Introduction au Svalbard ou Spitzberg
    
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La Côte Ouest du Spitzberg : L'Isfjord

Carte de l'Isfjord - Spitzberg
Carte de l'Isfjord

Généralités

C'est le plus grand fjord de la côte Ouest de l'archipel, avec ses 105 km de long et ses 12 km de large à l'entrée, suivi d'un système de ramifications étendu, menant vers d'autres fjords plus petits. Au bout du fjord la côte Est n'est qu'à quelques dizaines de kilomètres. Il fut nommé ainsi en 1610 par le baleinier anglais Jonas Poole qui y rencontra de la banquise d'où son nom « fjord des glaces ». Son étendue permet au Gulf Stream qui le pénètre de tempérer le climat de cette région. Là sont représentés tous les aspects de la géographie, de la géologie, de la biologie et de l'histoire du Svalbard. Dans aucun autre fjord on ne retrouve une telle richesse de paysages. La plupart des agglomérations, dont les plus importantes sont Longyearbyen et Barentsburg, se trouvent ici et les possibilités offertes au tourisme sont de ce fait très variées.

L'Isfjord : Paysage

À l'entrée de l'Isfjord se trouvent deux points de repère importants : l'Alkhornet au nord avec ses falaises à oiseaux et le Kapp Linné au sud, d'où émergent les bâtiments de l'Isfjord Radio. On trouve ensuite dans le sens des aiguilles d'une montre tout un complexe de fjords et de baies secondaires : Trygghamna, Ymerbukta, Borebukta, Nordfjord (Yoldiabukta, Ekmannfjord, Dicksonfjord), Sassenfjord (Billefjord, Tempelfjord), Adventfjord, Colesbukta, Grønfjord. Au fond des baies et de ces fjords viennent vêler une dizaine de glaciers : Harrietbreen, Kjerulfbreen, Esmarkbreen, Nansenbreen, Borebreen, Wahlenbergbreen, Sveabreen, Selfströmbreen, Nordenskiöldbreen, Tunabreen, Von Postbreen.
Quelques-unes des plus larges vallées glaciaires en U du Svalbard se trouvent dans l'Isfjord : Sassendalen et Adventdalen. Pendant le dernier âge glaciaire, ces vallées furent des portes de sortie pour les énormes masses de glace dévalant les pentes d'est en ouest. Quelques reliefs du sol sont récents. En 1896 le glacier Selfströmbreen connut une progression rapide, en glaciologie cela s'appelle un « surge » ; le front glaciaire se mit à avancer rapidement en raclant le fond de l'Eckmannfjord. Les débris furent éjectés pour ensuite se déposer sur Coraholmen, où l'on trouve des coquillages en abondance. Des dépôts de cette avancée glaciaire subite sont aussi visibles à proximité de Flintholmen.

En termes de nature l'Isfjord occupe une place particulière et il mérite aussi notre attention en ce qui concerne les objectifs touristiques. À maints égards ce fjord constitue une oasis fertile dans un environnement austère. Cela est dû aussi bien à un climat favorable qu'à l'abondance de nutriments pour la faune et la flore. L'intérieur du fjord est protégé du froid de la côte et l'été connaît des températures relativement douces, en particulier sur les versants exposés au sud et parfois fertilisés par les engrais venant des falaises à oiseaux.
Les conditions sont favorables pour la vie animale ; les courants marins chauds pénètrent dans le fjord où ils rencontrent l'eau douce froide issue des glaciers, laquelle descend dans les profondeurs en créant ainsi une circulation verticale des masses d'eau. De cette façon les substances nutritives se mettent à tourbillonner et stimulent, sous le soleil de minuit permanent, une forte production de phytoplancton. À la base de la chaîne alimentaire arctique se trouvent les algues, absorbées par de petits crustacés, eux-mêmes à nouveau consommés par de plus gros et des poissons comme le capelan ou la morue polaire. Crustacés et poissons constituent ensuite la nourriture des oiseaux marins comme le mergule nain, le guillemot de Brünnich, le guillemot à miroir, le goéland bourgmestre et la mouette tridactyle. C'est pourquoi on peut observer une avifaune riche près des glaciers.
Eckmannfjord, Dicksonfjord et Billefjord sont des ramifications qui présentent toutes des montagnes avec des strates exceptionnelles. Ces couches se sont formées quand des sédiments se sont déposés dans une zone marine qui est née lentement il y a 400 millions d'années ; le sable et la vase se sont accumulés successivement et chaque couche était différente, selon les variations des conditions. Au fur et à mesure que l'épaisseur grandissait, la pression augmentait sous le poids et les couches furent comprimées dans la roche compacte. C'est en particulier dans le Dicksonfjord et l'Eckmannfjord que l'on trouve de nombreuses strates de grès rouge qui ont été érodées autrefois alors que le climat était plus chaud.
À certains moments la zone marine a été remplie et la terre s'est formée, avec des forêts et des marécages. Ensuite la végétation fut à nouveau enterrée sous le sable et la boue, et après que le temps et la pression des couches supérieures aient fait leur travail, des couches de charbon d'importance variable se sont formées, qui seront plus tard à la base de l'exploitation minière.
Ces couches de charbon sont apparues à des époques différentes : les plus anciennes sont dans le Billefjord, où se trouve la ville-fantôme de Pyramiden et elles datent du Carbonifère, il y a environ 300 millions d'années, alors que le charbon dans les régions de Longyearbyen et de Barentsburg est beaucoup plus jeune et s'est formé au Tertiaire, il y a 50 à 60 millions d'années. Les zones situées à l'Est de l'Isfjord comme le Sassenfjord et l'Est du Billefjord datent du Permien, il y a environ 250 millions d'années.
L'histoire géologique indique clairement que les meilleurs gisements de charbon du Svalbard se trouvent dans la région de l'Isfjord. Pour la même raison, c'est dans ce fjord que l'on trouvera la plus grande concentration de sites culturels liés à l'industrie minière.
À l'entrée sud de l'Isfjord, près du Grønfjord se trouvent les falaises de Festningen et c'est là que, dans les années 60, on a découvert des preuves de l'existence de dinosaures au Svalbard, sous la forme de fossiles. On a d'abord découvert des empreintes de pas d'un herbivore ressemblant à un iguanodon, qui est sensé avoir vécu ici il y a 125 à 130 millions d'années, au début du Crétacé. Dans les années qui suivirent, on a trouvé, dans les régions à l'intérieur de l'Isfjord, des fossiles d'autres reptiles préhistoriques, des plésiosaures et des ichtyosaures. En 2006, des scientifiques du Musée d'Histoire Naturelle d'Oslo ont fait une découverte sensationnelle en trouvant les restes fossilisés d'un pliosaure, l'un des plus grands reptiles carnivores marins ayant jamais existé sur terre, il y a 150 millions d'années. De telles découvertes ont fait du Svalbard un lieu important pour la recherche paléontologique.

L'Isfjord : Flore et faune

En terme de végétation, les régions situées autour de l'Isfjord figurent parmi les plus luxuriantes du Svalbard. En fait, plus des trois quarts des plantes vasculaires du Spitzberg sont présents ici, où la végétation est en général plus dense que partout ailleurs dans l'archipel. Une végétation typiquement polaire caractérise cette zone autour de l'Isfjord, région humide et marécageuse où poussent par exemple la luzule des neiges (luzula nivalis) et la luzule trompeuse (luzula confusa). Si l'on s'enfonce à l'intérieur du fjord, on trouvera la végétation de la zone du moyen-arctique, caractérisée par la cassiope tétragone (cassiope tetragona). À côté de marécages riches en calcium sur Bohemanflya et à plusieurs endroits à l'est de Eckmanfjorden,près du Kapp Thordsen, il y a aussi des zones fertiles, riches en espèces, avec une végétation dense où pousse la mûre arctique (rubus chamaemorus). Près de Sauriedalen et du Kapp Thordsen on trouve des zones de tourbe épaisse et la végétation s'est bien développée dans les marécages près du Kapp Wijk. Au sud du fjord en direction de Sassenfjorden, c'est la toundra à cassiope qui prédomine.
L'intérieur du fjord offre un climat plus favorable aux espèces thermophiles. Les crêtes arides des montagnes du Billefjord hébergent la dryade à 8 pétales (Dryas octopetala) ; on trouve le même genre de végétation dans la vallée de Gypsdalen et des deux côtés du Tempelfjord. Le climat le plus chaud concerne les rives exposées au sud où l'on trouve les espèces familières du continent : le bouleau nain (betula nana), la camarine noire (empetrum nigrum ssp.hermaphroditum), la rare campanule à feuilles rondes (campanula rotundifolia ssp.gieseckiana), et l'airelle des marécages (Vaccinium uliginosum ssp. Microphyllum). La région de Colesbukta possède une flore particulièrement riche.

