Introduction au Svalbard ou Spitzberg
    
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Le sud du Svalbard

Bjørnøya (L'Île aux Ours)

Généralités

Au Svalbard, cette île occupe une place particulière, elle se distingue par son isolement, à mi-chemin entre le Cap Nord de la Norvège et le Cap Sud du Spitzberg ; située dans la partie occidentale de la Mer de Barents, c'est la partie la plus australe de l'archipel. Se trouvant sur la route maritime de Norvège à Longyearbyen, de nombreux bateaux passent à proximité. Mais la plupart des touristes survolent l'île à 10 000 m d'altitude, cachée habituellement par une épaisse couche de nuages. Elle est entourée par une mer peu profonde, riche en poissons et en nutriments alimentant les grandes colonies d'oiseaux marins qui nichent dans les falaises, notamment celles du sud de l'île.
Située par 74°30' Nord et 19°01' Est, elle a une superficie de 178 km² (20 km du nord au sud et 15,5 km d'ouest en est).
La station météo y enregistre des données depuis 1932. L'île aux ours est une réserve naturelle depuis 2002 et peu de gens ont la chance d'y poser le pied. Cela tient d'abord à sa situation, à l'écart des itinéraires touristiques habituels, mais au premier abord elle peut aussi paraître très inhospitalière : la topographie ne permet les débarquements qu'à de rares endroits, il n'y a pratiquement pas de baies abritées et le temps est souvent problématique.

Toponymie

Antarcticfjellet : d'après l'Antarctic, un bateau polaire norvégien, utilisé en 1898 pour l'expédition de Nathorst à Bjørnøya pour cartographier l'île.
Ellasjøen : nom donné à un lac, d'après la femme d'Alfred Nathorst.
Hambergfjellet : d'après Axel Hamberg (1863-1933), géographe et explorateur polaire suédois.
Herwighamna : d'après Walter Herwig (1838-1912), fondateur et 1er président de l'association de pêche allemande.
Kapp Dunér : d'après Nils Christopher Dunér (1839- 1914), astronome et explorateur polaire suédois, participa aux expéditions au Spitzberg d'Otto Torell (1861) et de Nordenskjöld (1864).
Kapp Kolthoff : d'après Gustaf Isak Kolthoff (1845-1913), zoologue suédois, membre de l'expédition de Nathorst en 1898.
Kobbebukta : la « baie des phoques ».
Kvalrossbukta : la « baie des morses ».
Kvalrossfjaera : le « rivage des morses ».
Miseryfjellet : le « mont de la misère », nom déjà en usage comme « Mount Misery » au début du 17ème siècle, donné par le baleinier anglais Jonas Poole, suite aux différentes mésaventures dont il a souffert. Les 3 sommets portent, du nord au sud, les noms des déesses de la destinée dans l'ancienne mythologie scandinave : Skuld (454 m), Verdande (462 m) et Urd (535 m).
Måkeholmen : « îlot aux mouettes ».
Nordhamna : le « port du Nord ».
Røedvika : d'après Ole Røedvika (1879-1937), avocat et homme d'affaires norvégien, associé de la compagnie Bjørnøen A/S engagée à Tunheim.
Russehamna : la « baie des Russes », d'après une ancienne implantation pomore.
Stappen : « rocher élevé », colonne rocheuse de 186 m de haut.
Sylen : « alène », colonne rocheuse de 80 m de haut.
Tunheim : d'après Karl Tunheim, contremaître de la cité minière en 1916.

