Introduction au Svalbard ou Spitzberg
    
    Le Spitzberg en détail et guide pratique
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L'HISTOIRE DU SVALBARD


Le traité du Svalbard

C'est dans le contexte des accords de paix à la fin de la Première Guerre Mondiale (Traité de Versailles) que la question de la souveraineté redevient de première importance. Déjà, en 1875, Nordenskjöld avait proposé d'attribuer l'archipel à la Norvège. Les Russes avaient opposé un refus catégorique et on en était resté là. Après trois tentatives infructueuses avant la guerre de 1914-1918 (conférences d'Oslo entre la Suède, la Russie et la Norvège, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Allemagne en 1910, 1912 et 1914), les négociations seront interrompues par la Première Guerre Mondiale et reprendront en 1920 à Sèvres près de Paris (sans les Allemands qui ont perdu la guerre ni les Russes occupés avec la révolution) et le traité est signé le 9 février 1920 par neuf pays : il attribue l'archipel à la Norvège. Il sera ratifié et entrera en vigueur le 14 août 1925. D'autres pays le signent par la suite, il y en a 42 actuellement.
Bien que le Svalbard fasse partie intégrante du royaume de Norvège, tous les pays signataires peuvent y exercer une activité économique ou scientifique, moyennant le respect de la législation en vigueur, à l'exclusion de toute activité militaire ou stratégique.
Les dix articles du traité stipulent en particulier :

  • la reconnaissance de la souveraineté absolue et complète du royaume de Norvège sur l'archipel et l'Île aux Ours ;
  • des droits de pêches et de chasse égaux pour les ressortissants des pays signataires, tant à terre que dans les eaux territoriales ;
  • un droit d'accès et d'exploitation pour les ressortissants des pays signataires ;
  • l'interdiction de monopole et de taxe d'exportation ;
  • l'interdiction d'installer des bases navales, de bâtir des fortifications ou d'utiliser le territoire à des fins militaires ;
  • la nécessité d'y implanter une station internationale de météorologie.

Svalbard : Pendant la seconde guerre mondiale

L'occupation de la Norvège par les troupes allemandes en avril 1940 n'a pas de conséquences directes sur les activités minières du Svalbard, car les besoins en charbon restent élevés, et, pendant un temps, l'importance stratégique de l'archipel demeure modeste. Mais tout change lorsque, en juillet 1941, l'Allemagne attaque l'Union Soviétique. Très vite, les Soviétiques proposent aux Anglais d'occuper l'archipel, ce que refuse le gouvernement norvégien en exil, arguant de l'article 9 du traité y interdisant toute activité militaire.
Or, le charbon du Svalbard sert à l'Allemagne à des fins de guerre. Les Britanniques choisissent alors d'évacuer les habitants de certaines villes (en août, 1955 Russes vers Arkhangelsk et 765 Norvégiens vers la Grande-Bretagne) et de saboter les installations (destructions des réserves de charbon, de pétrole...), laissant le champ libre aux Allemands qui y installent plusieurs stations météos, dont les informations sont capitales pour attaquer les convois en route vers Mourmansk et Arkhangelsk ; certaines passeront l'hiver 1941-42 comme les stations « Bansö » (Adventdalen) et « Knospe » (Signehamna dans le Krossfjord). Des troupes norvégiennes interviennent alors pour les détruire en 1942 : les Allemands fuient Longyearbyen sans combattre. Un contingent de volontaires norvégiens resta stationné pour le sabotage des stations météo nazies essentielles à la chasse des convois de Mourmansk. Mais l'année suivante, en septembre 1943, deux torpilleurs, le Tirpitz et le Scharnhorst ainsi que neuf destroyers bombardent et rasent Longyearbyen, Barentsburg et Grumantbyen (aujourd'hui abandonnée). Mais les raids norvégiens continuèrent et par ailleurs les deux bâtiments allaient bientôt être coulés par la Royal Navy. Il restera quelques stations météorologiques en service jusqu'à la fin de la « guerre météo » comme celle de « Haudegen » sur Nordaustland, évacuée seulement en septembre 1945 et encore bien conservée ; les restes d'autres stations (Reinsdyrflya, Björnhamna, Ebeltofthamna) sont toujours visibles aujourd'hui.
En 1944, les Soviétiques, par la voix de leur ministre des Affaires étrangères, Molotov, font une proposition inattendue visant à éviter l'encerclement - réel ou imaginaire - de leur pays : que le Svalbard soit dirigé par un condominium et que l'Île aux Ours redevienne russe « comme auparavant ». Discussions et explications à propos du rôle de l'archipel pendant la guerre s'engagent, mais, quoi qu'il en soit, avec le début de la guerre froide, l'importance du Svalbard décline et l'affaire tombe l'oubli d'autant plus qu'en 1947 le parlement norvégien s'était prononcé à une grande majorité contre une modification du Traité.
Les implantations, en partie détruites, retrouveront bientôt un nouveau visage et les Norvégiens comme les Soviétiques vont rénover leurs installations respectives et reprendre rapidement l'exploitation minière.

Svalbard : L'après-guerre

Tout d'abord les villes sont reconstruites et dès 1948, la production de charbon reprend ses niveaux d'avant-guerre (420 000 tonnes). Les Russes en profitent pour moderniser complètement Pyramiden.
En 1949, la Norvège devient membre de l'OTAN, ce qui n'altère pas la neutralité du Svalbard. Mais, du point de vue soviétique, tout change lorsque, l'année suivante, l'OTAN élargit ses vues sur une aire comprenant l'île Jan Mayen et le Svalbard, maintenant toutefois l'exclusion de toute installation de défense sur l'archipel arctique. L'affaire est classée après quelques échanges de notes diplomatiques.
Puis les rapports se tendent à nouveau en 1958-59 entre la Norvège et l'Union Soviétique, quand émerge l'idée d'établir un aéroport à Ny Ålesund. Le premier vol a lieu le 9 février 1958 pour évacuer un malade. Ensuite, de façon épisodique, un avion vient se poser sur une piste en terre dans l'Adventdalen.
Puis, de nouveaux échanges diplomatiques ont lieu entre les deux pays en 1964, à propos de la création, également à Ny Ålesund, d'une station de réception pour les satellites de l'Organisation Spatiale Européenne (ESRO) ; mais cette fois la station est installée et utilisée jusqu'en 1974. Ces anicroches seront de simples échanges de courriers entre la Norvège et l'URSS ; rien n'est visible sur le terrain.
Jusqu'en 1975, l'accès au Svalbard se fait principalement par bateau. L'isolement hivernal est bien réel. Le projet de création d'un aéroport à Longyearbyen donne encore l'occasion d'un conflit russo-norvégien. Un accord en donne la totale gestion aux Norvégiens mais permet aux avions de l'Aeroflot de l'utiliser.
L'ouverture de l'aéroport cette année-là a permis l'accès du grand public et a changé le mode de vie des résidents, qui sont devenus dépendants d'un ravitaillement régulier. Cette ligne (la plus proche du Pôle Nord) doit être maintenue pour alimenter en vivres frais la population locale.
Au Spitzberg, les « temps modernes » sont surtout marqués par la rénovation et l'agrandissement de Longyearbyen, processus accéléré ces dernières années avec l'ouverture au tourisme, que ce soit côté norvégien ou russe.

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