En été les falaises à oiseaux attirent l'attention par leur activité débordante due à la nidification et au nourrissage. Dans l'Isfjord sont représentées toutes les espèces communes : mergule nain, macareux moine, guillemot de Brünnich, goéland bourgmestre, guillemot à miroir, fulmar boréal et mouette tridactyle. De nombreuses falaises abritent les colonies d'oiseaux marins à l'intérieur des fjords, par exemple Templet dans le Sassenfjord, Skansen dans le Billefjord, Fuglefjella près de Grumant, Fjordnibba dans le Tempelfjord, Gipshuken dans le Billefjord, Tschermakfjellet dans le Nordfjord et Alkhornet à Trygghamna.
Plusieurs îles et îlots dans l'Isfjord sont des sites de reproduction importants pour les oies, les canards, les limicoles, les mouettes et les goélands. D'autre part la plupart des petits lacs et autres plans d'eau le long des côtes sont des zones importantes pour la reproduction et le nourrissage d'espèces comme le phalarope à bec large et d'autres limicoles, l'eider à tête grise, le plongeon catmarin et la harelde de Miquelon. Ces zones sont tout aussi importantes lors des périodes de repos et de mue des oies, là on peut citer comme exemples : Erdmannflya, Bohemanflya, les parties basses de Gipsdalen, Sassendalen, Adventdalen, Colesdalen et Kapp Linné.
3 des 15 réserves ornithologiques du Svalbard sont situées dans l'Isfjord. Les îles de Gåsøyane sont très importantes par le nombre d'espèces nicheuses qui y séjournent, on y trouve en effet l'eider à duvet, la bernache nonnette, l'oie à bec court, la bernache cravant, la sterne arctique, le phalarope à bec large, le goéland bourgmestre et le goéland marin. La réserve de Boheman comprend de petites îles et îlots entourés d'eau peu profonde. Les espaces autour de l'Isfjord sont favorables au lagopède du Svalbard, la plupart de ceux qui sont chassés chaque année, entre 500 et 2000, vivent ici.
Les zones situées au sud et à l'est du fjord abritent la plus grande population de rennes du Svalbard et l'on estime que 4500 individus vivent dans le Nordenskjöld Land. Le renard polaire est aussi très présent dans la région de l'Isfjord. Il fut autrefois l'objet d'une chasse intensive alors que sa fourrure hivernale blanche ou gris-bleu représentait une valeur économique importante. Il est toujours chassé mais à petite échelle.
Près de l'implantation de Grumantbyen et de la falaise à oiseaux de Fuglefjella a été introduite une petite population de campagnols des champs qui est malheureusement l'hôte d'un parasite, l'Echinococcus multilocularis, lequel est transmissible à l'homme et peut lui être fatal ; il est donc recommandé de ne pas boire l'eau des rivières ni de ramasser des champignons dans cette zone, en raison du risque de contamination.

L'Isfjord : Histoire

Dans l'Isfjord l'héritage culturel est riche et les sites historiques nombreux. Toutes les périodes jalonnant l'histoire du Svalbard y sont représentées. Dès 1596 Willem Barents en a décrit l'entrée qu'il nomma « Grooter Inwijck » et en 1607 Hudson l'appela « The Great Indraught ». On dispose donc de deux descriptions de l'entrée du fjord mais encore d'aucun nom pour l'ensemble du fjord ; c'est Jonas Poole qui, en 1610, le nommera « Ice-Fjord », qui est à l'origine du nom actuel.

Les traces les plus anciennes d'activité humaine se trouvant le long des plages de l'Isfjord remontent à l'époque de la chasse à la baleine, dans les années 1600 et 1700. Les baleiniers construisirent leurs stations à l'entrée du fjord, là les baleines du Groenland (ou boréales) apparaissaient en été. À Trygghamna, sur la côte nord de l'entrée du fjord, on trouve des vestiges de cette époque sur les plages sous la forme de fours à graisse ; les autres restes de ce qui a dû être autrefois une grande station baleinière ont disparu. Les bras intérieurs du fjord, comme le Dicksonfjord et l'Eckmannfjord, ne semblent pas avoir attiré les premiers baleiniers.

Après leur départ ce sont les Pomores qui occupèrent la région. Ce sont des trappeurs russes qui se consacraient surtout à la chasse aux morses et aux animaux à fourrure, ainsi qu'à la collecte de duvet. Mais ils chassaient aussi le renne, le phoque et les oiseaux dont ils ramassaient les ?ufs. Des vestiges des stations de chasse, grandes ou petites, sont visibles le long de l'Isfjord.
À Russekeila, une baie située au sud du fjord, entre Festningen et Kapp Linné, les Pomores ont séjourné pendant de nombreuses années. Il s'agit là d'une des plus importantes stations de chasse pomore au Svalbard, avec des vestiges de fondations de maisons plus ou moins grandes, de croix orthodoxes et de tombes. Cette région convenait bien à la trappe, offrait de bons mouillages, une abondance d'eiders à duvet et d'oies, de bons terrains de chasse pour le renard polaire et l'un des meilleurs endroits pour pêcher l'omble chevalier.

Dans l'Isfjord se trouvent aussi de nombreux indices de la présence de chasseurs et trappeurs norvégiens et qui ont hiverné ici dans les années 1800 et 1900. Trappe et chasse norvégiennes étaient basées sur les mêmes produits cités lors de l'activité russe précédente. La station Fredheim, située dans le Sassenfjord, est l'une des plus grandes stations de trappe du Svalbard et appartenait autrefois au célèbre trappeur Hilmar Nøis, tout en étant aussi son domicile durant de nombreuses années. Sur ce site il y a deux générations de huttes. La construction de la station principale, « Villa Fredheim », a débuté en 1924. Depuis elle fut transformée et agrandie plusieurs fois ; c'est en 1963 que Nøis passa son dernier hiver à Fredheim, en compagnie de sa femme Helfrid. Cette station fut utilisée comme station principale de chasse et de trappe à partir du milieu des années 1920. On peut attribuer beaucoup de mérite aux femmes qui ont pris part aux hivernages à Fredheim, en particulier sa seconde femme Helfrid, qui a contribué à rendre cette station plus accueillante, en y ajoutant un mât avec un drapeau, des plantes vertes, des rideaux et des nappes... Fredheim devint donc une hutte très différente de la cabane traditionnelle d'un chasseur, mais tout en restant aussi un lieu de travail, avec d'autres stations satellites isolées et des pièges pour ours et renards polaires.
À l'est de la Villa Fredheim se trouve la hutte Gammelhytta, appelée aussi Danielbua, car elle fut construite par Daniel Nøis durant son séjour de l'hiver 1911-1912. Mais l'érosion côtière faisant son ?uvre, on dut déplacer Gammelhytta en 2001 afin que la hutte ne glisse pas dans la mer ; elle fut d'ailleurs restaurée la même année, à grand renfort de mousse pour boucher les interstices entre les rondins, ainsi que de l'écorce et de la tourbe pour recouvrir les extérieurs et le toit.
Au Kapp Wijk se trouve une station de chasse qui est toujours en activité et dont les huttes, riches en traditions, témoignent de trois générations de trappeurs. Deux de ces huttes sont étroitement liées à la vie d'un trappeur légendaire, Arthur Oxaas, et la troisième fut construite par Harald Solheim, un autre chasseur également célèbre qui y pratique toujours son activité.

Tout au long de l'Isfjord, on trouve également des traces des expéditions scientifiques passées. Au Kapp Thordsen le géologue et explorateur polaire suédois Adolf Erik Nordenskjöld erigea la grande station « Svenskehuset » en 1872. Son objectif était d'exploiter les minéraux du Spitzberg et de promouvoir la recherche scientifique dans les régions polaires. À Svenskehuset, l'idée de départ était l'extraction commerciale de coprolithes, des excréments fossilisés sources de phosphate, un projet qui n'a pas abouti. La hutte est connue pour avoir été le théâtre d'une des plus célèbres et des plus tragiques histoires d'hivernage. En effet : 17 norvégiens chasseurs de phoques y sont morts l'année même de la construction de la maison. Leur bateau étant pris dans les glaces, ils l'utilisèrent comme refuge pour se protéger ainsi des rigueurs extrêmes de l'hiver. Les recherches ultérieures ont montré que la cause de leur mort était un empoisonnement dû au plomb utilisé pour sceller les boîtes de conserve, donc le saturnisme.
Plus tard la station fut utilisée pour l'hivernage d'une expédition scientifique suédoise dans le cadre de la première Année Polaire Internationale en 1882-1883. L'un des participants était Salomon August Andrée qui mourra plus tard lors de sa tentative d'atteindre le Pôle Nord en ballon. Svenskehuset est la seule de ces grandes bâtisses datant des années 1800 à être préservée. La station et ses environs méritent une visite, car présentant une grande valeur culturelle et historique.

Des vestiges de plusieurs tentatives d'exploitation minière remontant au début du 20e siècle -et après- sont visibles à Skansbukta et Gipsvika. Des traces d'une activité menée autrefois par le SSS (Scottish Spitsbergen Syndicate), sont éparpillées, tels des témoins silencieux, dans le paysage. Cette compagnie minière écossaise a prospecté ici, à la recherche de charbon au début des années 1900, elle en a trouvé mais l'exploitation fut un échec. Une hutte construite par la société en 1921 est toujours là sur la plage ; à proximité se trouvent un tracteur rouillé et quelques chariots. Comme un rai de lumière, une ancienne route mène jusqu'au camp dans la vallée où s'effectuait l'extraction du minerai.
Les premiers résidents permanents arrivèrent dans l'Isfjord au moment où se développait l'exploitation minière russe et norvégienne dans les années 1900. Ils s'installèrent à Longyearbyen, Pyramiden et Barentsburg. Les activités de la SNSK (Store Norske Spitsbergen Kulkompani) et de la compagnie russe Trust Arktikugol ont créé les lieux de travail les plus stables du Svalbard. La cité de Pyramiden, elle, fut fermée en 1998.

