Introduction au Svalbard ou Spitzberg
    
    Le Spitzberg en détail et guide pratique
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La Côte est et le Storfjord, Spitzberg -

Heleysund, Straumsland, Negribreen

Généralités

La côte Est du Spitzberg est marquée par de nombreux glaciers dont le plus impressionnant est le Negribreen. Des baies englacées alternent : avec des falaises riches en oiseaux marins. L'ours blanc fréquente cette côte très régulièrement.
Ce n'est qu'en 1858 que fut découvert le détroit de Heleysund qui sépare l'île principale du Spitzbergen de l'île de Barents (Barentsøya), mais jusqu'au 19ème siècle on pensait que cette dernière en faisait partie ; large de 600 m, la navigation y est difficile en raison des forts courants de marée qui génèrent des tourbillons impressionnants. Le franchissement se complique si des glaces dérivantes encombrent le détroit. Au sud, la partie voisine du Storfjord, nommée Ginevrabotnen, est moins profonde mais peu sondée, donc peu fréquentée par les bateaux de croisière. Par le glacier Negribreen descendent des masses de glaces issues des calottes polaires de la région Olaf V Land, jusqu'au Storfjord. Ce dernier fut autrefois un lieu de chasse intensive pour les baleiniers, et il héberge chaque mois de mai et juin des milliers de phoques du Groenland nés sur la banquise en Mer Blanche en Russie et achevant leur mue sur les plaques de banquise dérivantes.

Toponymie

Backlundbreen : d'après Helde Götrik Backlund (1878-1974), géologue suédois. Participa à l'expédition de mesure de l'arc de méridien. Première ascension du Newtontoppen en 1900.
Diabastangen : « la presqu'île de Diabas » (diabase = hypérite)
Einhyrningbukta : la « Baie de la licorne » sans doute d'après un bateau hollandais « Eenhorn ».
Ginevrabotnen : d'après le « Ginevra », yacht de James Lamont (1859).
Heleysund : d'après William Heley, fonctionnaire de la Moscovy Company, le premier à franchir le détroit en 1617.
Kükenthaløya : d'après Willy G. Kükenthal (1861-19922), zoologue allemand, au Spitzberg en 1886 et 1889.
Kvalrossøya : « l'île aux morses ».
Lamontbukta : d'après James Lamont, aventurier anglais, au Spitzberg en 1858 et 1859.
Negribreen : d'après le géographe italien Christoforo Negri (1809-1896), fondateur et président d'une société de géographes italienne en 1867, qu'il présida pendant 5 ans.
Ormholet : « le trou du ver ».
Sonklarbreen : d'après Karl Albrecht Sonklar (1816-1885), géographe autrichien ; nom attribué par Heuglin et Petermann.
Straumsland : « la région des courants ».

Paysage

L'enchevêtrement d'îles et de détroits autour du Heleysund ne manque pas d'intérêt tout en offrant un beau passage. Au nord dans le Straumsland se présente une belle toundra et une petite baie offre un joli port naturel aux petits bateaux. Le paysage est marqué par les colonnes de basalte et depuis les falaises on a une belle vue sur le Heleysund. À l'ouest s'ouvre avec le Ginevrabotnen la partie nord du Storfjord. De la partie intérieure englacée descendent les grands glaciers Sonklarbreen et Backlundbreen jusqu'à la mer.
La côte nord du Storfjord est dominée par plusieurs grands glaciers, parmi lesquels le Negribreen est le plus imposant avec ses 40 km de long. Au milieu du 20ème siècle le front de glace avançait sur quelques kilomètres de plus dans le Storfjord et il était deux fois plus large. Il s'en détache de gros icebergs parfois tabulaires. En 1936 le glacier avança de 12 km en un an, recouvrant l'île Kvalrossøya ; son retrait dans les années 1950-1960 laissa l'île à nouveau libre de glace. Le long de la côte ouest du Storfjord, longue de 250 km, on compte environ 24 glaciers arrivant jusqu'au fjord.
Les montagnes près de la côte atteignent au maximum 650 m et ont souvent la forme caractéristique de plateaux avec des sédiments horizontaux. Cette côte, la partie Est de l'île principale du Spitzberg, est rarement visitée par les croisières-expéditions. La partie Sud est particulièrement englacée, contrairement à celle du Nord qui présente de vastes étendues libres de glace.

