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Nouvelles du Svalbard et autres brèves polaires, janvier 2013

La faune polaire face au changement climatique

Le changement climatique met la faune du Spitzberg devant un défi. Avec des températures en hausse, les pluies sont plus abondantes et une carapace de glace recouvre la toundra - avec des conséquences pour de nombreux êtres vivants.
Peu d'animaux sont capables de résister à l'hiver glacial dans l'Archipel du Svalbard, comme par exemple le renard polaire, muni d'une épaisse fourrure. Une météo extrême peut perturber la relation proie-chasseur, selon un rapport de chercheurs norvégiens paru dans la revue « Science ».
Il en ressort que le changement climatique pourrait avoir une influence plus forte que prévue sur la faune de l'Arctique. En effet la hausse des températures s'accompagne plus fréquemment d'un phénomène redouté : les fortes pluies gèlent alors sur le sol, formant ainsi une carapace de glace et les herbivores n'accèdent que difficilement à leur nourriture. Les conséquences ont été étudiées en ce qui concerne les rênes et les campagnols.

Rennes du Svalbard, août 2012 Photo : Axel sb ©

Brage Hansen, de l'université de Trondheim, et ses collègues ont exploité les comptages de quatre espèces animales effectués entre 1991 et 2009. La relation prédateur-proie au Spitzberg est assez simple. En hiver il n'y a que 3 espèces de vertébrés qui se nourrissent de plantes : le renne du Svalbard, le lagopède des Alpes et le campagnol, arrivé relativement récemment de l'Europe de l'Est. A cela s'ajoute un prédateur, qui chasse les herbivores ou se jette tel un charognard sur les carcasses : le renard polaire. Il y a aussi les ours polaires qui peuplent l'archipel, mais ceux-ci ne jouent pas un rôle significatif dans le réseau alimentaire, car ils se nourrissent surtout de phoques.
Pendant leurs analyses les chercheurs ont constaté que les fluctuations chez les animaux étudiés se déroulent souvent de façon synchrone. Lors des hivers où se forme cette carapace de glace à cause de la pluie, les populations de rennes, de lagopèdes et de campagnols régressent fortement et restent faibles l'hiver suivant. Quant à la population de renards polaires, elle évolue avec une année de décalage. En effet ces prédateurs peuvent, lors d'un hiver rigoureux, se repaître des carcasses de rennes et ce n'est que l'année suivante, quand les réserves végétales des herbivores ont diminué, que les renards souffrent de la faim.
Jusqu'à présent l'incidence des conditions météorologiques extrêmes se faisait sentir la plupart du temps sur des espèces isolées, mais n'avait pas été démontrée pour les chaînes alimentaires, d'après les chercheurs. Selon Hansen, il faut s'attendre, avec le réchauffement climatique, à une augmentation de ces conditions extrêmes. En font partie, entre autres, les pluies plus abondantes.
Alors que les espèces animales polaires adaptées à la vie dans l'Arctique, comme le renard polaire, auront de plus en plus de problèmes avec le réchauffement de la planète, les espèces subarctiques pourraient au contraire en profiter. Anouschka Hof et ses collègues de l'Université Suédoise d'Umea, faisaient état récemment dans la revue spécialisée « PLOS ONE », de modélisations, selon lesquelles les espèces animales habitant les toundras plus au sud, se propageaient vers les régions nordiques.

