suit volontiers les chalutiers. Renard polaire, goéland bourgmestre et grand labbes sont ses prédateurs. Les 2 ?ufs pondus début juin seront couvés par les deux parents pendant 4 semaines.
La population est estimée à 270 000 couples nicheurs, dont un tiers pour l'Île aux Ours. Après avoir augmenté pendant le siècle dernier, les colonies du Svalbard semblent décliner depuis 1995, sans raison connue si ce n'est un changement dans l'accessibilité à la nourriture.

La mouette ivoire (Pagophila eburnea)

Appelée autrefois goéland sénateur, elle ressemble à un grand pigeon immaculé au vol léger et gracieux, reconnaissable aussi à son bec jaune, ses pattes et ses yeux noirs. Elle se reproduit en petites colonies de 10 à 20 couples, à l'intérieur des terres, sur les nunataks reculés au nord-est et à l'est. La banquise est son domaine, où elle aime finir les restes du repas de l'ours polaire, en plus de petits poissons et de zooplancton ; elle est rare, sa biologie est mal connue et il y aurait entre 200 et 750 couples nicheurs au Svalbard, où 44 colonies ont été répertoriées mais la tendance de cette population de mouettes ivoires dans l'archipel n'est pas connue.

La mouette de Sabine (Larus sabini)

Au Svalbard la seule mouette à la tête noire, le bord de ses ailes est noir aussi et son vol est élégant. Elle est très rare et niche de façon irrégulière au nord et nord-est de l'archipel. C'est devant les côtes du sud-ouest de l'Afrique et de l'Amérique du sud qu'elle passe l'hiver. Elle niche volontiers avec les sternes arctiques qui lui offrent protection contre les prédateurs. Elle se nourrit principalement de petits poissons, de mollusques et à l'occasion des ?ufs et poussins d'autres oiseaux. Les 2 ou 3 poussins sont nidifuges, quittent le nid rapidement et suivent leurs parents jusqu'à la côte. Sa population au Svalbard se limite à une dizaine de couples. Son nom vient d'un explorateur anglais, Sir Edward Sabine, qui l'aurait découverte en 1818 au Groenland.

La mouette de Ross (Rhodostethia rosea)

Petite mouette élégante, gris perle sur le dos, sinon blanche avec un collier noir autour du cou et du rose sur la poitrine ; pattes rouges et bec noir complètent le tableau de l'oiseau le plus rare du Svalbard où l'on se limite à quelques observations et une reproduction avérée au Kapp Linné datant de 1955.

Le guillemot de Brünnich (Uria lomvia)

De la famille des alcidés, c'est-à-dire cousin du petit pingouin et lointain parent des manchots, il a la taille d'un petit canard. Comme les autres alcidés, il vient à terre uniquement pour nidifier. Il vole très mal mais c'est un excellent nageur et vole pour ainsi dire sous l'eau. Il se reconnaît à ses couleurs : ventre et côtés blancs, dos et tête noirs, et une ligne blanche le long du bec. Il niche dans des falaises, en groupes serrés sur de petites plates-formes, souvent en compagnie de mouettes tridactyles. L'?uf est piriforme pour ne pas basculer dans le vide s'il vient à rouler ; les jeunes quitteront le nid encore incapables de voler mais se jetteront dans le vide dès les premiers jours pour atterrir dans le meilleur des cas dans l'eau où ses parents le rejoignent. Le guillemot du Svalbard hiverne autour de l'Islande, au sud du Groenland et à Terre-Neuve, il se nourrit de poissons et de petits crustacés. On estime la population à environ 850 000 couples au Svalbard.

