Introduction au Svalbard ou Spitzberg
    
    Le Spitzberg en détail et guide pratique
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La côte Nord

Fair Haven, Fuglefjord, Sallyhamna

Généralités

Les îles et les fjords au Nord du Spitzberg présentent de beaux paysages et c'est surtout le Fuglefjord qui fascine le visiteur par ses montagnes et ses glaciers. Cette région fait partie du Parc National du Nord-Ouest du Spitzberg.
Fair Haven désigne au sens strict le détroit entre Fugløya au Sud et Fuglesangen et Klovningen au Nord ; malgré quelques haut-fonds, les baleiniers du 17e siècle ont donné cette dénomination à juste titre : « le bon port », ayant trouvé ici protection pour leurs bateaux, à l'abri du vent et des intempéries.

Toponymie

Birgerbukta : d'après Birger Magnusson (1200-1266), Régent de Suède et fondateur de Stockholm.
Fair Haven : le « bon port ».
Fuglegjord : le « fjord aux oiseaux », en raison des colonies de mergules nains.
Holmiabukta : d'après le nom latin de Stockholm.
Sabineodden : d'après l'astronome anglais Edward Sabine (1788-1883)
Sallyhamna : d'après la femme du trappeur norvégien W. Kraemer.
Svitjodtbreen : d'après une région de la Suède orientale.

Paysage

Peu de surface plate dans cette région pierreuse et pauvre en végétation, car la plupart des versants descendent de façon abrupte jusqu'à la côte et les quelques zones côtières étroites sont recouvertes de pierres.
Les petites îles n'ont pas de glacier, en revanche l'intérieur du Spitzberg est fortement englacé. Le glacier le plus important est le Svitjodbreen, dont le beau front de glace s'étend à l'intérieur du Fugleford et dont le retrait au cours de la 2e moitié du 20e siècle est moins prononcé que pour beaucoup d'autres glaciers.
Les traces de la dernière glaciation sont visibles partout dans le paysage des zones côtières, à travers les formes arrondies, les surfaces rabotées et les nombreux blocs erratiques, ainsi que dans les îles rocheuses et les haut-fonds à Fair Haven et principalement dans le Fuglegattet à l'est de Fugleøya. Le terrain escarpé et inaccessible ne permet pas de longues randonnées et il y a peu de débarquements possibles comme celui de Sallyhamna, une petite baie abritée avec une plage plate.

Faune et flore

En raison du terrain escarpé il y a peu de végétation, excepté sur les versants situés près des colonies d'oiseaux où la verdure est éclatante. Les grosses colonies de mergules nains, qui ont inspiré la toponymie (Fuglefjord, Fugleøya), constituent l'attraction de la région, et même si les éboulis où ils nichent sont inaccessibles, les nuées bruyantes passant à proximité sont un spectacle impressionnant.
En 2009 et 2010 la petite baie de Holmiabukta devint célèbre en raison d'un cadavre de baleine échoué qui, attirant les ours polaires, permit de bonnes observations.

Histoire

Du côté Est de Fair Haven se trouve le site de Sallyhamna, une petite langue de terre où le terrain permet quelques activités. Là se trouvent des vestiges de plusieurs fondoirs à graisse de baleine ainsi que des tombes, le tout datant du 17e siècle.
En 1937 le trappeur norvégien Waldemar Kraemer construisit une hutte à cet endroit, y réalisa plusieurs hivernages, parfois avec sa femme Sally.
À un kilomètre au nord du site, à Sabineodden sur la côte nord de la baie Birgerbukta, se trouve aussi un autre monument culturel : à côté des restes d'une station pomore du 18e siècle on peut voir une cabane en ruine, construite en 1920 par un célèbre trappeur de Tromsø, Arthur Oxaas, qui hiverna ici pas moins de 7 fois, dont 3 fois tout seul, avant de s'installer plus tard avec sa femme dans le Dicksonfjord.

Les îles Fugløya, Fuglesangen, Klovningen, Ytre Norskøya, Indre Norskøya

Généralités

Dans cet enchevêtrement de petites îles, les détroits sont parfois difficiles à franchir pour les bateaux en raison des haut-fonds, et le terrain escarpé et rocheux offre peu de possibilités de débarquement. De plus, sur Ytre Norskøya, l'accès est limité au sud de l'île depuis 2010, la zone autour de la station baleinière (fours à graisse, tombes) datant du 17e siècle étant interdite aux visiteurs. La région fait partie du Parc National du Nord-Ouest du Spitzberg.

Toponymie

Fugleøya : « l'île aux oiseaux »
Fuglesangen : « le chant des oiseaux », en raison des colonies de mergules nains.
Klovningen : « l'île de la faille », d'après sa forme.
Utkiken : « poste d'observation », nom donné par les baleiniers hollandais.
Ytre / Indre Norskøya : « île des norvégiens extérieure / intérieure ».

Paysage :

Escarpé et rocheux ; les versants descendent à pic vers la mer et rendent le terrain très peu praticable. Il n'y a pas de glaciers sur ces îles et seul le sud d'Ytre Norskøya (accès limité) présente un terrain relativement plat. La forme de Klovningen est frappante, en effet l'extrémité nord de l'île est pratiquement coupée du reste par une faille profonde, détail qu'avait déjà remarqué Barentsz en 1596.

Faune et flore

Peu de végétation hormis quelques tapis de mousses près des colonies d'oiseaux, et une petite étendue de toundra sur la côte sud de Ytre Norskøya. Les îles Fugleøya et Fuglesangen portent bien leurs noms en abritant de grands colonies de mergules nains, peu accessibles car ils nichent sur des versants escarpés, dans des éboulis faits de gros blocs rocheux. La taille de ces colonies n'est pas connue mais seulement estimée à plusieurs dizaines de milliers d'individus. On peut apercevoir aussi des macareux moines qui nichent dans ces îles du nord-ouest et que l'on ne rencontre pas fréquemment au Spitzberg.