Faune et flore

Dans le domaine de la biologie le détroit de Heley est certainement la région la plus intéressante, en effet les forts courants y génèrent des eaux riches en substances nutritives. Dans les falaises environnantes nichent principalement des guillemots à miroir et des mouettes tridactyles. L'ours polaire est régulier sur les rives où il trouve des proies faciles.
Le Straumsland est une région de toundra riche avec une végétation dense et des zones marécageuses. On y voit souvent des rennes, des renards polaires et des oiseaux typiques de la toundra.

Histoire

Cette région, plutôt rarement visitée dans passé, seulement par les baleiniers norvégiens ou russes il y a 3 ou 4 siècles, possède peu de traces d'activité humaine.
Le Heleysund porte le nom de Heley, responsable en 1617 pour le Spitzberg de la flotte baleinière de la Compagnie de Moscovie. Mais c'est probablement le trappeur norvégien J. Nilsen qui le parcourut le premier en 1858, suivi de près par l'explorateur Lamont en 1859 qui fait état de courants de marée extrêmement violents. Nordenskjöld le vit en 1864 et l'appela Helis-Sund. En août 1897, c'est un autre aventurier anglais, Arnold Pike, qui emprunta le passage avec le « Victoria », décrivant aussi les dangereux courants.
Quant aux expéditions scientifiques, citons celle du « Helgoland », commandé par le capitaine Rüdiger avec à son bord l'explorateur l'Allemand Theodor Lerner en 1898, et celle, russo-suédoise pour la mesure d'arc de méridien, qui ont travaillé dans la région.

Mohnbukta, Dunérbukta, Agardhbukta

Généralités

Cette partie de la côte Est, surtout la Mohnbukta, est fréquemment visitée en hiver car elle offre des possibilités de belles randonnées en scooter des neiges, à ski ou en traîneau à chiens. Les deux autres baies, Agardhbukta et Dunerbukta, sont accessibles à pied depuis Longyearbyen à travers un corridor formé de larges vallées libres de glace. Pour les bateaux les baies sont peu favorables aux débarquements, car en partie non sondées et l'Agardhbukta, appelée autrefois « Foul Bay », présente aussi des hauts-fonds par endroits.

Toponymie

Agardh : d'après Jacob Georg Agardh (1813-1901), botaniste suédois.
Dunerbukta : d'après Nils Christopher Duner (1839-1914), astronome suédois et explorateur polaire ; participa à l'expédition de Otto Torell (1861) et Nordenskjöld (1864).
Elfenbeinbreen : le « glacier d'ivoire », nommé ainsi par Conway en raison de sa couleur.
Hayesbreen : d'après Isaac Israel Hayes (1832-1881), explorateur polaire américain.
Mohnbukta : d'après Henrik Mohn (1835-1916), météorologue norvégien.
Ulvebreen : d'après Erik Andreas Ulve (1833-1896), capitaine norvégien, navigua entre autres avec Benjamin Leigh Smith.
Usherbreen : d'après Thomas Leslie Usher, mécène de l'explorateur écossais Bruce.
Wichebukta : d'après Richard Wiche (ou Wyche) (1554-1621), commerçant londonien, membre du comité qui envoya l'expédition baleinière de Edge au Spitzberg en 1617.

