Introduction au Svalbard ou Spitzberg
    
    Le Spitzberg en détail et guide pratique
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L'HISTOIRE DU SVALBARD


Vivre au Svalbard

Alors que le Svalbard a été habité par des hommes de diverses nationalités, seuls les Norvégiens, les Russes et dans une moindre mesure les Polonais y maintiennent une activité permanente.
Les agglomérations sont reliées par pistes pour motoneige ou éventuellement par bateaux, avions ou hélicoptères : Longyearbyen, la « capitale », siège de l'administration norvégienne avec son « gouverneur » (Sysselmann), avec son aéroport et son université polaire, Sveagruva, actuellement le centre de l'activité minière norvégienne, Barentsburg, la seule cité minière russe encore en activité ; à cela s'ajoute le village scientifique international de Ny Ålesund, qui accueille jusqu'à 20 équipes de nationalités différentes et dont l'Institut Polaire Norvégien a fait un centre international de recherche de haut niveau, sans oublier la station Isfjord Radio, automatique depuis 1999, près du Kapp Linné dans l'Isfjord, les stations météorologiques habitées en permanence sur les îles Hopen, Bjørnøya et Jan Mayen (qui ne fait pas partie du Svalbard) ainsi que la base polonaise de Hornsund.

Au Svalbard, conformément au Traité de 1920 (appelé aussi Traité de Paris), plusieurs pays déploient des activités de recherches en biologie, géophysique, géologie, glaciologie ou histoire. Comme la Norvège, la Russie, la Pologne, l'Allemagne ou l'Angleterre, la France, représentée par l'Institut Polaire Paul-Émile Victor (IPEV)dispose de deux bases scientifiques sur l'archipel : la base « Charles Rabot » implantée à Ny Ålesund même, et, à 5 kilomètres au sud-est, la base « Jean Corbel », chacune pouvant accueillir une dizaine de scientifiques pendant les mois d'été.

L'Équipe au complet. Cette photo est extraite du livre de Charles Pierre Péguy,
« Ces montagnes qui flottent sur la mer » (Arthaud 1969).
Cette photo a été tirée par Jean Corbel, chef de mission.

Dans les années 70, Longyearbyen commença à évoluer : de cité minière, elle devint peu à peu un centre de prestations de services. À côté du musée, de l'université, de la bibliothèque, de la piscine, du gymnase, de l'hôpital, de l'école et des jardins d'enfants, l'agglomération dispose maintenant de plusieurs supermarchés, de magasins divers, d'une galerie d'art, d'hôtels et de restaurants ainsi que de différents Tour Operators avec une infrastructure touristique bien développée. Le tourisme, la science, l'administration et indirectement l'exploitation minière sont les piliers les plus importants de l'économie.
De par sa situation proche du Pôle, le Spitzberg est une place favorable pour la réception de signaux venant de satellites circulant sur une orbite polaire ; c'est ainsi que, sur le plateau à côté de l'aéroport, la station SVALSAT possède un parc d'antennes offrant ses services aux opérateurs de satellites internationaux. En 2004 un câble en fibres optiques fut posé entre Longyearbyen et le continent, permettant ainsi une transmission rapide d'un grand nombre de données par internet.

Du fait de l'isolement, la vie s'organise un peu en milieu fermé : tous les services sont sur place. De nombreux clubs et sections sportives existent et sont très actives, même si le nombre de participants n'est pas très élevé. D'autres associations ont un but plus social : représentation locale de syndicats professionnels et ouvriers, section de secours de la Croix-Rouge. En dehors des heures de travail, la vie sociale est peu visible de l'extérieur, néanmoins les activités de plein air sont fréquentes : l'hiver et surtout le printemps, ce sera une sortie en motoneige pour passer le week-end dans une « résidence secondaire », une petite maison en bois à l'écart de la ville (il y en a plus d'une centaine).
L'été, le bateau remplace la motoneige mais dans une moindre mesure. Un petit port de plaisance a été ouvert récemment.

Les raisons qui poussent les travailleurs à venir s'installer, pour ne pas dire s'exiler dans ce pays « à la marge du monde » sont diverses ; une des plus fréquentes est l'appât du gain : les salaires sont plus élevés que sur le continent, les impôts et taxes sont moins importants alors que le coût de la vie n'est guère plus élevé. De plus les avantages sociaux sont loin d'être négligeables : 6 à 7 semaines de vacances et la retraite accordée après trente années de travail.
Les contrats de travail sont de trois ans (deux ans pour les Russes). Alors que les fonctionnaires (police, hôpital, école...) ne peuvent pas rester plus de cinq ans, les employés de la mine peuvent prolonger leur contrat aussi longtemps qu'ils le veulent ; certains résident au Svalbard depuis plus de vingt ans.