Grønfjord, Colesbukta, Adventfjord, Sassenfjord, Tempelfjord, Billefjord, Dicksonford, Ekmanfjord, Borebukta, Ymerbukta.

L'Isfjord s'enfonce sur 107 km à l'intérieur des terres, c'est l'un des plus grands fjords du Spitzberg et celui qui comporte le plus de ramifications.
Là est représenté tout le spectre de l'archipel en ce qui concerne le paysage, la biologie, la géologie, la géographie et l'histoire. Nulle part ailleurs on ne retrouve cette richesse dans la variété des paysages. C'est là aussi que se sont implantées plusieurs agglomérations et les offres touristiques sont de ce fait très variées.
La description commence au Kapp Linné sur la côte sud de l'entrée du fjord et se poursuit dans le sens inverse des aiguilles d'une montre.

Kapp Linné, Isfjord Radio, Russekeila, Festningen

Généralités

La région comprend une bande côtière d'environ 10 km de long, exposée aux intempéries et aux coups de vent. Le Kapp Linné est néanmoins accessible en raison de l'hôtel qui accueille les randonneurs aguerris depuis Barentsburg. Ces derniers pourront découvrir dans un magnifique paysage varié, des éléments historiques et géologiques intéressants. De grandes parties de cette zone sont protégées, notamment la partie entre Festningen et Russekeila, déclarée comme géotope, et le Kapp Linné qui comporte, avec son lac tout proche, une réserve ornithologique à l'accès réglementé.

Toponymie

Festningen : la « forteresse », d'après l'apparence de cette petite île.
Kapp Linné : d'après Carl von Linné (1707-1778), botaniste suédois.
Kapp Mineral : d'après les gisements de minéraux.
Kapp Starostin : d'après Ivan Starostin, trappeur russe légendaire, mort en 1826, qui passa 30 hivers au Spitzberg, et les 15 dernières années sans quitter la région une seule fois.
Russekeila : la « baie des Russes », d'après une station de chasse pomore située ici.

Paysage :

Le paysage côtier est, dans son ensemble, constitué d'une vaste plaine ouverte avec de nombreux petits lacs et des zones humides, surtout au sud du Kapp Linné. On peut randonner sur les anciennes plages surélevées et découvrir, entre autres, des cercles de pierre et du bois flotté ancien. La toundra dans le triangle Russekeila-Kap Starostin -Linnévatnet invite à de belles balades où l'on peut observer des dolines, un phénomène géologique intéressant. Autour du lac Linnévatnet, le paysage est austère et pierreux.

Faune et flore

La végétation reflète la géologie du sous-sol en étant soit d'un vert soutenu (entre le Kapp Starostin et Festningen), soit clairsemée. Les motifs dessinés par les plages surélevées sont aussi évidents avec des zones sèches sans végétation et des zones humides parsemées de petits lacs.
Le Kapp Linné est une réserve ornithologique en raison des nombreux eiders à duvet nicheurs et elle est soumise aux restrictions d'accès habituelles pendant la période de reproduction. Comme la station n'est occupée que de façon temporaire, les renards polaires ont largement contribué à la baisse de la population, néanmoins les amateurs pourront observer, au début de l'été, eiders à duvet, eiders à tête grise, hareldes boréales et phalaropes à bec large. Rennes et renards sillonnent continuellement la toundra. L'omble chevalier est présent dans le Linnévatnet.

Histoire

Ce qui frappe tout de suite c'est l'ancienne station radio/météo Isfjord Radio, construite en 1933 au Kapp Linné, afin d'assurer, à l'aide de grandes antennes paraboliques, les télécommunications entre les implantations norvégiennes et le continent, ainsi que de transmettre les alertes météos (Depuis 2004, des câbles en fibre de verre sous-marins ont pris le relais). Détruite pendant la guerre, la station reprit du service en 1946, en étant occupée toute l'année jusqu'en 1999 où elle devint une station automatique. Depuis 1995, la station est utilisée pour des activités touristiques, d'abord par Telenor et plus récemment par Svalbard Polar Travel et Spitsbergen Travel qui opèrent là depuis 2002. En décembre 2005, Telenor a vendu Isfjord Radio à la société minière Store Noske. C'est ensuite Basecamp Spitsbergen qui prit le relais en 2008 et organise des excursions depuis Longyearbyen, pendant la saison des motos-neige, de mi-février à début mai. La station accueille aussi les navigateurs pendant la saison estivale.

À environ 3 km au nord-est du Kapp Liné se trouve le Kapp Mineral, où le norvégien Arthur Levin exploita quelques tonnes de minerai de plomb entre 1923 et 1934. L'entrée de la mine est encore visible. Un peu plus à l'est sur la plage, on peut voir un vieux bateau en bois, qui rappelle un drame pendant les années de guerre et qui a a fait 49 victimes.
Le cargo anglais Chumleigh , parti en octobre 1942 de Philadelphie avec à son bord un équipage de 58 hommes, transportait 5000 tonnes d'équipement militaire vers Mourmansk. En essayant d'éviter une attaque allemande inattendue, le navire heurta un récif à la pointe sud du Spitzberg. Peu de temps après que l'équipage eut quitté le bateau avec les 3 chaloupes, le Chumleigh est bombardé par 5 avions allemands. Les rescapés tentèrent alors de rejoindre Barentsburg, mais après 8 jours d'une navigation désespérée, seule une chaloupe avec 23 survivants arrivera sur la côte de l'Isfjord près du Kapp Linné. Suivra un hivernage glacial dans une petite hutte et le 2 janvier 1943, seuls 9 personnes auront survécu et seront découvertes par hasard par une patrouille à ski norvégienne venant de Barentsburg.
Près de Russekeila, à l'embouchure de la rivière Linné, se trouve une série de huttes construites par des scientifiques en 1978 pour leurs loisirs.. La plus grande est ouverte et abrite une petite vitrine où sont exposés quelques objets de l'époque des Pomores, découverts à proximité par des archéologues. De chaque côté de l'embouchure de la rivière, on peut voir les fondations et les restes de tuiles de maisons qui faisaient partie d'une station de chasse pomore. Les études archéologiques ont révélé que ces vestiges étaient ceux d'une petite implantation comprenant corps d'habitation, atelier, forge, entrepôt et sauna. Cette station fonctionnait pendant la seconde moitié du 18e siècle et pouvait abriter une vingtaine de personnes, parmi lesquelles le trappeur légendaire Ivan Starostin, de 1787 à 1826, soit 39 hivernages... Il passa à Russekeila les 15 dernières années de sa vie sans revenir sur le continent et fut finalement enterré au cap qui porte son nom. Cette station constitue l'un des sites historiques les plus connus et les plus importants de l'ère pomore aux 18e et 19e siècles.
Près de Festningen se trouvent les restes pratiquement invisibles d'une ancienne station baleinière datant du 17e siècle. En 2003 la zone fut déclarée réserve naturelle géologique (« géotope ») et placée sous protection, en raison des fossiles qu'on y a découvert, et aussi des traces d'iguanodon, un saurien herbivore vivant au Crétacé il y a 100 millions d'années, imprimées dans la roche.

Grønfjord, Barentsburg

Généralités

Dans l'histoire des implantations au Spitzberg le Grønfjord a joué un rôle important ; il s'agit en effet d'une grande baie à l'entrée de l'Isfjord offrant de bonnes possibilités de débarquement et une végétation abondante propice à un terrain de chasse. Sur ses rives se trouvent des vestiges laissés par les baleiniers des 17e et 20e siècles, ainsi que les traces des premiers trappeurs russes.
Dans la même zone se trouvent la toute première station télégraphique et les restes d'exploitation minière de différents pays.
Durant la saison hivernale Barentsburg est le but d'excursions en motoneige depuis Longyearbyen et en été celui de randonneurs aguerris. Une visite à cette cité minière russe pourra compléter l'image que l'on se fait du Spitzberg, car la Russie est le seul pays qui profite des possibilités offertes aux signataires du Traité du Svalbard de 1920. Cette situation lui valut une histoire un peu à part pendant la Guerre Froide et lui confère aujourd'hui un rôle essentiel dans l'évolution du Spitzberg.
L'intérieur du Grønfjord présente des paysages attirants et offre de belles possibilités de randonnées vers la côte de l'Isfjord (Kapp Linné, Festningen), mais aussi vers le Bellsund.

Toponymie

Barentsburg : d'après Willem Barents (1550-1597), découvreur du Spitzberg en 1596.
Finneset : le « bon cap », un bon port naturel.
Grønfjord : appelé « Green Harbour » au début du 17e siècle. Ce « fjord vert » ne montre en fait ces couleurs qu'en dehors de Barentsburg.
Kokerihamna : la « baie du cuiseur », ancrage pour les stations baleinières flottantes du début du 20e siècle.

Paysage

Le nom « fjord vert » est trompeur, la région autour de Barentsburg paraissant plutôt grise... Au sud du Grønfjord s'étend un beau système de glaciers, le « Grønfjordbreane », dont les rivières de fonte sont difficiles à traverser. La « Grøndalen » est une des grandes vallées libres de glace du Spitzberg, avec de larges étendues de toundra et des pingos.

