Introduction au Svalbard ou Spitzberg
    
    Le Spitzberg en détail et guide pratique
Accueil ? Aller au Spitzberg ? À propos

Nouvelles du Svalbard et autres brèves polaires, février 2012

Les éléphants de mer doivent plonger plus profondément

Le réchauffement global de la planète influe aussi sur la plongée et la recherche de nourriture des éléphants de mer de l'hémisphère australe. Comme le montre une étude des chercheurs de l'Institut Alfred Wegener, faite en commun avec des biologistes et des océanographes des universités de Prétoria et de Kapstadt, ces animaux de la famille des phoques (phocidés) plongent plus profondément quand ils chassent leurs proies dans des eaux plus chaudes.

Éléphant de mer muni d'une balise satellite qui va enregistrer la position, la profondeur de la plongée, la température de l'eau ainsi que sa salinité. L'émetteur fonctionnera pendant un an au maximum, jusqu'à la prochaine mue après laquelle il se détachera.

L'éléphant de mer austral de l'Île Marion, située dans la partie sud de l'Océan Indien, est au vrai sens du terme un « plongeur de l'extrême ». Ces animaux passent plus de 65% de leur vie à des profondeurs de plus de 100 m et peuvent plonger encore beaucoup plus profondément que leurs congénères vivant plus au sud, sachant que la profondeur maximale peut atteindre plus de 2000 m. Mais les masses d'eau fréquentées par les éléphants de mer de l'Île Marion lors de leur recherche de nourriture, se sont constamment réchauffées suite au changement climatique, ce qui les oblige à plonger plus profondément.
L'Océan Austral se réchauffe surtout à des profondeurs pouvant atteindre 1000 m et par conséquent dans des zones où devraient se trouver des calmars et des poissons. « Or, ces proies, en raison apparemment de l'augmentation de la température de l'eau, se rabattent sur des profondeurs plus importantes, entraînant forcément derrière eux les éléphants de mer », déclare le Dr. Horst Bornemann, de l'Institut Alfred Wegener.
Ce dernier et son collègue le Dr. Joachim Plötz, en collaboration avec d'autres chercheurs du MRI d'Afrique du Sud (Mammal Research Institute) ont équipé au cours des dernières années, plus de 30 éléphants de mer de balises satellites.
Pour étayer leur thèse les chercheurs de Bremerhaven vont retourner à l'Île Marion en avril 2012 et fixer un capteur sur la mâchoire des éléphants de mer ; ce nouveau capteur, mis au point par des biologistes japonais, n'est guère plus gros qu'un doigt et notera chaque fois que l'animal ouvre la gueule, permettant ainsi de savoir s'il mange effectivement, après avoir poursuivi un banc de poissons.
Grâce à ces nouvelles données les biologistes de l'Institut AWI pourront faire des déductions sur la distribution spatiale et temporelle de zones particulièrement productives de l'Océan Austral. Ils espèrent d'autre part être capable de voir les itinéraires migratoires des éléphants de mer de Marion Island et de noter à quelle profondeur ils trouveront leur nourriture.

Éléphants de mer et manchots royaux sur la Trypot Beach de l'Île Marion.

Reste à savoir jusqu'à quel point cette population d'éléphants de mer vivant relativement loin au nord, va s'adapter au réchauffement de l'océan. Les scientifiques d'Allemagne et d'Afrique du Sud voient pour eux deux alternatives : soit ces animaux élargissent leur zone de chasse jusqu'aux eaux plus froides de l'Antarctique, ou bien ils devront à l'avenir plonger encore plus profondément.
Aujourd'hui les éléphants de mer de l'Île Marion arrivent déjà, lors de leurs plongées, tout près de leurs limites physiologiques et cette constatation poussent les biologistes à penser que ce comportement de plongée profonde pourrait, à long terme, réduire le taux de survie de ces animaux.

L'Île Marion est la plus grande des deux Îles du Prince Edouard, situées au sud de l'Océan Indien. Elle appartient politiquement à l'Afrique du Sud.