Auparavant, Longyearbyen était une ville-compagnie au mode de vie particulier : isolement hivernal, très forte majorité d'hommes, travail en trois-huit, 6 jours par semaine. L'ouverture de l'aéroport a déclenché le processus de « normalisation ». Sous ce terme se cache le fait que la ville évolue vers une situation comparable à celle des autres villes de Norvège : facilité de communication (avion, télécommunications, journaux, télévision), sédentarisation avec femmes et enfants, encouragement à l'initiative privée (une quarantaine de firmes et institutions représentées), établissement d'une démocratie locale, ouverture au tourisme.
Cette évolution est suivie de près par les autorités qui ajustent la réglementation en conséquence.
Avec une croissance de la population de 4% par an la construction de nouveaux logements était devenue un problème, car dans le passé la plupart des habitations étaient destinées aux mineurs et aux employés. Ce n'est que durant ces toutes dernières années qu'on a construit des maisons pour la propriété privée.

Les chevalements de transport du charbon, à Longyearbyen

Les conditions d'exploitation du charbon sont assez particulières au Svalbard, et ce pour plusieurs raisons. Les veines sont dans la partie du sous-sol gelée en permanence : il fait -4°C en moyenne dans les galeries et, de ce fait, il n'y a pas d'infiltration d'eau et la roche mère est solide. Les couches étant en altitude et horizontales, il n'y a pas de puits à creuser ni de chevalet pour évacuer le charbon. En revanche, ce qui augmente les difficultés et rend l'extraction particulièrement fatigante, c'est la faible épaisseur des couches (maximum 1,40 mètre), qui oblige les mineurs à travailler dans des positions difficiles : à genoux voire allongés.
À Longyearbyen, 7 mines ont été ouvertes au fil du temps, souvent à flanc de montagne, et chacune porte un numéro correspondant à l'éloignement de la ville : on parle de la mine 1, 2, 3, etc. La plus ancienne, située au-dessus de l'église, date de 1906 et a cessé d'être exploitée en 1920. D'autres ont été fermées depuis la guerre. La mine 3, dont l'exploitation a cessé en 1997, est aujourd'hui un musée et un site culturel ; dans une galerie de cette mine, une banque de gènes végétaux (Global Seed Vault) a été établie en 1984 par Nordiska Genebanken et l'université agricole de Norvège. C'était le premier dépôt mondial de gènes dans le permafrost. Au début il contenait 5 000 spécimens de semences végétales stockés dans un container d'acier à -3,7 °C. Ce dépôt est considéré à l'abri des catastrophes naturelles ou nucléaires. Depuis son ouverture officielle en février 2008, on a emmagasiné dans cette chambre forte et froide plus de 430 000 graines originaires du monde entier. Le but étant de protéger les plantes les plus importantes pour les ressources alimentaires et agricoles de notre planète.

Rails et traverses de mine désaffectée

La mine n°7, la seule en exploitation près de Longyearbyen et dont la moitié de la production est utilisée par la centrale « Longyear Energiverk », est déficitaire avec un avenir incertain.
À l'exploitation de la mine s'ajoutent en outre les charges pour l'entretien de la ville. La société SNSK est subventionnée par l'État norvégien, le principal actionnaire, qui paye donc le prix fort afin de maintenir sa position face aux Russes...
Auparavant, le charbon était évacué par un transporteur à câbles qui a fonctionné jusqu'en 1987 (capacité de 180 bennes de 700 kg par heure). Un court tronçon est maintenu en état au-dessus de l'usine électrique pour des raisons historiques. Depuis, des camions d'une capacité de 70 tonnes assurent le convoyage jusqu'à la station de tri, près du terminal charbonnier. La production est en partie destinée à l'exportation vers l'Europe.
L'évacuation se fait par bateau de juin à novembre. Le reste de l'année, le charbon est stocké en plein air près des quais de chargement. Le vent emporte de la poussière noire à des distances importantes, la neige est grise dans un rayon de plus d'un kilomètre et à Ny Ålesund, distante de près de cent kilomètres, la principale pollution atmosphérique est la poussière de charbon...
Sur la montagne, au-dessus de la mine n°7, a été installé grâce au projet de coopération internationale EISCAT un parc d'antennes pour la recherche sur les couches supérieures de l'atmosphère et les aurores boréales.
L'exploitation de la houille est de nos jours concentrée dans une mine nouvellement ouverte à Sveagruva, petite ville située à 60 km au sud de Longyearbyen. Un gisement riche et du matériel ultra moderne font de « Svea Nord » la mine la mieux exploitée du Nord de l'Europe, mais il est prévu qu'elle ferme en 2014.
Par contre on projette l'ouverture d'une nouvelle mine au Nord-Ouest de Sveagruva. En effet d'importants travaux de prospection y ont été menés et des réserves de charbon d'environ 60 millions de tonnes ont été repérées dans deux couches de 2 mètres et 3,80 mètres d'épaisseur, soit presque le triple de ce qui a été produit depuis le début du siècle.

Sources : L'Arctique et l'environnement boréal (Collection Autrement dit, CNDP).
En voyage au Spitzberg, Terre Polaire (C. Kempf).
Spitzbergen (A. Umbreit).
Spitzbergen - Svalbard (R. Stange)
Svalbard-Spitzbergen Guide (Pål Hermansen)

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