Site à consulter

Renard polaire au Spitzberg en août 2012, photo : Axel sb ©

Source : PolarNews /wbr/dpa

Plan de management de l'Est du Svalbard : les propositions du Gouverneur

Le processus engagé maintenant depuis quelques années et très controversé concernant un nouveau plan de gestion pour les grandes réserves naturelles à l'Est du Svalbard, semble vouloir entrer dans sa phase finale : le 9 janvier le Gouverneur a rendues publiques de nouvelles propositions pour un projet de loi. Ce plan de gestion mis au point après de longues discussions internes, publiques et les auditions des différentes parties, a déjà été transmis au Bureau de Gestion de la Nature, au Ministère de l'Environnement à Oslo (DN), qui doit maintenant l'approuver, afin qu'il puisse être présenté au Parlement qui prendra sa décision et enfin être signé par le roi.
Certes l'examen du projet par le Bureau de Gestion est tout sauf une formalité : il y a quelques années l'ensemble du processus s'était arrêté une première fois, car à l'époque le Gouverneur avait rejeté les instructions originelles venant d'Oslo, jugées trop draconiennes et infondées quant aux compétences. En guise de réponse, le Gouverneur à Longyearbyen a du faire face de plus en plus au vent contraire venant de la hiérarchie bureaucratique d'Oslo, qui a précisé à plusieurs reprises qu'elle occupe, dans la procédure législative, une fonction décisive, et que le Gouverneur, lui, occupe plutôt une position de « conseiller »...
Même après son entrée en vigueur, quelques compétences administratives de Longyearbyen seront sans doute transférées à Oslo : le Gouverneur, dont on peut dire quand même qu'il est assez proche de la réalité et de la pratique au Spitzberg, n'est pas assez strict aux yeux de la bureaucratie ministérielle d'Oslo. La dernière version du projet sera décisive quand elle aura franchi la procédure prévue par le Bureau de Gestion. Et là on ne recule pas devant des restrictions draconiennes, qu'importe si celles-ci sont utiles à la nature et à la science, ou pas.
Les propositions qui sont sur la table à présent ne sont guère plus fondées quant aux compétences et relèvent plutôt d'une espèce d'obsession agaçante axée sur les contrôles et les fermetures... ce qui bien sûr ne signifie pas la fin du monde pour ceux qui veulent continuer à visiter les régions isolées du Spitzberg.
A l'Est il est prévu en tout 6 zones différentes, soit ponctuelles soit à grande échelle. Pour toutes ces zones sont valables différentes réglementations (voir carte ci-dessous) :

- zone A (en jaune) : régions de référence pour la science ; tout voyage dans ces régions doit être déclaré auprès du Gouverneur, qui peut exiger des modifications au projet, etc... (ce qui vaut déjà pour l'ensemble des Réserves Naturelles). Remarque : il est probable que le Bureau de Gestion exige que ces projets d'activités dans ces zones passent d'abord par Oslo, et là on peut s'attendre, sur le plan pratique, à une interdiction effective. Ces zones de référence sont vastes et la plupart du temps peu attrayantes d'un point de vue touristique. Les besoins sur le plan scientifique dans de telles régions sont peu clairs et controversés.
- zone B (en orange) : accès interdit du 15 mai au 15 août. Dans la pratique seraient concernées les îles Lågøya et Tusenøyane durant la saison touristique. Une réglementation semblable existait jusqu'à encore aujourd'hui pour les réserves ornithologiques, qui se limitaient assurément aux zones de reproductions ainsi qu'à certaines petites îles. A présent des îles plus grandes ainsi que des archipels entiers tombent sous le coup de l'interdiction saisonnière.
- zone C (points verts) : là sont en vigueur des directives spécifiques aux lieux concernés, comme cela est de plus en plus le cas dans les régions polaires, et en particulier en Antarctique.
- zone D (points rouges) : interdiction d'accès toute l'année pour des espaces relativement restreints, mais qui abritent des sites historiques d'importance. En vigueur depuis 2010.
- zone E (en rouge) : fermeture toute l'année (Terre du Roi Charles). En vigueur depuis longtemps
Il est remarquable que le pouvoir du Gouverneur de décider par décret de fermetures locales dans les Réserves Naturelles en cas de nécessité, compétence jusqu'à présent acquise, devra à présent passer par le Bureau d'Oslo et ainsi déboucher peut-être sur des fermetures d'espaces plus larges.
C'est là le risque d'aboutir à des interdictions d'accès étendues, sans aucune discussion publique, qui accompagne normalement une procédure législative. Il y a donc là une preuve flagrante de la méfiance de la bureaucratie d'Oslo vis-à-vis du Gouverneur. Difficile de comprendre pourquoi ce dernier fait état de ce passage obligé dans son projet et n'a pas laissé ce soin au Bureau de Gestion à Oslo...