Bjørnøya (L'Île aux Ours) : Histoire

Découverte par le navigateur hollandais Willem Barents le 10 juin 1596 lors de sa 3ème expédition à la recherche du passage du Nord-Est (il découvrira aussi le Spitzberg quelques jours plus tard), l'île doit son nom à la présence d'un ours polaire, abattu après un combat acharné livré par l'équipage lors de cette expédition.
Plusieurs siècles de chasse et de trappe, ajoutés à l'exploitation des ressources minérales, ont laissé un nombre considérable de vestiges culturels, les plus anciens étant les ossements sur les sites d'abattage des morses, dont la population a frôlé l'extinction.
L'histoire de l'Île aux Ours reflète celle du Svalbard et nombreux sont les restes dus aux activités humaines déployées ici pendant des siècles. En effet c'est seulement quelques années après la visite de Barents, en 1603, que les baleiniers anglais commencent la chasse dans l'Arctique en s'attaquant aussi bien aux baleines qu'aux morses. De 1603 à 1612 l'île sera visitée par 11 expéditions de chasse et environ 3000 morses seront massacrés.
Ce sont ensuite les Pomores russes qui vont s'installer sur l'île, établissant des stations de chasse à la fin des années 1700, pratiquant l'hivernage avec comme cibles les morses, les ours polaires, les renards polaires, les phoques et les oiseaux, dont ils récoltaient les ?ufs et le duvet.
Les Pomores ont laissé des tombes, des vestiges d'une station de chasse et des croix orthodoxes à St Sebastian, à l'ouest de Kvalrossfjaera à Nordhamna, mais ils subissent la forte érosion des vagues et le site est maintenant surveillé. Des restes d'une station de chasse sont aussi visibles à Russehamna, au sud de l'île.

Malgré ces activités régulières, la population de morses va se maintenir, mais en 1818 et dans les années qui suivirent les Européens leur livreront à nouveau une chasse acharnée qui déclenchera leur déclin. La nouvelle de cette chasse fructueuse va parvenir en Norvège et en 1822/23 une expédition venant de Hammerfest passera l'hiver sur l'île dans une hutte appelée« Hammerfesthytta » construite à Herwighamna. En 1865/66 s'y ajoutera une autre hutte, celle de Sivert Tobiesen, connue sous le nom de « Tobiesen's house ». Ces bâtiments sont préservés et illustrent la première phase de la chasse pratiquée par les Norvégiens avec d'importantes expéditions, dont le morse était la cible principale. La période des hivernages de chasse se terminera peu de temps après.

Avec l'île aux Ours commença non seulement la découverte de l'archipel du Svalbard, mais aussi son exploration systématique. Elle fut le premier but de l'expédition de l'allemand Barto von Löwenigh, venant de la région d'Aix-la-Chapelle, et du géologue norvégien Balthazar Matthias Keilhau en 1827. Plus tard beaucoup d'expéditions scientifiques débarqueront sur l'île ; au 19ème siècle le suédois Nordenskjöld et au 20ème d'autres chercheurs norvégiens occuperont le terrain.
À la fin du 19ème siècle, lorsque la Russie Impériale et l'Empire allemand montrent leur intérêt pour la Mer de Barents, l'île aux Ours va devenir un enjeu stratégique. En 1898 et 1899 le journaliste allemand Theodor Lerner, membre d'une expédition scientifique à bord du Helgoland, surnommé ironiquement le « Nebelfürst », le « Prince des Brumes », fit sensation en occupant de grandes parties de l'île et en réclamant la propriété pour son pays. En réaction, la marine de guerre russe envoya le croiseur cuirassé Svetlana pour enquêter et les Russes hissèrent leur drapeau sur l'île le 21 juillet 1899, conduisant à des protestations de Theodor Lerner. Finalement, tout affrontement fut évité et le problème fut résolu diplomatiquement, aucun pays ne récupérant la souveraineté sur l'île aux Ours. En attendant la tentative d'extraction du charbon fut un échec.
Une autre tentative, dirigée par la compagnie Bjørnøen AS, pour extraire de la galène à Gruben et Blyhatten au Nord de Sørhamna, n'eut pas plus de succès.
En 1905-1908 une station baleinière est installée par Morton Andreas Ingebritsen à Kvalrossbukta. Aujourd'hui subsistent sur ces sites des vestiges bien conservés de cette époque, dont un chaudron à vapeur.
La plupart des vestiges culturels de l'île se trouvent à Tunheim, au Nord-Est. Là, Bjørnøen AS a extrait et exporté environ 115 000 tonnes de charbon entre 1916 et 1925. Sur le site se trouvaient 25 maisons et jusqu'à 182 personnes ont passé l'hiver ici. Tunheim fut évacué et détruit par les alliés pendant la Seconde Guerre Mondiale ; de nos jours le site n'abrite plus que des ruines mais c'est une référence historique importante symbolisant l'optimisme et la persévérance.
En 1919 fut érigée une station radio et en 1923 une station météo. Comme tout le reste de l'archipel du Svalbard, Bjørnøya devint un territoire norvégien en 1925.