Le guillemot de Troïl (Uria aalge)

Se distingue du guillemot de Brünnich par le bec plus long et plus pointu et le trait blanc latéral y est absent ; la forme courante est « bridée » avec un cercle oculaire et un trait blancs en arrière de l'?il mais noirs pour la plupart. Les plus grosses colonies se trouvent sur l'Île aux Ours ; il ne vient à terre que pour nicher et se nourrit surtout de poissons, en plongeant parfois jusqu'à 50 m. Son ?uf est lui aussi en forme de poire, et le jeune se jettera aussi de la falaise, atterrissant la plupart du temps sur la toundra, proie alors facile pour le renard polaire ou le goéland bourgmestre. Le risque est néanmoins limité par la synchronisation du cycle de reproduction et le nombre important de jeunes sautant du nid dans le même laps de temps.
En 1987 on a assisté à un effondrement de 85% de la population des Troïls sur l'Île aux Ours, dû à une surpêche et la diminution drastique des ressources alimentaires ; de 245 000 couples on était tombé à 36 000 ; depuis, les colonies se sont reconstituées, mais sans atteindre, loin s'en faut, leur taille d'origine.

Le guillemot à miroir (Cepphus grylle)

Plus petit que le guillemot de Brünnich, il en diffère aussi par la couleur : tout noir avec une tache blanche sur les ailes. Il niche dans les falaises côtières en petites colonies, plus difficiles à localiser du fait qu'elles ne regroupent le plus souvent que quelques dizaines de couples. Il passe l'hiver près du Svalbard à proximité de la banquise. Peu farouche et curieux, il approche volontiers les bateaux et l'on remarque alors ses pattes et l'intérieur de son bec rouges vifs. Il trouve sa nourriture, poissons et crustacés, près de la surface ; les deux parents couvent les 2 ?ufs un bon mois durant et il faudra encore 3 ou 4 semaines aux jeunes pour être autonomes. On estime la population du Svalbard à 20 000 couples. On peut les observer souvent mais pas longtemps car ils plongent comme l'éclair...

Le mergule nain (Alle alle)

C'est le plus petit des alcidés, pèse entre 120 et 180 g, mais le plus important en nombre (environ 2 millions de couples). Très mauvais voilier, battant rapidement des ailes, il a souvent du mal à décoller depuis la mer, au point qu'il préfère souvent fuir en plongeant. Il niche dans les éboulis à flanc de montagne en colonies de 1 000 à 10 000 individus. En mer on les voit souvent en escadrilles de 5 à 50 individus, volant au ras des flots. On peut observer aussi ses essaims criards tournoyer en haut des montagnes. Au Svalbard il niche pratiquement partout et les plus grandes colonies se trouvent au nord-ouest, dans le Hornsund et le Bellsund ; quelques petites colonies sont observables autour de Longyearbyen. Présent dès le mois d'avril, il repart à la mi-août pour passer l'hiver au sud-ouest du Groenland. Il se nourrit de zooplancton comme les copépodes et les allers retours entre la côte et la mer contribuent à la fertilisation de la toundra par leur guano ; un seul ?uf est couvé pendant un mois, un autre mois s'écoulera avant l'envol du jeune.

Le petit pingouin (Alca torda)

Au Svalbard il se reproduit sur l'Île aux Ours, dans le Bellsund et le Krossfjord, en tout petit nombre ou petites colonies, souvent en association avec le guillemot de Brünnich et la mouette tridactyle. On sait très peu de choses sur la biologie de ces colonies qui au total se monteraient à une centaine de couples.

Le macareux moine (Fratercula arctica)

Autre cousin du petit pingouin il est plus connu car existant également en France contrairement aux autres alcidés cités. Son gros bec coloré lui vaut son surnom de perroquet des mers. Il niche régulièrement dans les pentes raides des falaises, dans un terrier qu'il creuse ou une cavité naturelle à cause du permafrost. Peu farouche, il vit en haute mer en dehors de la période de nidification. Sa population globale au Svalbard est estimée à 10 000 couples, répartie sur les côtes ouest et nord, ainsi que sur l'Île aux Ours. Un seul ?uf est couvé mais le petit macareux peut espérer vivre une trentaine d'années. Les colonies du Svalbard sont peu accessibles et il est moins facile à observer que ses frères dans le subarctique.