Histoire

C'est là une des régions que le navigateur hollandais Barentsz a du visiter en premier en 1596 et il a probablement jeté l'ancre à Fair Haven. Dès que la topographie des lieux le permettait, les baleiniers du 17e siècle en ont profité pour s'y installer. Sur la côte sud de Ytre Norskøya, sur le site de Norskøysundet, se trouvent les fondations d'une importante station baleinière appartenant à la province hollandaise de Zeeland, avec une dizaine de fours à graisse alignés le long de la plage et qui furent en service à partir de 1617 ; sur une butte rocheuse se trouve un cimetière où l'on a dénombré environ 165 tombes, ce qui en fait l'un des plus importants du Spitzberg. Les fouilles archéologiques menées par la Hollande en 1980, en particulier sur une cinquantaine de tombes, ont révélé beaucoup d'informations précieuses sur l'habillement des baleiniers et les causes de leurs décès, parmi lesquelles des blessures et souvent le scorbut. Une partie de ces vestiges est visible au Svalbard Museum de Longyearbyen.
Sur Ytre Norskøya se trouve une colline de 150 m de haut qui servait aux baleiniers de poste d'observation pour repérer les baleines et qu'ils appelèrent Zeeussche Uytkyk, car originaires de la province de Zeeland, mais sur les cartes norvégiennes modernes ne subsiste que le nom « Utkiken ».
À l'extrémité sud de Intre Norskøya se trouvent les restes d'une autre station baleinière. Pendant l'été 1823, une expédition anglaise conduite par le capitaine Charles Clavering et l'astronome Edward Sabine fut envoyée sur l'île pour y effectuer des observations au pendule à différents endroits de ces hautes latitudes. Il s'agissait en fait de déterminer la pesanteur locale et d'en tirer des conclusions concernant l'aplatissement éventuel de la terre au niveau des Pôles. Pour ce faire, Sabine construisit un petit observatoire sur la côte nord-est de l'île, dont quelques vestiges sont encore visibles. Après des résultats probants, l'expédition poursuivit sa route vers le Groenland.
Le nom de l'astronome est souvent passé à la postérité dans l'Arctique : Sabineodden, Sabineøya sur la Terre du Nord-Est, Sabine Ø dans l'est du Groenland, où il fit aussi en 1823 des expériences au pendule, tout en découvrant une mouette qui porte maintenant son nom : la mouette de Sabine (Larus Sabini).

Les fjords de la côte nord : le Raudfjord

Spitzberg : carte du Liefdefjord Woodfjord, Svalbard
Carte des fjords du Nord, Liefdefjord et Woodfjord

Généralités

En venant de l'ouest, le Raudfjord est le premier fjord de la côte nord du Spitzberg. Long de 20 km et large de 5, il comporte, sur sa rive ouest, plusieurs baies la plupart du temps peu profondes, et qui débouchent toutes sur un front de glace. Le fjord se termine par des ramifications : l'Ayerfjord avec le glacier Chauveaubreen et le Klinckowströmfjord avec le glacier Raudjfordbreen.
Le Raudfjord fait partie du Parc National du Nord-Ouest du Spitzberg.
La côte Nord du Spitzberg connaît une météo souvent très différente de celle de la côte ouest. La banquise qui, en été, se trouve par 80°, voire 81°5 Nord, y apporte, comme les courants marins, un air plus frais, des vents du Nord, contrairement aux régions du Sud-Ouest, des zones plus méridionales de l'archipel.

Toponymie

Alicehamna : d'après « Princesse Alice » le nom du bateau du Prince Albert Ier de Monaco.
Ayerfjord : nom en usage depuis le début du 17ème siècle, d'après Frederick Ayer (1822-1918), businessman de Boston, cofondateur avec John Longyear de l'Arctic Coal Company en 1906.
Biskayarhuken : d'après les baleiniers basques du 17ème siècle.
Bruceneset : d'après William Spiers Bruce, (1867-1921), explorateur polaire écossais.
Buchananhalvøya : d'après John Young Buchanan, membre de l'expédition du Prince Albert 1er de Monaco en 1899.
Chauveaubreen : d'après Henri Jean Charles Albert Chauveau, membre de l'expédition du Prince Albert Ier de Monaco en 1899.
Hamiltonbukta : d'après le Comte suédois Hugo Vilhelm Hamilton (1859-1919), officier de marine et capitaine d'un bateau lors de l'expédition géodésique de 1899.
Klinckowströmfjord : d'après le baron Axel Klinckowström, zoologue suédois et explorateur polaire (fin 19ème, début 20ème siècle).
Raudfjord : le « fjord rouge », en relation avec la coloration du grès (« Old Red »), depuis le début du 17ème siècle.
Richardvatnet : d'après Jules Richard (1863-1945), membre de l'expédition du Prince Albert 1er de Monaco, découvreur du lac en 1899.

Paysage

La partie Ouest du fjord est fortement englacée : pas moins de dix fronts de glace descendent jusqu'à la mer, y compris le Chauveaubreen et le Raudfjordbreen. Ce dernier est le plus grand, avec ses 3 km de large et il se trouve en contact direct avec le Lilliehöökbreen au sud. Tous les glaciers du Raudfjord sont fortement en recul depuis quelques décennies, et le phénomène est particulièrement visible dans la Hamiltonbukta, où beaucoup de petites îles à proximité du glacier présentent des traces récentes comme des rayures et des restes de moraine. Dans cette baie intéressante débouche le glacier Hamiltonbreen, qui a 5 km de long et 3 de large et non loin de là se trouvent des falaises abritant des colonies d'oiseaux marins avec des représentants des espèces communes au Svalbard.
La partie Est du fjord est davantage protégée des intempéries et présente moins de glaciers, sans fronts de glace, mais permet des randonnées comme par exemple vers le Solanderfjellet (324 m), d'où l'on a une belle vue sur une vallée, qui, vers le Nord-Est, débouche sur la mer et comprend plusieurs lacs, dont le Richardvatnet, l'un des plus grands lacs du Spitzberg avec 3,9 km de long.

Faune et flore

La végétation est pauvre. Sur quelques falaises de la Hamiltonbukta nichent des colonies d'oiseaux marins comme les guillemots de Brünnich entre autres.