Paysage

La Baie d'Agardh, large de 8 km, se trouve à l'Est d'une région peu englacée du Spitzberg central et l'Agardhdalen est la seule grande vallée libre de glace de la côte Est. Elle est le but des trekkings traversant l'île du Spitzberg depuis Longyearbyen. Le campement doit être protégé contre les ours blancs qui sont réguliers sur ce site parsemé de nombreux fossiles, comme à Belemnittsletta.
Vers le Nord on trouve des baies plus fortement englacées : la Dunerbukta, où débouche le glacier Ulvebreen avec son front de glace descendant jusqu'au Storfjord, et la Mohnbukta avec deux glaciers, le Hayesbreen avec front de glace, et le Usherbreen qui n'arrive pas jusq'au fjord, mais connut une poussée, un « surge » en 1978 en créant une série de moraines terminales impressionnantes.
Autour des glaciers des 2 baies s'étendent de larges paysages morainiques qui témoignent des dimensions de l'écoulement glaciaire au début du 20ème siècle.

Faune et flore

Dans les vallées protégées, où la toundra est dense et riche, prospère la dryas octopétale. Le saule arctique occupe de vastes espaces et la linaigrette les zones humides. En revanche les versants exposés, dans les zones de moraines et de solifluction, offrent un paysage de désert lunaire. Cette côte Est est fréquentée par les amateurs de trekking expérimentés, qui la rejoignent depuis Longyearbyen en 10 ou 15 jours, mais elle est aussi par les ours polaires...

Histoire

C'est l'anglais Martin Conway qui, en 1896, effectua la première traversée du Nordenskjöld Land, franchissant les vallées libres de glace jusqu'à l'Agardhbukta. En 1909 quelques trappeurs norvégiens firent, involontairement, le chemin en sens inverse, en revenant du Kong Karls Land pour rentrer à leur base. Entre 1908 et 1939 la région fut le théâtre de plusieurs hivernages, dont celui d'un suédois en 1920-21, qui, ne trouvant pas de hutte dans l'Agardhbukta, dut passer l'hiver sous un bateau retourné... En 1928 Georg Bjørnes bâtit une hutte dans la Dunerbukta et une autre, secondaire celle-là, dans la Mohnbukta. Plus tard la côte ouest du Storfjord fut le terrain de chasse du trappeur légendaire Hilmar Nøis qui partageait avec sa femme Helfried une hutte confortable dans le Sassendalen et partait vers le Storfjord en traîneau à chiens pour y chasser l'ours polaire. Ils purent utiliser une hutte à Agardhbukta datant probablement de 1936 ; dans cette même baie se trouvent aujourd'hui deux huttes (fermées), l'une appartenant au Gouverneur et l'autre à une association de Longyearbyen.

Kvalvågen, Boltodden

Généralités

À la fin de l'hiver, la région est accessible en motoneige. Depuis la cité minière de Sveagruva dans le Van Mijenfjord les résidents apprécient cette traversée vers Kvalvågen sur la côte Est. Les bateaux de croisière ne visitent que rarement cette partie de la côte car il n'y a pas d'endroits vraiment protégés et propices au débarquement, à part peut-être sur la partie Est de Boltodden, par mer calme. À Boltodden on a découvert des empreintes de dinosaures, longues de 30 cm sur un rocher près de la côte non loin de la hutte située au Sud. Ce sont celles d'un saurien carnivore, probablement d'un allosaure.

Toponymie

Boltodden : « la pointe du boulon », d'après un boulon de cuivre déposé ici comme marquage topographique par le norvégien Wilhelm Solheim qui travailla pour l'Institut Polaire de 1918 à 1960.
Kvalvågen : « la baie de la baleine ».
Sporodden : « la pointe de l'empreinte »
Strongbreen : d'après Frederick Ketelbey Strong (1878-1932), Consul à Athènes pour le Hanovre et la Bavière. Nom attribué par son ami le géographe allemand Petermann.

Paysage

Le grand glacier Strongbreen a fortement reculé, laissant derrière lui de grands paysages morainiques typiques de la côte Est. Boltodden offre un paysage côtier rocheux et à Sporodden les falaises de grès érodées dévoilent de belles aiguilles et des colonnes en forme de champignons. La vallée Kvalhovddalen est libre de glace, une exception sur la partie sud-est de la côte, et la petite montagne Kvalhovden attire avec un panorama grandiose.