L'eider à duvet (Somateria mollissima)

Très commun le long des côtes, il se reconnaît à sa silhouette massive et à son vol lourd au ras de l'eau. La femelle, de couleur brune, s'arrache du duvet du poitrail pour en tapisser le nid. Dès l'éclosion, les canetons, entre 4 ou 6, sont capables de nager et c'est leur meilleure protection contre les prédateurs terrestres. Les mâles, au plumage noir et blanc, se regroupent peu après l'éclosion tandis que les femelles s'occupent des jeunes. Ils ont nettement moins farouches que les oies. Cantonné sur des îlots, à l'abri du renard polaire, cet oiseau a bien failli disparaître en raison du prélèvement du duvet qui servait autrefois à la confection des édredons. De 15 000 à 30 000 couples nichent au Svalbard. Les ?ufs et les jeunes sont souvent la proie du goéland bourgmestre, du renard et occasionnellement de l'ours polaire.

L'eider à tête grise (Somateria spectabilis)

Plus rare et un peu plus petit que l'eider à duvet, le mâle se distingue par son plumage aux couleurs splendides. Il niche dans la toundra parsemée de petits lacs. Ces canards ne nichent pas en colonie, mais se retrouvent en petites troupes après la saison de reproduction ; la femelle quittera le nid avec les poussins pour se regrouper sur l'eau avec d'autres femelles. Au Svalbard il se répartit le long de la côte ouest et aussi au nord-ouest. On sait peu de choses sur son écologie et le statut de sa population, que l'on a estimée en automne entre 2500 et 5000 individus en comptant les adultes et les jeunes.

La harelde de Miquelon (Clangula hyemalis)

Petit canard plongeur, c'est un nicheur de la toundra. Mâle et femelles ont un plumage contrasté, blanc, marron et noir ; il porte bien son nom anglais de « canard à longue queue ». Son alimentation se compose de plantes, crustacés, coquillages et de larves. Si l'eider niche sur les îlots, la harelde est typique des lacs de toundra où elle revient nicher au même endroit chaque année. Fin juin, 5 à 9 ?ufs seront couvés pendant 4 semaines. Pendant ce temps-là les mâles se rassemblent pour la mue. Au Svalbard il niche principalement sur l'Île aux Ours et sur la côte ouest du Spitzberg. Le nombre d'oiseaux nicheurs n'est pas connu, seulement estimé entre 500 et 1000 couples.

L'oie à bec court (Anser brachyrhynchus)

Bec noir et pattes roses, moins contrastées que les bernaches, c'est la plus courante des oies au Svalbard. Elle niche isolément ou en petit nombre sur de petites îles et aussi au pied des falaises, dans les pentes abruptes, souvent sous les colonies d'oiseaux, où elle arrive fin mai en petites troupes. On la trouve partout au Svalbard, surtout dans la partie ouest. Début juin la femelle pond de 2 à 7 ?ufs qu'elle couve 4 semaines tandis que le mâle monte la garde. C'est un oiseau farouche qui n'hésite pas à abandonner le nid alors que le prédateur est encore loin et comme pour les autres oies, le couple est uni pour la vie. À la fin de l'été, la mue complète l'empêche de voler pendant 3 semaines. Les oies hivernent du Danemark au Nord de la France. La population du Svalbard a beaucoup augmenté ces dernières années malgré la chasse autorisée, on l'a estimée à 52 000 individus en 2005.