Source : AWI : Institut Alfred Wegener de Bremerhaven (Allemagne).

Le « Polarstern » : 30 ans de dur labeur pour la recherche polaire

Cette année l'Institut Alfred Wegener pour la recherche polaire et océanographique (AWI) célèbre le 30ème anniversaire de la mise en service du « Polarstern », le brise-glace de ravitaillement et de recherche au service de la recherche polaire allemande. Malgré son âge le Polarstern, qui peut accueillir 55 scientifiques au maximum, fait toujours partie des brise-glace les mieux équipés au monde pour la recherche scientifique. Pour fêter ce jubilé l'Institut Alfred Wegener organise le 3 juin 2012 à Bremerhaven une manifestation « openship », où le bateau sera ouvert au public.

Le Polarstern

Il y a 100 ans, la découverte de la plate-forme de Filchner-Ronne

Le 31 janvier 1912 Wilhelm Filchner, avec la 2ème expédition allemande en Antarctique, atteignait la plate-forme qu'il nomma Filchner-Ronne. Son travail a montré que, contrairement aux hypothèses émises à l'époque, il existait probablement un lien entre la Péninsule de l'Antarctique de l'Ouest et l'Antarctique de l'Est. Pour la première fois on a pu évaluer l'extension de la Mer de Weddell, qui devint par la suite un terrain privilégié de la recherche allemande sur le continent Antarctique.

Wilhelm Filchner (1877-1957)
Le « Deutschland » amarré à la banquise en Mer de Weddell en janvier 1912.

La banquise arctique estivale influe sur la météo hivernale en Europe

Une nouvelle étude vient de montrer le lien existant entre la couverture de la banquise estivale dans l'Arctique et le temps hivernal en Europe centrale. Même si la situation météorologique actuelle semble contredire cette hypothèse, la probabilité d'un hiver froid et neigeux augmente quand il y a peu de glace de mer en Arctique.
Les scientifiques du centre de recherche de l'Institut Alfred Wegener basé à Potsdam, ont décodé un mécanisme selon lequel, une banquise estivale qui diminue modifie les zones de haute pression dans l'atmosphère polaire de l'Arctique et influe de ce fait sur notre temps hivernal européen.

Source : Institut Alfred Wegener (AWI)

Record de chaleur en février au Spitzberg

Alors que l'Europe centrale et orientale endure un froid polaire, on enregistre dans le Grand Nord des records de chaleur. Avec + 7°C c'est la plus haute température jamais atteinte à Longyearbyen depuis le début des mesures en 1975. Au moment des mesures on enregistrait 23 degrés de plus que la moyenne des températures en février. Le précédent record était de 6°C le 17 février 2005.
À Sveagruva, la cité minière au sud de Longyearbyen, fut aussi établi un nouveau record avec 6,5°C, sensiblement supérieur au maximum de 5,2°C atteint le 22.2.2006. Les stations météos de Ny Ålesund, Hopen et Bjørnøya annonçaient également des températures nettement positives. D'ici le week-end on s'attend néanmoins à des températures à nouveau nettement plus « polaires ».

Source : Svalbardposten

La banquise autour du Spitzberg : minimum record

En plus de la météo, la banquise autour du Spitzberg a aussi atteint des records ces derniers temps. Ce sont en particulier les températures élevées de l'eau qui se manifestent au travers des grandes étendues libres de glace visibles tout autour du Spitzberg. En moyenne c'est en avril que la couverture de glace est à son maximum ; le fait que l'archipel soit autant libre de glace début février est assurément tout à fait inhabituel.
En revanche, autour de l'archipel François Joseph voisin s'est établie une solide couche de glace.

Carte des glaces du 3 février 2012.