Histoire

En tant que fjord situé le plus à l'Ouest de la côte nord, donc sous l'influence encore sensible du gulfstream et libre de glace, le Raudfjord a connu une longue fréquentation et ce dès le début du 17ème siècle par les baleiniers. De cette époque date à Bruceneset, une tombe sur la colline, près de la hutte.
Il est certain que les Pomores ont connu et utilisé le Raudfjord comme terrain de chasse. Leur dernier hivernage au Spitzberg eut lieu à l'Est du fjord, sur la côte Nord à Biskayarhuken, où 18 Pomores passèrent l'hiver en 1851. Le scorbut fit 12 victimes et les survivants s'en sortirent grâce à l'aide de phoquiers norvégiens.
Plus tard le Raudfjord devint le terrain de chasse des trappeurs, parmi lesquels un certain Erik Mattilas, un skipper de Tromsø, succomba lui aussi au scorbut à la fin de son hivernage, au printemps 1908. Sa tombe avec une croix se trouve sur la colline à Bruceneset, près du cairn. Depuis le sommet de Brucevarden on a une vue magnifique sur la chaîne de montagnes à l'ouest et sur les montagnes de grès rouge au sud et à l'est.
La baie de Alicehamna, à l'est du Raudfjord et au sud de Bruceneset, offre un mouillage dans de bonnes conditions et la plage est idéale pour un débarquement avec de petits bateaux. Pour toutes ces raisons, la baie fut utilisée durant des siècles par des trappeurs, des chercheurs et des touristes.
La hutte en bas sur la rive, la « Raudfjordhytta », fut construite en 1927 par un suédois du nom de Sven Olsson, surnommé « Stockholm-Sven ». La même année il construisit aussi une petite hutte secondaire sur la côte Nord de la Hamiltonbukta, en ruine aujourd'hui. Une autre hutte se trouvait à Biskayarhuken, mais elle brûla dans une incendie en 1959 et les géologues qui en étaient responsables, en bâtirent une nouvelle au même endroit.
Sven Olsson est né en 1884 à Stockholm, il est arrivé à Longyearbyen en 1916. Après avoir travaillé pour les Anglais comme intendant au Camp Morton, il commença une vie de trappeur en 1922, passant la plupart de son temps au nord du Spitzberg.

A l'est du Raudfjord, entre Biskayarhuken, la « Pointe des basques » et Velkomstpynten s'ouvre Breibogen, la « large baie », nommée par Baffin en 1614, et qui abrite un lieu d'abattage de morses datant du 18ème siècle.

Les fjords de la côte nord : le Woodfjord

Généralités

Le fjord s'étend du nord au sud sur environ 65 km et présente deux fjords latéraux du côté ouest, le Liefdefjord et le Bockfjord, ainsi que deux baies assez petites, Mushamna et Jakobsenbukta du côté est. La partie ouest du Woodfjord fait partie du Parc National du Nord-Ouest du Spitzberg.

Toponymie

Andrée Land : d'après Salomon August Andrée, l'explorateur polaire suédois.
Gråhuken : « la pointe grise », d'après la couleur de la roche.
Jakobsenbukta : d'après Kristian Jakobsen, capitaine d'un bateau lors de l'expédition du Duc de Monaco en 1906/07.
Mushamna : la « baie des souris », d'après l'ancien nom hollandais « Muyshafen ».
Woodfjord : d'après les grandes quantités de bois flotté échouées sur les plages.

Paysage

Le paysage autour du fjord est caractérisé par une roche rouge, le grès, qui s'est déposée ici pendant le Dévonien (entre 360 et 415 millions d'années), cette couleur étant due à une forte teneur en oxyde de fer. A cette époque le Svalbard se trouvait près de l'équateur, d'où la présence de fossiles de poissons. Les montagnes à l'Est du Woodfjord atteignent 1300 m, alors que la plaine de Reindyrsflya, la zone plate la plus grande du Svalbard, de dépasse pas la centaine de mètres.
Les roches « Old Red » subissent une réelle érosion due à l'éclatement par le gel, et, pour cette raison, les montagnes autour du fjord affichent des formes plutôt douces, arrondies et des éboulis abondants sur les versants inférieurs. L'englacement y est sensiblement moindre et se limite à quelques glaciers, dont aucun n'atteint la mer. Au lieu de cela on trouve toute une série de vallées s'enfonçant à l'intérieur des terres qui permettent quelques belles randonnées.
La partie plate du fjord se trouve à l'entrée, où se remarque la vaste plaine Reinsdyrflya. Une autre zone également plate et couverte d'une maigre toundra, se trouve au nord de Andrée Land, près de Gråhuken, descendant en pente douce jusqu'à la côte et propice aussi à la randonnée. Dans toutes ces zones sont visibles des plages surélevées et des sols polygonaux.
On notera la beauté du paysage autour de la baie Mushamna, qui se trouve, excepté un étroit passage, séparée du fjord par une plage surélevée, ce qui en fait une port naturel bien protégé pour les petits bateaux et où des voiliers ont déjà hiverné plusieurs fois, pris dans les glaces de la lagune.

Faune et flore

Alors que la végétation sur la côte nord près de Gråhuken est encore très clairsemée, elle s'épaissit sur de grandes zones de toundra à l'intérieur du fjord (Mushamna). Le climat, adouci par l'influence du gulfstream, favorise l'apparition d'espèces comme la dryade octopétale et la cassiope tétragone, par opposition aux déserts polaires situé plus à l'est et caractérisés par le pavot arctique. En l'absence de falaises propices aux oiseaux marins, on trouvera par contre en de nombreux endroits des eiders à duvet et des sternes arctiques en grand nombre. Les ours polaires errent fréquemment le long des rives des fjords et on peut les rencontrer tout au long de l'année, les glaces résiduelles offrant un milieu favorable au phoque marbré. Au printemps on peut observer des femelles avec leurs jeunes, indiquant la présence de tanières dans cette région. Durant l'été les ours recherchent aussi des ?ufs sur les îles, complétant ainsi leur alimentation. Phoque barbu, phoque marbré sont communs, des petits groupes de phoques du Groenland peuvent être aussi observés. Au pied des falaises à oiseaux le renard polaire est souvent présent.