Faune et flore

Le site de Boltodden présente, sur une toundra sèche, une accumulation de silènes acaules.

Histoire

Elle est marquée par le malheureux hivernage de deux trappeurs en 1909-1910 à Kvalvågen ; effet les prises furent dérisoires et la hutte mal isolée, ce qui conduisit à des gelures et amputations d'orteils... Le bateau qui devait les récupérer au printemps les avait apparemment oubliés et ils durent rentrer en barque en contournant le Cap Sud pour rejoindre le Grønfjord, au terme de 18 jours de navigation. De la hutte de 1909 il ne reste plus grand chose ; par contre, à Boltodden se trouvent encore 2 huttes, dont l'une fut construite probablement en 1924 par la société minière anglaise NEC (Northern Exploration Company), la deuxième ayant servi d'abri à des géologues en 1970.

Emil'Janovbreen, Hambergbukta, Daudbjørnpynten

Généralités

Cette bande côtière du sud-est du Spitzberg est peu accessible, trop éloignée de Longyearbyen pour une traversée, sauf peut-être pour une randonnée-expédition à ski, et ne présente pratiquement aucune baie propice à un débarquement, excepté pour de petits bateaux, bref c'est l'une des régions les moins visitées de l'île principale de l'archipel, mais elle reste néanmoins un spectacle impressionnant pour les passagers des bateaux de croisières passant au large.

Toponymie

Daudbjørnpynten : la « pointe de l'ours mort ».
Davislaguna : D'après F.L. Davis, directeur de la Northern Exploration Company.
Emil'janovbreen : d'après Peter Pavlovich Emil'janov, participant en 1901 à l'expédition de mesure de l'arc du méridien.
Hambergbukta : d'après Axel Hamberg (1863-1933), explorateur polaire suédois.
Hedgehogfjellet : la « montagne du hérisson », ancien nom du Hornsundtind du à son sommet pointu.

Paysage

Cette bande côtière peu attractive est bordée de montagnes hautes de 300 à 600 m, descendant à pic vers la rive. Celles-ci sont interrompues par des langues glaciaires qui, en se retirant, libèrent de petites baies et des lagunes. Le recul des glaciers est particulièrement important dans la Hambergbukta.

Faune et flore

Au pied du Stellingfjellet se trouve, bien au-dessus de la mer, une grande colonie de guillemots de Brünnich.

Histoire

Au Sud de la Hambergbukta, sous le Hedgehogfjellet une petite lagune appelée Davislaguna. Elle s'appelait autrefois Davishamna car c'était à l'époque un port naturel bien protégé pour les petits bateaux, si bien que la société de prospection minière NEC envisageait d'y exploiter les gisements de charbon. Une maison y fut construite en 1920 et les gisements furent analysés dans les années suivantes ; jusqu'en 1924 des trappeurs norvégiens ont hiverné ici, tout servant de gardiens des lieux. Par la suite l'entrée de la lagune s'est ensablée, rendant le port naturel inutilisable et la NEC dut changer ses plans.

Kong Karls Land, la Terre du Roi Charles

Généralités

Le Kong Karls Land, d'une superficie totale de 331 km², est un petit groupe d'îles à l'est du Svalbard, séparé de la Terre du Nord-Est par le Détroit Erik Eriksenstretet, large de 75 km, et du Spitzberg, de Barentsøya et de Edgeøya par le Détroit d'Olgastretet, large de 100 km. Les îles principales sont, d'ouest en est, Svenskøya (136 km²), Kongsøya (191 km²), et Abeløya (13 km²). Les autres îles sont Helgolandøya (1,7 km²) et les Tirpitzøya (1,6 km²).
La Terre du Roi Charles fait partie de la Réserve Naturelle du Nord-Est du Svalbard, créée en 1973. Elle est particulièrement importante pour la population régionale d'ours polaires, dont c'est la plus grande zone de reproduction.