Au 20ème siècle, aucune des activités qui se déployèrent au Svalbard ne furent épargnées à l'Île aux Ours.
D'abord l'installation d'une station baleinière, ensuite l'exploitation minière, la trappe et enfin le déploiement d'une station météo par les allemands durant la Seconde Guerre Mondiale. De toutes ces époques subsistent encore des vestiges. Seule la station radio norvégienne Bjørnøya Radio est toujours en activité.
De nos jours l'île est importante pour la recherche scientifique, surtout pour l'étude des oiseaux marins et des polluants de l'environnement (écotoxicologie).

Bjørnøya (L'Île aux Ours) : Paysages et climat

La partie Nord est constituée d'un grand plateau de riche toundra, parsemé d'environ 740 lacs, couvrant 10% de la superficie de l'île. Les plus grands sont le Laksvatnet et le Haussvatnet, le plus profond Ellasjøen avec 35m. Il n'y a aucun glacier, mais l'île se trouve dans la zone du permafrost et le sol y est gelé sur 50 à 70 cm de profondeur.

La partie sud est montagneuse avec le Miseryfjellet comme point culminant à 535 mètres, plongeant en falaises impressionnantes de 440 mètres de hauteur, parfois en rochers taillés par les tempêtes comme le « Stappen » à la pointe sud-est (186 m). Les autres montagnes sont l'Antarcticfjellet, le Fluglefjellet, le Hamburgfjellet et l'Alfredfjellet.
An nord les côtes sont basses avec quelques plages de sable et des points d'ancrage comme le petit port à Herwighamna. Au sud le littoral est escarpé avec de hautes falaises déchiquetées et des signes d'érosion matérialisés par des grottes marines et des piliers isolés, comme le Sylen (80 m).

Le climat est de type polaire océanique, relativement clément malgré la latitude, le temps est très instable, le vent fort et les brouillards y sont fréquents. La plupart des tempêtes surviennent d'octobre à janvier. À la station météo de l'île la température moyenne annuelle s'élève à -2,4°C. Janvier est le plus froid avec -7,4°C et août le plus chaud avec + 4,4°C. Les précipitations annuelles ont lieu principalement en hiver et atteignent 366 mm à la station météo, mais davantage dans le Sud montagneux à cause de l'altitude, ce qui entraîne une pollution de l'environnement qui varie fortement.
La nuit polaire y dure du 8 novembre au 3 février et le soleil de minuit du 2 mai au 11 août.
Au printemps et au début de l'été la banquise dérivante peut constituer un obstacle car une branche du courant froid de l'Est du Spitzberg descend jusqu'à l'île, apportant, en plus des masses d'eau froide, beaucoup de glaces dérivantes venant de l'Océan Arctique. Ce courant froid du Nord-Est suit un plateau sous-marin, profond d'une centaine de mètres seulement, sur lequel se trouve plus loin au Nord-Est l'île de Hopen. À côté des courants marins permanents il y a aussi les courants de marée, qui peuvent être violents surtout le long des côtes Sud et Ouest. Le coefficient de marée atteint 2,20 m au maximum.