Histoire

Le Woodfjord était connu des baleiniers au 17ème siècle, les seules traces visibles étant les tombes sur la partie est de Reinsdyrflya. Les Pomores fréquentaient aussi la région mais il ne reste aucun vestige de leur présence.
En 1872 sur le site de Gråhuken, cette grande langue de terre entre Woodfjord et Wijdefjord, 6 phoquiers norvégiens furent pris et écrasés par les glaces près de la côte ; les 17 hommes de l'équipage retournèrent dans l'Isfjord et trouvèrent refuge au Kapp Thordsen dans la « Svenskehuset », la « maison des Suédois », une grande hutte construite cette année-là par l'explorateur suédois A.E. Nordenskjöld. Malheureusement ils succombèrent tous du scorbut et sans doute aussi du saturnisme pendant l'hivernage.
Le fjord fut ensuite un terrain de chasse traditionnel pour les trappeurs norvégiens. A Mushamna se trouve l'une des plus grandes et plus belles huttes du Spitzberg, construite par une trappeur norvégien en 1987. Elle appartient aujourd'hui à l'administration norvégienne, mais jusqu'en 2009, on pouvait l'utiliser sur demande. Au même endroit se trouvait une petite hutte bâtie par le trappeur Hilmar Nøis en 1927.
Les touristes germanophones seront sûrement intéressés par l'histoire de Christiane Ritter, une autrichienne, qui hiverna ici en 1934-35 avec son mari Hermann et Karl Nikolaisen, un trappeur norvégien, au su-ouest de Gråhuken, à l'entrée du fjord. Cette femme de trappeur a raconté son hivernage dans un livre « Eine Frau erlebt die Polarnacht » (« Une femme dans la nuit polaire »), devenu un classique de la littérature polaire. Son mari avait déjà séjourné au Spitzberg comme trappeur et aussi participé à des expéditions, notamment celle de 1931-32 dans la région du Kongsfjord. Hermann Ritter se fera connaître plus tard en 1943 sur la côte est du Groenland lors de la « guerre météorologique ». La hutte où ils hivernèrent ainsi que d'autres personnalités célèbres au Svalbard, fut construite par le trappeur Hilmar Nøis en 1928 comme station principale et appelée « Kap Hvile » (Cape Rest).

En 1999-2000 et 2010-2011 le physicien allemand Hauke Trinks a hiverné seul à bord de son bateau, le Mesuf, pris dans les glaces dans la lagune de Mushamna. De son aventure et de ses recherches sortira un livre : « Leben im Eis » (« La vie dans la glace »).

Reinsdyrflya, Stasjonsøyane, Andøyane

Généralités

Reinsdyrflya est une vaste plaine d'environ 250 km2 à l'entrée du Woodfjord. Les petites îles Stasjonsøyane et Andøyane en font partie sur le plan de la géologie, du paysage et de la biologie.
Toute cette zone fait partie du Parc National du Nord-Ouest du Spitzberg.

Toponymie

Andøyane : les « îles aux canards ».
Mullernest : d'après S. Muller, un historien hollandais du 18 siècle.
Reinsdyrflya : la « plaine des rennes ».
Stasjonsøyane : d'après une expédition géodésique de 1907, dirigée par Bock et Poninski.
Sørdalsbukta : la « baie de la vallée du sud ».
Worsleyneset : d'après le capitaine britannique F.A. Worsley (1872-1943), qui dirigea ici une expédition en 1925.

Paysage

Il est marqué par la couleur rouge due à la roche « Old Red » du Dévonien (390 Millions d'années). Sur ces sédiments rouges se trouvent des plages surélevées qui témoignent du soulèvement postglaciaire. La grande plaine se prolonge sous la mer vers le sud, où plusieurs anciennes vallées sont noyées dans le Liefdefjord et les parties encore émergentes ont formée des petits groupes d'îles.
Ces grandes plaines côtières appelées « Strandflate » sont typiques du Spitzberg et leur apparition font encore l'objet de discussions chez les spécialistes. On notera le contraste entre le rouge-brun des roches et le vert éclatant de la toundra.

Faune et flore

Comme son nom l'indique des rennes parcourent cette vaste plaine et occasionnellement aussi les îles au sud accessibles en hiver par la glace du fjord. C'est sans doute là que se trouve la plus grande harde de rennes du Svalbard avec environ 1000 individus. Reinsdyrflya est connue pour abriter l'une des plus importantes populations d'eider à tête grise du Svalbard.
La toundra de type « moyen arctique »recouvre ici de grandes surfaces et la végétation profite de l'influence du gulfstream avec notamment la dryade octopétale, la cassiope tétragone et le saxifrage à flagelles. Dès le printemps les îles Andøyane se peuplent d'une riche avifaune. Là nichent, à l'abri du renard polaire, eiders à duvet, à tête grise et sternes arctique en grand nombre, mais l'ours polaire peut gravement compromettre la réussite de la reproduction. Près de la côte ou des petites lagunes on peut observer le phalarope à bec large.

Histoire

Depuis Velkomstvarden, une colline de 95 m d'altitude au nord-est de Reinsdyrflya, les baleiniers du 17ème siècle, pouvaient observer banquise et baleines ou y échanger des informations. Près de Mullerneset, au sud de Velkomstpynten, se trouvait un petit cimetière de baleiniers.
Plus tard c'est surtout le sud de Reindyrsflya qui sera le terrain de chasse des trappeurs. A l'ouest de Worsleyneset, dans le coin sud-est de la plaine, se trouve toujours une hutte, construite en 1924 par Hilmar Nøis. Il l'appela « Villa Oxford », car le bois qui servit à sa construction avait été apporté là en avion par une expédition anglaise, celle de George Binney en 1924, (« Oxford Expedition ») qui avait choisi cet endroit comme point de départ pour aller explorer la Terre du Nord-Est.
Dans la Sørdalsbukta, au sud-ouest de Reinsdyrflya, se trouvait en 1943-44 la station météo allemande « Kreuzritter », où l'on peut voir encore quelques vestiges éparpillés ainsi que la tombe du chef de la station qui perdit la vie lors d'un accident du aux explosifs peu avant la récupération de l'équipe.