Faune et flore

En ce qui concerne la biologie la vallée Grøndalen avec ses vastes étendues de toundra et ses populations de rennes, constitue la zone la plus riche. Autour de Barentsburg se développe en été une végétation étonnante, visible en partie déjà depuis le fjord.

Histoire

Depuis le 16e siècle le Grønfjord a joué un rôle, et ce à toutes les époques. Sur la côte ouest, à Kokerineset, se trouvait le four à graisse de baleiniers anglais ainsi qu'une station de chasse pomore dont il ne reste plus grand-chose.
Le norvégien Søren Zachariassen, de Tromsø, qui avait déjà fait parler de lui en 1899, comme pionnier de l'exploitation minière sur Bohemanflya, débarqua dans la région en 1901, construisit une hutte et se lança dans la pêche et la conserve de l'omble chevalier, un essai qui ne dura qu'une saison... Il ne reste plus rien de la hutte, sans doute, entre autres raisons, à cause de l'installation de la station russe d'approvisionnement en eau « Vannposten » dont les bâtiments sont en mauvais état.
A Finneset, au sud de Barentsburg fonctionna à partir de 1905 une station baleinière norvégienne, mais qui, faute de rentabilité, cessa ses activités en 1912. Sur le même site, la Norvège édifia en 1911 la première station de télégraphe du Spitzberg « Svalbard Radio », qui fut transférée à Ny-Ålesund en 1929, puis à Longyearbyen en 1930. A partir de 1925 et pour quelques années Finneset fut le siège du Gouverneur, mais lors de l'évacuation en 1941 les Canadiens firent sauter le mât de communication et les bâtiments.
De ces stations ne subsistent plus aujourd'hui qu'une plate-forme en bois pour hisser les baleines à terre et un dépôt de carburant en béton.

Barenstburg

Pendant des siècles le Grønfjord fut une base importante pour les baleiniers et les trappeurs, mais, au début du 20e siècle c'est l'exploitation minière qui sera l'élément marquant de l'histoire locale.
Dès 1900 se révéla l'intérêt pour les gisements de charbon et différentes sociétés minières émirent des revendications territoriales (Arctic Coal Company, Kulkompaniet Isefjord Spitsbergen, Det Norske Kulcompagni, Green Harbour Coal Company, Kulspids, A/S Svalbard Kulgruber...), mais ce n'est qu'en 1912 qu'une société norvégienne commence, sur le site de la ville actuelle, des activités minières. Un couple de Finlandais hivernera là, à Finneset, dans une hutte près de la toute nouvelle station radio en tant que personnel de surveillance et, en mai 1913 la femme donnera naissance au premier enfant né au Spitzberg... il s'appellait Charles Emil Polar Glad. En 1916 la plupart des concessions furent rachetées par la société norvégienne nouvellement fondée, la Store Norske Spitsbergen Kulkompani (SNSK). Les autres furent acquises en 1920 par la compagnie hollandaise NeSpiCo (Nederlandsche Spitsbergen Compagnie) qui prend le relais et fonde la ville de Barentsburg, du nom du découvreur du Spitzberg, la Hollande investira beaucoup d'argent dans cette cité qui connaîtra pendant quelques années un standard de vie supérieur aux autres implantations minières de cette époque.
Mais Barentsburg passera en 1932, conséquence de la crise économique mondiale, entre les mains de la firme soviétique Trust Artikugol.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, en 1941, Barentsburg fut évacuée, ainsi que d'autres agglomérations, et détruite en grande partie en 1943 par le cuirassé allemand Tirpitz et les dépôts de charbon incendiés. En mai 1942, le gouvernement norvégien en exil avait tenté, avec l'aide des Britanniques, de reprendre le contrôle du Spitzberg et envoyé deux bateaux, l'Isbjørn et le Selis. Mais, lors d'une attaque aérienne allemande en mai 1942, le premier est coulé et le second incendié, faisant au total 14 victimes et de nombreux blessés.
Finalement une garnison de 80 soldats norvégiens restera stationnée à Barentsburg, disposant d'un canon à Heerodden, à quelques kilomètres au nord de la ville. Pendant les années d'après-guerre, ce canon servira de monument commémoratif près de Longyearbyen, avant de revenir à sa place initiale en 2012.
Ce n'est qu'en 1948 que les Soviétiques débuteront la reconstruction de la ville et après la fermeture de la mine de Grumantbyen en 1962, Barenstburg devint le centre de toutes les activités minières russes au Spitzberg. En 1960 la ville se dote d'un héliport (Kapp Heer) et entre 1975 et 1985 de nombreux équipements sociaux, jardin d'enfants, école, bibliothèque, hôpital, piscine... En raison du statut international du Spitzberg, les agglomérations soviétiques servent aussi de vitrines du socialisme vis-à-vis des Occidentaux.
On construisit plus de 200 logements, une nouvelle centrale au charbon vit le jour, ainsi qu'un grand Centre de Recherches. Au nord de la ville se développa un complexe agricole pour l'élevage de bovins, de porcs et de volailles, ainsi que des serres permettant une alimentation en auto-suffisance pour l'hiver.
Avant 1990 le nombre d'habitants oscilla entre 1100 et 1450 et en 2010 on ne dénombrait plus que 370 habitants, mais 471 personnes étaient enregistrées en 2013.
Entre-temps la ville s'est équipée aussi dans d'autres domaines, avec l'ouverture d'un centre commercial et des infrastructures importantes pour les réseaux de communication, permettant notamment l'usage de la carte de crédit.
Les bouleversements dus à l'effondrement du régime soviétique ont fait plus ou moins tomber dans l'oubli les cités russes, ce qui entraîna leur déclin et la dégradation des conditions de sécurité dans les mines.
En septembre 1997 la mine fut fermée pendant plusieurs mois, suite à une grave explosion qui fit 23 victimes parmi les mineurs. Barentsburg fut déjà durement touchée l'année précédente, en août 1996, par le terrible crash aérien d'un avion russe sur l'Operafjellet, transportant essentiellement des familles de mineurs ukrainiens, causant la mort des 143 passagers.

L'industrie minière reste toujours en activité, quand bien même dans des proportions plus modestes. Dans les années 2000/2004, on exportait 300 000 tonnes de charbon, avec de fortes variations. L'année 2006 connut des difficultés avec l'incendie d'un dépôt de charbon et au printemps 2008, l'exploitation fut interrompue en raison d'un incendie dans la mine, causant la mort de 2 mineurs. Aujourd'hui la production annuelle est tombée à 120 000 tonnes et il était question ces dernières années d'ouvrir une nouvelle mine sur le site de Colesbukta.
Pendant l'ère soviétique, Barentsburg se suffisait à elle-même avec succès en produits frais, mais aujourd'hui, les serres et l'écurie sont fermées.
En 2012/2013 fut lancé un programme de restauration et de modernisation concernant les maisons et les bâtiments dont l'état s'était fortement dégradé depuis les années 1990.
Les besoins énergétiques sont couverts par une centrale à charbon et l'eau potable est acheminée depuis un lac situé à Kokerineset de l'autre côte du fjord.
Depuis 2013 une agence locale se consacre au tourisme russophone en proposant des excursions. (Spicbergen.ru). Le tourisme international se limite aux excursions à la journée depuis Longyearbyen. L'hôtellerie offre des prix attractifs (Hotel Barentsburg, Hostel Grumant, Hostel Pomor, voir la rubrique« hébergement » dans « Svalbard pratique »). Une visite au musée de la Maison de la Culture et à la boutique de souvenirs vaut le détour. Pour le visiteur qui souhaite avoir une image complète du Svalbard et de son évolution s'impose une visite de Barentsburg ou de la ville-fantôme de Pyramiden.

Grumantbyen, Colesbukta

Généralités

Les excursions d'une journée vers Barentsburg passent devant Grumantbyen, que l'on peut atteindre aussi à pied depuis Longyearbyen et Bjørndalen. Les vallées de l'arrière-pays sont reliées entre elles par des cols et offrent des possibilités de randonnée sur plusieurs jours, à la découverte des zones les plus riches en végétation du Spitzberg où viennent s'alimenter de nombreux rennes. En hiver Colesbukta est accessible à ski ou en scooter des neiges. Baie de 4,5 km de large sur la rive sud de l'Isfjord, au nord-ouest du Nordenskjöld Land, c'est aussi l'une des nombreuses villes-fantômes abandonnées sur les rives du fjord.
Les bâtiments en ruine de ces cités fantômes peuvent s'effondrer et incitent à la prudence. D'autre part une espèce de campagnol introduite accidentellement, est porteuse de l'échinococcose, une maladie parasitaire dangereuse pour l'homme. Une grande partie de ces constructions est antérieure à 1946, et donc protégée.

Toponymie

Bjørndalen : la « vallée de l'ours »
Colesbukta : la « baie du charbon »
Fardalen : la « vallée du passage », route hivernale habituelle de l'Adventford vers le Grønfjord.
Fuglefjellet : la « montagne aux oiseaux »
Grumantbyen : d'après Grumant, le nom employé par les Pomores pour désigner le Spitzberg («  Groenland »).
Kapp Laila : d'après le bateau utilisé par Isachsen lors de son expédition de 1910.
Lindströmfjellet : d'après Gustav Lindström (1829-1901), paléontologue suédois.