Toponymie

Abeløya : d'après Nils Henrik Abel (1802-1829), mathématicien norvégien.
Erik Eriksenstretet : d'après Erik Eriksen (1820-88), skipper norvégien, qui redécouvrit l'archipel en 1853 et y aborda en juillet 1859.
Helgolandøya : d'après le bateau de l'expédition de Theodor Lerner en 1898.
Kong Karls Land : (anciennement Wiches Land), d'après Karl I. (Charles Ier) roi de Wurtemberg (1823-1891), nom donné par le géographe Petermann en 1871. Un peu plus tard, les Norvégiens nomment ce même archipel d'après Karl XV (Charles XV), roi de Suède et de Norvège (1826-1872). On est donc passé de « König Karls Land » à « Kong Karls Land ».
Kongsøya : « l'île du roi ».
Olgastretet : d'après Olga (1822-1892), reine du Wurtemberg, femme du roi Charles Ier.
Svenskøya : « l'île des Suédois ».

Paysage

Le paysage est fait de plateaux sédimentaires culminant à 320 m et de vastes plaines côtières.
La petite île Abeløya est plate ; sur les deux autres, Svenskøya et Kongsøya, quelques plateaux montagneux culminent entre 200 et 300 m, dont le plus élevé, le Retziusfjellet sur Kongsøya, atteint 320 m. Sur cette dernière se trouvent quelques névés permanents, sinon il n'y a pas de glaciers sur aucune des îles. En revanche, une caractéristique locale est constituée par les formations basaltiques (les seuls champs de lave du Svalbard) qui renvoient à un volcanisme de surface datant du Crétacé. À côté de ce matériau volcanique, la Terre du Rois Charles se compose essentiellement de sédiments du Trias et du Jurassique.

Faune et flore

Le courant polaire de l'est du Spitzberg influe sur le climat de la Terre du Roi Charles, si bien que la toundra de ce désert froid se compose davantage de mousses et de lichens que de plantes à fleurs. Cette pauvre végétation suffit néanmoins à nourrir une petite harde de rennes.
À côté des colonies de mouettes tridactyles sur les versants escarpés de l'île Abeløya niche une population importante de mouettes ivoires, ce qui constitue un bon indicateur de cet écosystème du haut-arctique. D'autres espèces, bruant des neiges, guillemot à miroir, sterne arctique, goéland bourgmestre, labbe parasite, tourne-pierre à collier, bécasseau violet, eider à duvet, oie à bec court et plongeon catmarin sont aussi des nicheurs réguliers.
L'importance écologique de la Terre du Roi Charles réside dans la grande densité de tanières hivernales d'ourses polaires, notamment sur les versants des îles Svenskøya et Kongsøya (Tordenskjoldberg). Pour cette raison, l'accès à ces îles, déclarées réserve naturelle en 1973, est totalement interdit toute l'année depuis 1985. Comme dans d'autres régions du Nord-Est du Svalbard, les conditions de glace ont sensiblement changé ces dernières décennies, ce qui n'est pas resté sans conséquences sur la population d'ours polaires. À plusieurs reprises en effet, les femelles cherchant à rejoindre les îles au début de la nuit polaire, ont dû, en l'absence de banquise, trouver une autre zone propice, pour mettre au monde leur progéniture, une alternative qui reste encore un objet d'étude.