Les fjords de la côte nord : le Liefdefjord

Généralités

Ce fjord aux paysages variés et attrayants fait souvent partie de l'itinéraire des bateaux de croisière ; à l'entrée du Woodfjord il a 13 km de large et pénètre à l'intérieur des terres sur plus de 30 km. De nombreuses excursions sont possibles, de la randonnée en toundra jusqu'à l'escalade en montagne, en passant par une visite au célèbre et incontournable glacier de Monaco, sans doute l'un des plus beaux du Spitzberg... Sachant que les zones protégées des fjords sont souvent encore prises par les glaces au début de l'été.

Toponymie

Emmabreen : d'après Emma Seliger, s?ur de Paul Seliger, cartographe allemand.
Erikbreen : nom donné au glacier par Paul Seliger, origine inconnue.
Idabreen : d'après Ida Seliger, s?ur de Paul Seliger, cartographe allemand qui établit une carte de la région en 1907.
Lernerøyane : d'après Theodor Lerner (1866-1931), journaliste allemand, explorateur du Spitzberg.
Liefdefjord : le « fjord de l'amour », nom hollandais de l'époque des baleiniers, peut-être d'après le nom d'un bateau.
Monacobreen : d'après le Prince Albert 1er de Monaco lors de la cartographie du glacier en 1906-1907.
Nyholmen : la « nouvelle île ».
Seligerbreen : d'après le topographe allemand Paul Seliger (1863-1935), qui établit la carte du Woodfjord à l'aide des mesurages faits par von Bock et Poninski en 1907.

Paysage

La géologie a eu une profonde influence sur les formes du paysage du Liefdefjord. Des montagnes impressionnantes aux crêtes déchiquetées et aux créneaux acérés sont visibles dans les zones de terrains primitifs, sur le flanc ouest du Glacier de Monaco, atteignant une altitude de 1000 m. Le clou est constitué par le front de glace large de plus de 5 km, formé par la confluence du Monacobreen et du Seligerbreen. Le front a reculé fortement, si bien qu'en 2006 est apparue une île, jusque là recouverte de glace, appelée Nyholmen, la « nouvelle île », et qui avait déjà fait l'objet d'une étude géologique en 1991, mais une avancée soudaine du Monacobreen, un « surge », en 1992, l'avait ensuite fait disparaître pendant 14 ans.

Faune et flore

La flore s'appauvrit au fur et à mesure que l'on s'enfonce dans le fjord. Les îles Andøyane possèdent une toundra riche, alors que les îles Lernerøya sont rocheuses et dénudées. Les falaises abruptes abritent quelques petites colonies d'oiseaux marins. On peut assister le long du front du Glacier de Monaco, là où jaillissent les rivières sous-glaciaires, transportant avec elles plancton et nutriments divers, à un spectacle saisissant, celui des mouettes tridactyles et autres sternes arctiques, qui, par milliers, viennent s'y nourrir... Parmi ces essaims d'oiseaux marins peut se dissimuler la rare mouette de Sabine... On peut également observer phoques et bélougas qui viennent profiter de cette manne polaire. Sur la glace du fjord l'ours polaire est fréquent, à la recherche du phoque marbré ou barbu...

Histoire

Ce sont sans doute les baleiniers hollandais qui découvrirent ce fjord au début du 17ème siècle.
Sur la côte ouest du fjord se trouve une hutte de trappeur joliment baptisée « Texas Bar », construite en 1927 par Hilmar Nøis et Martin Petersen Nøis. Elle appartient aujourd'hui au Gouverneur et est utilisée par des chercheurs et des résidents du Svalbard. Une autre hutte se trouvait en 1927 au Roosfjellet, mais elle fut détruite par les allemands en 1943.
En 1990-1992, le Liefdefjord a été le théâtre d'une importante expédition scientifique allemande, sous la direction du Prof. Blümel, géographe de Stuttgart (la SPE 90-92 : Geoscientific Spitsbergen Expedition), qui établit son camp de base sur la côte sud du fjord, sur les rives de la presqu'île « Germaniahalvøya » avec environ 45 participants venant de14 universités différentes, allemandes, suisses et norvégiennes.
Au cours de trois campagnes, l'ensemble du fjord fut étudié dans tous les domaines par un groupe international de chercheurs : processus de formation du paysage (transport de sédiments dans les rivières, solifluxion), glaciers (évolution historique et processus actuels, bilan de masse, formation des moraines...), géologie, écologie, etc. L'expédition n'a laissé derrière elle qu'un monument en mémoire d'un des membres de l'expédition qui perdit malheureusement la vie lors d'une coulée de boue.

Les fjords de la côte nord : le Bockfjord

Généralités

Le Bockfjord est un bras latéral au sud-ouest du Woodfjord avec environ 7-8 km de long. Il offre de beaux paysages et présente des particularités géologiques (sources thermales) et botaniques. Il fait partie du Parc National du Nord-Ouest du Spitzberg.

Toponymie

Bockfjord : d'après Franz-Karl von Bock (1876-1943), qui réalisa la topographie du Woodfjord lors d'une expédition dirigée par Théodore Lerner en 1907.
Jotunkjeldene : les « sources de Jotun », d'après un géant de la mythologie nordique.
Trollkjeldene : les « sources du troll ».
Sverrefjellet : d'après Sverre Sigurdsson (1151-1202), roi norvégien.

Paysage

Il est marqué par cette coloration brun-rouge, caractéristique du grès «Old Red » ; la particularité géologique du fjord est le Sverrefjellet, un volcan éteint de 506 m de haut qui est entré en éruption sous le glacier il y a quelque 100 000 ans. Cette activité volcanique se manifeste encore aujourd'hui par quelques sources chaudes (20-24°C) au nord du Sverrefjellet, les Jotunkjeldene, et au sud du fjord, à environ 8 km vers l'intérieur plusieurs autres sources, les Trollkjeldene.
Depuis 2003, dans la zone du Sverrefjellet, prédestiné par sa géologie particulière, des études et des tests pratiques sont menés par la NASA en vue de la préparation des futures missions vers la planète Mars.