Bjørnøya (L'Île aux Ours) : Environnement, faune et flore

À coté de ses paysages et de son histoire, c'est surtout dans le domaine de la biologie que l'île a le plus à offrir.
Deux espaces ont été placés sous une protection particulière : les lacs Lomvatnet, Kalven et Laksvatnet, au Sud-Est de la station météo, entre la station et Tunheim, sont des réserves ornithologiques suite à la présence du plongeon imbrin nicheur et il est interdit d'y pénétrer du 15 juin au 31 août.
Les falaises avec les colonies d'oiseaux marins, situées au Sud de l'île, sont protégées et interdites d'accès par la mer du 1er avril au 31 août.
Bien que l'île aux Ours soit située beaucoup plus au Sud que le Spitzberg, la faune et la flore y sont pauvres. De grandes parties à l'intérieur sont pratiquement dépourvues de végétation, les plantes se trouvant essentiellement à proximité des côtes, surtout près des falaises à oiseaux. Là on aura une toundra épaisse et d'un vert vif, mais néanmoins pauvre en espèces, avec surtout le cranson officinal (Cochlearia officinalis), espèce bien adaptée à un milieu riche en fertilisants. La végétation la plus riche se trouve au Sud dans Ymerdalen. Les espèces dominantes restent néanmoins les lichens et les mousses (150 espèces de mousses sur les 373 que compte le Svalbard).
Jusqu'en 2004 on a dénombré 54 espèces de plantes à fleurs sur l'île (sur les 165 du Svalbard), parmi les quelles au moins 7 n'apparaissent pas ailleurs dans l'archipel. Une espèce de pissenlit arctique, Taraxacum cymbifolium, est endémique sur l'île aux Ours.
Pour ce qui est de la faune, ce sont les oiseaux qui dominent, 126 espèces différentes ont été répertoriées mais seulement 33 nichent régulièrement (phalarope à bec large, labbe parasite, grand labbe, guillemot à miroir, macareux moine, harelde de Miquelon, pingouin torda, goéland marin entre autres). Etant une île unique à l'intérieur d'une zone biologiquement très productive de la Mer de Barents, l'île aux Ours revêt une signification particulière pour les populations d'oiseaux marins de la région, dont la population dépasse le million en période de reproduction. Les espèces les plus importantes sont les guillemots de Brünnich (environ 110 000 couples) et les guillemots de Troïl (120 000 couples), mais il y a aussi de grosses populations de mouettes tridactyles (env. 125 000 couples nicheurs) et de pétrels fulmars (30 000 couples), ainsi que des goélands bourgmestres (environ 600 couples en 2006 mais en constante diminution car très touchés par les polluants comme les PCB)) et des colonies de mergules nains. Les grands labbes y sont fréquents avec env. 30 couples nicheurs. La présence de 2 à 3 couples nicheurs de plongeons imbrin est une particularité ornithologique (sur les lacs Laksvatnet et Lomvatnet au Nord-Est de l'île).
Au printemps et en automne l'Île aux Ours joue un rôle très important comme aire de repos pour les oies lors de leur migration saisonnière vers le Spitzberg (oie à bec court, bernache nonnette, tadorne de belon). Le lagopède des Alpes fut aperçu plusieurs fois sur l'île jusqu'en 1965 mais plus depuis.
Une vingtaine parmi les nombreux lacs de l'île sont peuplés d'ombles chevaliers. Des recherches approfondies ont été menées, notamment à Laksvatnet, Øyangen et Ellasjøen pour en savoir plus sur la biologie et les effets des polluants organiques persistants sur ce poisson.

La seule espèce de mammifère terrestre est le renard polaire, dont la population est très faible en raison de la chasse, mais depuis 1986 on observe une reproduction régulière ; durant l'été 2006 au moins trois terriers furent utilisés, dont deux se trouvent à proximité d'une colonie de mergules nains. L'augmentation de la population a un impact évident sur les guillemots de Troïl, de Brünnich et les goélands bourgmestres, que ce soit les ?ufs, les jeunes ou les adultes, dans les parties accessibles des colonies.
Les ours polaires peuvent arriver jusqu'à l'Île aux Ours quand celle-ci est entourée de glaces dérivantes, en hiver et au printemps. En juin 2004 on a pu ainsi observer, au nord de l'île, une femelle et ses deux jeunes, probablement nés dans une tanière sur place.