Paysage

Caractéristiques de cette région sont les vastes hauts plateaux de 400 à 600 m d'altitude. Le plateau du Fluglefjellet descend dans l'Isfjord en falaises abruptes inaccessibles, et seule la vallée de Grumantdalen qui mène à Grumantbyen reste praticable.
La vallée Colesdalen est très vaste, parsemée de zones humides et de cours d'eau qui rendent la randonnée pénible. En hiver cette région est beaucoup plus facilement accessible.

Faune et flore

Les falaises autour de Grumantbyen abritent de grandes colonies d'oiseaux marins comme les mouettes tridactyles, les fulmars boréaux et les guillemots de Brünnich.
Au cours du temps, grâce à la fertilisation, se sont formés des sols tourbeux sur les versants, ne laissant croître que peu d'espèces de plantes, comme la cochléaire officinale ou l'oxyria à deux carpelles. Leur vert soutenu rend ces tourbières visibles de loin. Dans Colesdalen on trouve une végétation de toundra parmi les plus riches du Spitzberg avec notamment le rare bouleau nain, et qui attire de nombreux rennes. Il faut noter la présence du campagnol, espèce introduite, dans les environs de Grumantbyen, mais apparemment sans aucun impact sur l'environnement.

Histoire

En 1912, le géologue russe V.A. Rusanov prend possession du gisement de charbon de Grumant, mais pendant l'automne de la même année il disparaîtra avec son bateau dans le Passage du Nord-Est, sans laisser de traces. Dans une hutte à Rusanovodden, au nord de l'implantation de Colesbukta, un petit musée rappelle sa présence. L'exploitation du charbon commença en 1913 pour cesser en 1961 après plusieurs interruptions.

Grumantbyen vient du nom Grumant, une ancienne appellation russe désignant le Grönland. Cette implantation minière était à l'origine une entreprise russe fondée à l'époque des tsars en 1913 « Grumant A. G. Agafeloff & Co. », reprise en 1920 par « Anglo-Russian Grumant Co., Ltd. », en 1923 par «  Russki Grumant Ltd. » et enfin en 1932 par la compagnie soviétique Trust Artikugol. Évacuée en 1941, elle fut détruite par la Wehrmacht en 1943 et reconstruite à partir de 1946. L'exploitation de la mine s'arrêta en 1962, les conditions d'exploitations y étant trop difficiles pour un rendement trop faible.
Dans les années 50 Grumantbyen était la plus grande agglomération du Spitzberg et connut un fort développement incluant école, ponton de chargement ainsi qu'une ligne de chemin de fer à voie étroite, en partie avec un tunnel, pour acheminer le charbon jusqu'à Colesbukta ; les deux sites comptaient alors plus de 1100 personnes. L'ancienne implantation sur la côte Est de Colesbukta servit à l'époque au chargement du charbon sur les cargos. Il subsiste encore quelques bâtiments assez délabrés et l'ancien cimetière au-dessus de l'établissement. Le tunnel n'est plus praticable mais le long du fjord les couches de charbon sont encore visibles.

Colesbukta

En fait, cette « baie du charbon », large de 4,5 km, a connu à l'origine l'aventure des baleiniers lorsque les Anglais y installent une station avant 1630. A l'époque on dépèce les cétacés sur le rivage et leur graisse est fondue dans de grandes cuves. L'huile se vend au prix fort dans toute l'Europe, notamment pour l'éclairage urbain.
Après un 19e siècle essentiellement occupé par les trappeurs, russes pour la plupart, commence l'âge d'or de Colesbukta. Si, depuis longtemps, les marins piochent dans les veines de charbon, l'idée d'exploiter sérieusement ces filons ne prend forme qu'au début du 20e siècle. La petite implantation russe sur la côte Est de la baie, qui sera fermée en 1988, servira à l'origine de port charbonnier à la cité minière voisine de Grumantbyen, d'où le charbon sera acheminé par un chemin de fer à voie étroite.
Après l'abandon de l'exploitation charbonnière, Colesbukta servira de base pour des forages d'exploration à la compagnie soviétique Trust Artikugol. La baie fera encore parler d'elle en 1989, lorsque le bateau de croisière Maxime Gorki, heureusement sans passagers, subit une avarie importante et dut être remorqué, après avoir heurté un iceberg.
Aujourd'hui il ne reste plus grand-chose des installations et les maisons encore debout sont très dégradées.

L'Adventfjord

Généralités

Le fjord, 7 km de long pour 3/4 km de large, se trouve sur la rive sud de l'Isfjord, est sans doute la région du Spitzberg qui a connu la plus intense activité humaine et qui intéressera le visiteur aussi bien pour sa nature que pour son histoire. Il est prolongé par l'Adventdalen, l'une des vallées fluviales les plus larges du Spitzberg. Sur la rive sud se trouve Longyearbyen, la « capitale » norvégienne du Svalbard.
L'ours polaire peut y apparaître toute l'année et il faut être armé dès lors que l'on quitte l'agglomération pour de petites randonnées aux alentours (Sarkofagen, Plat å berg), ou encore vers les vallées Adventdalen ou Bjørndalen.
En face de Longyearbyen, sur la rive nord-est se trouvent quelques anciens sites miniers, dont les bâtiments et les maisons sont utilisés par les résidents pendant le week-end.

Toponymie

Adventfjord/-dalen : probablement d'après le nom du bateau de baleiniers anglais « Adventure » qui visitèrent le fjord en 1656.
Bjørndalen : la «vallée des ours »
Hanaskogdalen : d'après Hanaskog, une propriété de la famille De Geer en Suède. Le géologue Gerhard Jacob de Geer travailla au Spitzberg entre 1882 et 1910.
Hiorthhamn : d'après Fredrik Hiort, fondateur norvégien de la compagnie minière qui exploita le site.
Hotellneset : ici fut exploité le premier hôtel de l'archipel en 1896-1898.
Larsbreen : d'après Lars Johan Hierta, écrivain suédois, politicien et mécène de la recherche polaire au 19e siècle.
Longyearbyen : la « ville de Longyear » : à l'origine Longyear City, d'après John Munro Longyear, le fondateur américain.
Mälardalen : d'après Mälaren, un lac suédois.
Moskushamn : d'après les b?ufs musqués qui furent introduits ici en 1929.
Nordenskjöldfjellet : d'après Adolf Erik Nordenskjöld (1832-1901), explorateur polaire suédois.
Plat å berget : « plateau montagneux »
Revneset : la « pointe du renard ».
Sarkofagen : d'après la forme d'un cercueil.

Paysage

Ce qui caractérise l'Adventfjord, c'est en premier lieu son fort peuplement et son exploitation, mais là aussi la nature a beaucoup à offrir. Le paysage est marqué par ces montagnes avec de hauts plateaux entre 400 et 600 m d'altitude, typiques du centre et de l'est du Spitzberg.
On y trouve des déserts de pierres avec des sols structuraux, mais aussi des zones recouvertes de végétation. Près de Longyearbyen quelques montagnes dépassent ces hauts plateaux, comme Nordenskjöldfjellet (1050 m) et Trollsteinen (837 m).Comparé à d'autres régions du Spitzberg ou d'autres fjords secondaires de l'Isfjord, le paysage reste peu contrasté en couleurs, car les roches sont plutôt gris-brun.

Les environs de Longyearbyen sont faiblement englacés. On dénombre 3 glaciers avec de grandes moraines terminales, dont un dans le Longyeardalen près de l'agglomération. Dans la toundra autour de l'aéroport se trouvent des plages surélevées et des réseaux de « coins de glace ».
Des rivières de fonte avec leurs ramifications typiques coulent à travers les vallées Bjørndalen et Adventdalen. De cette dernière on peut avoir un beau panorama en suivant la route jusqu'à la mine n°7.
Plus loin dans la vallée on peut voir quelques pingos ; au printemps celui situé dans la Mokuslaguna peut être le but d'une randonnée à ski en direction de Hiorthhamn. Une curiosité géologique, et qui passe souvent inaperçue, est le glacier rocheux du Hiorthfjellet, juste en face Longyearbyen.

Faune et flore

Malgré une forte exploitation par l'homme, Longyearbyen et ses environs présentent un intérêt certain dans le domaine biologique.

Dans les vallées de Bjørndalen et surtout Adventdalen la toundra est bien présente, où l'on trouvera le rare bouleau nain. Dans la ville elle-même, on verra de belles zones de toundra avec des espèces typiques, notamment la linaigrette.

À proximité de Longyearbyen se trouvent de petites colonies de mergules nains dans les éboulis (Au-dessus de Nybyen, Tverrdalen, Plat å berg).
Pour celui qui veut observer sternes arctiques, mouettes tridactyles, phalaropes à bec large entre autres espèces, ainsi que le renne et le renard polaire, le terrain de camping avec sa lagune en bord de plage, est une bonne adresse.

Dans l'Adventdalen on peut observer, près de la route, des eiders à duvet, des bernaches nonnettes et des oies à bec court, ainsi que des eiders à tête grise et des plongeons catmarins. Près du chenil des chiens de traîneau, on peut occasionnellement voir la mouette ivoire. Renne et renard polaire sont fréquents.