Faune et flore

En raison de la topographie il n'y a que quelques étendues de toundra, mais par endroit intéressantes du point de vue botanique (mousses, algues), car près des sources se sont développées des espèces qu'on ne trouve nulle part ailleurs. Les dépôts de carbonate formés par les sources sont très fragiles et exposés à l'érosion ; il est donc recommandé de marcher plutôt sur la moraine environnante.

La côte Nord : l'île Moffen

Généralités

Petit îlot de sable et de gravier de 4-5 km², Moffen se trouve à 25 km au nord de Gråhuken et juste au nord du 80e parallèle, ce qui en fait un endroit à part, avec un statut particulier. Elle fait partie du Parc National du Nord-Ouest du Spitzberg, mais elle est aussi une réserve naturelle depuis 1983. En effet elle constitue un lieu de repos important pour une colonie de morses qui se reconstitue lentement après avoir failli disparaître. Les oiseaux marins y sont également nombreux. D'où l'interdiction pour les bateaux de s'en approcher à moins de 300 m et pour les avions de survoler l'île en-dessous de 500 m.

Toponymie

Moffen : d'après un terme péjoratif hollandais « mof » (pluriel moffen) pour désigner les allemands qui travaillaient occasionnellement sur leurs bateaux, équivalent de « boches » en français.

Paysage

Moffen est plate, faite de graviers, avec une élévation maximale de 2 à 3 m. L'île se compose de plusieurs séries de plages surélevées ; vue des airs elle a la forme d'une goutte d'eau avec une grande lagune au centre, dans laquelle pouvaient autrefois pénétrer les petits bateaux.

Faune et flore

La végétation est rare sur Moffen, mis à part quelques mousses à l'extrémité sud. Plus intéressante pour sa faune, l'île abrite de nombreuses sternes arctiques nicheuses, des eiders à duvet, des bernaches cravants et quelques couples de la très rare mouette de Sabine. Mais l'attraction principale reste la colonie de morses, dont l'aire de repos est la plus importante du Svalbard, et qui trouve dans les eaux peu profondes aux alentours une zone riche en nourriture. Après une chasse commerciale intensive (ivoire, graisse) jusqu'au milieu du 20e siècle (l'espèce est protégée depuis 1952) et qui la conduite au bord de l'extinction, l'espèce, depuis le début des années 1970, s'est progressivement reconstituée et séjourne à nouveau sur les plages de l'île, où l'on peut observer, du bateau et avec des jumelles, plusieurs centaines d'individus parfois en même temps.

Histoire

Découverte par les Hollandais au 17e siècle, l'île Moffen fut portée pour la première fois sur une carte par Hendrick Doncker en 1655. L'île était bien connue des baleiniers qui venait y massacrer les morses et aussi enterrer leurs morts. Tout au sud, des zones sont littéralement jonchées d'os et de crânes de morses dont on a prélevé les défenses.
Lors de son expédition en 1773 à bord de la « Carcass », l'explorateur anglais Phipps visita l'île en juillet et nota la présence de nombreux oiseaux nicheurs. L'équipage abattit 2 ours polaires et un morse, et découvrit la tombe d'un baleinier hollandais avec une inscription datant de 1771.
Le suédois Nordenskjöld visita Moffen en 1861, indiquant que c'était une aire de repos appréciée des morses mais déplorant aussi les massacres au vu des nombreux restes éparpillés sur les plages. Apparemment, de petites embarcations pouvaient à l'époque pénétrer dans la lagune centrale.
En 1898, le capitaine Rüdiger, dirigeant l'expédition allemande « Lerner », décrit l'île qui lui fait penser à « un atoll des mers du sud, une couronne de terre basse entourant une lagune »... Il nota la présence de nombreux eiders, appréciés des trappeurs norvégiens...

Spitzberg : Moffen, une colonie de morses, Svalbard
À Moffen, une colonie de morses

Le Wijdefjord (Vestfjord, Austford, Mosselbukta)

Spitzberg : carte du parc national du Wijdefjord, Svalbard
Carte du parc national du Wijdefjord

Généralités

Avec ses 108 km de long c'est le fjord le plus long du Svalbard. Large de 20 km à l'embouchure (d'où son nom signifiant « large fjord »), il descend pratiquement en droite ligne vers le sud, avec deux ramifications, le Vestfjord, et à dans sa dernière partie l'Austfjord. Il marque la frontière géologique entre les roches sédimentaires et la roche primitive « Hekla Hoek ».
Les contrées voisines du fjord sont l'Andrée Land à l'ouest avec, plus au sud, le Dickson Land, et le Ny Friesland à l'est. Il y a peu d'endroits propices à des débarquements et le Wijdefjord est donc rarement visité par les bateaux de croisières. Dans sa partie sud l'Austfjord est accessible, pour des randonneurs aguerris, depuis le Billefjord, en franchissant plusieurs glaciers. La moitié sud du fjord et ses environs sont devenus en 2005 le Parc National du Wijdefjord Intérieur. Historiquement parlant le fjord présente des vestiges datant des trappeurs russes et norvégiens ainsi que de l'ère des pionniers de la recherche polaire.

Toponymie

Austfjord : le « fjord de l'est »
Krosspynten : d'après la croix sur la tombe d'un trappeur norvégien, Anton Eilertsen, mort et enterré ici au printemps 1912.
Mittag-Lefflerbreen : d'après Magnus Gustav Mittag-Leffler (1846-1927), mathématicien suédois, un des organisateurs de l'expédition de mesure de l'arc de méridien (1899-1902).
Mosselbukta : nom datant du 17ème siècle, dérivé peut-être de « mussel » (moule) ou d'après le nom d'un bateau hollandais.
Vestfjord : le « fjord de l'ouest ».
Wijdefjord : le « large fjord ».