La bernache nonnette (Branta leucopsis)

C'est la seule oie qui se reproduit sur les terrasses rocheuses des falaises notamment au Groenland, car elle trouve là un abri contre le renard polaire et un lieu dégagé de neige lors de son arrivée printanière ; elle fréquente aussi les petites îles sur les lacs ou le long de la côte. Son plumage contrasté noir et blanc la rend facilement reconnaissable. Au Svalbard elle niche surtout sur la côte ouest et les îles du sud-est Tusenøyane, restant fidèle au site d'une année sur l'autre. Végétarienne, elle se nourrit de plantes et de mousses ; les 4 ou 5?ufs seront couvés durant 25 jours alors que le mâle reste à proximité, prêt à repousser les prédateurs comme le renard polaire ; ensuite toute la famille passera les semaines suivantes dans la toundra près d'un lac ou de la côte car les adultes seront en train de muer et incapables de voler pendant un certain temps. Après la mue les oies se rassemblent et engraissent en prévision de la migration d'automne.
Autrefois la bernache nonnette fut beaucoup chassée, entretemps la population s'est bien reconstituée et a beaucoup augmenté à la fin des années 1940, alors qu'il ne restait plus que quelques centaines d'individus. De nombreuses autres colonies se sont développées et sur le site d'hivernage on a compté en 2005 environ 25 000 individus ; on estime qu'environ 10 000 couples nichent au Svalbard. Malgré la stabilité ou l'augmentation des diverses populations la bernache nonnette reste vulnérable et c'est l'espèce d'oie migratrice la plus étudiée au monde, avec des programmes de suivi sur 25 ans et des opérations de baguage importantes.

La bernache cravant (Branta bernicla)

Plus petite, brune et noire, elle est nettement plus rare que ses cousines. Au Svalbard la plupart niche sur les îles du sud-est, les Tusenøyane, et quelques couples sur de petites îles des côtes ouest et nord, notamment sur Moffen. La femelle couve de 3 à 5 ?ufs, le mâle restant à proximité. Après l'éclosion la famille se rend sur les zones de nourrissage pour une période d'environ 6 semaines. On sait relativement peu de choses sur la biologie de cette espèce et le chiffre exact de la population du Svalbard n'est pas connu, mais historiquement, la bernache cravant était probablement l'espèce d'oie la plus nombreuse. Elle pouvait se monter à 50 000 individus au début du 20ème siècle, la population déclinant ensuite rapidement à cause de la récolte du duvet et des ?ufs ainsi qu'au manque de nourriture sur les zones d'hivernage.

Le bécasseau violet (Calidris maritima)

La toundra est le biotope de plusieurs espèces de limicoles, dont les bécasseaux. Le violet est un petit échassier inféodé aux côtes rocailleuses où on le trouve régulièrement, seul ou en petits groupes en été ; c'est celui que l'on rencontre le plus fréquemment. Il se nourrit de petits crustacés et d'insectes qu'il recherche sur la plage dans la zone intertidale et c'est là qu'on peut le mieux l'observer. Au Svalbard il niche presque partout dans la toundra. Les 2 parents couvent les 4 ?ufs et les poussins quitteront le nid rapidement. Si l'on s'approche du nid le bécasseau va simuler l'oiseau blessé en courant avec une aile déployée pour éloigner du nid le prédateur potentiel. On estime la population au Svalbard entre 2000 et 10 000 couples.

Le bécasseau variable (Calidris alpina)

C'est un petit limicole au ventre noir et au bec légèrement incurvé vers le bas ; il vit dans les milieux humides et près des petits lacs. La population nicheuse au Svalbard entre 100 et 200 couples.

Le bécasseau sanderling (Calidris alba)

C'est un nicheur rare au Svalbard qui affectionne la toundra sèche et pierreuse. Il se nourrit de petits invertébrés attrapés dans la zone intertidale et aussi de plantes. La population du Svalbard est très réduite, peut-être de 20 à 100 couples, et considérée comme stable.