D'après le projet, l'île de Lågøya ne sera plus accessible du 15 mai au 15 août.

Source : Spitzbergen.de / Sysselmannen

Les oiseaux marins défient le changement climatique

L'ensemble de la flore et de la faune souffre des effets dus au changement climatique. Toute la faune ? Non, quelques espèces animales s'accommodent manifestement très bien des nouvelles conditions qui évoluent rapidement et voient même leurs conditions de vie s'améliorer. Un petit oiseau marin, obstiné, et qui est capable d'attraper chaque jour jusqu'à 65 000 petits crustacés pour lui et ses jeunes, s'est adapté sans peine aux conséquences du changement climatique dans le Haut-Arctique. C'est ce qu'a découvert une équipe de recherche internationale.
Le mergule nain, l'oiseau marin le plus fréquemment rencontré le long des côtes du Groenland et du Spitzberg, ne montre aucune perte de poids, ni aucun problème de reproduction parmi les 3 colonies étudiées en été, et cela, malgré les températures plus élevées, qui ont modifié les sources alimentaires. C'est à ce résultat surprenant qu'est arrivée une étude scientifique, publiée récemment dans le magazine spécialisé « Marine Ecology Progress ».
Source : PolarNews
Site à consulter (en anglais)

Mergules nains en Baie de la Madeleine, août 2012 (Photo : Axel sb ©)

Traduction et adaptation : Bastien

Mouette ivoire : des coquilles d'?uf plus minces à cause des polluants

Les produits polluants pour l'environnement ont entraîné, chez la mouette ivoire, un amincissement des coquilles de leurs ?ufs, c'est là le résultat d'une étude menée par les scientifiques de l'Institut Polaire Norvégien, de l'Institut Russe pour la Recherche en Arctique et Antarctique, et d'autres centres de recherches. Des prélèvements ayant été effectués en 2007 au Spitzberg et dans l'Arctique Russe, la comparaison avec les données du début du 20ème siècle, indique que les coquilles ont perdu jusqu'à 17 % de leur épaisseur.
Les polluants persistants comme les PCB et le DDT s'accumulent dans la chaîne alimentaire, au bout de la quelle on trouvera entre autres la mouette ivoire et l'amincissement des coquilles d'?uf est imputable avant tout au DDT. Son utilisation fut progressivement interdite dans les années 1970 et aujourd'hui on ne sert qu'exceptionnellement et de façon légale, pour combattre des épidémies comme celle de la malaria. Après la suppression du DDT en Norvège, les coquilles d'?uf des oiseaux marins et de proie ont finalement retrouvé leur épaisseur normale.

Mouettes ivoires au Svalbard, août 2012. Photo : Axel sb ©

Source : Spitzbergen.de / Institut Polaire Norvégien

Les incendies de toundra accélèrent la fonte des glaces

Des photos prises par satellites ont, pour la première fois, fourni la preuve directe d'une dérive des fumées d'incendies de toundra au-dessus de la calotte glaciaire groenlandaise. Ces fumées recouvrent la glace de suie, la faisant ainsi fondre plus rapidement au soleil. Lors du récent meeting de la Société Américaine de Géophysique, un chercheur de l'Université de l'Ohio, a présenté des images du satellite CALIPSO (Cloud-Aerosol Lidar and Infrared Pathfinder Satellite Obervation), qui avait photographié ces fumées au-dessus du Groenland pendant l'été 2012.

Incendie de toundra en Alaska.

Source : PolarNews / esciencenews

Pourquoi la banquise antarctique augmente

Pour la première fois, des scientifiques de la NASA et du BAS (British Antarctic Survey) ont enregistré des preuves directes montrant que les modifications observées en raison du changement du régime des vents, sont responsables de l'expansion annoncée de la banquise antarctique pendant ces 20 dernières années.

Suite au changement de régime des vents, la banquise antarctique augmente.