Paysage

L'élément le plus frappant est le fjord lui-même, tellement long que moins de 30 km le sépare de l'Isfjord et qu'il coupe presque en deux le Spitzberg. La région du Ny Friesland, fortement surélevée, est beaucoup plus englacée que la partie centrale de l'Andrée Land, protégée des précipitations. En conséquence, sur la côte ouest il n'y a aucun glacier descendant jusqu'à la mer, alors que sur la côte Est on trouve 4 fronts de glace. L'extrémité sud du fjord est dominée par l'imposant glacier Mittag-Lefflerbreen, long de 33 km, avec un front glaciaire large de 5 km. Un autre point intéressant dans le paysage est une série de lacs assez grands au nord-est de la côte est.

Faune et flore

Depuis l'embouchure du fjord en direction du sud la flore dévoile une évolution spatiale intéressante. Si la végétation sur la côte nord du Spitzberg est encore très pauvre, elle s'enrichit progressivement dans la partie centrale du fjord, car, du point de vue du climat, un effet de continentalité se fait sentir en s'éloignant de plus en plus de la côte. Si bien que tout le long du Wijdefjord on va trouver toutes les zones de végétation du Spitzberg, depuis le désert polaire jusqu'à la toundra bien fournie. Cette coupe transversale botanique confère au fjord un caractère unique du point de vue de la biologie et fut certainement une des raisons de la création d'un Parc National dans sa partie intérieure.
Les lacs à l'entrée nord du fjord sont le domaine de l'omble chevalier.

Histoire

Visité dès 1614 par les explorateurs anglais Baffin et Fotherby, le Wijdefjord était déjà apprécié des Pomores comme terrain de chasse et dans cette région se trouvent les 3 huttes pomores les mieux conservées du Spitzberg, et dont les cloisons sont encore debout. Les deux huttes de Rekvika (au sud-ouest de Verlegenhuken, pratiquement à 80° N), et à Dirksodden (près de Lakssjøen), ont été réparées, donc pas tout à fait fidèles au modèle original.
La 3ème hutte pomore se trouve près de Elvetangen ; il n'en reste plus grand-chose, mais elle n'a pas été rénovée et a donc gardé son authenticité.
Une hutte de trappeur norvégienne fut démontée et transportée du Wijdefjord à Tromsø, où elle se trouve à présent au Polarmuseum. Au sud du fjord se trouve la station de chasse Austfjordneshytta, bâtie par le trappeur Georg Bjørnnes et qui est habitée toute l'année.

À l'embouchure du fjord se trouve la Mosselbukta, où le suédois Nordenskjöld fit ériger en 1872 la grande hutte Polhem, du nom de son bateau, pour un hivernage et tenter ensuite d'atteindre le Pôle Nord avec des rennes. Mais à la mi-septembre une tempête hivernale précoce mit un terme à l'expédition et les 2 bateaux de l'expédition, pris par les glaces, durent passer l'hiver dans la Mosselbukta. Plusieurs phoquiers norvégiens se trouvaient dans la même situation malencontreuse, si bien que les rations alimentaires furent réduites à l'extrême. De plus, pendant la tempête, pratiquement tous les rennes s'étaient échappés. Nordenskjöld dut alors renoncer au Pôle et se tourna vers la Terre du Nord-Est toute proche et dont l'exploration devait être beaucoup plus fructueuse du point de vue scientifique. C'est an cours de ce voyage qu'eurent lieu la première traversée de cette région et le premier hivernage d'une expédition scientifique au Spitzberg.

En 1912/13 le site de Polhem joua une rôle important, lorsque des membres de la malheureuse expédition Schröder-Stranz trouvèrent refuge ici dans les huttes du Wijdefjord, après avoir abandonné leur bateau prisonnier des glaces dans le Sorgfjord. 2 hommes séjournèrent plusieurs semaines dans la hutte près de Elvetangen, pendant que 3 autres trouvaient un abri plus au sud près de Krosspynten. Parmi eux se trouvait également le capitaine Ritscher qui, de là, réussit dans une marche forcée, à rejoindre Longyearbyen. Quant au reste des membres de l'expédition, qui avaient quitté leur bateau dans le Sorgfjord, 3 moururent en chemin, probablement de froid, dans le Wijdefjord. Depuis, la hutte de Elvetangen porte le nom de Villa Rave, d'après l'un des deux occupants involontaires. Entre-temps la hutte Polhem est malheureusement tombée en ruine.

Lien vers le site du Parc National (en anglais)

Ny Friesland, Verlegenhuken

Généralités

En raison de son isolement, l'arrière-pays Ny Friesland, en dehors des alpinistes et des expéditions à ski ou en moto-neige, est rarement visité. C'est là que se trouve en effet le point culminant du Svalbard, le Newtontoppen (1713 m). Ce pic fut escaladé pour la première par le suédois Helge Backlund en 1900. En 1936, deux membres de l'expédition anglaise d'Oxford atteignirent le sommet en traîneau à chiens. Le deuxième pic le plus élevé est le Perriertoppen (1712 m), gravi pour la première fois en 1946 par une expédition française qui lui donna le nom du Général Georges Perrier, qui dirigea le service cartographique des armées.
La vaste calotte de glace Åsgårdfonna qui recouvre le plateau de Ny Friesland est en soi peu divisée, en revanche les glaciers qui en descendent vers le Wijdefjord, sont très crevassés. La première traversée nord-sud de Ny Friesland fut effectuée en 1913 par une expédition norvégienne, partie secourir la malheureuse expédition allemande Schröder-Stranz.

Verlegenhuken

Cette pointe de la péninsule Mosselhalvøya, entre Wijdeford et Sorgfjord, se distingue pour être la plus au nord de l'île « Spitzberg » du Svalbard, se situant au nord du 80° N. À part une balise maritime et une quantité de bois flotté il y a peu de choses à voir.
La partie orientale de Ny Frisesland appartient à la Réserve Naturelle du Nord-Est du Svalbard.

Toponymie

Newtontoppen : d'après Sir Isaac Newton (1642-1727), mathématicien et physicien anglais.
Ny Friesland : d'après la province hollandaise Friesland, dont beaucoup de baleiniers étaient originaires, lesquels fréquentaient au 17ème siècle les eaux du Spitzberg.
Verlegenhuken : la « pointe déplacée », mal indiquée sur les anciennes cartes ; peut-être aussi allusion aux ennuis rencontrés par les navigateurs à cause des conditions de glaces difficiles.
Åsgårdfonna : d'après le nom de la demeure des dieux dans la mythologie nordique.

