Toutefois, la mésaventure du « Xue Long » a également contrarié les plans des anciens naufragés du « MV Akademik Shokalskiy ». Ces 52 scientifiques et journalistes avaient été transférés du navire russe à l'« Aurora Australis », qui devait les ramener en Australie. Mais lorsque le « Xue Long » s'est retrouvé coincé, l'Autorité maritime australienne a brièvement demandé par précaution à l'« Aurora Australis » de se maintenir sur zone pour porter assistance au navire chinois si besoin est. Cette attente supplémentaire a frustré les anciens naufragés du « MV Akademik Shokalskiy ». « Nous allons devoir prolonger notre séjour dans le sud profond avant de retrouver nos proches », a confié, agacé, Andrew Peacock. Finalement l'Autorité maritime australienne a autorisé l'« Aurora Australis » à reprendre sa route. Le bâtiment a rejoint la base australienne de Casey pour faire le plein de carburant avant de mettre le cap sur l'île australienne de Tasmanie, qu'il devrait atteindre mi-janvier.
Tous ces rebondissements illustrent les dangers de la navigation en Antarctique. La question se pose désormais de savoir qui va supporter le coût des opérations de secours. « Les leçons tirées de ces expériences peuvent être transmises à l'Organisation maritime internationale pour édicter des règles encadrant les opérations polaires », espère le directeur général de l'Autorité australienne de secours en mer. Ces mésaventures ont aussi eu des conséquences importantes pour les programmes de recherche dans l'Antarctique car les autorités australiennes ont dû dérouter plusieurs navires. Le français « L'Astrolabe » a dû supprimer une campagne océanographique de deux semaines. « Mais nous avons été relativement chanceux. Les Chinois ont été contraints d'annuler toutes leurs expériences et mon homologue australien est vert de rage parce que toute sa saison d'été est foutue à cause de la mobilisation de l'"Aurora"», note Yves Frenot, directeur de l'Institut polaire français.
Avant d'être pris dans la banquise, le « MV Akademik Shokalskiy » se trouvait dans une zone où les bateaux peuvent normalement circuler à cette époque de l'année, mais un brusque changement des conditions météo l'a poussé vers les glaces.
Le Figaro 5/01/2014
Traduction et adaptation : Bastien