Les résultats de cette étude peuvent aider à expliquer pourquoi la glace de mer en Antarctique a augmenté sous les effets du changement climatique, au lieu de fondre, comme c'est le cas en Arctique.
Durant ces dernières décennies, le changement climatique a eu des effets contradictoires sur l'Antarctique. La Péninsule Antarctique s'est réchauffée plus fortement que n'importe qu'elle autre région de l'hémisphère sud, alors que la partie orientale n'enregistrait pratiquement aucun changement, à part un léger refroidissement le long de la côte. Cette nouvelle étude améliore la compréhension des changements climatiques présentes et à venir. Les auteurs ajoutent qu'il est très important de faire la distinction entre l'inlandsis antarctique, de la glace de glacier qui perd en volume, et la banquise antarctique, de la glace de mer, qui est en expansion.

Source : PolarNews / NASA

L'Arctique dans le collimateur des services secrets

Les années passées la ruée vers les gisements de matières premières en Arctique s'est accélérée, et les états riverains se sont efforcés avec zèle de consolider leurs positions dans le Grand Nord. Cela a conduit à une augmentation des activités d'espionnage dans ces régions, comme le rapportent de façon unanime les services secrets danois et norvégiens... « Les services de renseignements étrangers se concentrent de plus en plus sur l'Arctique », déclare Jacoblar Scharf, le patron des services secrets danois (le PET), au journal « Berlinske ». Martin Bernsen, des services secrets norvégiens (le PST), est d'accord avec son collègue : « Nous constatons que quelques pays cherchent activement à prendre pied dans le Grand Nord », confiait-il fin octobre 2012 au quotidien « Aftenposten ». Selon lui, la Norvège, en raison de sa situation géographique, de ses ressources énergétiques et de sa haute technologie, est « un objectif très intéressant »pour l'espionnage.

Espionnage aérien : un F-22 américain en train d'intercepter un Tupolev TU-95 russe devant les côtes de l'Alaska.

L'intérêt porté aux régions polaires concerne les énormes gisements de gaz et de pétrole, ainsi que les droits de passage à travers les routes maritimes du Nord-Ouest et du Nord-Est. Dans le but de faire simplement acte de présence, on rencontre même dans l'Arctique de plus en plus de pays qui ne sont pas des états riverains, comme la Chine.
L'intérêt des services de renseignements étrangers ne s'adresse pas seulement aux processus politiques, ce sont en particulier les firmes spécialises dans le développement et la recherche qui constituent les objectifs de l'espionnage économique, comme le confirmait Kristine Beitland, du Conseil de Sécurité Économique norvégien. En fait, les inquiétudes valent surtout pour les entreprises gazières, pétrolières et celles issues des branches maritimes.

Source : PolarNews

Environnement : de nouveaux polluants découverts

On a révélé au Spitzberg l'existence de « nouveaux » polluants pour l'environnement, dont les effets sont pour le moment inconnus. Il s'agit des siloxanes, très répandus dans le produits cosmétiques comme les déodorants. Ces substances deviennent vite volatiles et sont transportées loin par les courants aériens, ce qui est déjà une raison en soi de s'inquiéter, car les siloxanes peuvent parvenir jusqu'aux les régions les plus reculées de l'Arctique. A la différence des PCB et autres polluants connus, ils ne sont pas absorbés aussi vite dans le sol et les eaux souterraines pour passer ensuite dans la chaîne alimentaire ; en effet, ils ont une durée de présence plus longue dans l'atmosphère. On peut se demander si cela est bien ou pas, mais quoi qu'il en soit, la possibilité de dégradation naturelle est bien là, celle qui a lieu en été, sous l'influence de la lumière solaire. Avec environ 1 nanogramme par mètre cube d'air la concentration semble très faible, mais est néanmoins jusqu'à 1000 fois supérieure à celle des PCB, qui eux, ont des répercussions négatives importantes sur certains animaux, parmi lesquels les ours polaires et les goélands bourgmestres. La mise en évidence des siloxanes est très difficile de par la méthode et, pour cette raison, n'est apparue que récemment dans les prélèvements qui ont été faits dans l'atmosphère polaire sur le Zeppelinfjellet près de Ny Ålesund.

La station située sur le Zeppelinfjellet au Spitzberg.

Source : Spitzbergen.de / Forskning.no

Traduction et adaptation : Bastien