Source : service météo norvégien (met.no)

Les caprices de la météo au Spitzberg

Ces derniers jours Neptune a encore établi quelques records au Spitzberg. Le lundi 30 janvier Longyearbyen a été la ville la plus chaude de Norvège avec 4°C...De plus avec 26 mm de pluie l'humidité était inhabituelle et à cause du vent, du verglas et du risque d'avalanche, plusieurs routes et l'aéroport ont du être fermés par intermittence.
Mais ce n'est rien en comparaison de Ny Alesund, où en l'espace de 24 heures sont tombés pas moins de 98 mm de pluie, ce qui correspond presque à la mousson tropicale et constitue un record évident pour l'agglomération.
Pour Longyearbyen le record de chaleur en janvier est de 7,7 °C le 16/1/2006. Par contre le thermomètre affichait 31,5 en dessous de zéro le 30/1/2011...
Un temps instable avec des périodes froides et chaudes est typique de la saison où règne la nuit polaire au Spitzberg, mais la durée et l'intensité de la phase chaude actuelle sont pour le moins inhabituelles.

Source : Svalbardposten

La Chine construit 5 télescopes au Pôle Sud

Dans les 5 années à venir l'Institut de recherche polaire chinois va installer en tout 5 télescopes en Antarctique, près de la station Kunlun ; selon l'agence de presse Xinhua, l'objectif de cette entreprise coûteuse est avant tout d'étudier les supernovas, la matière noire, les exoplanètes ainsi que la naissance des étoiles.

Les 3 premiers télescopes chinois (vue d'artiste!).

Dans le cadre de la 28ème expédition chinoise en Antarctique les 3 premiers télescopes qui devraient être opérationnels en avril 2012, sont déjà en route vers le Pôle sud. En 2013 et 2014 seront installés les autres appareils d'observation spatiale sur le plateau antarctique. D'après les informations de Centre de l'Astronomie en Antarctique, la Chine y installera 3 télescopes « Antarctic Survey » entièrement automatiques, un télescope infrarouge de 2,5 m et un télescope « Terahertz » de 5 m.
Les Chinois installèrent le premier télescope en Antarctique en 2007 ; l'expérience du travail réalisé par des températures polaires très basses permettra à l'équipe d'installer les 3 télescopes en peu de temps, déclara Lifan Wang, directeur de l'Institut Chinois de Recherche Polaire. Selon lui les 3 télescopes AST-3 qui se trouvaient à bord du brise-glace « Xue Long » (« Dragon des neiges »), ont déjà atteint la station de recherche Zhongshan et sont maintenant en route pour le Plateau Antarctique. Ils seront ensuite montés à proximité de la station Kunlun près du Dôme A, le point le plus élevé de l'inlandsis antarctique (4093 m), où la Chine projette aussi de construire une station permanente pour un investissement de 25 millions de dollars dans les années à venir.

Le brise-glace chinois « Xuelong » de classe A-2, capable de traverser des glaces épaisses de 1,2 m, a été construit en 1993 en Ukraine ; il fait 167 m de long et peut accueillir 128 scientifiques et membres d'équipage.