Histoire

Kong Karls Land a probablement été découvert en 1617 par le baleinier anglais Thomas Edge qui appela l'archipel « Wiches Land », du nom d'un commerçant londonien. Ces îles tombèrent ensuite dans l'oubli, furent à nouveau aperçues plusieurs fois vers le milieu du 19e siècle jusqu'à leur redécouverte en 1853 par le capitaine norvégien Erik Eriksen, originaire de Tønsberg, qui fut le premier à débarquer en 1859 sur Svenskøya. Par la suite ces îles reçurent la visite de nombreux chasseurs de phoques.
Les explorateurs suédois Nordenskjöld et Duner les aperçurent en 1864. En 1870, les voyageurs allemands von Heuglin et Zeil leur attribuent le nom du roi Charles Ier de Wurtemberg. En 1872 c'est le professeur norvégien Mohn qui en dresse la première carte et les rebaptise d'après le roi Charles XV de Norvège et de Suède. En 1889 le zoologue allemand Willy Kükenthal, lors d'un voyage organisé par la Société de Géographie de Brême, tenta plusieurs fois de rejoindre l'archipel pour le cartographier. À la fin du 19e siècle ont lieu les premières expéditions scientifiques.
D'abord l'expédition allemande du Helgoland en 1898, organisée par Théodore Lerner avec les zoologues Fritz Römer et Fritz Schaudinn. Le capitaine du bateau, Rüdiger, apporta un certain nombre de corrections et d'additions à la carte de ces îles.
En août de la même année, ce sont des chercheurs suédois sous la direction de Nathorst, sur l'Antarctic, qui menèrent sur l'archipel des études géologiques, biologiques et topographiques.
L'aventurier anglais Arnold Pike sera pendant l'été 1898 le premier « touriste » à fréquenter ces parages sur son yacht, le Victoria.
En 1908 eut lieu le premier hivernage de 6 trappeurs norvégiens de Tromsø, menés par Anton Eilertsen et Klaus Andersen. Ils construisirent une hutte au cap Hammerfest au sud de Svenskøya, et tuèrent une centaine d'ours polaires pendant l'hiver... En raison des conditions de glaces, le bateau ne pourra pas les récupérer l'été suivant. Au début septembre 1909, ils s'embarquent donc avec le strict nécessaire sur un bateau à rames qu'ils vont d'abord tirer sur la banquise compacte pendant une semaine avant de retrouver l'eau libre. Après une pause de 3 jours dans la hutte du Cap Lee commence la traversée à la rame du Storfjord pendant 24h, et c'est par une marche depuis Agardhbukta sur la côte Est jusqu'à Longyearbyen que se terminera ce périple qui aura duré 18 jours.
En 1930, l'expédition norvégienne vers la Terre François-Joseph, dirigée par G. Horn, visitera les îles Abeløya et Kongsøya. En 1936, une expédition menée par l'inspecteur des mines du Svalbard, H. Mercoll, débarqua aussi dans l'archipel et y construisit 2 huttes.
Aux expéditions de chasse privées ont succédé quelques croisières-expéditions. Au début des années 70, des scientifiques de l'Institut Polaire Norvégien qui séjournaient sur l'île Svenskøya, assistèrent médusés au débarquement des passagers du Lindblad Explorer, sans guide armé dans un épais brouillard, alors qu'il venait d'y dénombrer une quinzaine d'ours polaires... et qu'ils avaient été obligés d'en abattre un qui s'était introduit dans leur hutte...
Aujourd'hui, la Terre du Roi Charles est la zone la plus strictement protégée du Svalbard.

Sources :

EN VOYAGE AU SPITZBERG, TERRE POLAIRE. Christian KEMPF, 1992.
SPITZBERGEN / SVALBARD, Rolf STANGE. Fünfte Auflage, Mai 2015.
SPITZBERGEN mit Franz-Joseph-Land und Jan Mayen. Andreas UMBREIT, Stein Verlag, 2009.
CRUISE HANDBOOK FOR SVALBARD. Norwegian Polar Institute, 2011.
SVALBARD GUIDE, Pål Hermansen, Myrland AS, 2007.
Carte touristique du Spitzberg, Christian KEMPF, Éditions de l'Escargot Savant, 2013.
SPITZBERGEN HANDBUCH, Reichs-Marine-Amt (Berlin, 1906), Maritime Press, 2012.