L'Australie s'est dite optimiste lundi quant aux chances de succès de son projet de création d'un vaste sanctuaire marin sur la façade est de l'Antarctique, après avoir revu sa surface à la baisse. Cette proposition doit être soumise à la réunion annuelle de la Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines de l'Antarctique (CCAMLR), qui s'ouvre lundi pour deux semaines à Hobbart, en Tasmanie (Australie).
Le projet initial, porté par l'Australie, la France et l'Union européenne, prévoyait la création de sept aires marines protégées (AMP) sur la façade est de l'Antarctique, pour une surface totale de 1,9 million de km2. Il n'a toutefois pas reçu jusqu'ici le feu vert de la CCAMLR, l'instance chargée de gérer les ressources marines de la zone depuis 1982, qui regroupe 24 États plus l'UE, en raison du blocage de la Chine et de la Russie. Le projet actuel concerne une surface d'1,2 million de km2, sur quatre aires. Il autoriserait les activités d'exploration, de recherche et de pêche dans des conditions strictes de protection. La Commission doit aussi examiner un projet visant à protéger une aire de 1,25 million de km2 en mer de Ross, une immense baie, côté Pacifique, sous juridiction néo-zélandaise. Ce projet, porté par les États-Unis et la Nouvelle-Zélande, avait aussi été rejeté en 2013, bien qu'ayant déjà été réduit en surface. «Cette réduction d'échelle du projet pour l'Antarctique-est répond aux préoccupations de certains pays qui estimaient que la zone était trop vaste», a déclaré lundi le chef de la délégation australienne Tony Fleming. «Nous sommes toutefois confiants que cette nouvelle proposition apportera une protection adéquate à des zones représentatives de la biodiversité de la région, y compris des secteurs vulnérables qui jouent un rôle écologique important, comme les aires d'alevinage de légines (espèce de poisson) et de krill (variété de plancton), et les aires d'alimentation de mammifères marins et de pingouins», a-t-il ajouté. Ce nouveau compromis sera-t-il suffisant pour emporter un accord ? M. Fleming a estimé que cela dépendrait de «l'atmosphère» de la réunion, évoquant des «discussions informelles positives» avec la Russie et d'autres membres.
Les eaux de l'Océan austral autour de l'Antarctique abritent des écosystèmes exceptionnels, riches de plus de 10.000 espèces uniques, en bonne partie préservés des activités humaines mais menacés par le développement de la pêche et de la navigation. Lundi, l'Alliance pour l'Océan antarctique (AOA) a demandé «instamment à la CCAMLR de convenir d'un accord sur la protection marine» en approuvant ces deux projets. La Mer de Ross est souvent surnommée «Le Dernier Océan» car elle reste l'un des plus purs de la planète, rappelle cette coalition de personnalités et 30 ONG internationales. «Nous avons assisté à trois ans d'inaction», a regretté Mark Epstein, de la Coalition pour l'Antarctique et l'Océan Austral. «Cette réunion offre aux dirigeants mondiaux l'occasion d'être enfin à la hauteur de leurs engagements», a-t-il dit, rappelant que même durant la Guerre froide, la communauté internationale s'était retrouvée en 1959 pour signer le Traité sur l'Antarctique. «Nous espérons que cette réunion approuvera la création de ces sanctuaires. Ainsi la CCAMLR restera un exemple pour la gestion des océans», a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse par téléphone depuis Hobbart. «L'Antarctique est l'une des dernières étendues vierges de la planète, et elle est essentielle à la recherche, » aussi bien sur la biodiversité que le changement climatique, a dit Bob Zuur, du WWF. «Mais pour qu'elle le reste, il nous faut la protéger».
Source AFP 20/10/2014