Paysage

Ny Friesland est une plaine fortement soulevée dont l'altitude oscille entre 700 et 1000 m. Au début du soulèvement au crétacé supérieur (il y a 100 à 66 Millions d'années), s'est mis en place en même temps le découpage par les rivières, qui se poursuivra plus tard au moment de la glaciation. C'est ainsi que s'est formé le paysage actuel du Spitzberg avec de hauts plateaux, des vallées et des fjords. La partie la plus fortement relevée forme aujourd'hui le point culminant du Spitzberg avec le Newtontoppen.
La région située en altitude reçoit de fortes précipitations et se trouve de ce fait très englacée. Le haut-plateau est presque entièrement recouvert par la calotte glaciaire d'Åsgårdfonna. Le paysage de la zone Newtontoppen - Atomfjella - Austfjord est particulièrement spectaculaire avec de beaux glaciers et des falaises verticales.

Faune et flore

La plus grande partie de Ny Friesland est un désert polaire hostile, fait de glace et de pierre. Malgré tout sur les falaises, même à quelque distance de la côte, il y a de petites colonies d'oiseaux marins, dont les fientes alimentent d'étonnantes zones de végétation dense, des oasis dans un désert froid.
Dans les parties plus élevées on peut observer occasionnellement renards et ours polaires.

Sorgfjord

(« Treurenberg Bay / Baie des Ours »)

Généralités

C'est un petit fjord de 15 km de long au nord-est du Spitzberg, à l'entrée du Détroit de Hinlopen. Les environs offrent de belles possibilités de randonnée dans la toundra, voire de belles escalades.
La moitié Est du fjord fait partie de la Réserve Naturelle du Nord-Est du Svalbard.

Toponymie du Sorgfjord

Crozierpynten : d'après un membre de l'expédition de Parry.
Eolusneset : d'après Aeolus, un voilier norvégien de Bergen.
Heclahuken : d'après le bateau de Parry, l'Hecla.
Sorgfjord : « Baie des soucis/ des soupirs » remonte à l'époque des baleiniers, fait allusion aux problèmes que ceux-ci rencontraient à cause des glaces et des conflits avec la concurrence.
Treurenburg Bay : ancien nom du Sorgfjord, n'est plus utilisé.

Paysage du Sorgfjord

Le Sorgfjord se différencie fortement de la côte nord-ouest du Spitzberg. On y trouve en effet de vastes montagnes tabulaires basses, tombant en falaises abruptes vers les plaines côtières, recouvertes d'anciennes plages surélevées. À première vue, la toundra semble déserte mais en y regardant bien, on verra le pavot arctique dans les déserts de pierre, des lichens colorés, des sols structurés par le permafrost, du bois flotté...

Faune et flore

La toundra caractéristique du « haut-arctique » est pauvre et les animaux plutôt rares.

Histoire du Sorgfjord

Intéressante, riche et variée. Le nom « Sorgfjord » (« fjords des soucis ou des soupirs ») remonte au temps des baleiniers et fait probablement allusion aux conflits entre baleiniers et/ou aussi aux difficultés rencontrées par les navigateurs en raison des conditions de glace dans cette région isolée du Spitzberg, où l'influence du gulfstream ne se fait pratiquement plus sentir. Les traces les plus anciennes datent du 17e siècle et se trouvent sur la côte ouest du fjord, sous la forme d'un cimetière comprenant une douzaine de tombes des 17e et 18e siècles, près du site Eolusneset. Une grande croix en bois sur une colline, domine le site (Krosshaugen). Elle fut dressée le 6 juin 1855 par J. Holmgren, skipper norvégien de la goélette Eolus encerclé à l'époque par les glaces.
C'est ici, en août 1693, qu'a eu lieu la bataille navale la plus nordique de tous les temps... En effet la concurrence entre baleiniers français et hollandais était telle qu'elle donnait lieu parfois à des conflits armés. Le 6 août, trois frégates françaises, sous le commandement de Coursic, le corsaire malouin de Louis XIV, attaquèrent 40 bateaux hollandais, dont 13 furent capturés par les français, le reste de la flotte hollandaise ayant pu s'échapper...
Pendant l'été 1827 le bateau de l'explorateur anglais Parry, l'Hecla, séjourna quelques semaines dans le Sorgfjord, dans la baie Heclahamna, tandis que Parry tentait d'avancer vers le Nord jusqu'au Pôle. Parvenu à 82°40' Nord, il dut faire demi-tour en raison des conditions de glaces et des courants.
En 1861 les chercheurs suédois Nordenskjöld et Torell, à bord de l'Eolus, sont restés plusieurs semaines dans le fjord, bloqués par les glaces.
En 1899 les suédois vont néanmoins installer leur station de recherche sur la côte est pour accueillir l'expédition russo-suédoise de mesure d'arc du méridien, pour l'hivernage 1899-1900 ; la hutte sera réutilisée jusqu'en 1902 ; les restes de cette station sont encore visibles près de Crozierpynten.
En 1912 /1913, le Sorgfjord va être le théâtre d'une tragédie polaire, lorsque le bateau Herzog Ernst de l'expédition allemande Schröder-Stranz sera prisonnier des glaces. Une partie de l'équipage va finalement essayer de rejoindre Longyearbyen à pied à travers le Wijdefjord, ce qui aura des conséquences dramatiques car seul le capitaine Ritscher réussira, mais 3 allemands y laisseront la vie ; un norvégien succombera à la maladie sur le bateau. 4 autres allemands et parmi eux le chef d'expédition, disparaîtront à jamais en Terre du Nord-Est en tentant de rejoindre l'Isfjord. Au printemps 1913, les 6 autres survivants seront récupérés par une expédition de secours.
Sur le côté nord du site Eolusneset se trouve une vielle hutte de trappeur ; bâtie en 1921, elle fut réparée en 1926 par le célèbre trappeur Arthur Oxaas, elle est tombée en ruine depuis.