Histoire

L'histoire de l'Adventford est surtout marquée par l'exploitation minière, mais le tourisme a commencé tôt dans cette région. En 1896, à l'entrée du fjord, fut construit un hôtel, mais dont l'exploitation, non rentable, fut stoppée en 1898. Aujourd'hui, seul le nom Hotellneset rappelle les débuts du tourisme. Le bâtiment fut transporté quelques années plus tard à Longyearbyen, à l'époque Longyear City, où il servit de magasin et fut probablement détruit pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Pendant longtemps l'arrière-pays resta inexploré, jusqu'à ce que l'Anglais Martin CONWAY entreprenne avec ses compagnons, pendant l'été 1896, de longs périples qui le conduisirent jusqu'à la côte Est du Spitzberg, ce qui deviendra par la suite la grande traversée classique.

Sur la côte Nord de l'Adventfjord se trouvent les sites Advent City, fondés par la compagnie anglaise «Spitzbergen Coal and Trading Company Ltd » de Sheffield, et Hiorthhamn, fondation norvégienne, qui abritent les vestiges encore visibles de ces 2 cités minières du début du 20e siècle. À partir de 1903, le charbon d'Advent City fut extrait dans une galerie à 80 m de hauteur, mais l'exploitation, difficile et non rentable, fut stoppée en 1908. La plupart des bâtiments furent transférés en 1916/17 vers l'Est, lorsque commença l'exploitation à Hiorthhamn, rebaptisé plus tard provisoirement Moskushamn, suite à l'introduction en 1929 de 17 b?ufs musqués du Groenland, qui se reproduiront pendant quelques décennies dans le Nordenskjöldlandet, mais la population s'éteindra en 1986 dans la vallée voisine de Bjørndalen. Non rentable non plus, l'activité de Hiorthhamn fut interrompue en
1922 et stoppée définitivement en 1940. Là se trouvent les restes intéressants du ponton de chargement.
Plus à l'Ouest et proches de la rive, on peut voir les fondations d'une scierie qui fonctionna de 1972 à 1976, suivant les idées de quelques aventuriers, parmi lesquels le dernier des chasseurs d'ours polaires du Spitzberg, Per Johnsson, qui voulaient utiliser le bois flotté local pour la construction. Les quelques huttes des environs qui datent de cette époque du charbon, sont aujourd'hui privées.

En 1941 la plupart des implantations du Spitzberg furent évacuées et détruites par les Allemands en 1943. Le 23 juillet 1942, un avion de reconnaissance allemand fut abattu par une base norvégienne à Longyearbyen et s'écrasa près de Hiorthhamn, où une garnison norvégienne sera stationnée jusqu'en 1947. L'équipage de 4 hommes n'a pas survécu et l'on peut voir encore les restes de l'épave, éparpillés sur le versant au-dessus des huttes.
D'autres vestiges de la guerre se trouvent près de l'ancien aéroport dans l'Adventdalen, comme l'épave d'un avion météo allemand sur le versant de l'Adventfelva. Le Junkers 88 atterrit là en juin 1942, mais ne put redécoller à cause d'une toundra trop molle et fut détruit au sol par des avions britanniques.
Non loin de là se trouvait une hutte qui servit de base à la station météo allemande Bansø (active pendant l'hiver 1941-42), mais brûla en décembre 1968.
Sur le sommet du Nordenskiöldfjellet furent effectuées à plusieurs reprises des mesures météorologiques : en 1911 par une expédition allemande et par la Suède pendant l'Année Polaire Internationale de 1932-33. La hutte est toujours là, mais resta fermée ces dernières années.

L'histoire de Longyearbyen commença en 1901, lorsque le businessman américain John Munro Longyear fit une croisière en famille au Spitzberg et fut enthousiasmé par les possibilités d'une industrie minière, à tel point qu'il revint en 1903 pour prélever des échantillons de minerai. En 1904 Longyear acheta un terrain dans l'Adventfjord à une firme norvégienne et commença dès 1905 les préparatifs d'une activité minière.
L'exploitation du charbon, dirigée par la société «Arctic Coal Company » (ACC), débuta en 1906 dans cette implantation baptisée Longyear City. Les vestiges de la mine 1a, la « mine des Américains », sont encore visibles au-dessus de l'église. En 1916, suite à des difficultés diverses (mécontentement des mineurs, dû aux conditions de vie et d'hygiène, à la mauvaise nourriture, grèves fréquentes...), les Américains vendent le tout à la société minière norvégienne SNSK (Store Norske Spitsbergen Kulkompani). Depuis l'entrée en vigueur du Traité du Svalbard en 1925, Longyear City est le siège du Gouverneur (« Sysselmannen ») et de l'administration norvégienne. En 1926, l'agglomération est rebaptisée Longyearbyen.

Du point de vue de l'urbanisme, l'agglomération s'est développée autour de la rivière ; le quartier Skjaeringa, au-dessus de la centrale à charbon, date de 1906 et est de ce fait le plus ancien. En 1937 suit Sverdrupbyen, dans la vallée supérieure de Longyeardalen,dont il ne reste aujourd'hui que 3 bâtiments privés et en partie restaurés. En 1946 on construit du côté Est de la vallée, où naissent les quartiers Nybyen et Haugen .
Aujourd'hui le développement de Longyearbyen se poursuit surtout au centre, à Sjøomr å det près du fjord, ainsi qu'à l'entrée de la vallée Adventdalen.

En 1941, Longyearbyen est évacuée et pendant la Seconde Guerre Mondiale, seule une petite garnison norvégienne restera sur place. Comme les autres implantations du Spitzberg, à l'exception de Pyramiden, Longyearbyen sera en grande partie détruite pendant les attaques allemandes de 1943.

Pendant la guerre, des avions allemands vont atterrir dans l'Adventdalen. En février 1958 atterrira le premier avion civil pour transporter d'urgence un malade sur le continent. Par la suite, une piste de 1800 m sera aménagée, où se posera, en 1959, le premier avion de ligne. En moyenne atterrira un avion par an jusqu'en 1975, année de la construction de l'actuel aéroport, qui aura un nouvel hall d'arrivée en 2007. L'isolement de Longyearbyen appartenait donc désormais au passé, conformément à la volonté politique des autorités norvégiennes.

Pendant les premières années, la population a connu une croissance lente. En 1919-20 hivernent 230 personnes, dont 37 femmes et enfants. En 1934-35 ce seront 550, chiffre qui reste table jusque dans les années 80. En 2015 on comptait officiellement 2144 habitants à Longyearbyen.

À la fin des années 80, le tourisme commença à jouer un rôle important et prit une position déterminante dans les rouages économiques de la ville, l'augmentation du nombre des hôtels et des restaurants est là pour en témoigner.
L'exploitation minière se limite aujourd'hui à la mine n°7, où une vingtaine de mineurs extraient chaque année entre 70 000 et 90 000 tonnes de charbon, dont une partie est utilisée dans la production locale d'énergie.
Une autre branche importante qui marque l'activité économique de la ville moderne est la recherche scientifique.
Le coup d'envoi est donné en 1978 lors de l'ouverture dans l'Adventdalen, d'une station consacrée à l'étude des aurores boréales. Elle sera transférée en 2007-08 près de la mine n°7.
En 1978 également fut construite la station MAB (« Man an Biosphere », projet de recherche de l'UNESCO), au bout de la route de l'Adventdalen.
En 1993 est inaugurée l'université UNIS et depuis 1996 fonctionne la station satellitaire EISCAT (« European Incoherent Scatter ») dans l'Adventdalen, destinée à l'étude des aurores boréales.

Sur le Plat å berget se trouve depuis 1997 la station SvalSat avec sa rangée d'antennes, pour le suivi des satellites en orbite polaire ainsi que le transfert de données, dont le nombre considérable a nécessité la pose en 2004 d'un câble sous-marin en fibre de verre entre Lonyearbyen et la Norvège.