Du point de vue de la situation environnementale et sur le plan de la pollution, l'île aux Ours occupe une position particulière et malheureusement pas très réjouissante. Elle se trouve en effet dans la zone d'influence des courants marins et aériens (Gulfstream, masses atmosphériques), qui transportent des produits toxiques depuis les pays industrialisés du Nord-Ouest de l'Europe vers l'Arctique, où ils se déposent avec la neige, la pluie et le brouillard. Le goéland bourgmestre et l'omble chevalier font partie des espèces animales les plus touchées de tout l'Arctique par les polluants, dont les concentrations dépassent le seuil, au-delà duquel on peut craindre des risques pour le système immunitaire, la reproduction, etc.. La pollution par les produits chimiques interdits entre-temps a baissé de façon sensible depuis les années 1980, mais d'autres substances problématiques sont entrées en circulation, pour lesquelles la législation doit encore réagir.
À l'intérieur de l'île les concentrations de produits polluants connaissent de fortes variations en raison des différentes quantités de précipitations : dans le Sud montagneux elles sont plusieurs fois supérieures à celles mesurées dans le Nord plus plat.
Les eaux productives de la Mer de Barents forment la base de tout l'écosystème de la région, mais elles font aussi l'objet d'une pêche intensive. Suite à une surpêche importante et à des fluctuations climatiques, les stocks de capelans (Mallotus villosus), se sont effondrés en 1987. En conséquence les populations de guillemots de Troïl ont baissé de 85% sur l'île aux Ours, passant subitement de 245 000 couples nicheurs à environ 36 000. Jusqu'en 2004 les effectifs remonteront à environ 50% du niveau de 1986. Les grandes populations comparables des guillemots de Brünnich ne furent pas touchées par cet effondrement, car leur régime alimentaire plus varié leur permit de se rabattre sur d'autres sources de nourriture.

Les zones maritimes autour de l'île sont importantes pour la reproduction de la morue, de l'aiglefin, du hareng, du sébaste, du lieu noir, du flétan du Groenland et du carrelet américain. Au total 24 espèces de poisson vivent dans ces eaux. On peut aussi y observer la plupart des espèces de baleines et de phoques qui fréquentent les eaux arctiques, mais en plus petit nombre que dans le reste de l'archipel du Svalbard. On trouvera le phoque marbré, le phoque barbu, le phoque du Groenland, le phoque à capuchon, le phoque commun et le morse, ces deux derniers étant rarement observés. Les cétacés les plus communs sont le dauphin à nez blanc et le petit rorqual.

Svalbard - Bjørnøya - L'Île à l'Ours : 
La carte de l'île aux Ours
La carte de l'île aux Ours

Source de la carte

Svalbard : Sørkapp Land

Généralités

La « Terre du Cap Sud », la partie la plus méridionale du Spitzberg est rarement visitée par les touristes, excepté la côte sud du Hornsund. Habituellement on la longe en arrivant dans le Hornsund par le sud ou par l'est. Un bateau qui vient de l'île Edge en se dirigeant vers le Hornsund, va contourner le Cap Sud après minuit ou très tôt le matin. Et cela se passera à une distance respectable, à cause d'importants hauts-fonds, si bien que la spectaculaire pointe sud reste invisible, à cause aussi des conditions météorologiques rarement favorables. C'est pourquoi, en plus du manque de baies abritées, la navigation dans cette région reste problématique et les débarquements sont rares.
Le Cap Sud (Sørkapp)se trouve sur l'île Sørkappøya, riche en lagunes et qui se trouve au large du Sud du Spitzberg. Au début de l'été le Sørkapp Land est souvent entouré de glaces dérivantes, alors que la côte ouest plus au nord est déjà libre de glace, car le courant froid de l'Est du Spitzberg, arrivant par le nord-est, contourne le Cap Sud pour en suite céder la place en surface au Gulfstream.
Le Sørkapp Land fait partie du Parc National du Sud-Spitzberg ; l'île Sørkappøya, ainsi que l'ensemble des petites îles et îlots rocheux situés au nord-ouest et au sud-est, sont des réserves ornithologiques. (Approche et accès interdits du 15 mai au 15 août).