Le tournepierre à collier (Arenaria interpres)

Au Svalbard on le trouve sur la plupart des côtes de l'archipel, surtout le long de la côte ouest du Spitzberg et sur le Prins Karls Forland. Petit limicole trapu à bec court, il a un plumage très bigarré, notamment en vol. Fidèles au site de reproduction, les deux parents défendront le nid et les 4 ou 5 ?ufs avec efficacité contre les prédateurs. Il se nourrit d'insectes et sur la plage de petits gastéropodes et de crustacés ; fouillant parmi les algues, il retourne les galets avec son bec conique en quête d'invertébrés, d'où son nom. On estime sa population entre 50 et 500 couples et la tendance n'est pas connue.

le grand gravelot (Charadrius hiaticula)

C'est lui aussi un petit limicole trapu au bec court et marques noires et blanches distinctives en forme d'anneaux à la tête et à la poitrine. Au Svalbard il niche sur l'Île aux Ours et sur les côtes ouest du Spitzberg, de préférence sur les rivages sableux où graveleux. À l'approche d'un prédateur il quittera le nid en simulant l'oiseau blessé. Il se nourrit de petits insectes, de bivalves et de crustacés. On estime sa population au Svalbard entre 300 et 500 couples.

Le pluvier doré (Pluvialis apricaria)

Au Svalbard il a été nicheur sur la côte ouest du Spitzberg, où quelques couples sont observés tous les ans, ainsi que sur l'Île aux Ours, où cette espèce tente probablement de se reproduire.

le phalarope à bec large (Phalaropes fulicarius).

Limicole relativement petit il arbore des couleurs rouge brique en dessous et noir et blanc au -dessus ; le mâle est plus petit et nettement plus terne que la femelle, fait rare chez les oiseaux. Au Svalbard on le trouve sur les côtes ouest et nord, sur les îles Tusenøyane comme sur l'Île aux Ours. De retour début juin il niche dans la toundra riche et humide, près d'un petit lac et revient souvent au même endroit. Il se nourrit d'insectes et de petits crustacés qu'il fait remonter à la surface en tournoyant sur lui-même, créant ainsi des remous dans l'eau peu profonde. La couvaison des 4 ?ufs est assurée par le mâle ainsi que l'élevage des jeunes, ce qui permet à la femelle de s'accoupler avec un autre mâle... La population du Svalbard est estimée entre 200 et 1000 couples et considérée comme stable.

Le phalarope à bec étroit (Phalaropus lobatus)

Légèrement plus petit que son cousin ; au Svalbard il niche sur l'Île aux Ours et le long de la côte du Spitzberg.

Le lagopède des Alpes (Lagopus mutus hyperboreus)

Oiseau terrestre trapu, nichant sur le sol aussi bien qu'au sommet des montagnes, avec un plumage immaculé en hiver mais brun-doré en été, c'est un vrai polaire avec des pattes emplumées pour mieux lutter contre le froid. C'est le seul oiseau à séjourner toute l'année au Spitzberg où il se protège du froid en hiver en creusant des galeries dans la neige. Présente presque partout au Svalbard cette sous-espèce vit aussi dans l'archipel François-Joseph. Il se nourrit de la végétation, variable selon les saisons. En juin la femelle couve une dizaine d'?ufs durant 3 semaines. Endémique au Svalbard ce lagopède est chassé en automne et au début de l'hiver ; la taille de sa population n'est pas connue, mais des comptages annuels sur un territoire donné ont montré une densité de 3 à 5 mâles par km2.

Le bruant des neiges (Plectrophenax nivalis)

De la taille d'un moineau, au plumage noir et blanc contrasté, mais moins aisé à observer, c'est le seul passereau nichant au Spitzberg et aussi le seul oiseau chanteur. Il arrive très tôt en saison, en provenance des zones tempérées, bien avant la fonte des neiges. Il se reproduit dans les pierriers ou dans la toundra près d'autres colonies et n'hésite pas à s'approcher des habitations. Au printemps il creuse des galeries pour s'y protéger du froid. Passereau le plus septentrional du monde, il se nourrit de graines et aussi d'insectes, notamment pendant le nourrissage des jeunes ; début juin la femelle pond 5 ou 6 ?ufs couvés pendant 2 semaines. Le bruant des neiges est largement répandu au Svalbard et sa population exacte n'est pas connue, seulement estimée entre 1000 et 10 000 couples avec des fluctuations marquées.