Dates importantes dans l'histoire de Longyearbyen

  • 1901 ? John M. Longyear visite le Spitzberg pour la première fois.
  • 1904 ? John M. Longyear et son associé Frederic Ayer achètent la compagnie norvégienne Trondhjem Spitsbergen Coal Company
  • 1905 ? Premiers forages dans l'Adventdalen
  • 1906 ? Naissance de Longyear City, 1ère année avec hivernage.
  • 1906 ? Ouverture de la mine n°1.
  • 1918 ? Sept mineurs décèdent de la grippe espagnole.
  • 1920 ? 26 personnes perdent la vie lors une explosion dans la mine n°1.
  • 1920 ? Un pasteur est chargé aussi de l'enseignement à l'école primaire.
  • 1921 ? Inauguration de l'église.
  • 1925 ? Johannes Gerckens Bassøe est le 1er Gouverneur du Svalbard.
  • 1941 ? Évacuation de tous les résidents du Svalbard.
  • 1942 ? Réoccupation du Svalbard. (Operation « Fritham »).
  • 1943 ? Le cuirassé allemand Scharnhorst et 2 autres destroyers attaquent Longyearbyen et en détruisent une grande partie.
  • 1946 ? Naissance du quartier Nybyen.
  • 1948 ? Première parution du journal local Svalbardposten sous forme d'affiche.
  • 1949 ? Liaison téléphonique avec le continent.
  • 1952 ? Un accident dans la mine n°2 fait 6 victimes.
  • 1958 ? Fermeture de la mine n°1.
  • 1959 ? Le premier avion civil atterrit dans l'Adventdalen.
  • 1965 ? La première école primaire est inaugurée.
  • 1971 ? Le 1er Conseil du Svalbard est à l'?uvre.
  • 1971 ? Début de l'exploitation dans la mine n° 3.
  • 1975 ? Inauguration officielle de l'aéroport de Longyearbyen.
  • 1976 ? L'état norvégien prend en charge la SNSK Store Norske Spitsbergen Kulkompani)
  • 1978 ? Liaisons par satellite avec le continent.
  • 1981 ? 1ères liaisons téléphoniques privées avec le continent.
  • 1981 ? Le Parlement du Svalbard se met au travail.
  • 1982 ? Prise en charge par l'état de l'hôpital et des soins de santé.
  • 1984 ? 1ères émissions de radio et de télévision.
  • 1995 ? Registre de la population du Svalbard.
  • 1996 ? Ouverture de la station de recherche EISCAT.
  • 1996 ? Arrêt de la mine n°3 après épuisement du gisement.
  • 2002 ? Installation de l'administration municipale de Longyearbyen.
  • 2003 ? Pose d'un câble en fibre de verre jusqu'au continent.
  • 2006 ? Ouverture du centre de recherche du Svalbard.
  • 2007 ? Inauguration du nouveau terminal de l'aéroport.
  • 2008 ? Un tremblement de terre de magnitude 6,2 secoue Longyearbyen en février. L'épicentre se situe 10 km plus au sud.
  • 2015 ? Le 19 décembre, une avalanche dévale du Sukkertoppen, ensevelissant plusieurs habitations et faisant 2 victimes.

Liste des Gouverneurs du Svalbard (Sysselmannen)

NOM Début Fin
Johannes Gerckens Bassøe 1925 1933
Helge Ingstad (intérim) 1933 1935
Wolmar Tycho Marlow 1935 1941
Vacant 1941 1945
Håkon Balstad 1945 1956
Odd Birketvedt 1956 1960
Finn Backer Midtbøe 1960 1963
Tollef Landsverk 1963 1967
Stephen Stephensen 1967 1970
Fredrik Beichmann 1970 1974
Leif Eldring 1974 1978
Jan Grøndahl 1978 1982
Carl Alexander Wendt 1982 1985
Leif Eldring 1985 1991
Odd Blomdal 1991 1995
Ann-Kristin Olsen 1995 1998
Morten Ruud 1998 2001
Odd Olsen Ingerø 2001 2005
Sven Ole Fagernæs (intérim) 2005 2005
Per Sefland 2005 2009
Odd Olsen Ingerø 2009 2015
Kjerstin Askholt 2015 En fonction

Sassenfjord Tempelfjord

Généralités

Il s'agit d'un seul et même fjord, mais cette dénomination est cohérente géographiquement, car le Sassenfjord est la prolongation de la Sassendalen, le Tempelfjord étant apparu comme vallée latérale. Les montagnes caractéristiques, surtout le Tempelfjellet et le glacier à l'intérieur du fjord donnent toute sa beauté au paysage et en font l'une des fréquentes destinations en hiver en scooter des neiges et en bateau en été, où l'on doit tenir compte d'un fort vent d'est qui peut rendre difficiles la navigation et les débarquements. De nombreux sites offrent un intérêt historique ou biologique. Dans sa quasi-totalité, cette région fait partie du Parc National de Sassen-Bünsow-Land.

Entre le Billefjord et le Sassenfjord se trouvent les petites îles Gåsøyane, protégées comme réserve ornithologique (approche et débarquement interdits du 15 mai au 15 août).

Toponymie

Bjonahamna : d'après le Bjona de Tromsø, bateau d'une expédition suédoise en 1882.

De Geerdalen : d'après Gerard Jacob De Geer (1858-1943), géologue et chercheur suédois.

Diabasodden : la pointe de Diabas (roche basaltique).

Gipsdalen : d'après le gisement de gypse.

Gåsøyane : les « îles aux oies ».

Hyperittfossen : chute d'eau d'hyperit (roche basaltique).

Kapp Schoultz : d'après Ernst Gustav Wihelm Axelson von Schoultz, membre de l'expédition au Spitzberg de De Geer en 1908.

Templet : « le temple », d'après l'aspect des parois en forme de colonne.

Sassenfjord : origine incertaine, peut-être d'après un mot hollandais désignant une possibilité d'ancrage.

Tempelfjord : d'après la montagne Templet.

Tunabreen : d'après Ultuna, une université suédoise, où travailla longtemps von Post.

Von Postbreen : d'après Hampus Adolf von Post (1822-1911), scientifique suédois et pionnier de la théorie de l'ère glaciaire.

Paysage

Le spectacle impressionnant offert par le « Templet » domine le fjord ; il doit son nom à ses falaises sculptées en colonnes régulières par l'érosion. Au bout du fjord, l'impressionnant front de glace du Tunabreen s'impose au regard. Il a connu plusieurs « surges », en 1930, 1970 et le dernier en 2002/03. Son voisin, le glacier Von Postbreen, a eu aussi une avancée soudaine et rapide en 1870, mais se trouve depuis dans une phase de recul. Entre le monumental « Templet » (770 m) et le mont « Gipshuken » (726 m) commence la vallée Gipsdalen, longue d'environ 25 km.

Le paysage est marqué par les roches basaltiques qui composent les îles Gåsøyane et au sud du fjord elles forment une falaise à Diabasodden où s'est installée une colonie d’oiseaux marins, parmi lesquels on peut voir des macareux moines. À l'entrée de Geerdalen se trouve une chute d'eau, Hyperittfossen, qui franchit une couche de basalte.

Près de Diabasodden, on a trouvé en 2006 de nombreux fossiles de sauriens en bon état (plésiosaure, ichtyosaure). À Vindodden se trouvent quelques huttes de loisirs pour les habitants de Longyearbyen. Près de Botneheia, on a trouvé des morceaux de silex faisant penser à des outils taillés datant du néolithique. La petite vallée de Carolinedalen est connue pour receler des fossiles marins (coquillages et ammonites) .

La large vallée de Sassendalen est accessible en été pour des randonneurs aguerris ou en bateau ; en hiver c'est un itinéraire fréquenté par les excursionnistes en scooter des neiges.

Faune et flore

Les zones de toundra les plus riches se trouvent au sud du fjord, surtout à Diabasodden, dans le Sassendalen et le De Geerdalen. Les rennes sont fréquents, ainsi que les renards polaires, en particulier à proximité des falaises à oiseaux. La plupart des ces parois abruptes abritent des

colonies d'oiseaux marins, notamment à Diabasodden. Depuis le sommet de Fjordnibba, près du site Fredheim, on peut les observer d'en haut, entre autres les fulmars boréaux et les guillemots de Brünnich dès le mois d'avril. Sont aussi présents guillemots à miroir, macareux moines et bernaches nonnettes.

À la fin du printemps, on peut observer des dizaines de phoques annelés et barbus sur la glace. D'où la présence régulière d'ours polaires qui peuvent parfois y demeurer un certain temps.

Histoire

En 1910 Wilhelm Filchner traversa l'intérieur fortement englacé du pays, entre le Tempelfjord et la côte Est (Mohnbukta), en guise de préparation à une expédition en Antarctique l'année suivante. Sur la plage à l'entrée de la Gipsdalen se trouvent, près d'une hutte, les restes rouillés d'un tracteur qui servit à transporter, sur un chemin encore visible, le matériel nécessaire à la firme écossaise SSS (Scottish Spitsbergen Syndicate) qui, en 1921, devait se livrer à des explorations minières concernant un gisement de charbon. Quelques kilomètres plus haut dans la vallée se trouvent les vestiges d'une hutte datant de cette époque.

Près du Kap Schoultz, à plusieurs centaines de mètres de haut, on peut voir les restes de prospection en vue d'exploiter un gisement de gypse et d'anhydride (téléphérique, voie ferrée). Près du rivage se trouvent quelques huttes, dont l'une en partie en béton, la seule au Spitzberg en dehors des agglomérations.

À l'époque de l'industrie minière cette dernière servait de dépôt, et l'on peut voir sur le mur extérieur les initiales JK du propriétaire, Jakob Kjøde (1880-1946), armateur norvégien de Bergen. À partir de 1928, il représenta le trafic maritime régulier entre Longyearbyen et la Norvège. Près de là se trouve une petite hutte qui servait de sauna.

Pour les Pomores comme pour les trappeurs norvégiens, la région fut un important territoire de chasse. Le plus connu d'entre eux, Hilmar Nøis, passa 38 hivers au Spitzberg, dont 35 en tant que trappeur, hivernant un peu partout dans l'Isfjord, ainsi que sur la côte Nord, avant de s'installer dans le Tempelfjord, dans une confortable maison, commencée en 1924 et terminée en 1928, et s'appelant Fredheim (la « maison de la paix »). Nøis vécut là longtemps avec ses femmes successives, Ellen, Dorthe et Helfrid, utilisant occasionnellement d'autres huttes plus petites, à l'instar d'autres trappeurs, et l'une d'entre elles se trouve à Gipshukodden. Il termina sa carrière de trappeur en 1963.

À proximité se trouvent 2 autres petites huttes, dont la plus ancienne, la « Gammelhytta », appelée aussi « Danielbu », car construite par Daniel Nøis lors de son hivernage en 1911/12, et fut, à cause de l'érosion côtière, transférée en 2001 vers l'intérieur et restaurée la même année.