Source : PolarNews

Le lac Vostok atteint au bout de 30 ans

Le 5 février 2012 des chercheurs russes ont pu pénétrer, après 30 années de forage, jusqu'au lac sous-glaciaire Vostok sous la glace de l'Antarctique. Formé il y a environ 15 millions d'années, ce gigantesque réservoir d'eau douce n'a eu apparemment aucun contact avec le monde extérieur depuis des centaines de milliers d'années, et pourrait héberger des formes de vie inconnues. C'est à une profondeur de 3768 m que les scientifiques ont atteint la surface du lac, ce qui pourrait avoir de multiples conséquences pour la science mais aussi pour l'écologie du lac, car on soupçonne l'eau du lac Vostok de contenir des formes de vie uniques. Quant à savoir si ces dernières se trouvent dans les couches supérieures plutôt que tout au fond dans les sédiments, cela est une autre affaire.
Cette exploration pourrait, entre autres choses, nous éclairer sur la possibilité d'une vie sur Europe, l'un des satellites de Jupiter, lequel possède un océan sous sa croûte de glace. D'autre part des organismes issus du lac pourraient aussi nous informer sur la façon dont la vie s'est autrefois adaptée à des conditions extrêmes de froid et d'obscurité. Mais si l'eau du lac devait être contaminée par les forages, ce monde unique serait alors menacé et c'est bien ce que craignent les chercheurs.
Ce n'est qu'en novembre 2011 que l'équipe russe a obtenu l'autorisation de poursuivre le forage jusqu'au lac et ce dans des conditions très strictes. Une fois le lac atteint la foreuse devait être retirée immédiatement et un peu d'eau du lac remonté jusqu'à la surface, explique Valery Lukin, directeur du programme antarctique dans le magazine « Nature » en janvier 2012. L'eau ainsi aspirée devait se congeler en formant un bouchon, empêchant ainsi que des lubrifiants et d'autre substances arrivent jusqu'au lac.
Quoi qu'il en soit on ne peut plus continuer le programme dans les prochains mois car le thermomètre de la station Vostok oscille en ce moment entre -38 et -46°C et la nuit polaire approche inexorablement, si bien que la plus grande partie de l'équipe a déjà pris le chemin du retour. Le forage ne pourra reprendre qu'en décembre prochain.

Ambiance festive à la station Vostok après 30 ans de forage à travers 3767,3 m de glace. C'est à cette station que l'on a enregistré un autre record le 21 juillet 1983 avec -89,2°C, la température la plus froide jamais mesurée sur notre planète.

« Si tout se déroule comme prévu nous pourrons, en décembre 2012, reprendre le forage et récupérer alors l'échantillon gelé, sans contaminer l'eau du lac », déclare Lukin. Ce prélèvement sera ensuite analysé dans un laboratoire spécial en vue de déceler du matériel génétique. Selon Lukin, les traces de vie possible seront envoyées dans d'autres pays pour obtenir une confirmation venant de laboratoires indépendants. Au cours de la phase suivante les chercheurs russes envisagent de descendre un petit robot sous-marin dans le lac Vostok. Il pourra collecter des échantillons d'eau et de sédiments au fond du lac ; pour ce projet une demande d'autorisation sera présentée en mai 2012 devant la commission du conseil du Traité de l'Antarctique, a confié Lukin au magazine « Nature ». « Pour nous tout cela est nouveau et excitant comme un voyage sur la planète Mars » poursuit Lukin.

Grâce à un radar et à des photos par satellite on avait découvert plus de 150 lacs sous-glaciaires sous la calotte de glace de l'Antarctique. Entre-temps ce sont environ 380 lacs qui ont été répertoriés, dont beaucoup sont reliés entre eux par intermittence et c'est cela qui pourrait poser un problème.

« Si l'on introduit quelque chose à un endroit, cela peut se disséminer sous la glace et polluer d'autres lacs », avertit le géophysicien Malte Thoma de l'Institut Alfred Wegener. Le lac Vostok situé à l'est du continent Antarctique est le plus grand des lacs sub-glaciaires connus ; avec 250 km de long et 50 km de large, il est environ 32 fois plus grand que le lac de Constance et profond de plus de 900 m. Le forage entrepris près de la station Vostok a commencé dans les années 1970, alors que l'existence du lac n'était pas encore connue, car à l'origine le but des recherches des scientifiques concernait le paléoclimat. C'est en 1996 qu'une équipe russo-britannique découvrit sous le bouclier de glace un lac qui constitue l'un des plus grands réservoirs d'eau douce de la planète.

Source : PolarNews

Le 6ème continent, cette « autre planète », nous réserve sans doute encore bien des surprises... En attendant on peut découvrir l'Antarctique et les îles sub-antarctiques en toute sécurité à bord des bateaux affrétés par Grandsespaces lors de croisières-expéditions, dont les guides expérimentés vous feront découvrir des paysages à couper le souffle ainsi qu'une faune exceptionnelle.