Toponymie

Hambergbukta : Axel Hamberg (1863-1933), géographe, minéralogiste, et explorateur polaire suédois.
Isbukta : la « baie des glaces ».
Olsokbreen : d'après Saint Olaf. Des chercheurs norvégiens (Hoel entre autres) visitèrent ce glacier le 29 juillet 1920, le jour de la fête du saint.
Sommerfeldtbukta : Søren Christian Sommerfeldt (1794-1838), clergyman et botaniste norvégien.
Stormbukta : Erik Storm (1904-1936), pilote norvégien. Participa aux « Norwegian Svalbard Expeditions » de 1919 et 1921. Puis au Groenland en 1932. Se tua dans un crash aérien en Norvège à l'âge de 32 ans. Le nom signifie aussi la « baie des tempêtes », fréquentes dans cet endroit.
Trollosen : la « rivière du troll ». Rivière en partie souterraine, à proximité de sources sentant l'hydrogène sulfuré.

Sorkapp Land : Paysages

Sur les côtes ouest et sud s'étend pratiquement partout une vaste plaine côtière plus ou moins plate, se prolongeant dans la mer par des hauts-fonds ou de petites îles. Au sud du glacier Olsokbreen cette plaine est parsemée de lacs et de motifs géométriques dus à d'anciennes plages surélevées, bien visibles, par beau temps, lors d'un vol vers le Spitzberg.
L'intérieur du pays est montagneux et fortement englacé. Sur la côte ouest le glacier Oslokbreen atteint la mer sur un front de 4 km.
La côte est, sensiblement plus escarpée, comporte quelques glaciers descendant jusqu'à la mer. La baie Isbukta, en forme de demi-cercle, est entourée de glaciers qui ont fortement reculé pendant ces dernières dizaines d'années. Dans la zone de Stormbukta se trouvent quelques phénomènes géologiques intéressants, dus à la solubilité dans l'eau du carbonate contenu dans les roches. Au nord de l'Olsokbreen, près de la plus grande source du Svalbard, coule une rivière, la Trollosen, qui va jusqu'à la mer par un petit canyon. Un peu plus au sud il y a d'autres petites sources d'eau chaude qui ne sont pas d'origine volcanique, mais qui néanmoins dégagent des odeurs d'hydrogène sulfuré.

Flore et faune

Le courant froid de l'est du Spitzberg influe sur le climat, si bien que la toundra, contrairement aux fjords situés plus nord du Sørkapp Land, fait partie de la zone haut-arctique du « pavot du Svalbard ». Globalement il y a peu de vie animale ; les renards polaires côtoient de petites colonies de mouettes tridactyles nichant sur les falaises abruptes.
Quand, au printemps, le courant de l'est du Spitzberg apporte les glaces venant du Nord-Est, alors la pointe sud du Spitzberg devient l'une des régions les plus riches en ours de tout l'archipel...

Sorkapp Land : Histoire

La présence d'ours dans cette région en a fait un bon terrain de chasse, y compris l'île Sørkappøya sur laquelle les Pomores avaient installé pas moins de 3 stations, sur les 6 présentes en tout au Spitzberg, et dont les archéologues russes pensent qu'elles étaient déjà là au milieu du 16ème siècle, donc avant la découverte « officielle » du Spitzberg par Willem Barents.
De 1908 à 1933 des trappeurs norvégiens ont hiverné plusieurs fois tout au sud du Spitzberg. Le premier hivernage commença par une catastrophe, lorsqu'en octobre 1908, 2 des 4 norvégiens et leur embarcation furent emportés par les glaces dérivantes pour ne jamais réapparaître.
La compagnie anglaise « Northern Exploration Company », partit en 1920 à la recherche d'autres richesses supposées, sur la côte est du Hedgehogfjellet, dans l'espoir d'y trouver du charbon, ce qui fut facilité par la présence d'un petit port naturel. Mais ce projet se révéla non rentable et fut abandonné, laissant la nature faire du port naturel une lagune fermée.
La Seconde Guerre Mondiale laissa des traces au Sørkapp Land. Fin 1942 le cargo convoyeur britannique Chumleigh heurta un récif non loin de l'île Sørkappøya et fut peu de temps après bombardé par des avions allemands. En 1944-45 l'armée de l'air allemande a entretenu, dans la Stormbukta, la station météo « Landvik », occupée par 2 norvégiens et dont quelques vestiges sont encore visibles.

Liens vers quelques sites affichant des cartes :

http://www.npolar.no/en/services/maps

http://toposvalbard.npolar.no

http://eivind.npolar.no