À Vindodden il y a d'autres huttes, où les propriétaires, résidents à Longyearbyen, viennent passer les week-ends pendant la saison des motoneiges.

BILLEFJORD (Skansbukta, Pyramiden)

Généralités

Le Bünsow-Land à l'est du Billefjord fait partie du Parc National Sassen-Bünsow-Land. Le Dickson Land de l'Ouest et du Sud fait partie du Parc National du Nord de l'Isfjord.

À l'entrée du Billefjord se trouvent les petites îles Gåsøyane, qui sont une réserve ornithologique. (accès interdit du 15 mai au 15 août).

En raison de la proximité de Longyearbyen et des excursions régulières à Pyramiden, la région est facile d'accès et offre de bonnes possibilités de randonnées sur plusieurs jours. Le Billefjord et les environs sont parmi les paysages les plus attrayants du Spitzberg et aussi très intéressants du point de vue géologique.

Toponymie

Adolfbukta : voir Nordenskiöldbreen.

Billefjord : à l'origine Claas Billen Bay, d'après Cornelius Claeszoon Bille (vers 1675), baleinier hollandais.

Brucebyen : d'après William Piers Bruce (1867-1921) : explorateur polaire écossais.

Dickson Land : d'après Oscar Dickson (1823-1897) mécène suédois.

Hørbyebreen : d'après Jens Carl Hørbye (1815-1906) : naturaliste norvégien.

Kapp Fleur de Lys : d'après le yacht du Prince Henry de Bourbon, qui entreprit des voyages au Spitzberg en 1891 et 1892.

Mimerdalen : d'après le nom d'un bateau d'expédition suédois de 1872.

Munindalen : d'après Munin et Hugin, les corbeaux de Odin dans la mythologie scandinave.

Nordenskiöldbreen : d'après Nils Adolf Erik Nordenskiöld (1832-1901), explorateur polaire suédois.

Petuniabukta : d'après un bateau d'expédition écossais de 1919.

Pyramiden : d'après la forme de la montagne.

Retrettøya : « l'île du retrait », libérée des glaces à la suite du retrait du Nordenskiöldbreen.

Skansbukta : la « baie des tranchées », d'après la forme de la montagne voisine Skansen.

Paysage

Varié et caractéristique, il le doit à la géologie et ses couleurs diverses, à la structure des roches et à l'englacement. Alors que Dickson Land et Bünsow Land sont faiblement englacés et offrent de grandes vallées libres de glace, se rattache au nord-est du Billefjord la région Olav V Land très englacée avec le Nordenskiöldbreen. Ce glacier, long de 26 km et épais de 600 m, descend de la calotte Lomonosovfonna à plus de 1000 m d'altitude et se termine dans la baie Adolfbukta qu'il domine sur un front de 4 km de large. La large ceinture morainique sur le côté sud indique l'extension maximale atteinte à la fin du 19e siècle. Ce glacier constitue avec Pyramiden le but régulier des excursions journalières en bateau au départ de Longyearbyen. Les montagnes à l'arrière visibles depuis le fjord atteignent 1100 m, le point culminant étant le Mont Terrier avec 1241 m.

De chaque côté du Billefjord se dressent des parois abruptes impressionnantes faites de couches dures datant du carbonifère et du permien. On peut voir partout de belles falaises, que l'érosion a façonnées en colonnes verticales régulières. Au nord, dans le Dickson Land se trouvent des montagnes caractéristiques comme Pyramiden (935 m).

Autour de Petuniabukta , la partie la plus nordique du Billefjord, on retrouve à nouveau des montagnes typiques formant parfois d'élégantes courbes dans les versants supérieurs. Dans ces couches dures, l'érosion a, par endroits, créé des chefs-d’œuvre spectaculaires, comme cette araignée de pierre nommée Tarantellen à 720 m d'altitude au nord de Petuniabukta.

Faune et flore

Autour du Billefjord se trouvent de belles étendues de toundra, grâce à la situation abritée du fjord et de la géologie du sous-sol. Dans la Petuniabukta fleurit en août la saxifrage jaune et en juillet, dans la Skansbukta, c'est le polémoine boréal qui déploie ses fleurs d'un lila éclatant.

Les falaises abruptes du fjord abritent des colonies d'oiseaux marins, comme le guillemot de Brünnich, la mouette tridactyle, le goéland bourgmestre et le plus rare macareux moine.

Le renard polaire est fréquent à Pyramiden et depuis 2012, l'ours polaire est régulier dans le Billefjord.

Pyramiden

En 1910, le suédois Bertil Högbom prend possession de la zone pour y exploiter un gisement de charbon et lance les préparatifs d'une industrie minière l'année suivante. Mais le succès économique reste très limité et la concession est revendue à la Russie en 1926. En 1921, c'est la firme d’état Trust Arktikugol qui reprend toutes les possessions russes du Spitzberg. En 1941, Pyramiden est évacuée ainsi que d'autres implantations, mais elle sera la seule à être épargnée par les destructions, si bien que l'activité minière pourra y reprendre assez vite en 1946. En 1989, on comptait 715 hommes, 225 femmes et 71 enfants dans la ville, où un hôtel ouvrira l'année suivante, conséquence de la Glasnost.

Mais Pyramiden sera abandonnée en 1998 et devient une ville fantôme. Les dégâts dus au gel et la rivière qui traverse le site ont accéléré la dégradation des bâtiments ; en même temps ont lieu des travaux de déblaiement et la ferraille est emportée par bateau. En 2010, on projetait d'enlever des éléments électroniques contenant des PCB.

L'hôtel TULIPAN est rouvert en mars 2013 et offre aux visiteurs hébergement, bar et boutique de souvenirs. Un guide russe est là pour les visiteurs dans la mesure où il est possible d'entrer dans quelques bâtiments fermés, comme la maison de la culture avec sa salle de concert, son gymnase, sa bibliothèque, etc. La combinaison d'une ville fantôme en ruine à l'architecture soviétique avec le paysage polaire a quelque chose de fascinant. Les environs sont plutôt attrayants ; les bâtiments et les installations délabrés offrent, avec à l'arrière-plan le mont Pyramiden ou le glacier Nordenskiöld, des possibilités très intéressantes pour les photographes...

Histoire

Le charbon du carbonifère a toujours attiré les compagnies minières. La société SSS (Scottish, Spitsbergen Syndicate), fondée en 1909 par l'explorateur polaire écossais William Speirs Bruce, a construit la Skottehytte dans la Petuniabukta et le site de Brucebyen pour explorer les gisements entre 1919 et 1920. Bruce et sa société la SSS annexèrent de vastes zones avant la 1re guerre mondiale pour une exploitation minière. Après la guerre, en 1919, l'activité reprit, essentiellement dans les régions entre Billefjord et Tempelfjord, mais aussi au Prins Karls Forland et sur la côte est du Spitzberg.

À Brucebyen se trouvent encore une voie ferrée, 4 bâtiments préfabriqués, dont l'un fut rénové au début des années 1980 par le Gouverneur et utilisé par ses services. Suite à une manipulation négligente de cendres chaudes l'une de ces huttes brûla en 2010, et fut remplacée par une copie fidèle à l'originale 2 ans plus tard.

À l'origine, le site s'appelait Bruce Camp. Bruce fut membre de l'expédition Jackson qui récupéra en 1896 Nansen et Johansen sur la Terre François-Joseph. Il arriva au Svalbard en 1898, se joignant à l'expédition du Prince Albert de Monaco sur le Princesse Alice comme scientifique invité. Il y revint l'année suivante et lors de sa 3e visite en 1906 il bénéficia du support financier du Prince pour explorer et cartographier le Prins Karls Forland. La dernière fois, en 1920, il fit un court séjour à Brucebyen, mais il tomba malade et mourut peu de temps après.

Les dépôts d'évaporite du Permien inférieur attirèrent aussi d'autres sociétés minières et dans la Skansbukta, le long de la plage et sur les pentes on peut voir encore les vestiges pittoresques d'une tentative d'exploitation de la compagnie norvégienne Dalen Portland Cement Works de Brevik en 1918. Le gypse fut exploité sur deux périodes, la première s'étala sur une seule saison et les restes datent du début des années 1930, quand la mine retrouva un regain d'activité sous la direction du propriétaire Kjøde, mais ferma quelques années plus tard, sans jamais atteindre un niveau d'exploitation notable. On peut voir l'entrée de la galerie, une voie ferrée étroite et tordue, les fondations de bâtiments qui abritaient probablement les mineurs, une hutte et l'épave d'une barge qui servait à transporter le gypse jusqu'au bateau ancré dans la baie.

Sur la côte ouest de la baie se trouvent les restes d'un hivernage de trappeur norvégien datant du début du 20e siècle. On peut voir une hutte, le site d'une maison et une tombe. C'est ici que le trappeur Peder Nilsen Furfjord passa l'hiver 1904/1905, avec sa femme Hansine, laquelle tomba malade et mourut durant l'hivernage.

Plus loin du même côté de la baie, on peut voit une autre hutte, probablement une station satellite construite en 1923 par Arthur Oxaas et Peder Pedersen Ullfsfjord. Cette hutte traditionnelle fut restaurée par le Gouverneur.